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leon tolstoi

Au Palais (La Belgique, 19 novembre 1916)

Publié le par antoiniste

Au Palais - La Belgique  19-11-1916

                         AU PALAIS

TRIBUNAL CORRECTIONNEL DE CHARLEROI

               LE PROCÈS DU « CHRIST »

               AUDIENCE DE VENDREDI

    On refuse du monde, encore et toujours. On plaide prétoire fermé. De nombreux adeptes du „Père” l’assistent chaque jour dans la montée du Calvaire. C’est une garde prétorienne. Il est bon qu’elle protège efficacement l’accusé, car des énergumènes, excités par un témoin à charge dit-on, pourraient se livrer à d’inexcusables voies de fait. Je me hâte de dire que la petite vieille dame si propre n’est pas l’instigatrice d’un passage à tabac. Son âme, désemparée, n’est pas emplie de tant de fiel – j’allais écrire : de tant de fluide vengeur. Au reste, le fluide de la vengeance existe, tous les fluides existent dans le dorisme, sauf erreur, d’ailleurs excusable pour cause d’une trop rapide initiation.
    L’audience s’ouvre à 9 h. 1/2. L’accusé n’est pas à son banc ; le train de Bruxelles n’est pas arrivé. La parole est donnée Me Gérard, partie civile pour la Société de médecine de l’arrondissement de Charleroi.

               LES PARTIES CIVILES

    – Pierre Dor, dit Me Gérard, cet homme qui se dit le Messie du XXe siècle, ébloui par le succès de son oncle Antoine le Guérisseur, eut un jour l’idée de lui faire concurrence. Une concurrence dans le même village eût été désastreuse. Pierre Dor vint, par conséquent, se fixer à Roux-Wilbeauroux. Exploitant la bêtise humaine, Dor se livre à l’art illégal de guérir. Vous avez vu, Messieurs, quelques-unes de ses victimes défiler à la barre. L’organe de la loi s’est même écrié, devant un témoin : „C’est un cas désespéré.”
    Me Gérard soutient qu’on venait, à l’Ecole morales demander conseil au guérisseur pour les varices, les hernies, les maladies d’estomac, etc. Dor jetait, à l’en croire, la déconsidération sur le corps médical. Combien de malheureux ont payé de leur vie les conseils de Dor ! Au tribunal, continuant sa comédie, il s’est dit le Christ réincarné. Il n’est pas sincère. C’est un imposteur, il le sait.
    – S’il était au banc des accusés, je lui dirais : Etes-vous l’auteur du „Livre précieux”, ou n’êtes-vous que l’homme de paille d’un syndicat d’exploiteurs !"
    L’avocat des médecins de l’arrondissement de Charleroi affirme que le livre de Dor : „Christ parle à nouveau”, est fait de plagiats, que tout est comédie dans les doctrines de l’accusé, et que ses adeptes ont été malades physiquement avant de l’être moralement. Les témoignages attestent que Dor pratiquait illégalement l’art de guérir. Il se faisait passer pour le Christ, il se livrait à des passes magnétiques, il faisait des essais d’hypnotisme, levant les mains, fermant les yeux. Il y avait aussi le fluide à distance.
    A ce moment, on entend, au dehors, des huées. Nouvelles manifestations d’antidoristes. Le Messie arrive. Le voici qui prend place au banc d’infamie, comme on dit. Il ne paraît nullement ému. Mme Dor semble nerveuse. Accompagnée d’une amie, Mme Dor s’assied derrière Mes Lebeau et Morichar.
    Me Gérard dit qu’il faut que l’art de guérir soit pratiqué par des gens possédant des diplômes. Or, Dor ne possède aucun diplôme. Il n’est que „docteur sans médicaments, Messie du XXe siècle” !.
    Plaidoirie très claire, dite sans passion.
    Et le fluide ? Me Gérard va, jusqu’à admettre les rayons M... N... tout ce que l’on voudra. Il leur concède même une consistance scientifique. Il y a des hommes qui possèdent un fluide, mais, s’ils n’ont pas d’autorisation légale de pratiquer, ils tombent sous le coup de la loi. Il y a manœuvres quand on use de passes magnétiques, lorsqu’on fait des „grimaces”, même en ne donnant point de médicaments. Le zouave Jacob a été condamné. Dor soutient qu’il donne des conseils de morale. Or, toutes les instructions ne visent pas que la morale :
    – Vous savez quelles instructions donnait ce charlatan aux mères de nouveau-nés.
    Me Lebeau. – On ne vient jamais le consulter pour des enfants sains.
    M. Mahaux, substitut du procureur du roi. – C’est l’aveu.
    Me Gérard reparle des lavements à l’eau salée du cas de ce malade qui portait un bandage herniaire et auquel Dor aurait dit d’enlever son bandage. L’homme souffrit terriblement.
    Me Lucien Lebeau objecte que le témoin s’est rétracté.
    Le Messie, bien calme à son banc, dément, de la tête, souriant, certaines affirmations de Me Gérard.
    Me Gérard, en terminant, dépose des conclusions au nom des médecins de l’arrondissement de Charleroi qui veulent que prenne fin cette concurrence nuisible, illégale, criminelle même.
    – Il y a quelques années, la Société des médecins a réclamé à un rebouteux 1 franc de dommages-intérêts. Aujourd’hui, il y a un préjudice matériel énorme. Certains membres ont été atteints dans leur existence. Dor a dénigré les médecins et a attiré les clients chez lui par des manœuvres louches. La société aura aidé au nettoyage des forbans. Le Père Dor ne peut quitter le prétoire avec quelques florins d’amende. La Société des médecins réclame 10,000 francs. Le tribunal décidera „ex æquo” et bono”. Nous aussi, nous sommes des médecins des âmes, nous connaissons bien des souffrances à soulager. La Société de médecine ne faillira pas à son devoir. La population de Charleroi est une population à laquelle on n’en conta pas aisément. Les victimes crieront bientôt : „Sus au charlatan ! Sus à l’exploiteur de la crédulité humaine !”

                               ***
    A Me Gérard succède Me Bonehill, avocat d’une autre partie civile, Mme D...
    – Hier, dit Me Bonehill, avec une rare maîtrise l’honorable président a interrogé le faux Christ. Dor est sorti de cet interrogatoire couvert de ridicule. Il a subi les verges de l’honorable organe de la loi. Me Gérard vient de le clouer au pilori. Il est exposé à la raillerie de tous ceux qui ne sont pas ses adeptes. Ces derniers sont doués de l’obscurantisme à perpétuité. La remise des fonds a été provoquée par usurpation de faux titres et manœuvres frauduleuses. M. le procureur du roi a fait en des coups de pinceau le portrait du prévenu. Celui-ci ne méritait pas les honneurs de la toile. Il méritait la caricature. En six ans, il s’est érigé en Jésus opulent cossu. Mme D... a été une des premières victimes attelées au char du dieu. En 1912, Mme B... rabatteuse, lève un oiselet dans les fourrés de Bruxelles et le dirige vers l’épervier. C’est une dame âgée de 66 ans (Mme D...) qui a été spirite. Il y a dans ce cerveau un tout petit trou, mais le vilebrequin va y entrer. Elle n’a pas d’héritiers et elle est riche. Quelle bonne prise pour l’épervier ! Les cercles de l’épervier se resserrent : il plane. C’est la période de fascination. Il décide Mme D... à venir chez lui, et il la séquestre. C’est la période d’initiation. „L’apoplexie vous guette, il faut faire de bonnes œuvres.” Il tente de jeter un ferment d’amour dans ce vieux cœur.”
    Ce début promet. La parabole de Me Bonehill est spirituelle ; ses saillies mettent la salle en grosse gaietés. Orateur verveux, coloré, cinglant.
    Me Bonehill lit une aimable correspondance échangée entre le Père et Mme D..., propagandiste en Ardennes pour l’Ecole morale. Les lettres du Père sont émaillées de fautes d’orthographe, que Me Bonehill met en vedette, avec trop d’insistance, semble-t-il. Plaisanteries faciles, qui ne sont pas des arguments. D’honorable avocat souligne qu’à la première page du livre „Christ parle à nouveau”, le Père se donna comme le Messie du XXe siècle... il a, dans la vignette, un geste de rédemption.
    – Où est-il dit que ce langage serait image, métaphorique ?
    Me Lucien Lebeau. – Au bas de la page...
    Me Bonehill. – Vous êtes clairvoyant, je ne vois pas ça.
    Me Lucien Lebeau lit l’inscription et soutient sa manière de lire et de comprendre. Me Bonehill continue...
    – Dor s’arme des grands ciseaux avec lesquels il tond ses brebis, et coupe des textes dans des livres traitant du spiritisme. C’est le geai paré des plumes du paon.”
    Me Bonehill soutient que des textes „ont été cambriolés„. Dans des livres de Léon Denis et d’Allan Kardec, des textes ont été repris, avec des variantes parfois, par le Père. L’avocat de Mme D... met „Christ parle à nouveau„ sous les yeux des juges et fait la confrontation des textes. Il y a des brochures différentes à texte identique. C’est, d’autre part, le Père Dor qui fait répondre par Mme D... à des lettres demandant des renseignements sur lui et sur l’Ecole morale, à l’aide de brouillons tracés de sa main.
    – Mais un coup de fusil est parti près du nid de l’épervier. C’est le Parquet qui l’a tiré. Dans une lettre, il est question du Parquet. J’ai été, dans le temps, de la „Jeune Belgique”, mais jamais je n’ai vu d’élucubrations comparables à certaines lettres : „Comme il est assis sur la gloire de ses œuvres” – et surtout sur la grammaire et le dictionnaire – „il y aura peut-être un non-lieu.”
    Encore des fautes d’orthographe dans une lettre expédiée en Russie. Me Bonehill trouve-t-il vraiment spirituel de relever les fautes d’orthographe d’un homme, ancien forgeron, quasi illettré ?
    L’avocat, comparant l’accusé à un acteur qui se grime, fait des plaisanteries sur la longue chevelure que portait le Messie naguère, sur son costume, ses poses, sur l’éclairage particulier de la grande salle de l’Ecole morale.
    – Il est baigné de clarté quand il arrive à la chaire : ce sont les feux de la rampe. Les mains se joignent, il aspire des fluides avant d’en arroser les malades. C’est de la mise en scène, c’est de la comédie ! Cette pauvre Mme D... ne pouvait pas résister plus longtemps à de telles embuches... Elle voit Jésus, elle voit le Messie ! Il n’a garde de dire à Mme D... d’aller se noyer. C’est le moment de la curée. Il la plume, Il passe devant Mme D... avec le plateau des offrandes.”
    Me Bonehill, fort écouté, et qui, à tout moment, déclenche les rires, fait le compte des sommes déboursées par Mme D... Pour l’appartement qu’elle occupait à l’Ecole morale de Roux, pour le radiateur de la grande salle, pour l’achat de brochures. A propos de l’achat possible d’un terrain par Mme D... :
    – Il y a, dit-il, sur les bâtiments : „Ecole morale”. Il faudrait y substituer „Jeu de massacre”. Vous connaissez, Messieurs, ce jeu de marionnettes qui pivotent sur des tiges de fer. L’Ecole morale est un lieu de massacre. Au premier rang, les plus riches ; au fond, ceux qui feignent de croire au dorisme : hôteliers, artisans, etc. Ces marionnettes sont brèves, veules, des spectres, comme a dit le procureur du roi. Dor recule de dix pas, passe la main dans sa crinière. Il y a une marionnette qui vire, vire et revire : c’est Mme D... On va construire une maison à côté du Temple de la Vertu.”
    Me Lucien Lebeau. – Nous demandons l’expertise. Me Bonehill, un moment surpris, continue :
    – On dit à Mme D... que, dans l’intérêt de son progrès moral, elle doit s’enfermer dans cette maison, près des fluides producteurs. Dor lui dit, la prenant par la main : „Entrez dans la maison du Seigneur...” Après trois ans, Mme D... demande des comptes. Alors, c’est le courroux, la rupture : on doute du „Père”.
    Me Lucien Lebeau. – Rupture quand elle a demandé des explications.
    Me Bonehill conteste...
    – Mme D... est vieille. Pas d’héritiers. C’est la désincarnation prochaine. Les yeux de Mme D... sont dessillés...”
    Me Bonehill évalue la fortune du „Père”. En arrivant à Roux, il possédait 15,750 fr. Les bâtiments de Roux sont évalués à 55,000 francs. Dor consacre 18,000 francs à sa nouvelle installation, et destine le surplus des 55,000 francs (les bâtiments ont été mis en vente) à l’Ecole des estropiés de Charleroi „que je considère, dit Dor, comme la plus belle œuvre du monde”.
    – Essayez, dit Me Bonehill, de faire un don à cette école... Vous seriez bien reçu ! M. Pastur a les mains blanches comme l’hermine de sa robe et vous avez, vous, les mains noires ! Votre apport ternirait l’éclat de cette école. Vous n’aurez d’ailleurs jamais de refus, car vous ne donnerez jamais rien...”
    Les rudes coups que lui applique Me Bonehill ne troublent point la sérénité du „Père”. Il reste d’un calme extraordinaire.
    – Les témoins à décharge sont $suspects. Ils sont venus comme une meute déchiqueter Mme D... Ils font tout ce qu’ordonne le maitre charlatan. Je ne proteste pas contre ces infamies, car elles n’atteignent pas l’honorabilité de Mme D... On a oublié qu’en salissant le „premier ministre” on salissait toute l’Ecole. Il y a dans les Kermesses de Teniers des gens qui vomissent sans se garer de leurs déjections. Les témoins à décharge font penser à ces gens-là. C’est ignoble... Si cette femme était la libertine que vous dites, elle sort de votre Ecole. Jef Lambeau n’a jamais renié les faunesses qu’il pétrissait...”
    En terminant sa plaidoirie si vivante, si colorée, ou pourtant l’esprit a parfois semble-t-il, tenu lieu d’arguments, Me Bonehill s’écrie :
    – S’il était acquitté aujourd’hui, il serait demain l’Antéchrist !”
    Il est 1 heure. L’audience est levée et sera continuée à 3 heures.
    Cette fois – il était temps ! – de sévères mesures de police ont été prises. Le Palais de Justice est déblayé ; les alentours sont évacués. Rue de la Montagne et près de la gare, des groupes compacts attendent, longtemps...
    Le Messie, sa femme et une adepte ont fait un frugal déjeuner au Palais de Justice.

      LA DEFENSTE
PLAIDOIRIE DE Me Lucien LEBEAU
    A la reprise, à 3 heures, la parole et donnée à la défense.
    Après un hommage au tribunal, Me Lucien Lebeau fait d’abord observer que l’instruction de cette affaire trainait et qu’elle eût abouti à un acquittement si la plainte des C... n’était survenue.
    – Mme D..., animée d’un esprit de vengeance, a préparé une grosse montagne d’insinuations qui, elle aussi, a accouché d’une souris. Il n’y a pas eu de scandales à l’Ecole morale. Dans la brillante plaidoirie de Me Bonehill, il y a je ne sais quelle passion, comme si sa cliente l’avait enveloppé d’un fluide de vengeance. Me Bonehill a dit beaucoup de gros mots que j’ai été étonné d’entendre sortir de sa bouche. Quand on emploie des moyens qui dépassent le but, on nuit à sa propre cause. Puis, dans cette insistance à parler toujours du vrai Jésus pour l’opposer à celui-ci, il y a je ne sais quel appel peut-être inconscient à ce qu’il peut y avoir de religieux dans le cœur des juges. J’ai toujours entendu dire que lorsque les magistrats étaient croyants, ils se méfiaient plutôt de leurs propres sentiments. Donc, encore une fois, le moyen a dépassé le but.”
     Qu’est-ce que le dorisme ! Un phénomène d’ordre religieux, d’après Me Lucien Lebeau :
    – On a dit que l’homme était un animal religieux. C’est vrai. L’instinct religieux pousse l’homme à se troubler devant la Mort, devant le problème de l’Au-delà. Cette force le pousse à rechercher des sensations grandioses. A ce phénomène religieux se rattache la conversion. Comment sa réalise la conversion ? A la suite d’un événement important qui lui donne une secousse, l’homme se met à réfléchir au sens de la vie. Il s’aperçoit que ce qu’il prenait pour des réalités vraies était de mensongères réalités. L’homme change alors de conduite, il intervertit les valeurs de sa vie morale. Ce qui était au second plan passe au premier. Tolstoï, dans „Résurrection”, Ibsen, Pascal ont analysé du phénomène de la conversion. J’ose le dire : je rapproche ces exemples de phénomène doriste. Les doristes ont été l’objet de cette conversion. La plupart d’entre eux sont des malades. Un hasard les a mis en rapport avec M. Dor, qui leur a révélé la valeur mystique de la souffrance. Cette souffrance, a-t-il dit, sera un motif de résurrection. Dor leur enseigne que la douleur vient des fautes commises dans cette vie ou dans une autre. Il faut alors se dématérialiser, tuer ses passions. Le calme vient, et une grande satisfaction intérieure.”
    Me Lucien Lebeau, qui plaide avec une belle conviction et avec chaleur, conclut que les doctrines des doristes sont d’ordre moral et religieux.
    – Cette foi leur donne la sensation qu’ils ont enfin trouvé le bonheur. Ils se sentent délivrés des chaînes d’une vie antérieure. Ces gens ont rendu hommage à M. Dor avec un accent vibrant qui confine parfois au délire. Le dorisime est une religion créée par M. Dor. Voyez l’exemple de l’Angleterre. Tous les jours on rencontre, dans les grandes villes de l’Angleterre, des illuminés qui prêchent une nouvelle religion. Ce procès n’aurait pas eu lieu en Angleterre. C’est qu’en Angleterre il existe un sentiment religieux intense qu’on ne rencontre peint dans notre Wallonie moqueuse et sceptique.”
    Le prévenu a donné à ses adeptes la clef du bonheur :
    – Physiquement, ils sont guéris.
    Me Bonehill. – Morts...
    Me Lebeau. – Morts à l’ancienne vie si vous voulez. Pourquoi ses adeptes le consultent-ils encore ? Parce qu’il n’est pas seulement guérisseur, mais un chef de doctrine qui a su leur donner une foi. Cette commutation est capitale et doit, emporter l’acquittement.”
    Me Lebeau fait état de l’article 14 de la Constitution.
    – Condamner M. Dor serait s’ériger en juge de sa doctrine. Mais je vais plus loin : ou bien les doristes s’inclineront, et ils perdront la foi. Pour eux, ce serait un désastre moral, ce serait les décourager définitivement. Pouvez-vous enlever à des gens leur foi, alors qu’elle est bonne ? Votre respect serait hors de saison si le dorisme était nuisible. Les doristes pensent qu’il faut être bon, juste, sincère. Détromper ces gens et dire que la base de leur doctrine est fausse, serait commettre de mauvaise action. Ce sont de braves gens, ils ont droit à votre respect. Quand je vois des gens qui ont ainsi trouvé le bonheur, je me garde bien de sourire. Et si les doristes ne s’inclinent pas devant un jugement de condamnation ? Ils considéreront M. Dor comme un martyr. Ce sont eux qui seront surtout atteints, mais M. Dor grandira. Il eût fallu laisser le dorisme tranquille, et le dorisme aurait vécu ce que vivent les sectes. On vous demande, messieurs, une véritable persécution religieuse. Nous savons par l’Histoire que la persécution d’une secte n’a jamais servi qu’à susciter plus d’enthousiasme. La condamnation de M. Dor serait néfaste !”
    Mais si Dor n’était qu’un imposteur ? Me Lebeau va montrer au tribunal que Dor est sincère :
    – J’apporterai des preuves pour que vous disiez : il est possible qu’il soit sincère.” Je n’en demande pas plus.”
    Quand un homme est-il sincère ?
    – Sincère et insincère sont deux termes absolus. Chez l’homme, tout est relatif. Je pose donc ce principe : Quand un homme enseigne une religion, on doit le considérer comme sincère jusqu’à preuve du contraire. Quand un homme, en Belgique, ouvre une église, un tribunal ne peut pas le forcer à comparaître pour qu’il affirme sa sincérité. La bonne foi est toujours admise, en droit pénal comme en droit civil. Il est commode de dire : Dor a enseigné des choses extravagantes ; donc, il ne faut pas y croire. Halte-là ! Dans le domaine religieux, les choses déraisonnables et ridicules sont l’ordinaire „Creo quia absurdum”.La foi échappe à la raison banale, vulgaire.”
    On a ri au nez de Mahomet affirmant la visite de l’ange Gabriel : imposteur ! Il a du s’enfuir à La Mecque. Et depuis... Me Lebeau indique les points de tangence du bouddhisme et du dorisme. Le bouddhiste est un ascète, l’idée de Dieu est exclue du bouddhisme. Le végétarisme est imposé pour échapper aux passions animales.
    Me Bonehill. – le dorisme est donc un plagiat.
    Me Morichar, tronque. – Montrez donc une religion qui n’emprunte rien à aucune autre !
    Oui, que Me Bonehill montre cette religion-là. Mais Me Bonehill ne montre rien du tout.
    Avec une force d’argumentation qui semble faire une vive impression sur le tribunal, Me Lebeau, qui a la parole vive, mais nette, tranchante, montre le „Père” se conformant scrupuleusement à ses instructions, et cela encore, selon lui, prouve sa sincérité. Dor n’est pas riche : de ses fils, il fait des ouvriers. On fait des plaisanteries faciles sur ses livres : ce n’est pas un auteur-artiste ; son but est l’enseignement.
    On a dit qu’il n’ait pas l’auteur de ses livres et brochures. Qui donc les aurait écrits ? Qu’il se présente ! On a parlé de syndicat, de plagiat...
    Me Bonehill. – La voilà, la preuve !
    Me Morichar. – Pour quelques pages contenant des textes étrangers qu’il a trouvés à son goût, alors qu’il y a plus de trois cents pages dans son livre !
    Ms Lebeau. – J’apporte la preuve décisive. Voici des brouillons d’articles écrits de la main de Dor.”
    Le tribunal examine longuement ces brouillons.
    - Plagiats ? M. Dor a fait comme tant d’autres, comme Molière, somme Victor Hugo : il a pris son bien où il le trouvait.”
    Me Lebeau montre alors, par de nombreux faits, le désintéressement du „Père”. Il accepte notamment qu’on mette sur une margarine une vignette : „Margarine du Père Dor” ; il laisse croire que peut-être il bénéficie d’une commission, et il ne touche rien, rien...
    Il est 5 heures et demie. L’audience est levée. L’éloquent avocat continuera mercredi matin, puis ce sera le tour de Me Morichar, dont on attend la plaidoirie, pour ce qui est des attentats, avec une vive curiosité.

                               ***
    La foule est repoussée au loin, aux abords du Palais de justice. Des agents de police sont proposés à la garde du „Père”. Les manifestations font long feu.
    Tard, dans la soirée, on apprend que le Père Dor a vainement sollicité, une chambre dans de nombreux hôtels... Et le froid était vif. Quelle cruauté !...
    Ou quelle frousse...

                                  Pierre GRIMBERGHS

La Belgique, 19 novembre 1916 (journal publié pendant loccupation sous la censure ennemie)

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L'Antoinisme (Le Rappel / Le XXe siècle, 16 janvier 1911)

Publié le par antoiniste

L'Antoinisme (Le Rappel, 16 janvier 1911 (N14920))

TRIBUNE LIBRE

L'ANTOINISME

 

    L'antoinisme existe. C'est une religion. Qu'on ne s'y trompe pas, sur la foi d'une homonymie. Je ne viens pas de dire que les Parisiens aient voué un culte à l'éminent directeur de l'Odéon. S'ils lui ont de la reconnaissance, en raison de toutes les tentatives généreuses et heureuses aussi, très souvent, qu'il fait pour les doter d'un second Théâtre-Français qui ne soit pas l'inutile succédané de l'autre, leur enthousiasme ne va pas jusqu'à lui élever des autels.
    C'est d'un autre Antoine qu'il s'agit. Celui-ci vit à Jemeppe-sur-Meuse, petit bourg belge de quelque six mille âmes. Et c'est un messie. On s'attend que j'en vais railler. Prophète belge ! Une contrefaçon, cela va de soi, dira-t-on, et qui droit prêter à rire. Je ne le pense pas. Le lecteur ne le pensera pas non plus, quand il saura que cet homme a suscité 160.000 pétitionnaires qui adressent à la Chambre belge une requête très sérieuse, très digne, pour lui demander la consécration officielle de la nouvelle religion.
    Les adeptes d'Antoine ont, en effet, édifié, à leurs frais, une église. Ils ne réclament de l'Etat nulle subvention. ils veulent seulement l'affectation légale au culte antoiniste de ce temple bâti de leurs deniers.
    Voilà, n'est-il pas vrai ? un phénomène social du plus haut intérêt. Il appelle réflexion, on en conviendra. Mais d'abord, quel est cet Antoine ? un vieillard de soixante-sept ans, ancien mineur, qui se dit inspiré de Dieu pour apporter à nouveau à ceux qui souffrent, à ceux qui peinent, à tous les malheureux de l'âme et du corps, le réconfort d'un évangile d'amour.
    Non plus que le Galiléen, le Messie belge n'est un docteur de la Loi. Il parle selon le cœur et ne s'adresse qu'au cœur. Mais sa voix en trouve le chemin avec une merveilleuse facilité, et sa parole a le don de toucher, d'exalter. Il semble permis de supposer que c'est un génie moral.
    Si Tolstoï l'eût connu, sans doute eût-il incliné devant lui sa magnifique intelligence. Car Tolstoï accordait plus de prix au pouvoir d'enfanter le bien qu'à celui de créer le beau, ou de constituer le savoir.
    Cette vertu, efficace à moraliser le monde, le grand Russe l'avait cru trouver, ou plutôt retrouver, dans le christianisme ramené à la simplicité de l'origine et débarrassé des superféations catholiques. On sait cependant qu'il ne s'était pas tenu à la morale, dans sa restitution du christianisme. Je veux dire que le précepte fondamental : « Aimez-vous les uns les autres, comme des frères », s'il lui avait paru suffisant à régler toutes les relations humaines, ne l'avait pas enpêché de se poser, comme toute l'humanité pensante, la question proprement religieuse du rapport de l'homme avec l'univers. Et force lui avait donc été, faute d'expresse révélation, de faire de la métaphysique. Elle est, cette métaphysique de Tolstoï, singulièrement profonde et témoigne de la plus grande force spéculative. Mais d'abord elle passe la compréhension de la foule, et, près des intellectuels eux-mêmes, elle peut trouver crédit, elle ne saurait emporter la certitude.
    Antoine, pour cause, ne s'embarrasse pas de métaphysique. La question religieuse, il la résout ainsi que fit le Christ, et chez les humbles, avec le même succès : il affirme Dieu et l'âme. Voilà tout. Il affirme, mais prouve-t-il ? demandera-t-on. Oui, il prouve. Comment ? Par le miracle.
    Antoine, comme Jésus-Christ, est thaumaturge. Ses adeptes l'appellent Antoine le Guérisseur. Guérisseur aussi était Jésus. Rien de plus, probablement. Par là s'exlique l'étrange fortune de l'antoinisme : comment douter du caractère surnaturel d'un homme qui, par la simple imposition des mains et l'union en esprit du patient avec lui, délivre les malades de leurs maux ? Et si ce pouvoir miraculaire, il dit le tenir de Dieu, comment nier ce Dieu qui fait se lever pour ses créatures misérables un sauveur, et ainsi se prouve non par les raisons des doctes qu'on peut ne pas comprendre, ou que d'autres raisons contraires peuvent réfuter, mais par les actes de celui qu'il envoie ?
    Enfin, ce n'est point aux corps seulement qu'Antoine le Guérisseur fait du bien, c'est aux âmes aussi. Comprenez-vous, alors, que les âmes obscures des ignorants et des simples sont toutes réconfortées et réjouies de cette ardente lumière de l'amour qui entre en elles, comme le soleil dans un galetas, et les éclaire et les réchauffe ? La douceur de s'oublier soi-même, de se donner tout à tous, elles l'éprouvent, ô joie ! Et cette pureté qu'ils revêtent, le humbles, comme la fraîcheur éclatante d'un linge neuf, ah ! qu'elle les fait enfin heureux, ces malheureux ! Le bonheur, c'est le vœu incoercible, c'est l'espérance éternelle des hommes, et qui le donne est dieu, car c'est le grand miracle.
    Mais je ne crois guère à la durée de l'antoinisme. Les sycophantes s'en mêleront et gâteront tout. ou bien même les pauvres gens perdront foi : Leur naïveté ne sera pas assez forte contre le siècle. Puissent-ils au moins se souvenir du bienfait de leur beau rêve fraternitaire !
                          Eugène HOLLANDE. 

Le Rappel (et Le XIXe siècle), 16 janvier 1911

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Un message de liberté - l'Évangile de Jemeppe-sur-Meuse, selon Galamus (1949)

Publié le par antoiniste

Un message de liberté - l'Évangile de Jemeppe-sur-Meuse, selon Galamus (1949)

Auteur        Basiaux, Paul (pseud. Galamus, Paul Basiaux-Defrance, Jean-Marie Defrance)
Titre :      Un message de liberté : l'Évangile de Jemeppe-sur-Meuse, selon Galamus ; Je suis dans le ''Connais-toi''
Publication :  Toulouse, Éditions de l'Onde, 1949. In-16 (135 x 105), 48 pages.

Sommaire :
Introït
I. Le Prophète Wallon
Extraits du Troisième Testament
II. Les Bases
III. Liberté
IV. Education
V. Caritas
VI. La Vue du Mal
VII. Prudence
VIII. Science
IX. Le Visible et l'Invisible
X. Dieu

    On trouve beaucoup de citations, dont de Cervantès, Saint Thomas, Joseph de Maistre, Tolstoï, Gandhi (comme on cite Maeterlinck, Porphyre, Sunderland, Tagore, Max Muller, Aristote, Bouddha et encore Tolstoï, dans Réveil, L’Apôtre de Jemeppe et sa Révélation). Le style ne manque pas de poésie (océan, astre, nature, univers sont les leitmotivs du petit livre).
    On rappelle l'origine du Père et de ses adeptes. Puis les principaux points de la doctrine, qui constitue une bonne introduction à l'Antoinisme, comme le veut son auteur : "Mais il doit être entendu que ceci n'est qu'une 'entrée en matière', la Lumière totale étant contenue dans les documents originaux et la seule Vérité dans la mise en œuvre des principes."
    On y retrouve donc le bon sens et la simplicité de l'Enseignement.
    Je ne peux me retenir de citer une phrase importante permettant de comprendre la Vue du Mal : "Nous ne devons jamais notre avancement qu'à notre adversaire. Nous n'apercevons le mal que pour autant que nous en possédons. On ne peut lire en autrui qu'à travers soi-même." (p.36).
    L'auteur dit essayer de retrouver la sagesse des Druides gaulois (Ambriorix en tête), comme les Indiens ont su garder la sagesse orale et ancestrale de leur maître, comme dans Réveil, l’Apôtre de Jemeppe et sa Révélation, on lit que l'Occident avait aussi besoin de sa Révélation.
    On retrouve aussi beaucoup de phrases directement tirées de l'Enseignement, dont, en dernière phrase : "Tout ce qui existe est éternel, rien n'a commencé ni rien ne finira."

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Jean-Marie Defrance - Réveil - L'Apôtre de Jemeppe et sa Révélation (1932)

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Auteur :     Jean-Marie Defrance
Titre :     L'Apôtre de Jemeppe et sa Révélation
Editions :     Editions de l'Onde, 1932 (53 pages)


     Le livre dont il est question a été publié en 1932 par les Editions de l'ONDE. Il n'est plus trouvable qu'en bibliothèque ou chez les bouquinistes (actuellement, il est en vente par un particulier sur e-bay).
     Vous verrez ci-dessus la présentation de la couverture. On remarque que l'auteur a repris, en gros, l'emblème du Culte.
     Du point de vue du style, on peut regretter l'usage d'une certaine grandiloquence, souvent inutile.
     Toutefois, l'auteur fait malgré tout montre d'une recherche personnelle et manifeste un effort certain pour faire comprendre les notions philosophiques de base de l'Antoinisme.
     Nous reviendrons, dans les jours qui viennent sur diverses démonstrations portant sur l'intelligence, la vue du mal, la résistance au mal, le désintéressement, la solidarité.

     Je donnerai simplement quelques exemples du style :
    "Le culte était sorti du cœur pour se développer dans l'esprit, l'intelligence avait dominé la conscience et les âmes matérialisées ne connaissaient plus les joies du pur invisible.
    ''Un simple !'' s'écria le plus âgé des compagnons. ''
Un simple pourra seul nous sauver; il viendra éteindre notre orgueil et notre  avidité!''"
     On aura facilement compris, plus loin, que ce "simple" est sûrement le Père ANTOINE, bien que cela ne soit nullement dit nulle part dans le texte.
      Plus loin : "J'étais au sommet du rocher lorsque j'ai cru entendre: '' Elève-toi tant que tu voudras, tu ne trouveras pas le Divin dans la solitude''. Alors je suis descendu vers le pays des Eburons pour aller chercher le Graal dans le cœur de mes frères."
     Le "pays des Eburons", c'est bien entendu la région liégeoise, le pays berceau du Père ANTOINE.
source : http://antoinisme-documentation.skynetblogs.be/

    L'auteur a également édité sous le pseudonyme de Galamus Un message de liberté - l'Évangile de Jemeppe-sur-Meuse en 1949, ou encore Galamus. Introduction à la vie sensible. Guérir, la même année ( Carcassonne, les Éditions de l'Onde (impr. de Gabelle), 84 pages).

    Richard Seiwerath indique qu'il s'agit d'un "document d'exaltation du culte" et qu'"il est intéressant de voir qu'il constitue un des rares documents qui fasse la publicité de ce culte" (p.3).

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Proverbe - Chassez le naturel, il revient au galop

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 2. Dispositions psycho-physiologiques dominantes qui déterminent la personnalité d'un individu. Synon. complexion, nature (v. ce mot II B), personnalité, tempérament. Avoir un bon naturel. Il lui échappait parfois des sourires qui trahissaient en elle un naturel rieur enseveli sous le maintien exigé par sa vie (Balzac, Lys, 1836, p.43). Ça partait d'un bon naturel... Seulement rien qu'à la pensée, il me remontait déjà du fiel (Céline, Mort à crédit, 1936, p.468). Faible, et d'un naturel craintif, Alphonsine, malgré sa bonne volonté, ne parvenait pas à donner à la maison cet accent de sécurité et de chaude joie (Guèvremont, Survenant, 1945, p.21):
8. Quel monstre! [Tolstoï] Sans cesse cabré, en révolte contre son naturel, forçant de douter sans cesse de sa sincérité, étant tour à tour tout et tous et jamais plus personnel que lorsqu'il cesse d'être lui-même...
Gide, Journal, 1941, p.96.
- Proverbe. Chassez le naturel, il revient au galop. [Exprime l'idée qu'une personnalité n'est pas modifiable] On a eu tort de dire «chassez le naturel, il revient au galop», car le naturel ne se laisse pas chasser. Il est toujours là (Bergson, Deux sources, 1932, p.289).
source : http://www.cnrtl.fr/definition/naturel

L’expression “chassez le naturel, il revient au galop”, trouve son origine française dans la littérature. Elle est, en effet, tirée de la pièce  “Le Glorieux” (1732) de Philippe Néricault dit Destouches. Mais il faut noter que Destouches s’est inspiré de l’idée du poète latin Horace qui a vécu vers 50 avant J.-C.
    “Naturam expelles furca, tamen usque recurret”
    Horace, “Épîtres I”(Livre I, Épître X, v.24)
Ce vers, traduit en français et passé en proverbe, ne nécessite pas grandes explications: on imagine aisément une personne qui essaye de corriger ses défauts depuis longtemps et qui se retrouve sous leur emprise à la moindre occasion et sans préavis … ce qui fait dire à l’entourage, en général avec le sourire: “chassez le naturel, il revient au galop”.
source : http://www.mon-expression.info/chassez-le-naturel-il-revient-au-galop


Traductions et équivalents :

allemand : Ein Bauer bleibt immer ein Bauer (un paysan restera toujours un paysan)
           Die Katze lässt das Mausen nicht (un chat ne laisse pas en paix la souris)
           Man kann die Natur nicht ändern (on ne peut pas changer la nature)

néerlandais : Iemands ware aard verloochent zich niet (Personne ne peut renier sa nature)

anglais : The leopard can't change its spots (un léopard ne change pas les taches de sa fourrure)
          What is bred in the bone will come out in the blood (ce qui se fait dans l'os, ne se fait pas dans le sang)

espagnol : Genio y figura hasta la sepultura (même caractère et même visage jusqu’à la tombe)
           Pierde el pelo pero no las mañas (on perdrait les cheveux qu'on ne changerait pas de manière)

italien : Vizio per natura fino alla fossa dura (un vice de nature ne se change pas)

latin : Quod natura dedit, tollere nemo potest (ce que la nature veut, personne ne peut changer)

russe : Гони природу в дверь, она войдет в окно (chassez le naturel par la porte, il revient par la fenêtre)

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simplicité volontaire ou sobriété heureuse

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Simplicité volontaire
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La simplicité volontaire ou sobriété heureuse est un mode de vie consistant à réduire volontairement sa consommation, ainsi que les impacts de cette dernière, en vue de mener une vie davantage centrée sur des valeurs "essentielles".
Cet engagement personnel et/ou associatif découle de multiples motivations (voir section : Motivations) qui vont habituellement accorder la priorité aux valeurs familiales, communautaires et/ou écologiques.

On peut trouver la trace de son origine en Europe dans les écrits de Léon Tolstoï et de John Ruskin (Unto This Last), et en Amérique du Nord dans les écrits de Henry David Thoreau (Walden).

Il est représenté, par exemple, par le mouvement des Compagnons de Saint François ou encore les Communautés de l’Arche de Lanza del Vasto, inspiré par Gandhi, lui-même inspiré par Thoreau et Ruskin. On le retrouve aussi au Québec, province du Canada, sous l'influence de penseurs comme Serge Mongeau et des éditions Écosociété.

 

Histoire

Les précurseurs

Si on peut trouver l'origine de la simplicité volontaire chez les différentes formes d'ascétisme grecques et orientales, ces dernières étaient surtout motivées par une philosophie mystique, et c'est dont plutôt chez les stoïciens, les cyniques, et surtout chez Épicure qu'ont peut voir la réelle apparition du concept de simplicité volontaire.

En effet, Épicure, dont Bergson se réclame d'ailleurs explicitement, procède à une critique approfondie des besoins, qui ressemble fort à celle proposée par la simplicité volontaire. Sa pensée, ainsi que celle des cyniques, nous invite à discerner le nécessaire du superflu, le naturel de l'artificiel, et à un retour vers la simplicité.

En Occident, les communautés monastiques furent les premières organisations de vie à choisir volontairement la frugalité et à pratiquer l'autosuffisance et même avant la secte des esséniens (adepte de l'alimentation crue). Saint François d'Assise, « l'unique parfait chrétien depuis Jésus » selon Ernest Renan, est aussi considéré comme un modèle de simplicité volontaire.

En Orient, on trouve également de nombreux modes de vie (hindouisme, bouddhisme) prônant la simplicité volontaire. La vie de Gandhi est un exemple de simplicité.

Ivan Illich et son ami Jacques Ellul sont considérés comme deux des pères de l'idée de décroissance et de simplicité volontaire.

En 1936, on trouve pour la première fois l'expression « simplicité volontaire » (« simple living ») dans un article de Richard Gregg, un disciple de Gandhi, qui reprend les idées principales de celui-ci. Cet article passa inaperçu lors de sa première parution et n'eut d'impact que lors de sa réédition en 1974.

Dans les années 1960 et 1970, un « mouvement de retour à la terre » touche les États-Unis, inspiré notamment par les écrits et les travaux de Helen et Scott Nearing (en particulier leur livre publié pour la première fois en 1954 intitulé Living the Good Life: How to Live Simply and Sanely in a Troubled World).

L'expression « simplicité volontaire » est connue depuis le livre du même nom publié en 1973 par Duane Elgin[1]. Ce courant se développe depuis les années 1980 dans plusieurs pays industrialisés.

La critique de la société de consommation développée par Hannah Arendt peut aussi être considérée comme une source d'inspiration de la simplicité : dans Condition de l'homme moderne elle invite ainsi à laisser le travail dans le domaine privé pour laisser de la place à l'action politique dans l'espace public.

On peut ajouter parmi les voix actuelles de cette pensée, Pierre Rabhi, agroécologiste et écrivain.

Motivations

La simplicité volontaire consiste à rechercher le bonheur dans l'appréciation pour améliorer la véritable « qualité de vie ». Elle s'oppose donc au discours économique et social dominant au XXIe siècle qui tend à considérer tout progrès technique et développement de la consommation comme des améliorations de la qualité de la vie. La philosophie de vie est née de l'opinion que la consommation n'apporte pas le bonheur et accroît l'aliénation.

Plus précisément, plusieurs motivations sont possibles.

Éthique

Certains tenants de la simplicité volontaire prônent un retour à de « vraies richesses », opposées aux richesses matérielles. Ces vraies richesses peuvent être en particulier la vie sociale et familiale, l'épanouissement personnel, la vie spirituelle, l'osmose avec la nature, etc.

Dans certains cas, la simplicité volontaire consiste donc en un sacrifice.

Dans d'autres cas, elle offre une autre voie vers le bonheur. Précurseur du concept[réf. nécessaire], Henri Bergson a écrit « Ce qui est beau, ce n'est pas d'être privé, ni même de se priver, c'est de ne pas sentir la privation ». D'ailleurs, le philosophe français a écrit dans le dernier chapitre de son dernier livre Les Deux Sources de la morale et de la religion un diagnostic de la surconsommation : « Jamais, en effet, les satisfactions que des inventions nouvelles apportent à d'anciens besoins ne déterminent l'humanité à en rester là ; des besoins nouveaux surgissent, aussi impérieux, de plus en plus nombreux. On a vu la course au bien-être aller en s'accélérant, sur une piste où des foules de plus en plus compactes se précipitaient. Aujourd'hui, c'est une ruée » (1932). La simplicité volontaire se veut justement comme une solution à cet engouement pour les produits de consommation que prévoit Bergson. En précurseur de ce courant, il précise les conditions de réalisation de cet idéal comme suit : « l'avenir de l'humanité reste indéterminé, parce qu'il dépend d'elle ». Il faudrait donc miser, selon Bergson, sur une éducation qui permette à la fois de comprendre l'impact de notre consommation grâce aux connaissances scientifiques et de développer notre goût pour des objets qui favorisent véritablement notre accomplissement personnel.

Économique
  • Une consommation toujours accrue conduit à des besoins financiers également accrus et donc à un surcroît de travail pour se les procurer, ce qui peut générer, à l'inverse, du déplaisir chez certaines personnes (manque de temps pour soi, stress, mauvaise santé, dépendance à l'argent, etc.). Dans cette optique, la philosophie de simplicité volontaire peut s'appuyer sur la théorie du consommateur en microéconomie, les courbes d'indifférence marquant les différents arbitrages entre surplus de travail et surplus de consommation, ou entre le plaisir induit par la consommation et celui induit par le temps libre (vie de famille, activités physiques, divertissements, etc.).
  • Certains tenants de la simplicité volontaire estiment que, dans la société de consommation, on consacre son temps à gagner toujours plus d'argent pour satisfaire des besoins matériels de plus en plus nombreux qui pourtant ne seront jamais satisfaits en raison de leur renouvellement incessant, d'autant que ces besoins sont incités par la publicité notamment. Dans cette perspective, la quête du bonheur par la consommation est donc une course sans fin dont ils préfèrent sortir.
Écologique

La simplicité volontaire constate que la consommation et la croissance ont des impacts négatifs sur l'environnement et ils craignent l'imminence de la crise écologique. Elle prône donc la limitation de la consommation de biens matériels afin de ralentir la destruction des ressources naturelles.

En reprenant l'exemple typique du refus de posséder une voiture, l'argent économisé peut être réinvesti dans un vélo électrique, des billets de trains ou la location de véhicules quand cela est indispensable. Et ainsi avoir les mêmes avantages qu'avec la possession personnelle d'un véhicule de tourisme à un prix finalement identique et avec un impact écologique globalement moindre.

Autres motivations
  • Dans certains cas, la simplicité « volontaire » serait en fait subie, mais ensuite assumée et considérée comme une manière de raisonner ses envies consuméristes.
  • Elle peut aussi être considérée comme une posture prise pour se fabriquer une image de marque, à l'instar de l'intellectuel qui refuse la télévision et affiche son mépris de la publicité et de la consommation.

Quoi qu'il en soit, au-delà de ces jugements moraux, le résultat est le même : une certaine modération profitable au bien-être commun (comme la "foi à la Pascal" : "on n'a rien à perdre".)

Pratique

La simplicité volontaire est une des composantes de la décroissance mais se situe avant tout dans le cadre de l'initiative individuelle et non des mesures collectives prises par la puissance publique.

Une appréhension globale de la consommation

La mise en œuvre est quotidienne, amenant à repenser son travail, sa consommation (voir le concept de consom'action), son alimentation, son habitat, sa santé, ses déplacements, ses vacances, ses loisirs, ses relations sociales, etc.

Les conséquences de chaque acte sont ainsi appréhendées de manière globale :

  • quel a été le coût de la fabrication (pour la planète, pour les droits de l'homme) ?
  • quel est l'intérêt pour moi, ai-je fondamentalement besoin de ce bien/service ?
  • à quel point cela me rend-il dépendant de l'argent (devrais-je travailler plus ? avoir moins de loisirs ?)
Une réappropriation individuelle de l'action politique

La simplicité volontaire est un modus vivendi développé dans des sociétés post-industrielles, pour la plupart occidentales à démocratie représentative. Lorsque l'individu a le sentiment que le pouvoir lui échappe ou que ses idées ne pourront parvenir au pouvoir, la mise en œuvre de la simplicité volontaire permet une action directe du citoyen sur son cadre de vie et l'espace public.

Critiques

La simplicité volontaire est critiquée par des penseurs qui soulignent les avantages en termes de qualité de vie apportés par le progrès matériel et l'impossibilité de « revenir en arrière » sauf à vouloir dégrader fortement le niveau de vie des populations. Ainsi, Bjorn Lomborg soutient que le progrès a permis de libérer dans les pays occidentaux une quantité extraordinaire de main d'œuvre, qui peut désormais servir à chaque homme pour s'accomplir : « Si nous devions revenir en arrière, il nous faudrait pour produire une énergie équivalente, pour chaque citoyen, en Europe occidentale, 150 "actifs de service", 300 aux États-Unis. »[2]

Drieu Godefridi du think tank libéral Institut Hayek estime que l'homme a combattu la faim dans le monde grâce à la mondialisation des échanges, pourtant concomitante d'une hausse jamais vue de la population mondiale : « Les rapports successifs de l’Organisation des Nations-Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) en attestent : jamais autant d’êtres humains n’ont habité la planète ; jamais la proportion d’hommes souffrant de faim n’a été aussi faible »[3]

La simplicité volontaire est également critiquée par des penseurs de gauche qui considèrent qu'il est impossible de revenir à un mode de vie antérieure. Les marxistes, par exemple, répondent que c'est par l'organisation des masses de ceux qui profitent le moins de la société actuelle qu'une nouvelle société plus humaine peut être construite. Ils ne suivent pas les penseurs de la simplicité volontaire, car ils ne veulent pas échapper à la société, mais la transformer. Ils reprochent à la simplicité volontaire d'attirer avant tout ses adhérents des couches moyennes ou supérieures de la société.

A l'inverse, d'autres économistes, de tendance libérale, organisent des conférences en milieu universitaire pour promouvoir ce mode de vie. (cf p. ex. Emeline Bouvier à l'UCL en Belgique : http://www.uclouvain.be/8323.html)

Voir aussi

Liens internes
Bibliographie
  • La Simplicité volontaire, ou comment harmoniser nos relations entre humains et avec notre environnement. Serge Mongeau, Éditions Québec Amérique. Montréal (1985)
  • La simplicité volontaire, plus que jamais…. Serge Mongeau. Éditions Écosociété. Montréal (1998)
  • L'ABC de la simplicité volontaire. Dominique Boisvert. Éditions Écosociété. Montréal (2005)
  • Découvrir les vraies richesses. Pistes pour vivre plus simplement. Pierre Pradervand. Éditions Jouvence. Genève (1996)
  • La Vie simple. Guide pratique. Pierre Pradervand. Éditions Jouvence. Genève (1999)
  • Comment atteindre la simplicité volontaire : une nouvelle façon de vivre sans artifices : se recentrer sur les choses vraiment importantes. Robert Dumoulin. Édimag. Montréal (2003)
  • Simplicité volontaire. Peut-on sauver la planète ?. Guy Samson. Editions Québécor. Montréal (2004)
  • La Simplicité volontaire. Malie Montagutelli (1986)
  • Éloge de la simplicité volontaire. Hervé-René Martin. Flammarion (mars 2007)
  • Quand la misère chasse la pauvreté. Majid Rahnema. Fayard/Actes Sud (2003)
  • De Bouver, Emeline, Moins de biens, plus de liens: La simplicité volontaire, un nouvel engagement social, Charleroi, Couleur livres, 2008.
Filmographie
Liens externes
Notes et références
  1. Elgin, Duane. Voluntary simplicity : toward a way of life that is outwardly simple, inwardly rich / Duane Elgin. Rev. ed. New York : Quill, c1993. 240 p.
  2. Bjorn Lomborg, L'écologiste sceptique
  3. Drieu Godefridi, Remarques sur la théorie de la décroissance, Institut Hayek, mars 2007.

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Influences de la doctrine antoiniste

Publié le par antoiniste

    Nous allons ici essayer d'ébaucher les différentes influences dont Louis Antoine a pu s'inspirer pour forger sa doctrine.

    Il semble que l'occultisme ait jouer un rôle important, non directement, mais par l'intermédiaire de la doctrine spirite d'Allan Kardec.
    Dans cet occultisme, on rencontre comme premiers penseurs Emanuel Swedenborg (1688 - 1772) et Franz-Anton Mesmer (1734 - 1815). Après la mort de Swedenborg, sa pensée inspira diverses mouvances religieuses ou maçonniques, quant à Mesmer, il fut à l'origine du magnétisme animale, ancêtre de l'hypnose et de l'autosuggestion. Paracelse (1493 - 1541) influença les deux.
    Evoquons aussi Jean-Baptiste van Helmont, alchimiste et médecin né à Bruxelles en 1579 et mort à Vilvorde en 1644, pour qui l'eau était l'élément unique et universel.

    Quand meurt Mesmer, commence le spiritisme, résurgence de la croyance ancestrale en l’existence, les manifestations et l'enseignement des « Esprits ». De nombreux mystiques seront proches en pensées au cours du XIXe siècle (Emile Catzeflis, le Maître Philippe de Lyon, Sédir...).
    Allan Kardec (1804 - 1869) est le fondateur de la doctrine spirite, il développera la morale, mais n'abandonnera pas la pratique. Léon Denis (1846 - 1927) est un des ces successeurs, il rencontrera Louis Antoine (lors de sa conférence faite à Seraing en 1889 ?) et lui offrira Le Christ guérissant, encore visible dans la salle du Conseil d'Administration du Temple de Jemeppe. On dit que c'est en lisant Dans l'invisible, Spiritisme et médiumnité, de cet auteur, que Louis Antoine compris l'inutilité des passes, et ne s'appuya que sur la foi pour la guérison.

Influences de la doctrine antoiniste

Léon Denis, Dans l'invisible (p.455)(édition de 1904)


    Helena Blavatsky (1831 - 1891), empreinte d'occultisme, elle voyagea beaucoup à la découverte de spiritualités orientales. Elle termine son livre le plus connu, La Doctrine Secrète à Ostende. Elle est l'instigatrice du théosophisme, et certainement à l'origine d'une certaine influence des pensées hindouiste, bouddhiste... dans le spiritisme.
    Cependant n'oublions pas que l'orientalisme était à l'époque un courant à la mode. Elle ne fut certainement pas la seule à y puiser (Victor Hugo est l'auteur des Orientales, et il essaya de communiquer avec sa fille au moyen du spiritisme). Citons Emile Besson, Marc Haven, et l'inventeur de l'espéranto, Ludvik Zamenhof, dont la fille deviendra baha'ie, et signalons que l'espéranto est encore une langue officielle de nombreux milieux spirites.
    Les femmes, réputées bonnes médiums, avaient une place importante dans le spiritisme.

    De son voyage en Allemagne, Pierre Debouxhtay évoque une hypothèse de l'abbé Brabant. Selon lui Antoine, pendant son séjour aurait eu connaissance des théories de Hegel (1770 - 1831), qui constitueraient le fondement de la révélation antoiniste. Pierre Debouxhtay émet un doute sérieux sur cette hypothèse. En effet, l'abbé Brabant est catholique et Hegel est critique envers le christianisme. Cependant ses influences sont l'enseignement de Jésus, Jakob Böhme (ou Boehme), mystique allemand, et la théologie protestante. On peut penser que ces idées pouvaient intéresser Louis Antoine, mais pas lui forger sa doctrine entière.

    De son voyage en Russie, Pierre Debouxhtay semble plus proche de penser, comme Paul Wyss, pasteur protestant, que Louis Antoine, lors d'un voyage dans le Sud de la Russie (l'usine métallurgique de Taganrog appartenant à Cockerill peut expliquer ce voyage) aurait été en contact avec les Doukhobores ou les lutteurs de l'esprit. Robert Vivier, raconte cet épisode également (p.132-135 dans les Editions Labor). En effet, la communion de pensée est frappante. Ces sectes russes ont en commun différentes pratiques : ascétisme, végétarisme, dualisme corps satanique/âme divine et doute/foi, amour de Dieu, dieu est la conscience dans l'homme, place de la femme majorée, refus des institutions, perfectionnement moral. L'influence de Soutaïeff était important à l'époque, Léon Tolstoï (1828 - 1910) s'en rapprocha à la fin de sa vie. Lui-même végétarien, proche de Gandhi et espérantiste convaincu.

    Avant d'être spirite, Louis Antoine était catholique. Il approfondira sa connaissance du texte biblique avec les séances moralisatrices du dimanche. De plus, selon Régis Dericquebourg, certaines phrases de la Genèse selon le spiritisme, d'Allan Kardec sont très proches de l'Enseignement.

    Régis Dericquebourg rapproche la façon de prier des Antoinistes aux façons des Quakers. En effet, comme religion mystique, elle voit une perception immédiate que l'homme a de la volonté divine. De plus, certains Quakers professent également une autre religion, comme le judaïsme, l'islam ou le bouddhisme. Ils se refusent le prosélytisme. On pense que l'influence que ce courant a eu sur le protestantisme américain est importante et en cela, il a pu influencer le spiritisme des débuts.

    Régis Dericquebourg parle d'une influence d'Henri Bergson (1859 - 1941), mais précise que "le Père et la plupart de ses disciples n'avaient pas lu Bergson. On peut toutefois penser que ces idées étaient diffusées sous forme d'une vulgate qui circulait dans les groupes qui se préoccupaient de spiritualité." (p.52) En effet, la liberté, la conscience, le rapport âme/corps et la matière sous forme de durée et mouvement sont au centre de sa pensée philosophique. Il fut influencé par George Berkeley, le maître de l'immatérialisme.

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Léon Tolstoï devient fou

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La fin de la vie de Tolstoï évoquée par Henri Guillemin, sur les archives de la TSR

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Doukhobors

Publié le par antoiniste

Les doukhobors sont membres d'un groupe de chrétiens fondamentalistes né en Russie au 17e siècle. Le mot
russe « Dukhobortsi » signifie « lutteurs de l'esprit », et a tout d'abord été utilisé par dérision en raison de leur
rejet des rites de l'Église et des pratiques du culte. Les doukhobors ont adopté le nom, indiquant qu'ils luttaient
avec le Saint-Esprit et non contre lui. Ce sont des pacifistes qui rejettent le concept de l'organisation de l'Église,
sa hiérarchie, sa liturgie et son clergé; ils professent plutôt que Dieu vit dans chaque être humain. Ils rejettent
également l'état laïc et ont adopté une forme de socialisme agraire pacifiste, préférant en général les fermes
communautaires. Le végétarisme est également un élément des croyances et des pratiques des doukhobors par respect pour le caractère sacré de toute vie.

Avec l'aide des quakers britanniques et américains et l'appui financier du romancier russe, le comte
Leon Tolstoï, les doukhobors ont commencé à quitter la Russie. En 1898 et 1899, le gouvernement canadien leur garantissant l'exemption du service militaire et leur accordant de grandes étendues de terre en Saskatchewan, 7 400 doukhobors ont immigré au Canada.

Aujourd'hui, certains Canadiens se disent encore doukhobors et continuent de mener le style de vie communautaire, spirituel et pacifiste de la secte alors que d'autres vivent et travaillent au sein de la collectivité canadienne en général. Les communautés doukhobores estiment qu'environ 30 000 personnes pratiquent cette foi au Canada, la plupart en Saskatchewan et en Colombie-Britannique.

source : http://www.cmp-cpm.forces.gc.ca - les Religions au Canada

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Rencontre de vieux-vroyants sectaires russes

Publié le par antoiniste

CHAPITRE V

LES SOUTAÏEVTZY

Les soutaïevtzy raillent le clergé, les images, les sacrements, le service militaire, et prêchent la communauté des biens. Fondée par un modeste travailleur de Tver, vers l'année 1880, cette secte est devenue en peu de temps célèbre. Le comte Tolstoï lui-même accueillit à bras ouverts Soutaïeff, qui parcourait les campagnes et enseignait que le vrai christianisme consiste dans l'amour du prochain. Il n'y a qu'une seule religion la religion de l'amour et de la miséricorde. Les cérémonies religieuses, les popes, les églises, les anges et les diables, ne sont que des inventions qu'il faut rejeter, si on veut vivre conformément à la vérité. Et qu'est-ce que le paradis? Lorsque tous les préceptes de l'amour et de la miséricorde seront réalisés sur terre, la terre deviendra un paradis.

La propriété privée étant la source de tous les malheurs, la source des crimes et des mensonges, il faut l'abolir, de même que les armées et la guerre. Soutaïeff prêcha la non résistance au mal, la renonciation à toute violence. Un des fils de Soutaïeff, enrôlé comme conscrit, refusa de porter le fusil. Toutes les persuasions, toutes les punitions restèrent sans aucun effet. Le texte de l'Évangile dans la bouche, il prouvait à qui voulait le forcer de porter les armes que le ciel s'y oppose. On finit par l'envoyer au cachot.

Soutaïeff n'admet pas non plus qu'on soit jugé par son prochain! "Ne jugez pas et vous ne serez pas jugés", dit-il à son entourage. Sa vie enthousiasme ses adeptes et remplit d'étonnement tout le monde. Ce simple paysan qui eut le courage de jeter au feu l'argent qu'il avait gagné comme maçon à Saint-Pétersbourg, qui poussa sa miséricorde jusqu'à poursuivre les voleurs pour leur donner de la bonne farine au lieu de la mauvaise qu'ils ont prise chez lui par erreur, ce simple d'esprit qui ne demande qu'à souffrir pour la "vérité" accusait à la fois, l'âme d'un saint et d'un véritable illuminé.

Jean Finot, Saints, initiés et possédés modernes (1918)
source : gallica2

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