Pierre Geyraud - Les petites Eglises de Paris (1937)
Auteur : Pierre Geyraud (également auteur de Les Religions Nouvelles de Paris et de l'article Les Sociétés Secrètes de Paris)
Titre : Parmi les Sectes et les Rites : Les petites églises de Paris
Éditions Émile-Paul frères, Paris, c.1937, 249 pages
Recension :
Les petites Eglises de Paris M. Pierre Geyraud a entrepris une exploration des sectes et des rites inconnus qui vivent à Paris, capitale des religions. Il nous conduit ainsi chez les Trappistes, les Pères blancs de Carthage, les Bénédictines, les Eglises catholiques romaines, mais non latines, l'Eglise catholique évangélique, les Saint-Simoniens, les Antoinistes, l'Armée de l'Eternel et le Petit Troupeau, chez les Mages et dans l'Ordre du Lys et de l'Aigle.
Qui pourrait croire que, parmi tous les gens que l'on rencontre dans l'immense ville, tant de personnes puissent appartenir à des cultes secrets et presque inconnus, dont quelques-uns, à cause des guérisons qui leur sont imputées, sont soudain placés en pleine lumière par un procés correctionnel. Ainsi, les fervents du zouave Jacob et les flagellants de Bordeaux, qui connurent une heure de trop grande célébrité avec leur expédition punitive sur le curé de Bombon.
Un curieux livre, en vérité, écrit par un ancien ecclésiastique « entraîné aux voies multiples de la vie mystique et rompu aux subtilités de la théologie ».
Edmond HOUZE.
Ce soir, 2 septembre 1937
Les Antonins (La Nouvelle revue, mai 1911)
En France, depuis la loi de séparation des Eglises d’avec l’Etat, nous ne devons plus laïquement connaître que des Français, qu’ils soient ce qu’il leur plaira d’être, catholiques, protestants, juifs ou musulmans, voire sans aucune étiquette religieuse.
Cependant il ne faut pas oublier que la France d’aujourd’hui est une grande puissance musulmane, et s’il plaisait à quelques richissimes mahométans de venir à Paris affirmer leur foi, en élevant une mosquée sur la rive gauche de la Seine, en face du Sacré-Cœur de Montmartre, on ne saurait y trouver à redire, puisque tous les cultes qui n’offensent pas la moralité publique, peuvent être pratiqués librement chez nous, en se conformant aux lois.
Les Antonins, de Belgique (adeptes d’Antoine le Généreux), ont bien un temple à Jemmapes-sur-Meuse et, après les Vieux catholiques de 1870, les Nouveaux chrétiens élèvent la voix à leur tour.
Ces modificateurs religieux sont des spirites-chrétiens qui rêvent la tâche extraordinairement difficile de relier plus étroitement (?) le spiritisme avec le christianisme. Les consciences sont libres, il ne faut pas rebuter les audacieux. Les spirites sont déjà divisés en un nombre respectable de sectes ne s’accordant guère entre elles que sur quelques points principaux.
Si l’on faisait, en France, un recensement consciencieux des groupements religieux portant un nom distinct, peut-être arriverait-on à un résultat approchant de bien près celui obtenu en 1906, aux Etats-Unis d’Amérique, où l’on a constaté le nombre, de 186 groupements.
O ! sainte Inquisition, où est-tu ? Toi, qui par une intuition de génie que nous, nous abstenons de qualifier, fut si effroyablement fortifiée par la confession auriculaire rendue obligatoire par acte du quatrième concile de Latran tenu en 1215. Par ce fait, ô sainte Inquisition ! tu devenais omnisciente, tu acquérais l’ubiquité, tu pénétrais ainsi dans toutes les affaires domestiques, aucun être ne se trouvait plus en sûreté, même à son propre foyer !...
Nous n’osons espérer que l’apaisement, tel qu’il y en a qui le conçoivent à l’heure présente, nous ramène ces temps bénis. L’Inquisition a aujourd’hui disparu presque complètement de nos mœurs, bien que le cadre principal existe toujours ; mais la confession auriculaire subsiste et la perpétue, sous une forme évidemment moins sauvage mais non cependant sans danger pour la dignité morale humaine, sinon pour la sécurité de l’être.
Une Flamine, Conflits religieux et laïques, p.196 (La Nouvelle revue, mai 1911) pp.195-202
Un nouveau prophète, le Père Dor (Le Radical 14 jan 1913)
UN NOUVEAU PROPHÈTE
Le Père Dor – A l'instar du Père Antoine
Le « Messager de l'Amour-Dieu »
Les fluides
BRUXELLES, 11 janvier. – De notre correspondant particulier. – Un nouveau prophète nous est né. On l'appelle le Père Dor et il prêche la bonne nouvelle au pays de Charleroi. Il prétend guérir les maux physiques comme les peines morales par la seule vertu de sa parole. Chose curieuse, ce personnage opère surtout au pays noir, dans ces grandes régions industrielles de la Wallonie qui offrent une si puissante image de notre civilisation moderne. Il correspond au rebouteux, au berger magicien de la campagne, qui est légion.
Toujours, en Wallonie, se sont développées, en marge des religions ancestrales, en marge du catholicisme et du protestantisme, de curieuses croyances qui se traduisent par des manifestations impressionnantes ou... baroques. Ce n'est ni le lieu ni le moment de parler ici des associations spirites du pays de Charleroi, des darbistes du Borinage, ou de cette explosion de foi farouche qui précipite aux calvaires du pays de Mons, dans la nuit du réveillon, des centaines de pauvres gens à des cérémonies au cours desquelles on « étrenne » le bon Dieu et d'où les prêtres sont rigoureusement bannis. (La même coutume se retrouve sur notre littoral.)
Qu'il nous suffise aujourd'hui de rappeler brièvement le règne éphémère de Jules Buisseret, dit Baguette, le bon Dieu de Ressaix, dont la divinité se compromit lamentablement dans les aventures amoureuses et les ennuis de la correctionnelle ; Antoine le Guérisseur, le Père Antoine, de Jemeppe-sur-Meuse, créateur d'une religion, d'un culte organisés, dont la presse a parlé dans le monde entier. L'antoinisme n'est pas mort avec son créateur ; l'influence de celui-ci persiste, sa réelle autorité morale, son incontestable puissance de suggestion agissent encore. Mais son enseignement, que professent encore la mère Antoine et quelques lieutenants fidèles, est fortement concurrencé par celui du Père Dor.
Le nouveau thaumaturge publie un journal mensuel, le Messager de l'Amour Dieu, directeur de la fraternité universelle.
A l'aide de cette publication, on parvient à formuler la doctrine – pour autant qu'on puisse employer ce grand mot – du Père Dor.
C'est un mélange de tolstoïsme et de spiritisme, la croyance à la loi d'amour total, à la charité chrétienne, poussée au suprême degré, et aux fluides.
Les idées actuelles du nouveau prophète ont mis du temps à se préciser. Au début, dans les premiers numéros du Messager, on parle souvent de l'enseignement du Christ, on cite des passages de l'Evangile. Aujourd'hui, il n'est plus question de cela. On trouve même dans les instructions du Père des opinions qui témoignent de l'influence qu'a exercée la propagande rationaliste au pays de Charleroi. Le Père Dor ne croit pas à un Dieu créateur. Dieu, pour lui, c'est un mot, une entité morale : « J'ai déjà dit et je répète que Dieu n'est qu'un mot. Je ne veux pas par là détruire la loi qui conduit à lui. Mais, au lieu de dire Dieu, je dis : Amour, Charité, Désintéressement. »
Et, ailleurs : « De tout ceci, tâchez de vous convaincre que Dieu n'est qu'un mot et non le créateur de toutes choses. Ce problème est à résoudre, mais la solution ne se trouve que dans son amélioration. S'il ne dépendait que de Dieu pour notre bonheur, nous aurions le droit de le traiter de cruel, de laisser ainsi ses rejetons dans la souffrance, malgré le grand désir qu'ils ont de ne plus souffrir.
« On ne comprend pas le pourquoi de cette vie, parce qu'on ignore qu'une seule chose est nécessaire pour être sauvé : l'amour du bien, sentiment de justice et de progrès de l'être pensant. »
Le Père Dor croit aux fluides bons et mauvais. Il fait agir les bons pour guérir les maux et les peines morales. Dans son esprit, fluide est parfois synonyme d'âme.
Et il croit non pas à l'immortalité, mais, comme les colinsiens, à l'éternité de l'âme.
« J'ai déjà pu dire que l'homme existe depuis toujours. Quand je dis homme, comprenez-moi bien, je veux dire âme ou plutôt fluide-homme. »
Voilà ce qu'on lit dans les instructions du Père Dor, reproduites dans le Messager, et l'on avouera qu'il y a là-dedans une certaine élévation de pensée.
C'est à Roux, une grosse commune industrielle du bassin de Charleroi, que se trouve le temple du Père Dor, inauguré il y a quelques semaines. Au-dessus de la porte d'entrée, on lit cette inscription : L'Ecole morale.
Toute la semaine, les fidèles y affluent : pauvres paysans de l'Entre Sambre-et-Meuse et même du Nord de la France, vieux ouvriers du Centre et du pays de Charleroi, rongés par la tuberculose, femmes de mineurs atteintes de maladies nerveuses.
Tous viennent voir le Père dans l'espoir de trouver la guérison que n'ont pu leur donner les médecins.
Le Père Dor est âgé de quelque quarante ans. Il est originaire de Mons-Crotteux, près de Liége, se dit le neveu d'Antoine le Guérisseur, a exercé plusieurs métiers, dont celui de terrassier, a séjourné trois fois en Russie, où les guérisseurs de son genre pullulent, a bâti, il y a quatre ans, à Roux, avec ses économies, le premier temple, puis le vaste temple inauguré à la Toussaint. On vient le voir de partout. Il travaille même par correspondance. « Non seulement, dit-il, je guéris les hommes, mais aussi les bêtes : cochons, vaches, chevaux. »
Non frères inférieurs, sans avoir la foi, sont touchés par le fluide.
Dès à présent, il existe des succursales de l'Ecole morale de Roux dans un grand nombre de communes belges, dans l'Aisne et jusqu'à Porto Felice, au Brésil...
Tous les dimanches, en gare de Roux, les trains déversent de nombreux pèlerins.
Le Radical, 14 janvier 1913
Moderne magie - De Voorpost 28 februari 1975
Extrait :
ZO WORDT EEN SEKTE GEBOREN
Als voorbeeld hebben we gekozen de sekte der Antoinisten die een grote invloed heeft gehad in eigen land (8).
Louis Antoine werd geboren te Mons Crotteux in 1846 als zoon van een mijnwerker. Hij was zeer vroom, katholiek, verslond alle mogelijke boeken.
Hij huwde met Catherine Collon, bracht vijf jaar door in Warschau en vestigde zich nadien als huisbewaarder in Jemeppe-sur-Meuse. Hij had, onvrijwillig, een werkmakker gedood en leed aan een pijnlijke maagkwaal. Hij maakte kennis met het spiritisme en zocht daar een antwoord voor zijn bekommernissen. In 1893 verloor hij zijn enige zoon. Hij begon de mensen door handoplegging te genezen van alle mogelijke kwalen. Zijn bezoekers bleven in stijgende lijn gaan. Hij verscheen voor de rechtbank voor het uitvoeren van onwettige geneeskunde en werd voorwaardelijk veroordeeld. Toen begon hij de mensen to genezen door het gebed en werd aldus 'n mysticus. In 1906 werd de zaal waar hij zijn bezoekers ontving omgebouwd tot een tempel. Voortaan verscheen hij in een zwarte toga en elke zondag predikte hij de « Openbaring ». in 1910 werd het Antoinisme definitief ingesteld. Het werd een nieuwe, godsdienst onder leiding van Pére Antoine. Hij stierf in 1912 na zijn echtgenote als opvolgster te hebben aangesteld. Meer dan 100.000 personen brachten hem een laatste groet. Tempel na tempel rees op en dertig jaar lang zou zijn vrouw de godsdienstige leiding in handen houden. Scheurgroepen ontstonden; onder meer die van Pierre Dor, een neef, die beweerde dat Antoine een voorloper was en dat hij de eigenlijke Kristus was. Momenteel zijn er in Belgie meer dan 30 tempels en de genezingen worden ofwel kollektief of wel individueel voortgezet.
Een feit was dat hij oprecht was. Hij weigerde geldelijke tegemoetkomingen. Ook zijn discipelen waren doorgaans ter goeder trouw en legden dezelfde menslievendheid aan de dag. Het zou onrechtvaardig zijn om alle sekten over dezelfde kam van bedriegerij, erotisme, zwakzinnigheid te scheren. Misschien is het een zekere vorm van hoogmoed die hen vroeg of laat ten gronde richt.
(8) Van Hageland: Moderne Magie en Hekserij
De Voorpost, 28 februari 1975
Traduction :
ET C’EST AINSI QU’EST NE UNE SECTE
A titre d'exemple, nous avons choisi la secte des antoinistes qui ont eu une grande influence dans notre propre pays.
Louis Antoine est né à Mons Crotteux en 1846 en tant que fils d'un mineur. Il était très dévot, catholique, dévorant tous les livres possibles.
Il a épousé Catherine Collon, a passé cinq ans à Varsovie et s’est installé par la suite à Jemeppe-sur-Meuse. Il avait involontairement tué un collègue de travail et souffrait de maux d'estomac douloureux. Il s'est familiarisé avec le spiritualisme et a cherché une réponse à ses préoccupations. En 1893, il perd son fils unique. Il a commencé à guérir les gens de tous les maux possibles en leur imposant les mains. Ses visiteurs ont continué à grandir. Il a comparu devant le tribunal pour médecine illégale et a été condamné à une peine conditionnelle. Puis il a commencé à guérir le peuple par la prière et est ainsi devenu un mystique. En 1906, la pièce où il a reçu ses visiteurs a été convertie en temple. Dès lors, il est apparu dans une robe noire et chaque dimanche, il prêchait la "Révélation". En 1910, l'antoinisme est définitivement institué. C'est devenu une nouvelle religion sous la direction de Père Antoine. Il mourut en 1912 après avoir nommé son épouse comme successeur. Plus de 100 000 personnes l'ont salué une dernière fois. Temple après temple, la religion grandit pendant 30 ans, sa femme tenait la direction religieuse entre ses mains. Des dissidences sont apparues ; dont celle de Pierre Dor, un neveu, qui a prétendu qu'Antoine était un précurseur et qu'il était le Christ actuel. Il existe actuellement plus de 30 temples en Belgique et les guérisons se poursuivent soit collectivement, soit individuellement.
Le fait est qu'il était sincère. Il a refusé des avantages monétaires. Ses disciples, aussi, étaient habituellement de bonne foi et montraient le même genre d'humanité. Il serait injuste de mettre toutes les sectes sur un pied d'égalité en matière de tromperie, d'érotisme, de démence. C'est peut-être une certaine forme d'orgueil qui, tôt ou tard, les détruit.
Marcel Réja - Au Pays des Miracles (1930)
Auteur : Marcel Réja
Titre : Au Pays des Miracles
Editions des portiques, Paris, 1930, in-12 Broché, 258 pages
L'auteur consacra une série d'articles aux guérisseurs, ainsi que sur l'antoinisme.
Recension :
Le Dr Réja leur a consacré son livre « Au pays du Miracle » (1931, édition des Portiques, 44, avenue des Champs-Elysées) où il met en pleine lumière les possibilités inouïes de la suggestion.
Le Dr Réja, classe les guérisseurs en mystiques, en empiriques, en magnétiseurs, en médiums et en... fantaisistes, mais pour tous le succès s'explique de la même manière.
Le médecin ne peut pas tout guérir, et avec la meilleure volonté, il ne peut humainement satisfaire tous ses malades. Et tel, que la science a déçu, met son espoir dans le merveilleux. Le travail en lui s'effectue lentement. Il accueille les nouvelles de cures extraordinaires, les recherche. Bientôt la confiance naît, puis l'enthousiasme et la foi. L'atmosphère d'exaltation que tout guérisseur sait créer et entretenir autour de lui fait le reste. Le malade attend le miracle, il est prêt à recevoir le choc, et parfois le choc se produit. On a vu sous le coup d'émotion très forte des tumeurs instantanément résorbées, des paralysies guéries. Mais Réja n'oublie pas les cas de maladies aggravées jusqu'à être mortelles par l'ignorance de certains guérisseurs.
L'Archer, mars 1934
Paul Moinet - Les Bâtards d'Esculape - Enquête chez les guérisseurs (1933)
Auteur : Paul Moinet
Titre : Les Bâtards d'Esculape - Enquête chez les guérisseurs
Le François éditeur, Paris, 1933, in 12 broché, 242 pages
Cité dans la bibliographie de Pierre Debouxhtay.
M. Paul Moinet est médecin et nous semble, de ce fait, mal désigné pour traiter avec impartialité ce grave probleme de la médecine non officielle. Ou plutôt il n'a pas suffisamment fait le départ entre les escrocs qui vivent de l'ignorance et de la misère des malades, et les guérisseurs qui soignent selon d'autres principes, que la médecine réprouve, mais dont on n'a pas encore prouvé la nocivité.
Enquête bien superficielle d'ailleurs, comme le sont en général les reportages. Nous nous en rendons compte en considérant avec quelle désinvolture et quelle légèreté il traite de Coué. Nous nous demandons vraiment comment l'auteur peut parler avec tant d'indulgence des rebouteux.
Il est incontestable que, devant la faillite lamentable de la médecine officielle, devant l'exploitation dont sont l'objet la plupart des malades, on constate nettement une tendance générale à chercher dans d'autres directions les possibilités de guérison : le naturisme gagne du terrain chaque jour et influe inévitablemnt sur la thérapeutique of - ficielle ; on dédaigne moins pour l'étudier plus objectivement la science ancestrale des guérisseurs de village ; la sorcellerie ellemême retient l'attention du public parce que, grâce aux découvertes électriques et aux diverses théories magnétiques, des ponts sont jetés entre la connaissance et le mystère. Nous sommes sans doute à un tournant de la science : la science naissante avait cru aussitôt expliquer et dominer le monde ; la science actuelle en évolution ne parvient qu'à démontrer combien est insondable notre univers, combien de forces mystérieuses s'ajoutent à celles qu'une raison trop primaire voulait seules admettre, combien notre science est pauvre et impuissante devant les grandes forces cosmiques qui déterminent notre vie et notre devenir.
Nous le répétons : nous n'essayons pas d'innocenter les voleurs, les filous, qui, avec la complicité d'une presse à tout faire, exploitent la crédulité et l'impuissance des malheureux. Mais nous nous refusons malgré tout à suivre Paul Moinet dans ses projets de répression et nous plaindrions l'humanité si la science officielle avait un jour le droit de poursuivre et de réprimer tous les essais non orthodoxes de thérapeutie.
L'Éducateur prolétarien, Octobre 1933 (Journaux et revues)
https://www.icem-pedagogie-freinet.org/node/35206
« Les Bâtards d'Esculape », de Paul Moinet (Le François, 1933, 91, boulevard Saint-Germain) sont surtout les escrocs, les guérisseurs étrangers, trafiquants, marchands de pilules, masseurs clandestins et autres charlatans qui agissent sans conviction et exploitent sans vergogne la crédulité humaine.
Mais le Dr Moinet consacre aux « Rebouteux » un chapitre fort élogieux. Il les tient pour désintéressés et doués généralement d'une grande habileté manuelle. Il propose de les embrigader « dans l'armée. régulière des collaborateurs de la médecine à côté des masseurs, des doucheurs ». Contre les guérisseurs escrocs, que la loi ne permet, guère d'atteindre de façon efficace, le Dr Moinet réclame des sanctions sévères.
L'Archer, mars 1934
Lire également la contribution de Henri Allorge dans Le Courrier d'Épidaure.
Rudy de Sirius - Mystérieux phénomènes psychiques (2015)
Auteur : Rudy de Sirius
Titre : Mystérieux phénomènes psychiques
Fragnes : les Éditions de l'Atlante, Collection Le Verseau, 2015, 114 p.
SOMMAIRE :
Introduction
Aux sources du Spiritisme
Les diverses catégories de Hantise
Le Spiritisme en France et les fondements modernes du Spiritisme
Médiums et Résidus Psychiques
Les lieux et les objets condensateurs
Spiritisme et Occultisme
Spiritisme et Psychisme
Explications des manifestations spirites
La Théorie Démoniaque
La Théorie des Elémentaires et des Elémentaux
Satanisme, Luciférisme, Antoinisme, et Diablerie
Le Ternaire Traditionnel des Ecoles de Mystères
Les dangers du Spiritisme
Les 2 Ames de l'Alchimie
La Spiritualisation de l'Eau par la Croix
Verviers (openstreetmap.org)
Temple antoiniste de Verviers indiqué dans le cadastre wallon openstreetmap.org
Rue des Jardins 1, 4800 Verviers
Caractéristiques
Type de bien Bien
Superficie de la parcelle 401m2
Bâtiment: 260 m²
Largeur de la parcelle 13m
Profondeur de la parcelle 30m
Surface estimée du jardin 201m2
Coordonnées 50°35'42.3"N 5°51' 30.2"E
Nombre de façades Maison mitoyenne d'un côté
Zone inondable Hors zone inondable
https://www.realo.be/fr/rue-des-jardins-1-4800-verviers/1281766?
https://ici.be/4800::Rue+du+Paradis::1/fr
Michel Meeus - Naissance et croissance du spiritisme et de l’antoinisme dans le Diocèse de Liège (2010)
Auteur : Michel Meeus
Titre : Naissance et croissance du spiritisme et de l’antoinisme dans le Diocèse de Liège
in Leodium - Publication périodique de la Société d’Art et d’Histoire du Diocèse de Liège, Tome 95 (Janvier-Juin 2010), pp. 19-44.
Source citée par Marijke De Sadeleer. Impossible malheureusement d'avoir un aperçu de cette publication.
Après avoir rappelé la condamnation de l'Église catholique contre les doctrines spirites, ainsi que leurs "contradictions", l'auteur indique qu'"il se scindera en différentes tendances, dont une religieuse et une socialisante".
L'auteur référence ensuite les différentes apparitions de faits spirites puis antoinistes (mais aussi la déchristianisation) dans la région liégeoise en s'appuyant sur le retour des prêtres.
Quand il évoque Louis Antoine et l'Antoinisme, on nage en plein délire : "En 1906, il rompt avec les spirites pour organiser une nouvelle religion tournée vers un enseignement moral et un nouveau spiritisme, une mission de guérisseur et de révélateur, consacrés dans des écrits de 1909-1910 avec un baptême sous forme d'imposition des mains et d'invocations, un mariage, des images du Christ, des statues de certains saints, les dix commandements."
Ce qui est intéressant dans cette publication est le recensement des spirites et antoinistes effectué notamment en 1917 par l'Évêché.
On lit par exemple, p.7 : C'étaient en général des « gens assez bêtes » à Liège Saint-Remacle, des chrétiens de moralité très douteuse ou non-pratiquants selon les curés de Jupille et de Poucet, un ancien sacristain révoqué à Loncin. Le doyen de Waremme les considérait comme des ignorants qui recherchaient avant tout un intérêt matériel, c'est-à-dire la guérison des personnes et des animaux. À Poucet, plus d'un recourait en cachette à la protection du Père Antoine lorsqu'une personne ou un animal était malade. C'était la principale motivation des antoinistes. Une femme d'Alleur se rendait chez les malades. Des adeptes d'Antheit consultaient à propos de déboires, de maladies. Des personnes se rendaient par hasard au temple de Jupille pour une raison de santé. Un propagandiste de Poucet s'informait avec soin des peines et des maladies qui tourmentaient les hommes et les animaux, promettant à tous guérison et santé et pendant quelque temps le bruit de merveilles et miracles dus à l'antoinisme s'y répandit, succès de courte durée. Sans être antoinistes, certaines personnes venaient à Jemeppe afin d'obtenir une guérison. Un bon nombre de socialistes d'Antheit fréquentaient aussi accidentellement le temple de Huy ou la maison de Villers-le-Bouillet. La propagande antoiniste s'exerçait cependant également par la pratique de la charité et de l'aumône.
L'auteur semble percevoir (p.42-44) une baisse de nombre d'antoinistes dès les années d'après la Deuxième Guerre mondiale :
La guerre de 1940-1945 a-t-elle réduit le nombre d'antoinistes ? Si 11 des 12 paroisses du doyenné de Liège Saint-Nicolas en comptaient, ils ne représentaient que 1 pour 1000 à Bois-de-Breux et à Robermont, 2 pour 1000 à Jupille, 3 pour 1000 à Angleur et à Grivegnée Notre-Dame, presque 1 % à Kinkempois de 1941 à 1946, mais 3 % en 1948-1949. Les paroisses de Grivegnée Notre-Dame, Jupille, Kinkempois, Liège Saint-Nicolas et Liège Saint-Pholien possédaient un temple. En outre, une maison particulière à Jupille accueillait les sympathisants. Des étrangers venaient à Kinkempois et aussi à Jupille qui comptait peu d'adeptes paroissiens et beaucoup de consultants.
Si 13 des 27 paroisses du doyenné de Waremme signalaient la présence d'antoinistes, la guerre semble là aussi avoir causé des abandons. Il n'y en avait plus à Boëlhe, ni même à Berloz (« on n'en parle plus, c'est la guerre ») et à Pousset (« nulla diffusio propter bellum »). La fin des hostilités a pu provoquer une légère reprise. En 1940, ils étaient 1% à Donceel, Grandville et Hodeige ; 0,5 % à Grandville et Lantremange l'année suivante ; 2 pour 1000 à Grandville en 1942 ; 1,5 pour 1000 à Grandville, Lantremange et Remicourt en 1943 ; 0,5 % à Berloz, Bleret, Grandville et Hodeige en 1945 ; 0,75 % à Berloz, Donceel, Hodeige et Lantremange en 1946 ; 0,5 % à Bleret et Limont en 1947. Le temple de Waremme est encore mentionné dans un rapport du doyen du 27 février 1951. Signalons que la famille de Boëlhe qui avait abandonné l'antoinisme ne revenait quand même plus à l'église.
À la fin de la guerre de 1940-1945, les antoinistes semblaient avoir disparu à Comblain-au-Pont, alors qu'ils avaient obtenu une audience certaine dans la vallée de l'Ourthe. Quelques-uns étaient signalés en 1950 à Sprimont où un culte était organisé et également quelques autres à Aywaille l'année suivante.
Des antoinistes résidaient en 1946 dans 5 paroisses du doyenné de Soumagne, notamment au chef-lieu, et il n'y en avait aucune trace dans 10 autres. Ils ne représentaient qu'1,5 pour 1000 des habitants de Saive et de Soumagne, mais 3,5 % à Bellaire. Une maison de Retinne servait de lieu de culte. Le temple de la paroisse de Saint-Antoine à Liège était assez fréquenté en 1953 et le spiritisme relativement répandu à Fonds-de-Forêt en 1954. Quant au doyen de Spa, il mentionna en octobre 1955 une pratique originale, celle d'une famille de spirites de son doyenné dont les enfants avaient été baptisés à l'aide de vin.
Le conflit 1940-1945 a fait perdre, provisoirement ou pas, quelques disciples chez les antoinistes. Il demeura cependant toujours aussi répandu, mais néanmoins très faiblement représenté. Mesurer son impact réel après la guerre devient toutefois malaisé, les autorités de l'Église catholique s'intéressant de moins en moins aux autres cultes. Le dernier renseignement date de 1955.
L'attitude des spirites et des antoinistes à l'égard de l'Église catholique a-t-elle connu une évolution ? Jusqu'à la fin de la Grande Guerre de 1914-1918, des antoinistes lui restèrent fidèles dans 27 % des cas où leur attitude est mentionnée. À partir de 1919, cette proportion est tombée à 11 %, mais même ceux qui n'abandonnèrent pas leur religion ancestrale la pratiquaient-ils avec suffisamment de conviction ?
La Belgique comptait 22 temples antoinistes en 1934, 31 vers 2000 et 150.000 membres en 1970, principalement en Belgique. Actuellement l'antoinisme, qualifié de mouvement guérisseur, essaie d'aider les personnes souffrantes par la prière, et non plus par l'imposition des mains. Il est présent en Belgique, en France, aux Pays-Bas, en Suisse, en Italie, au Brésil, aux Etats-Unis, au Grand-duché de Luxembourg, à Monaco et dans l'ex-Congo belge.
Selon L. de Saint-Moulin, l'antoinisme n'eut guère part au mouvement de déchristianisation. Sans vouloir porter un jugement sur le spiritisme et plus spécialement l'antoinisme, une comparaison s'impose entre ces courants et l'épidémie de choléra de 1866 : tous deux sévirent principalement dans les villes et les localités industrielles. La Hesbaye où l'antoinisme s'est bien propagé, constitue l'exception, probablement parce que la mentalité y était égoïste et matérialiste (1). Trop d'habitants y cherchaient un remède médical.
L'antoinisme fut un mouvement marginal, car même dans le doyenné de Waremme où il fut répandu dans presque les deux tiers des paroisses avant la guerre de 1940-1945, s'il est tenu compte des localités où il ne parvint pas à s'implanter, il n'atteignit que 8 pour 1000 des habitants. Il est parvenu à un certain succès en raison de la grande ignorance religieuse, d'un peu de scientisme qu'il présentait, d'une grande tolérance, surtout à l'égard de la morale et du mal, sans parler du fondateur dont se dégagea un prestige d'homme simple et désintéressé. Pratique spectaculaire par ses idées, il n'a guère pu déforcer le culte de l'Église catholique.
Note 1 (de l'auteur) : Des rapports de 26 curés des doyennés de Villers-l'Evêque et de Waremme relatant les événements de la guerre de 1914-1918 ne mentionnent que 26 volontaires de guerre et 12 hommes ayant franchi ou tenté de franchir la frontière des Pays-Bas pour un ensemble d'environ 24.100 habitants. Personne ne se présenta dans 15 paroisses. Le curé de Bettincourt ajouta : « Pas un seul engagé volontaire. La Hesbaye n'a certes pas brillé de ce côté-là ». Et celui de Hollogne-sur-Geer : « Aucun engagement volontaire dans la commune, aucun sentiment patriotique. Très indifférents et très intéressés » : A.Év.L., Fonds Rutten.