Eklablog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Inauguration de l'Église Antoiniste (Le Radical, 27 octobre 1913)

Publié le par antoiniste

Inauguration de l'Église Antoiniste (Le Radical 27 octobre 1913)

Encore un Messie

INAUGURATION
             de
l’Église Antoiniste

    Il y a toujours des messies. A peine le fabuleux zouave Jacob est-il mort que s’inaugure à Paris le temple du culte antoiniste.
    L’antoinisme est moins une religion mystique qu’une suite de pratiques thérapeutiques et médicinales.
    Son fondateur mourut, l’an dernier, à Jemeppe-sur-Meuse, en Belgique.
    Mais sa femme, la « mère » Antoine, est venue hier à Paris, escortée de six cents disciples tout de noir vêtus propager le culte d’Antoine.
    Non point l’Antoine de Padoue monopolisé par la « bonne presse », mais bien Antoine le Guérisseur, messie des gueux et des « simples en esprit ».

             La nouvelle église
    Les antoinistes ont inauguré hier, à Paris, à l’angle des rues Vergniaud et Wurtz, quartier de la Maison-Blanche, leur nouvelle église. Il n’y a ni croix, ni statues, ni tableaux, ni symboles religieux d’aucune sorte. A l’extérieur comme à l’intérieur, les murs sont nus. On y lit des inscriptions comme celles-ci. Sur la façade : « 1913. Culte antoiniste. » Dans le temple, à l’entrée, et mise là comme une enseigne, cette autre : « Le père Antoine, le grand guérisseur de l’humanité, pour celui qui a la foi. »
    Dans le fond, cette maxime : « Un seul remède peut guérir l’humanité : la foi. C’est de la foi que nait l’amour. L’amour qui nous montre dans nos ennemis Dieu lui-même. Ne pas aimer ses ennemis, c’est ne pas aimer Dieu, car c’est l’amour que nous avons pour nos ennemis qui nous rend dignes de le servir ; c’est le seul amour qui nous fait vraiment aimer, parce qu’il est pur et de vérité. »
    Il n’y a point d’autels dans ce temple. Au fond, s’élève une chaire en bois très simple. Cloué au panneau de face, un cadre renferme sous vitrine, peint en blanc, un petit arbre. Une inscription en lettres blanches avertit que c’est « l’arbre de la science de la vue du mal », unique symbole du culte antoiniste.

             L’inauguration
    De nombreux curieux assistèrent, hier matin, à l’inauguration.
    Elle fut très simple, décente dans l’ensemble, et moins échevelée, certes que les terribles et dolentes processions de malades qui s’en vont vers la grotte de Lourdes solliciter des miracles.
    Là aussi, de pauvres loques humaines s’en vinrent, en quête de la guérison miraculeuse.
    Il ne se passe rien que de très ordinaire. Les miracles modernes, on le sait, n’ont plus lieu dans les églises, mais bien plutôt dans les laboratoires.
    Et chacun s’en retourna content, car chez les antoinistes, comme ailleurs, il n’y a que la foi qui sauve.

Le Radical, 27 octobre 1913

Voir les commentaires

Jacques Valdour, Ouvriers parisiens d'après-guerre (1921)

Publié le par antoiniste

Jacques Valdour, Ouvriers parisiens d'après-guerre (1921).JPG

    Au pied de la Butte-aux-Cailles, les Antoinistes ont édifié un petit temple. Une inscription, placée près de la porte, le proclame ouvert jour et nuit à ceux qui souffrent. J'y entre un dimanche matin, à l'heure de l'office. La petite salle, qui peut contenir un peu plus d'une centaine de personnes, est emplie de fidèles : une vingtaine d'hommes et de femmes, tous vêtus de noir ou d'étoffes sombres. Immobiles, le regard fixe, ils écoutent, dans un recueillement profond, la lecture des « Œuvres » du « père » Antoine, que leur fait l'officiant, un homme déjà âgé, vêtu d'une longue lévite noire, assis dans une petite chaire au-dessus de laquelle s'étale, peint sur un panneau de verre, un arbre défini par cette formule : « L'arbre de la science de la vue du mal. » Et le mur du fond porte, écrit en lettres capitales : « L'enseignement du Père, « c'est l'enseignement du Christ révélé à cette « époque par la Foi. Un seul remède peut « guérir l'humanité, la Foi. C'est de la Foi « que naît l'amour... »
    D'une voix lente et monotone, nue et grise comme les murs de cette salle, le lecteur laisse tomber les phrases obscures où, revenant sans cesse, les mots « foi », « croyance », « Dieu », « conscience », « Providence », « le Père », s'amalgament. Mais, tout d'un coup, dans cette rédaction brumeuse, fulgure l'erreur infâme : «... Ce n'est que par la forme que les religions différent... Si Dieu ne peut faire le mal, il n'est pas libre... C'est nous qui faisons Dieu à notre gré.., Croyons que nous sommes Dieu nous mêmes ; croyons que nous pouvons ce que nous voulons... Je puis maintenant vous révéler ce qu'il en est de la conversion d'Adam. Il est faux que nos premiers parents aient péché. Adam, c'est le moi conscient ; Eve, le moi intelligent. Tout être doit passer par l'incarnation pour jouir du vrai bonheur... Adam vivait en Dieu, mais ne pouvait le comprendre parce qu'il était inconscient. Adam est venu apprendre sur la terre le bonheur dont il n'avait pas conscience. Le serpent est la loi de la liberté. La loi divine n'interdisait pas à Adam d'aller à Eve. Nous allons à Dieu par l'amour du prochain. L'amour vrai anéantit toute loi , Nous ne ressentons l'amour qu'à travers notre semblable. En se rapprochant d'Eve, Adam fonde l'édifice de la solidarité. Disons, comme Eve, que le serpent était le vrai Dieu. C'est par un effet de la Providence qu'Adam va vers Eve pour développer l'embryon de l'amour... Eve lui apparaît avec l'arme de la vérité, le serpent. On ne peut aller à Dieu que par son semblable. Eve l'apprend à Adam. Lui montrant le serpent : Voilà, lui dit-elle, le vrai Dieu, auquel vous ne pouvez aller que par moi, par la solidarité ; alors les lois n'existeront plus pour nous ; l'amour les aura surmontées... » 
    Ainsi donc, « le Serpent, voilà le vrai Dieu ». Il est « la loi de la liberté». Libre, il « peut faire le mal ». Or, « nous sommes Dieu nous-mêmes », et par conséquent libres, et libres de faire légitimement le mal : « nous pouvons ce que nous voulons ». C'est « l'incarnation » qui permet aux êtres de « jouir du vrai bonheur » — donc, le bonheur charnel — dans « l'amour du prochain », amour que nous ne ressentons qu'à travers notre semblable », comme « Eve l'apprend à Adam »; et cet « amour vrai anéantit toute loi ». « Croyons que nous pouvons ce que nous voulons. » 
   Les élucubrations, dont Antoine a noirci des pages d'une incohérence rédactionnelle fatigante, cachent le vieux levain panthéiste et aphrodisiaque des manichéens et des cathares, et la perversion secrète de ces doctrines apparaît tout à coup, à certains détours du texte, en formules infernales. Autodidacte et à demi dément, Antoine retrouve dans ses rêves confus les vieilles inspirations familières aux religions sataniques et au Maçonnisme ; et il leur recrute, par des promesses de cures corporelles, tous les Imaginatifs, ignorants, crédules, névropathes, que les milieux populaires offrent toujours comme une proie toute prête pour les charlatans qui passent : le service rituel terminé, l'officiant se rend dans une petite pièce où il reçoit ceux qui viennent le consulter pour leurs troubles d'âme, leurs peines de cœur ou les maladies dont souffre leur corps. Ainsi s'établit la légende de l'antoinisme guérisseur qui, à l'imitation de la secte protestante des « Christian scientists », spécule sur les guérisons apparentes que la suggestion produit. A la porte du temple, à l'issue du service, se vendent un « Bulletin » mensuel et des brochures, comme L'Unitif, où je lis : « Nous sommes tous des dieux »(1). 
    Ainsi, dans ces milieux populaires, ignorants et déchristianisés, foisonnent et pullulent, comme sur un fumier de misère intellectuelle et morale, tous les champignons du Mal et du Pire. 

 

(1) L'Unitif, n°6, page II. Dans l'Invasion, où M. Louis Bertrand a fait une description si approfondie de la vie et de la psychologie ouvrières, on remarquera, au milieu de traits d'une exactitude rigoureuse et évocatrice, l'étude de l'influence exercée sur quelques ouvriers par les sociétés théosophiques, filiales, comme la secte antoiniste, de la Franc-Maçonnerie. 

 

Jacques Valdour, Ouvriers parisiens d'après-guerre : observations vécues
Chapitre premier, La quartier de la gare (XIIIe arrond.)
Nettoyeurs de chaudières, §4. - La vie du quartier (p.76-81)
Arthur Rousseau, Paris / René Giard, Lille, 1921

Auteur également de Les mineurs où il évoque les Psychosistes.

Recension :

Jacques Valdour, Ouvriers parisiens d'après-guerre (1921)

Ouvriers parisiens d’après-guerre, 
    par J. Valdour, 1 vol. 89 p. 4 fr. 50 
     (Rousseau, édit., Paris et Giard, édit., 
    Lille, 1921). 

    A l’aide de la même méthode que celle suivie dans ses enquêtes précédentes, J. Valdour a expérimenté en 1920, le travail du nettoyeur de chaudières dans le quartier de la Gare (XIIIe arr.), du décapeur de métaux à Vaugirard, enfin du tourneur dans une fabrique d’outils de Saint-Ouen. Il n’a vu que la vie de l’ouvrier célibataire. 
    Les manœuvres gagnent de 15 à 20 francs pour une journée de huit heures, et les ouvriers qualifiés se font de 24 à 32 francs. Les salaires et le prix de la vie ont triplé depuis 1914, et l’ouvrier se trouve à peu près dans la même situation, c’est-à-dire que le manœuvre qui mange au restaurant arrive à mettre les deux bouts ensemble. Comme changements, J. Valdour note que l’ouvrier met de l’eau dans son vin en mangeant et que le cabaret est concurrencé par le cinéma. L’agitation communiste a atteint son maximum fin 1919 et début de 1920 et va en décroissant. 
    L’auteur note la disparition presque complète de l’anticléricalisme depuis la guerre, mais l’esprit religieux ne semble avoir fait quelque progrès que sous la forme de l’antoinisme, de la théosophie, 
etc. 
                                                                   P. D. 

La Science sociale suivant la méthode de F. Le Play, 1926 (A41, FASC7).

Voir les commentaires

G.A. Mann - La force-pensée (1910)

Publié le par antoiniste

G.A. Mann - La force-pensée (1910)

Auteur : G. A. Mann
Titre : La force-pensée : la faculté unique, mécanisme de la télépathie, extériorisation de la volonté, appel et captation des forces cosmiques, théorie nouvelle de l'influence de l'homme sur l'homme
Édition : G. A. Mann Éditeur, Paris, 1910, in-8, 234 pages
cf. l'édition originale en anglais sur archive.org

    L'auteur analyse la pensée et la force dont elle peut se caractériser et nous donne quelques conseils avisés comme ceux-ci : "Pensez toujours et constamment à ce qui est bien, à ce qui est bon, à ce qui est beau. Ne mélangez pas vos pensées, ne mangez pas en même temps du fruit hybride de l'arbre du bien et du mal. Devenez maître de vous-même en suivant strictement les indications détaillées qui vous sont données dans l'ouvrage : Le Développement de la Volonté par l'entraînement de la Pensée, et donnez à l'esprit la maîtrise absolue sur vos désirs, sur vos penchants, sur vos joies et sur vos peines ; vous verrez ces dernières disparaître sous cette influence puissante et vos désirs, comme autant d'échelons, vous feront suivre la marche ascendante qui vous mènera vers le bien, vers la santé et vers un succès constant, sans lacune, dans toutes les choses bonnes que vous entreprendrez dans un but humanitaire."

Source : https://www.cslak.fr/bibliotheque-edition/78-livres/1368-george-arthur-mann-la-force-pensee

 

    Evoque en fin d’ouvrage (page 216), Louis Antoine dans le cadre de l’étude sur la science chrétienne :

CHAPITRE X

LA FOI EN THÉRAPEUTIQUE

La Science chrétienne. — Pas de guérison sans la foi.

    Il nous reste maintenant à traiter une question importante : elle a trait à la valeur thérapeutique de la foi. Pas de question plus discutée. Beaucoup en accueillent le simple énoncé par des haussements d'épaules, des rires ironiques ; ceux-là considèrent la foi comme n'ayant d'effet que sur les faibles d'esprit. Cependant la « foi » est un des moyens les plus employés par ceux qui guérissent.
    Il n'est pas de pays qui ne possède un ou plusieurs guérisseurs utilisant comme seul médicament la combinaison a foi et amour». En Belgique, nous avons « Antoine » pour qui l'amour découle de la foi. Antoine, le guérisseur, c'est le titre sous lequel il est le mieux connu, a ses disciples, ses croyants. Comme ses prédécesseurs et ses contemporains, il a connu les succès et les insuccès ; comme eux, il a ses admirateurs et ses détracteurs et cela suffit pour démontrer que ses idées sont personnelles, qu'il ne craint pas de vivre conformément à ses croyances et de partager son savoir avec ses semblables.

 

 

La Revue des grands procès contemporains évoque le procès de l’auteur G.A. Mann :

    Vous ne pourrez pas, vous ne voudrez pas condamner un système que vos experts ne connaissent pas, qui leur échappe parce que leurs traditions ne leur permettent pas d'en proclamer les effets, un système qui, malgré les dogmes de l'école, a amené des résultats tels que des incurables ont été guéris. Que m'importe si ces incurables sont des imaginaires ! Plus souffrants encore que d'autres, il leur a suffi d'une heure de foi bienfaisante, foi mystique ou crédulité quelconque, pour établir et installer dans leur organisme cérébral et nerveux un état de repos absolu capable de chasser les influences morbides et les excitations maladives.
    Et tenez ! je reçois à l'instant, dans cet ordre d'idées, un document d'actualité qui trouve ici sa place : c'est le Matin de ce jour même. Permettez-moi d'analyser l'article que peut-être déjà vous avez parcouru : « La Belgique possède une nouvelle religion. Une pétition de 160.000 signataires demandent la reconnaissance d'un culte. Il provient des disciples d'Antoine le Généreux, un homme doué d'un pouvoir guérisseur extraordinaire et qui, dit-on, a rendu la santé à des milliers de malades. Les adeptes se comptent par centaines de milliers ; ils considèrent cet homme comme un des plus grands bienfaiteurs de l'humanité... »
    Un député interrogé par le rédacteur déclare :

    Jamais pétition aussi importante n'est parvenue à notre Chambre ; presque tous les adhérents du culte antonin sont des gens estimés, et il y a parmi eux beaucoup d'hommes cultivés : professeurs, médecins, etc. Des milliers d'attestations de guérisons sont jointes à la pétition. Des médecins réputés en ont signé plusieurs. Nous ne pouvons donc pas traiter légèrement un mouvement de cette importance qui persiste et progresse depuis plus de 20 ans, d'autant plus que la personnalité de son chef est digne de respect.

    Traiterez-vous, vous magistrats soucieux des intérêts privés, une telle question à la légère ? Le cas de M. Mann, toutes proportions gardées, est analogue à celui d'Antoine le Généreux. Son ambition est moins vaste ; il ne songe point à fonder une religion, comme Antoine ou comme Mrs. Eddy, fondatrice de la « Christian Science », secte qui rejette les secours médicaux et prétend que la foi seule suffit à triompher de toutes les maladies qui affligent le genre humain, Mrs. Eddy dont les Journaux nous annoncent la mort; il songe uniquement à utiliser son pouvoir et ses connaissances pour le service de ses concitoyens, libres d'ailleurs de s'adresser ou non à lui. Il ne s'agit pas ici de Lourdes, du tombeau de Saint-Louis, de neuvaines, de miracles réalisés par l'effort d'une foi exacerbée. Il s'agit d'une foi plus simple, d'ordre physiologique plus contrôlable, et qu'on ne veut pas contrôler, parce qu'il est plus simple sinon plus cruel de la supprimer. C'est la foi d'ordre physiologique dont les effets sont assimilables à ceux des globules homéopathiques, à la mie de pain dont Bottey se servit pour guérir un paralytique, au protoxyde d'oxygène, aux eaux minérales, aux potions fulminantes d'eau pure ; procédés empiriques qui n'agissent que par l'auto-suggestion, procédés psychiques qui, combinés avec l'exercice d'une méthode neuve et réelle, produisent d'efficaces résultats. 
    Il importe donc de respecter ici les limites de l'article 405 et d'éviter les entraînements de l'arbitraire. Il me parait impossible d'en appliquer ici les éléments caractéristiques sans affirmer : 1° que Mann a employé des moyens ou procédés frauduleux ; 2° qu'il les a employés sachant qu'ils n'étaient que frauduleux et qu'ils ne pouvaient avoir d'autres effets que de dépouiller des malades abandonnés.

LE MAGNÉTISME ET L'ESCROQUERIE. - L'AFFAIRE MANN. - Tribunal correctionnel de la Seine (10e Chambre). - Réquisitoire de M. le Substitut Tortat. - Plaidoirie de Me Cornet
(Revue des grands procès contemporains, 1911, p.249)

Voir les commentaires

Antoine le Guérisseur (Le Rappel, 19 février 1909)

Publié le par antoiniste

Antoine le Guérisseur (Le Rappel 19 février 1909)

CARNET DU LIBRE PENSEUR

On a perdu la dent
              de Sainte Appoline

    Il existe toute une collection de saints qui se sont fait chacun une spécialité dans l’art de guérir les maux dont notre pauvre humanité est affligée ; et, plus sages que les médecins de la terre, leurs confrères, les morticoles du Paradis évitent soigneusement de se faire concurrence. C’est ainsi que saint Roch guérit les maux de jambes, que saint Mayol rend la raison aux fous. Il en est même que les femmes qui ont perdu tout espoir de connaître les joies de la maternité n’invoquent pas en vain, surtout si leur culte est célébré par quelque curé de campagne bien portant et solide au poste.
    Plus modestes sont les vertus de sainte Apolline, dont c’était la fête il y a quelques jours. La spécialité de cette sainte est de guérir les maux de dents, et il fut un temps où les bourgeois de Bruxelles en Brabant, qui avaient les molaires douloureuses, ou qui avaient des canines un peu longues contre leurs belles-mères, se rendaient en foule à l’église des Augustins, où l’on conservait pieusement une dent authentique – oh ! combien – de cette sainte ignorée mais bienfaitrice de l’humanité.
    Ils s’agenouillaient devant l’autel, raconte notre confrère la Gazette de Bruxelles, ouvraient une large bouche, et le prêtre de service au prix d’une légère offrande – naturellement ! – leur frottait à la file la bienfaisante relique sur les gencives, les perles et les chicots avariés. Ils rentraient chez eux guéris de toute douleur pour le moment et préservés pour l’année entière.
    L’église des Augustins a disparu, et l’on se demande, dans les milieux bien pensants, ce qu’est devenue la précieuse dent ! Supposer que les dentistes bruxellois l’aient fait disparaitre, ce serait outrager leur piété... On redemande la dent de sainte Apolline pour le soulagement public, n’en déplaise aux gens dégoûtés.
    On la retrouvera certainement un de ces jours, car les gens d’église ne laissent jamais disparaître les reliques dont ils tirent profit. J’ai récemment cité des exemples qui prouvent qu’ils savent au contraire les multiplier outre mesure.
    On retrouvera la dent de Sainte Apolline, et tout comme cet Antoine qui assure la guérison aux pèlerins qui le viennent visiter en sa chapelle de Jemmeppes-sur-Meuse, ainsi que le raconte un de nos confrères, elle opèrera des guérisons comme par le passé. La foi, qui engendre la crédulité, a un avantage sur notre scepticisme, c’est de rester toujours jeune et naïve, ce qui a fait dire avec raison du Christ qui s’y connaissait : « Bienheureux les pauvres d’esprit ! » P. G.

Le Rappel, 19 février 1909

Voir les commentaires

Albert Jeannin évoque Robert Vivier (L'Intransigeant, 22 février 1936)

Publié le par antoiniste

Albert Jeannin évoque Robert Vivier

 

LES LIVRES LUS PAR...

« Délivrez-nous du mal » 
     de Robert Vivier 
vu par un Antoiniste.

    M. Robert Vivier, auteur de deux romans populistes : Non et Folle qui s’ennuie (prix Albert-Ier), vient de consacrer un gros livre de 370 pages à Antoine le Guérisseur et à la religion qu’il a fondée. Celui qui, pour ses adeptes, est devenu le Père, s’appelait de son vrai nom Louis Antoine. Né dans une humble famille de paysans belges, il fut lui-même mineur, puis ouvrier métallurgiste et concierge aux tôleries de Jemappe. Ayant amassé un petit pécule — 80.000 francs, ce qui était coquet avant 1900 – il s’adonna au spiritisme, puis fonda le « nouveau spiritualisme » qui devait devenir, par la suite, l’Antoinisme. Sa renommée se répandit promptement en Belgique. Quand il mourut, en 1912, il laissait deux temples. Le culte Antoiniste en compte aujourd’hui 44 (dont 28 en Belgique), et 140 salles de lecture. Le chef actuel de la nouvelle religion est la propre femme du guérisseur, que les adeptes saluent du nom de Mère.
    Nous sommes allé demander au desservant d’un des deux temples antoinistes de Paris ce qu’il pensait du livre de M. Robert Vivier. Ce desservant est un ancien lieutenant de vaisseau, grand blessé de guerre, commandeur de la Légion d’honneur. Il a passé huit années à Jemappe-sur-Meuse, près du Père Antoine. Il est vêtu de la robe noire des Antoinistes, une courte soutane.
     – M. Robert Vivier, nous dit-il, est impartial et il montre même, m’a-t-il semblé, une certaine sympathie à l’égard du Père. Mais son livre est malheureusement incomplet. C’est ainsi qu’on n’y voit pas suffisamment les difficultés que notre chef spirituel eut à surmonter avant de faire triompher sa doctrine. Le Père Antoine fut un homme de foi et de sacrifice. Songez qu’il recevait jusqu’à 1.400 malades par jour, et que chacun, après l’avoir vu, partait soulagé. Songez aussi que, pendant dix ans, il voulut vivre seul, privé de toute satisfaction, de toute joie. Cette solitude lui était d’ailleurs nécessaire pour recevoir la révélation, qu’il nous a léguée en trois livres intitulés : La révélation, par Antoine le Guérisseur ; Le couronnement de l’œuvre révélée et Le développement de l’enseignement du Père.
    – Pouvez-vous me dire comment le Père Antoine rédigea ces livres ?
    – C’est précisément ce que M. Vivier n’a pas suffisamment mis en valeur. Voilà : le Père obéissait aux fluides. Ses dix principes furent reçus en deux nuits.
    Dès qu’il sentait le fluide venir en lui, il convoquait sa sténographe et prenait soin que son message fût fidèlement transcrit. Il arrivait parfois que la sténographe corrigeât des phrases boiteuses, mais le Père, aussitôt, rétablissait son texte. « Je préfère ma pensée à votre correction grammaticale », disait-il. Car le Père était un prophète, un instrument de Dieu.

                                                     Yves GANDON.

 

L’Intransigeant, 22 février 1936

Voir les commentaires

Temple de Verviers - intérieur

Publié le par antoiniste

Temple de Verviers - intérieur (Sciences occultes)

issu du magazine Sciences occultes, n°2 (vers 1955)

Voir l'intérieur du Temple de Verviers, années 20 avec le portrait du Père seul et l'Arbre à gauche

Voir les commentaires

Les Weissenbergiens (Michelis di Rienzi, 1939)

Publié le par antoiniste

 

Les Weissenbergiens

 

    « Et quel temps fut jamais plus fertile en miracles ? » fait dire Jean Racine, à Nathan, dans son Athalie.

    N’est-ce pas le cas de remplacer, dans ce vers fameux, le mot « miracles » par celui de « prophètes », car il s’agit encore d’un extraordinaire personnage qui a donné le nom à une secte comptant plus de cent mille adeptes, secte primitivement appelée Association catholique des sérieux chercheurs de l’Au-delà et des véritables adeptes de l’Eglise chrétienne.
    Le titre est un peu long, quoique synthétique, et il a fallu la maîtrise, nettement affirmée de Weissenberg, pour qualifier de son nom la nouvelle religion.
    Né à Fegebentel (Silésie), le 24 août 1855, d’une famille de bergers, berger lui-même, Joseph Weissenberg déserta tôt la campagne pour exercer toutes sortes de métiers : on le vit successivement maçon, cocher, marchand ambulant, puis aubergiste...
    Déjà, à l’âge de onze ans, il eut une première vision du Christ. Ce ne fut cependant que bien plus tard, vers sa quarantième année, qu’une nouvelle apparition du « Seigneur » lui fit prendre le chemin de Berlin où l’avait précédé sa réputation de magnétiseur-guérisseur.
    Il s’installa dans un des quartiers les plus modestes de la capitale allemande et les malades qui accoururent furent tellement nombreux que l’on dut, disent les gazettes, établir un service d’ordre devant sa demeure : il guérissait des centaines de patients par jour !
    Les autorités avaient d’abord voulu s’opposer à cette « concurrence déloyale » au corps médical. Il fallut y renoncer, car Weissenberg n’ordonnait aucun médicament, se bornant à prescrire, comme boisson, le thé dans lequel se trouvent, disait-il, tous les éléments nécessaires à la vie : vitamines et hormones.
    Sa force de suggestion augmentait de jour en jour, au point qu’il put opérer, non plus sur chaque individu séparément, mais d’un seul coup, sur des groupes entiers !
    Avant la douloureuse guerre de 1914-1918, Weissenberg s’était rallié, lui, né catholique, à l’Eglise Evangélique. Il faut croire que celle-ci ne satisfaisait pas ses aspirations, car il s’en sépara, et non sans éclat, en 1926.
    Revenons un peu en arrière. Marié, il avait divorcé, en 1908, parce que sa femme lui aurait été révélée comme étant la matérialisation du serpent qui tenta Eve !
    Il serait, certes, curieux de savoir comment les tribunaux ont apprécié cet argument ! Depuis, il n’est plus qu’entouré de « médiums » le secondant dans sa « mission ».
    Parmi ces « médiums », on signala une certaine Gretchen Muller, d’une grande beauté et qui guérissait les croyants par attouchements et impositions des mains.
    D’après Weissenberg, c’est en elle que s’est incarné l’Esprit de la Vierge, et c’est d’elle que devaient naître, symbolisés par des branches d’olivier, les deux anges annoncés par Zacharie (Verset 4) et par saint Jean l’Evangéliste.
    Et ce qui devait arriver arriva : « Soeur Gretchen Muller » mit au monde, le 7 février 1911 et le 14 février 1912, les deux enfants prévus par Weissenberg...
    Est-il besoin de dire que les adeptes ont la plus grande vénération pour cette Gretchen à laquelle ils attribuent presque autant de pouvoir qu’au « Maître divin ? »
    Maître divin ! C’est ainsi qu’ils appellent Weissenberg, non seulement à cause de ses cures merveilleuses dont ils ont été les témoins ou les bénéficiaires et qui ne peuvent provenir, d’après eux, que d’un pouvoir divin, mais encore parce que, sur la paume de sa main droite, dans le voisinage du médius, figure le signe mystérieux prédit par Isaïe (v. 16 et 49 : Vois dans ta main, je l’ai marquée (deux lignes croisées).
    Il n’est pas jusqu’à son nom, décomposé (Weiss Berg) qui ne le désigne comme la Montagne blanche dont parle le prophète Michée.
    Pour ses disciples, Weissenberg est à la fois Moïse, Elie et Jean : Moïse, homme de la prière ; Elie, homme de l’action ; Jean, porteur de l’amour. Et c’est lui qui doit mener l’humanité à la lumière !
Aussi, se croit-il plus haut que le Pape, ce dernier n’étant que le représentant de Dieu sur la Terre, alors que lui, Weissenberg, est, en personne, le Paraclet, c’est-à-dire l’Esprit-Saint :
    « Il possède tous les dons... Il vit sur la terre comme une parcelle de Dieu, dans un état d’extase et en commerce avec tous les êtres spirituels qu’il voit en dedans et en dehors de la matière avec le droit et le devoir de les scruter... »
    Est-ce à cause de son caractère divin, qu’il revêt, par profonde humilité, un aspect extérieur que d’aucuns disent repoussant (abstossend) ?
    Pour convaincre les incrédules, Weissenberg n’opère plus lui-même, mais par des « médiums » de diverses qualités, choisis par lui, « médiums à incarnation », et c’est par leur bouche que Luther, Bismarck, Windhorst, entre autres, viennent faire d’extraordinaires révélations.
    Rappelons-en quelques-unes, dont nous pouvons sourire aujourd’hui, mais qui troublèrent alors profondément les auditeurs : «L’Angleterre devait disparaître de la surface de la terre le 25 mai 1929, à 11 heures du soir; l’Italie, également, parce qu’elle avait trahi l’Allemagne...; la guerre libératrice de cette dernière nation éclaterait en automne 1929...
    Ces communications, datant de la période qui a immédiatement suivi la Grande Guerre, n’ont plus qu’un intérêt rétrospectif, mais ne témoignent-elles pas, si on y ajoutait foi, que, dans l’au-delà, les passions patriotiques seraient loin d’être éteintes ?
    Weissenberg n’a cessé de proclamer que, depuis deux mille ans, les prêtres ont retenu « en prison » la pensée de Dieu qui est tout amour et qu’il fallait dorénavant unifier toutes les doctrines en la sienne : Jésus, le Charpentier, a commencé l’édifice ; lui, Weissenberg, comme maçon, le terminera », a-t-il écrit.
    En vue de cette union des églises, le « Maître divin » a envoyé un message aux Empereurs, aux Rois, aux Gouvernants et au Pape lui-même, pour leur annoncer sa mission, affirmée par des miracles et des exorcismes, comme le fut celle de Jésus, le grand Thérapeuthe.
    Qui croirait, après ce que nous venons de raconter, que Weissenberg se déclare contre les pratiques du spiritisme et qu’il condamne les évocations en commun ?
    C’est que les « désincarnés » ne doivent se manifester que sur sa permission, et par l’intermédiaire des « médiums » qu’il a choisis : « Il siège à cet effet, tous les mercredis dans le monde des esprits et c’est lui qui leur assigne leur tâche ».
    Quand il veut instituer un « médium », il lui pose la Bible sur le front pour le mettre « en transe » et annonce que l’esprit va parler.
    L’église Weissenbergienne est constituée comme la plupart des sectes protestantes. Elle a un consistoire, des officiants et des prédicants.
    C’est Weissenberg lui-même qui ordonne les prêtres d’après un rituel qu’il a institué. Ceux-ci portent un costume sacerdotal assez semblable à la robe des pasteurs évangéliques, mais avec un insigne spécial.
    Au moment de l’ordination, le « Maître divin » leur transmet sa force psychique en leur rappelant qu’elle leur sera retirée s’ils viennent à démériter.
    Le culte est réduit à sa plus simple expression : prières, exhortations. Le Pater Noster est récité à haute voix par tous les assistants dans chaque cérémonie. Il en est un spécial pour les Morts. A notre connaissance, il n’existe de Weissenbergiens qu’en Allemagne. Chaque année, un grand nombre d’entre eux se réunissent à Trebbin, près de Berlin, où Weissenberg a fondé une vaste colonie, en 1920, et où fut inauguré, le 21 juillet 1929, un immense temple pouvant contenir 8.000 personnes. Il a fallu, pour cette journée, organiser 10 trains spéciaux !
    Si l’on en croit les savants qui ont étudié son « cas » au point de vue psychique et physiologique, Weissenberg est doué d’une force de suggestion extraordinaire. Ses cures ne sont pas contestées, tandis que certaines de ses pratiques hypnotiques sur des femmes et des jeunes filles lui valurent de sévères condamnations qu’il accueillit avec une parfaite sérénité...
    On dit qu’à l’instar de Jésus, il aurait ressuscité des morts ?
    Si son pouvoir magnétique est à peu près indiscutable, par contre, sa morale tend à la destruction et, assurent ses ennemis, à la dissolution des meurs. On lui prête, en effet, des enseignements sur la vie sexuelle qui ne sont pas précisément en harmonie avec les idées reçues...
    A l’heure actuelle, la secte dispose d’importantes publications : die Wahrheit (la Vérité), Organ (l’Organe), Johanne’s Botschaft (le Message de Jean), der Weisse Berg (la Montagne Blanche), etc. C’est dire qu’elle n’est point négligeable.
    Weissenberg est-il un nouveau Jean de Leyde ou un nouveau Luther ? Nous pencherions plutôt pour une ressemblance avec le moine de Wartbourg, car n’est-ce pas ce dernier qui a déclaré que « la raison est la prostituée du Diable ? »

Michelis di Rienzi, Les Religions ignorées, 1939

 

Voir les commentaires

Michelis di Rienzi - Les religions ignorées (1939)

Publié le par antoiniste

Michelis di Rienzi - Les religions ignorées (1939)

Auteur :     Michelis di Rienzi
Titre :     Les religions ignorées
Editions :    Paris, Librairie du Phare, 1939, 160 pages in-8

    L'auteur, dans cet opuscule qui fait suite à son livre Les petites églises de 1930, n'évoque cette fois-ci pas l'Antoinisme, mais on lira avec intérêt sa plume acerbée sur les Kardécistes (adeptes directs d'Allan-Kardec, les personnes "qui croient aux communications entre les morts et les vivants [étant] si nombreux et si divers") et les Weissenbergiens (à propos "d'un extraordinaire personnage qui a donné le nom à une secte comptant plus de cent mille adeptes" et dont l'histoire, en Allemagne, est proche de celle de Louis Antoine et de l'Amtoinisme), mais aussi les Doukhobors, cette secte russe qui aurait influencée Louis Antoine pendant son expatriation en Pologne russe ou encore les Caodaïstes, autre religion issue du spiritisme très présente au Vietnam.

Lire des extraits sur :
GoogleBooks   https://books.google.de/books?id=reFYDwAAQBAJ&printsec=frontcover&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q&f=false
Gallica   https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k3337502v

    L'auteur est également à l'origine d'un livre sur Les petites églises (1930).

Voir les commentaires

Les Antoinistes vont fêter leur Messie (Le Radical, 21 juin 1913)

Publié le par antoiniste

Les Antoinistes vont fêter leur Messie (Le Radical 21 juin 1913)

LES RELIGIONS EXCENTRIQUES

Les Antoinistes
           vont fêter
                leur Messie

    On se souvient du curieux culte antoiniste dont le prophète, le père Antoine, mourut en laissant à la mère Antoine ses admirateurs comme héritage.
    Les cérémonies du culte continuent. Des fêtes auront lieu les 25 et 29 juin à Jemmeppe-sur-Meuse. En voici le programme :
    « En souvenir de Celui qui les sauva du doute en leur révélant la pure lumière de la conscience, les adeptes du nouveau culte ont institué ces deux fêtes dont le caractère sera toute simplicité.
    « Le 25 juin, à dix heures, Mère, que le Père a désignée pour le remplacer, fera en son nom plusieurs opérations générales pour la foule des malades et des affligés qui ont mis toute leur foi en lui. Après il sera lu les dix principes de Dieu révélés par le Père et des travaux d'adeptes inspirés pour cette cérémonie.
    « Le 29 juin, à dix heures. Il y aura lecture générale au temple, et à deux heures, un cortège partira du temple et parcourra le même itinéraire que le jour des obsèques du Père, tous ceux qui conservent pieusement la mémoire de leur Sauveur auront à cœur d'y assister avec le plus grand recueillement et se retrouveront tous ensemble unis dans le même sentiment de foi et d'amour. »
    C'est souvent ainsi que naissent les religions, et le père Antoine aura peut-être la même chance que Mahomet.

Le Radical, 21 juin 1913

Voir les commentaires

Louis Beirnaert - Le problème des guérisseurs (Les Études juillet-août 1952

Publié le par antoiniste

Auteur : Louis Beirnaert
Titre : Le Problème des guérisseurs
Les Études t. 274, n° 6 (juillet 1952)

    Évoque à plusieurs reprise l'Antoinisme à partir du livre de Pierre Debouxhtay.

Voir les commentaires