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La Belgique possède une nouvelle religion (Le Matin, 6 décembre 1910)
La Belgique possède
une nouvelle religionUne pétition à la Chambre
BRUXELLES, 5 décembre. – De l’envoyé spécial du « Matin » (par téléphone). – Une pétition de 160,000 signataires, tous Belges et majeurs, demandant la reconnaissance d’un culte, voilà le peu banal document qui vient de parvenir à la Chambre des représentants à Bruxelles. Il provient des disciples d’Antoine le Généreux, un homme doué d’un pouvoir guérisseur extraordinaire, et qui, dit-on, a rendu la santé à des milliers de malades.
Ses adeptes sont tous adhérent du temple qui a été fondé à Jemmapes-sur-Meuse et se comptent par centaines de milliers. Aussi la religion « antonine » est-elle bien la deuxième dans ce pays, puisqu’on n’y compte que 20,000 israélites et 15,000 protestants.
Voici cette pétition, dont le greffier de la Chambre m’a fort aimablement permis de prendre copie.Monsieur le président et messieurs
les membres de la Chambre,
Nous avons l’honneur de vous demander de reconnaitre par une loi le culte antonin, fondé à Jemmapes-sur-Meuse par Antoine le Généreux, et qui compte actuellement plusieurs centaines de milliers d’adeptes.
Si Antoine le Généreux et ses adeptes demandent la reconnaissance de leur culte, ce n’est pas pour obtenir des subsides ou des rémunérations pour les membres de ce culte. La religion antonine est fondée sur le désintéressement le plus complet : Antoine le Généreux et les membres de son culte ne peuvent recevoir ni subsides ni rémunérations ; mais ils veulent assurer l’existence de leur temple de Jemmapes, lequel a couté 100,000 francs.
D’autres temples vont être érigés aux frais des adeptes. La reconnaissance du culte aura pour effet de transférer la propriété des temples aux fabriques ou consistoires qui en auront la gestion matérielle. Leur existence légale sera ainsi assurée. Il n’y aura donc ni droit de mutation, mi droit de gestion à acquitter.
Le temple de Jemmapes est administré par un comité de neuf membres composé de signataires de cette protestation. Mais le comité n’en a pas la propriété légale. Il importe que cette propriété lui soit conférée.
Il est inutile que nous insistions sur le caractère si moral et si élevé de l’enseignement d’Antoine le Généreux et sur les merveilleuses guérisons, tant morales que physiques, qu’il a obtenues et obtient chaque jour.
Un simple examen d’un des certificats joints à cette pétition fera comprendre pourquoi nous considérons Antoine le Généreux comme un des plus grands bienfaiteurs de l’humanité qui puissent se rencontrer.
J’ai demandé à un aimable député quel accueil peut faire la Chambre à une semblable pétition.
Eh ! dit-il en souriant, les 160,000 signatures sont parfaitement en règle, et jamais pétition aussi importante n’est parvenue à notre Chambre, pas même quand il s’est agi de l’instruction obligatoire.
Presque tous les adhérents du culte antonin sont des gens estimés, et il y a parmi eux beaucoup d’hommes cultivés : professeurs, médecins, etc... Des milliers d’attestations de guérisons sont jointes à la pétition. Des médecins réputés en ont signé plusieurs.
Nous ne pouvons donc pas traiter légèrement un mouvement de cette importance, qui persiste et progresse depuis plus de vingt ans, d’autant plus que la personnalité de son chef est digne de tous respects.
Et puis n’oublions pas, en ce qui concerne les pétitionnaires, que ces braves gens n’ont qu’un mot à dire pour que nous ayons à la Chambre un ou deux députés antonistes.Le Matin, 6 décembre 1910
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