Eklablog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

spiritisme

Seraing - Une expulsion - Fr.Tinlot (La Wallonie, 9 août 1928)(Belgicapress)

Publié le par antoiniste

Seraing - Une expulsion - Fr.Tinlot (La Wallonie, 9 août 1928)(Belgicapress)

                                                                                                     SERAING

    UNE EXPULSION. – Il y a un mois que le concierge du temple antoiniste a été expulse. Huissier et policiers étaient de la partie.
    Aucune habitation n'étant disponible, le concierge expulsé a dû se réfugier avec sa famille dans un wagon, rue de la Forêt.
    A la vérité, des antoinistes lui ont offert une maisonnette de briquetiers dans un petit patelin à 10 km. de Barvaux. Mais l'ex-concierge, qui est architecte de son métier, n'y trouverait rien à faire.
    Son expulsion a produit un joli pétard dans le landerneau antoiniste. Il paraît que c'est la Mère qui l'a désigné pour le sacrifice. Elle n'a tenu aucun compte du fait que, depuis trente ans le concierge se dévouait pour la nouvelle religion et qu'il est l'auteur du portrait du Père qui est placé sur les tribunes dans tous les temples.
    Que doit se dire le père Antoine s'il rôde encore par ici, car, pour être désincarné, il n'en continue pas moins à s'occuper de ce que fait sa femme !

La Wallonie, 9 août 1928 (source : Belgicapress)

    L'article ne donne pas plus d'explication quant au motif de Mère. Il semblerait que François Tinlot continuait a pratiquer le spiritisme expérimental, ce que le Père avait abandonné. Mère aurait alors dit "si je ne le fais pas de mon vivant, personne ne l'expulsera."

Voir les commentaires

Spirites à Cambrai-Caudry (Bulletin de l'Union spirite française, v9, 1929)

Publié le par antoiniste

Spirites à Cambrai-Caudry (Bulletin de l'Union spirite française, v9, 1929)

    CAMBRAI. — Le Groupe Fraterniste Fénelon a vu se révéler deux médiums, l'un à incarnation, l'autre à écriture semi-mécanique, par l'intermédiaire duquel de beaux messages ont été obtenus. Le Président, M. Colignon, espère organiser bientôt une conférence à Cambrai, assuré par avance qu'elle provoquera l'intérêt de ses concitoyens.
    Le courage dont font preuve les membres du Groupe Fraterniste Fénelon, de Cambrai, nous fait bien augurer de son avenir.

Bulletin de l'Union spirite française (v9, 1929)

Voir les commentaires

Spirites à Lyon (Bulletin de l'Union spirite française, v9, 1929)

Publié le par antoiniste

Spirites à Lyon (Bulletin de l'Union spirite française, v9, 1929)

    LYON. — Les groupes de cette grande ville s'emploient avec persévérance à la propagande de notre belle philosophie. Le but de l'Orphelinat Allan Kardec est des plus utiles, tant au point de vue philanthropique et social, qu'au point de vue de l'éducation spirite. Il reçoit en effet des petites filles abandonnées, les élève, leur donne l'instruction, une profession, et remplace leurs parents jusqu'à leur majorité. L'œuvre attache le plus grand intérêt à former des mères avant tout spirites, capables de servir dignement la société. Parmi les pupilles de l'œuvre, quelques-unes lui ont été confiées à leur naissance. Cet établissement constitue une véritable famille où la santé physique et morale rayonne de toutes parts.
    Depuis l'ouverture de l'Orphelinat, aucune maladie grave ou épidémie ne s'est manifestée, bien que certaines pupilles, à leur arrivée, fussent gravement anémiées. L'une d'elles, reçue à un mois, avait une excroissance à la cuisse droite ; le docteur, consulté par la sage-femme, avait déclaré qu'une opération s'imposerait à l'âge de 10 ans ; or, à l'aide des soins magnétiques la grosseur disparut 4 mois après.
    L'Orphelinat est dirigé par Mme Malosse en qui les enfants trouvent une véritable mère ; elle est secondée par Mlle Malosse et Mme Durand qui, toutes, donnent en même temps que leur cœur, un concours entièrement désintéressé.
    L'œuvre se développe de plus en plus ; l'état financier est aussi encourageant que rassurant. De nouveaux projets sont en état d'élaboration pour son extension dans un avenir très rapproché. Ceux de nos amis qui s'intéressent à l'Orphelinat Allan Kardec peuvent adresser leurs subventions au siège : 14, rue Calas, à Lyon. Nous les y encourageons vivement, nous qui connaissons l'admirable effort produit par Mme, Mlle et M. Malosse pour les chères petites orphelines.
    A côté de l'Orphelinat, sous la même direction, fonctionne le Groupe Allan Kardec qui reçoit des malades quatre jours par semaine et les soigne gratuitement et avec succès.
    Indépendamment des soins, une bibliothèque très documentée établit un roulement d'ouvrages à l'extérieur où son activité est des plus efficace.
    En outre, des séances privées ont lieu avec le concours de Mme Malosse comme médium ; au cours de ces réunions, des prévisions d'avenir concernant les événements mondiaux et privés se produisent.
    En collaboration avec le Groupe Allan Kardec, une œuvre de vestiaire fonctionne régulièrement sous la direction de Mlle J. Allemand. Par son entremise, de nombreux vieillards ont pu cet hiver recevoir des vêtements chauds et voir au foyer briller la flamme que les rigueurs de l'hiver appelaient particulièrement cette année.

    *** M. Hugues qui, en qualité de Secrétaire adjoint, seconde M. Mélusson qui joint à de grandes occupations les fonctions de Secrétaire Général de la Fédération Spirite Lyonnaise, nous rend compte du travail de cette Société. Nous avons dit deux mots, il y a quelques mois, de l'intéressant Bulletin de cette Fédération dans lequel il est donné des nouvelles de tous les groupements de la région. Une Commission spéciale a été chargée de rechercher des locaux permettant de Lyon, à l'exemple de notre siège social, une « Maison des Spirites ». La Fédération Spirite de Lyon envisage également de faire, dans les divers quartiers de cette ville, des tournées de propagande permettant l'extension du mouvement spirite.
    La fête du 59e anniversaire d'Allan Kardec, organisée par la Fédération Lyonnaise l'année dernière, a été une brillante manifestation ; elle a permis de recueillir une somme de 1500 francs qui a été répartie par moitié à l'œuvre de Secours aux vieillards nécessiteux et à la Caisse de Propagande.
    En novembre 1928, cette belle œuvre des vieillards, fondée comme l'on sait par M. Bouvier, a pu allouer à 15 nécessiteux une pension de 120 francs, en augmentation de 10 francs sur l'année 1927.
    Depuis lors, M. Fantgauthier, Vice-Président de la Société d'Etudes Psychiques, que préside notre actif Vice-Président M. Mélusson, nous informe que M. Bouvier a de nouveau versé 2000 francs pour permettre l'achat de charbon et de provisions pour les vieillards envers lesquels il exerce une si grande bonté. Cette fondation poursuit son œuvre utilitaire, son capital s'augmente chaque année de sommes dont les revenus servent à assurer partiellement les pensions distribuées régulièrement en fin d'exercice.
    Nous remercions la Fédération Lyonnaise des sentiments fraternels qu'elle a bien voulu exprimer à l'Union Spirite Française pour sa prospérité. Nous l'assurons ici de l'intérêt que nous prenons à son travail.
    *** M. Fantgauthier, dans le rapport qu'il nous a adressé sur la Société d'Etudes Psychiques de Lyon, nous dit combien les membres de cette société sont désolés de ne pouvoir lui donner tout l'essor qu'ils voudraient, du fait d'une installation trop réduite dans un local mal situé. Néanmoins les conférences, causeries et séances expérimentales organisées ces derniers temps ont été suivies tous les jeudis par un nombre de personnes variant entre 50 et 100, et les fêtes d'été et d'hiver comptaient toujours 2 à 300 personnes.
    Nous avons pris connaissance avec intérêt du programme des études de la Société d'Etudes Psychiques de Lyon pour l'année 1928-1929. Dans la section du spiritisme des conférences éducatrices d'un grand intérêt sont annoncées. Elles s'échelonnent de 8 jours en 8 jours jusqu'au 12 juillet inclus.
    L'importante bibliothèque de la Société, ouverte à tous, aide particulièrement à la propagande.
    A tous nos frères lyonnais nous disons combien nous sommes heureux de les voir porter bien haut dans la ville natale d'Allan Kardec le drapeau du spiritualisme moderne.

Bulletin de l'Union spirite française (v9, 1929)

Voir les commentaires

Quelques mots sur l'Antoinisme (Généalogie Leclercq-Stassart)

Publié le par antoiniste

Quelques mots sur l'Antoinisme (Généalogie Leclercq-Stassart)

INTERMEDE - Quelques mots sur l'Antoinisme

Quelques mots sur le culte antoiniste, qui fait un peu partie de la famille Leclercq puisque trois de ses membres en étaient adeptes (mon grand-père Désiré, sa sœur Julienne dite "di Djoupêye" et sa fille, Julienne aussi). Cette dernière officiait au temple de Waremme tous les dimanches, en habit noir, que les adeptes reconnaissaient comme "sœur Julienne". Office curieux qui consistait essentiellement en des lectures des pensées "du Père". Quand à ma grand-tante Julienne "di Djoupêye", elle portait aussi l'habit et se disait spirite (il y a un lien, voir sous le lien ci-dessous). Un peu en transes, les yeux fermés, elle prédisait des choses généralement déjà passées en ajoutant la voix tremblante "Dji l'a vêyou". La plupart des autres Leclercq étaient assez moqueurs à ce sujet. Sauf que ma tante Marie s'est sentie un jour envoûtée par Julienne (di Djoupêye) et qu'elle rigolait nettement moins.

La révélation du Père Antoine est liée à la guerre franco-prusienne où il tue par accident un camarade et, plus tard, au décès de son fils : il se sépare alors du catholicisme. A son décès (il est inhumé à l'entrée du cimetière de Jemeppe sur Meuse où sa tombe est toujours très fleurie), sa femme Catherine poursuivra son œuvre. Ce culte très particulier, qui mélange foi et croyances paranormales, leur survit. Il a une branche française qui s'est distanciée du mouvement de base.

L'antoinisme à l'époque est fortement ancré dans la région liégeoise et dans la classe ouvrière. C'est une curiosité. Antoine et Catherine ont pour vous des pensées bienveillantes (voir photo).

 


Quelques mots sur l'Antoinisme (Généalogie Leclercq-Stassart)Guillaume Florent Désiré (dit Désiré) (1886-1968), mon grand-père, dont j'ai déjà parlé ainsi que de sa descendance.
Désiré Leclercq
Cet homme âgé, fier, est mon grand-père Guillaume Florent Désiré Leclercq (1886-1968), qui n'a jamais porté que son 3ème prénom, Désiré. A ma connaissance, il est d'une part médaillé du Travail et de l'autre, fêté pour sa mise à la retraite aux Etablissements MOES sis Rue des Houblonnières à Liège. La photo de groupe a très probablement été prise par mon père et l'un de ses beaux-fils, Jean Radoes, figure également sur cette photo. Car les Ets Moës, aujourd'hui disparus, sont un lieu fondamental de mon histoire familiale : Désiré y a travaillé toute sa vie mais aussi deux de ses fils (mon père Guillaume et Arthur) et son beau-fils Jean Radoes. Tous ouvriers, sauf mon père, employé et dessinateur industriel de profession - pour son malheur, j'en reparlerai peut-être.
Désiré, qu'on surnommait aussi dans sa rue du Fond d'Or à Waremme "Li vî Lèclèr" (prononciation très particulière), est le seul grand-parent que j'ai jamais connu.
Désiré était un personnage haut en couleurs. Son "bleu de chauffe" ("sarrau", en bon français de par ici) ne le quittait jamais. J'ai de lui le souvenir d'un homme bienveillant, très joyeux, veuf assez jeune, qui a vécu jusqu'à la fin avec une de ses filles célibataire ("li p'tite Marie"). Je le vois encore faire sa vaisselle en chantant "Viens Poupoule, viens Poupoule, viens". Ses passions : cultiver son jardin, ses chrysanthèmes en particulier, chiquer son infâme tabac, et avoir des chiens bergers dont il n'avait jamais réussi, parce qu'il les aimait trop, à les discipliner ne serait-ce qu'un tout petit peu.
Je n'ai jamais entendu mon grand-père parler français : même moi, enfant, je n'aurais jamais osé lui adresser la parole autrement qu'en wallon. Il habitait à 50 mètres de chez moi, rue du Fond d'Or, au 43 et nous au 46.  
Son côté un peu noir était de n'avoir jamais toléré ne serait-ce qu'une vague approche d'un prétendant pour sa fille Marie, qu'il s'était sans vergogne "gardé pour ses vieux jours".
Son décès, en 1968, de vieillesse, paisible, a sonné un bien sombre glas puisque 4 ans plus tard, ses trois derniers fils sont décédés en 1970, 1971 et 1972. J'en reparlerai forcément, parce que cette période très sombre m'a marqué à vie et a littéralement massacré la fin de mon adolescence et de ma jeunesse.
La 3ème photo, prise sur la pas de sa porte 43 rue du Fond'Or, représente sur le seuil ma mère Marguerite. En bas, "li p'tite Marie", le berger Fanny (tous ses chiens se sont appelés Fanny) et à droite, évidemment, Désiré avec son inséparable casquette.
https://www.facebook.com/permalink.php?story_fbid=101230344986660&id=100883935021301


Lambertine Julienne (1890-j’ai oublié) mais qu'on appellera toujours Julienne, en wallon « Djulienne di Djoupèye », épouse un Joseph Baly dont elle aura un fils, Joseph aussi, que j'ai bien connu. Joseph Baly fils a été prisonnier en Allemagne pendant la guerre. Julienne habitait à Jupille, donc, dans une étrange maison à flanc de terril qui avait été jadis partiellement sinistrée par un glissement de terrain comme il y en eût pas mal dans cette région minière. Julienne se disait spirite et pratiquait avec assiduité le culte Antoiniste assez répandu dans la région. Mon grand-père et une de ses filles, Julienne aussi, étaient également antoinistes. Lambertine Julienne (la sœur de Désiré, donc, pas sa fille) n’était pas très aimée par les enfants de Désiré, qui lui, par contre, l’adulait et lui pardonnait tous ses défauts. Pour rester correct, je ne vais pas m'alourdir sur le sujet de Julienne "di Djoupèye", qui me faisait carrément peur.

https://www.facebook.com/permalink.php?story_fbid=103671551409206&id=100883935021301

source : https://www.facebook.com/G%C3%A9n%C3%A9alogie-Leclercq-Stassart-100883935021301/

Voir les commentaires

Charleroi - La seconde journée du Congrès spirite (Le Petit bleu du matin, 5 juin 1906)(Belgicapress)

Publié le par antoiniste

Charleroi - La seconde journée du Congrès spirite (Le Petit bleu du matin, 5 juin 1906)(Belgicapress)                                              CHARLEROI
La seconde journée du Congrès spirite.
(Service spécial du « Petit Bleu ».)

    Les congressistes spirites se sont occupés lundi matin de l'organisation des groupements, notamment des fédérations locales de Liége, Charleroi et Bruxelles.
    Nombre de discours ont été lus et il faut rendre cette justice aux spirites qu'ils possèdent parmi eux passablement de causeurs et discoureurs de talent.
    Mais les contradicteurs n'avaient pas, non plus, leur langue en poche, et on a blagué ferme les pratiques que certains groupes emploient et qui peuvent faire ressembler leurs séances à des scènes bizarres et souvent comiques.
    On a aussi „bêché” consciencieusement les médiums guérisseurs, qui font trafic de leurs pouvoirs, et plusieurs délégués liégeois ont critiqué véhémentement le rapport élogieux qu'un instituteur, M. Delcroix, avait fait du médium Antoine, un guérisseur renommé dans toute la province de Liége.
    En thème général, on a réprouvé toutes les méthodes, toutes les pratiques qui étaient de nature à assimiler le spiritisme à une religion.
    „Ce que nous voulons, a dit très nettement un congressiste, c'est rechercher la vérité, étudier la cause des phénomènes que nous observons et, pour cela, il faut que nous exercions un contrôle sérieux et minutieux sur toutes nos séances afin d'en écarter tous ceux qui, volontairement, par supercherie, ou involontairement, par auto-suggestion, nous induiraient en erreur.”
    Cette séance fort intéressante a été levée à midi et demi, pour être reprise à 2 h. 1/2, pour la séance de clôture.
    De nouveaux rapports ont été lus sur les moyens de propagande et de diffusion des théories spirites. Un professeur d'école moyenne, M. Demoulin, de Liége, a fait un exposé troublant des phénomènes enregistrés par lui. Le rapporteur est un médium visionnaire et tous les faits qu'il a observés ont été vérifiés et contrôlés avec minutie. Ils ont fait une profonde impression sur l'assistance. Ces faits, dont la réalité dans ces conditions ne saurait être contestée, ont éveillé la curiosité des plus profanes, tant ils sont de nature à provoquer l'étude des phénomènes spirites.
    Après une deuxième […] d’un insigne spécial, le Congrès a élu plusieurs commissaires au comité fédéral, MM. Quinet, Honart, Piérard et Fritz ; et l'assemblée a désigné, à l'unanimité, la ville d'Anvers comme siège du Congrès de 1907.
    M. le chevalier Le Clément de Saint-Marcq, en clôturant les débats, a déclaré que les spirites pouvaient se réjouir à bon droit des travaux du Congrès de 1906, et il a émis l'espoir que les congressistes trouveraient à Anvers un accueil aussi aimable que celui rencontré à Charleroi.

Le Petit bleu du matin, 5 juin 1906 (source : Belgicapress)

Voir les commentaires

Liège - Salle Légia (Passage Lemonnier)

Publié le par antoiniste

Liège - Entrée du Passage Lemonnier (1902)

Liège - Entrée du Passage Lemonnier (1902)

On sait que Léon Denis y fit des conférences spirites durant ses séjours à Liège.
Il y a eu également des lectures de l'Enseignement, en 1910.

 Liège - Salle Légia (1935)(passagelemonnier.com)

    « Au deuxième étage se trouve une grande et belle salle qui peut contenir sept à huit cents personnes. Elle est destinée à un bazar. La construction n’en est pas irréprochable. Elle est trop longue ou trop étroite. Le plafond aussi n’en est pas assez élevé. Ce que nous y avons trouvé de plus remarquable, ce sont les boiseries qui imitent le chêne au point de tromper l’œil le plus exercé.
Le Politique. Journal de Liège, 25 janvier 1839, p. 3, col. 2-3.

Voir les commentaires

Léon Denis - Dans l'invisible (1904)

Publié le par antoiniste

Léon Denis - Dans l'invisible (1904)

Auteur : Léon Denis
Titre : Dans l'invisible - Spiritisme et Médiumnité
Édition P.G. Leymarie (Librairie des Sciences Psychiques), 1904, Paris
À lire en ligne sur archive.org

    L'abondance de sa production dans la littérature spirite, ainsi que l'affabilité de son caractère et son dévouement, ont valu à Léon Denis le surnom d'« Apôtre du Spiritisme ». Anne-Cécile Bégot signale que son ouvrage Dans l'invisible exerça une forte influence sur le mineur belge Louis Antoine, qui fonda le culte antoiniste et reprit certaines de ses idées concernant la réincarnation. On pense que Louis Antoine le rencontra.

    On peut citer par exemple ce passage :

Léon Denis - Dans l'invisible (1904)

    Ceci le démontre : au-dessus de toutes les Eglises humaines, en dehors de tous les rites, de toutes les sectes, de toutes les formules, il est un foyer suprême que l'âme peut atteindre par les élans de la foi ; elle y puise des forces, des secours, des lumières qu'on ne peut apprécier ni comprendre, si on méconnait Dieu et ne veut pas prier. En réalité, la guérison magnétique n'exige ni passes, ni formules spéciales, mais seulement le désir ardent de soulager autrui, l'appel sincère et profond de l'âme à Dieu, principe et source de toutes les forces.
Léon Denis, Dans l'invisible, p.455

    Cf. également cet extrait.

Commentaires :
    En ce début du 20ème siècle, Léon Denis cherche à expliquer plus amplement la médiumnité. Il le fait à travers ses conférences mais elles n'effleurent que le sujet. Il va donc réunir une documentation ample tirée des enseignements des guides de son groupe à Tours. Ils lui apportent des éclaircissements sur bien des points et ainsi il publiera en 1903, Le Monde Invisible, un important ouvrage de 300 pages.
    Cette œuvre apparaît à un moment opportun. En effet à ce moment-là, la rapidité du développement du Spiritisme constituait un sérieux danger. Ceux qui avaient la foi montraient souvent une impatience et une intransigeance nuisibles à la propagation de l'idée dans les milieux réfractaires. Les autres, indécis, tracassés par le doute, formulaient des réserves et renouvelaient périodiquement leurs critiques en matière de médiumnité. En France, il n'existait pas encore d'ouvrage où fut condensé le résultat de semblables recherches.
    Les phénomènes complexes auxquels donnait lieu la médiumnité avaient reçu des solutions plus ou moins fantaisistes : les hypothèses sur le subliminal, la subconscience, la personnalité seconde, avaient embrouillé la question plus qu'il était nécessaire. Il fallait débrouiller cet écheveau compliqué, retrouver le fil, donner de ces faits étranges une juste interprétation, préciser les lois fondamentales de la communication spirite.
    « Tout adepte, écrivait Léon Denis dans son introduction, doit savoir que la règle par excellence des rapports avec l'invisible, c'est la loi des affinités et des attractions. Dans ce domaine, celui qui cherche les choses basses les trouve et s'abaisse avec elles ; celui qui aspire aux hautes âmes les atteint tôt ou tard et en fait un nouveau moyen d'ascension. Si vous voulez des manifestations d'ordre élevé, faites effort pour vous élever vous-même. L'expérimentation, en ce qu'elle a de beau et de grand, la communion avec le monde supérieur, ne réussit pas au plus savant, mais au plus digne, au meilleur, à celui qui a le plus de patience, de conscience, de moralité. »

    On trouve donc dans la première partie tout ce qui a trait aux lois du Spiritisme expérimental ainsi que des vues nouvelles sur la psychologie féminine. Léon Denis, pressentant le rôle qui sera dévolu à la femme dans la société de demain, accuse le Catholicisme de ne l'avoir pas comprise, de n'être point entré, sur ce point, dans les vues du Christ.
    Au chapitre suivant, il aborde le Spiritisme expérimental, s'efforçant d'établir une classification dans les phénomènes, déblayant le terrain devant la métapsychie qui n'en était qu'à ses débuts. Ses travaux personnels lui étaient d'un grand secours dans cet exposé d'une question si complexe, si difficile à résoudre pour le lecteur bénévole. Il avait été lui-même médium écrivain avant de devenir orateur. Ses dons d'intuition, d'inspiration, n'avaient fait que se modifier. Il se sentait en relation permanente avec ses amis invisibles Par l'incorporation, enfin, il avait obtenu des messages d'un intérêt capital.
    La dernière partie du livre est consacrée à la médiumnité en général, à sa pratique, à ses dangers, aux hypothèses, aux objections qu'elle soulève. En abordant une telle question, l'auteur ne s'inquiétait pas des reproches qu'il pouvait encourir de la part de certains spirites, ni de ses adversaires. Il poursuivait sa marche, sachant bien que le Spiritisme ne pouvait que sortir grandi d'un tel débat.
    Le dernier paragraphe, « la médiumnité glorieuse », écrit dans une forme admirable, est comme soulevé par un souffle de haute et brûlante inspiration.

source : Centre Spirite Lyonnais Allan Kardec (à lire et à télécharger à la page suivante)

Voir les commentaires

Seconde conférence spirite de M.Léon Denis (La Meuse, 26 février 1897)(Belgicapress)

Publié le par antoiniste

Seconde conférence spirite de M.Léon Denis (La Meuse, 26 février 1897)(Belgicapress)

    Seconde conférence de M. Léon Denis. L'éminent orateur, membre de la Ligue de l'Enseignement de France, a donné une seconde conférence au Casino du Passage, sous los auspices de l'Union spirite de Liége.
    L'assistance était plus considérable encore que samedi : la salle était absolument comble. Denis s'est élevé, à certains moments, à une véritable éloquence. L'orateur a exposé le problème de la vie future d'après le spiritisme et la science.

La Meuse, 26 février 1897 (source : Belgicapress)

 

    On peut penser que des membres du groupes des Vignerons du Seigneur, dont Louis Antoine ont pu y assister.

Voir les commentaires

Au Pays du Spiritisme - Antoine-le-Guérisseur (Gazette de Charleroi, 20 décembre 1908)(Belgicapress)

Publié le par antoiniste

Au Pays du Spiritisme - Antoine-le-Guérisseur (Gazette de Charleroi, 20 décembre 1908)(Belgicapress)Au Pays du Spiritisme
ANTOINE-LE-GUERISSEUR

    C'est à Jemeppe-sur-Meuse que le spirite fameux, et surnommé Antoine-le-Guérisseur habite.
    Mérite-t-il le nom qui lui a été donné ? C'est ce dont nous avons tenu à nous rendre compte de visu, et c'est le résultat de notre visite chez lui que nous voulons exposer à nos lecteurs.
    Grâce au bienheureux Antoine, le petit village de Jemeppe-sur-Meuse est connu aux quatre coins du pays, et il est devenu de centre d'une nouvelle religion qui déjà a son temple...
    Pour me rendre chez le nouveau Messie, je n'avais guère eu besoin de me renseigner beaucoup. Une bonne femme à qui je demandai l'adresse d'Antoine parut surprise de mon ignorance.
    – Suivez ces gens, me dit-elle, ils vont sûrement chez lui...
    Et je suivis une multitude, dont le passage m'avait frappé et que j'attribuais à la célébration des funérailles d'un notable de la localité. Mais c'était le cortège habituel et journalier des visiteurs d'Antoine-le-Guérisseur.
    Sa maison est modeste, mais elle est flanquée d'un vaste bâtiment ayant tout-à-fait l'aspect d'une chapelle. A l'intérieur, tout le rez-de-chaussée est garni de bancs. Une galerie fait le tour du hall, et de chaire de vérité est adossés au fond, face à l'entrée. Les murs sont garnis d'inscriptions en grandes lettres. L'une nous fait savoir immédiatement dans quel lieu nous nous trouvons. Elle porta : Ecole professionnelle de philosophie et de morale, et elle est accompagnés d'autres inscriptions.
    J'en citerai quelques-unes : Un seul remède peut guérir l'humanité : La Foi. – C'est de la Foi que naît l'amour : l'amour qui nous montre dans nos ennemis, Dieu lui-même. Ne pas Aimer ses ennemis, c'est ne pas Aimer Dieu. Car c'est l'Amour que nous avons pour nos ennemis qui nous rend dignes de le servir. – C'est le seul amour qui nous fait vraiment aimer, parce qu'il est pur et de vérité.
    Ces maximes en valent d'autres, et développer chez son prochain l'amour du semblable n'a rien de méchant. C'est la religion d'Antoine. Donne-t-elle de bons résultats ?
    Nous sommes bien une centaine de personnes qui attendons. Quoi ? Mon voisin m'explique. A tour de rôle nous serons reçus par le Guérisseur, et il suffit pour l'approcher de se présenter à un guichet que l'on m'indique, et où un disciple d'Antoine me remet une plaque de plomb, avec un numéro. La mienne porte le numéro 410, et cela veut dire que, ce matin je suis le 410e qui s'est présenté pour voir le Guérisseur... Et je ne suis pas le dernier, à ce que je vois par les nouveaux arrivés qui viennent s'asseoir derrière moi.
    La guichetier appelle les visiteurs par le numéro qu'ils portent. On en est au 250e. Il y a du bon, j'ai le temps de bavarder.
    Mon aimable voisin m'explique que toutes ces personnes viennent pour elles-mêmes ou pour des parents malades. Lui vient pour sa fillette, qui souffre sans se plaindre. Mélancolie ou neurasthénie, il ne sait, mais on lui a dit qu'Antoine la guérirait, et il est venu.
    Une autre personne, une dame d'un certain âge, me dit qu'elle vient de Maubeuge. C'est la troisième visite qu'elle fait à Antoine : sa fille était malade, on la soignait sans arriver à un mieux. Et maintenant ? Elle est en bonne voie de guérison...
    Et que prend-elle ? Rien. Antoine prie pour elle, et il suffit qu'elle pense à lui, qu'elle espère...
    Sapristi, cela devient sérieux. Qu'est-ce que je vais bien raconter à ce saint homme ? Vais-je me déclarer malade ou journaliste ? Je prends le premier de ces deux partis, car en cherchant bien je n'ai pas difficile à me découvrir un malaise, un bobo, là...
    Le guichetier arrive à mon numéro. Je tends mon plomb, une porte s'ouvre et je me trouve en présence d'Antoine-le-Guérisseur. L'impression est bonne. Antoine a une figure de brave homme aux cheveux et à la barbe grisonnants.
    – Que désirez-vous, mon ami ? C'est pour vous que vous venez ? Qu'avez-vous ? me demande-t-il.
    Et moi de lui répondre, de bonne foi, je souffre de ceci, de cela. A bien chercher, je me suis découvert toute une collection de malaises...
    Antoine-le-Guérisseur lève les yeux au Ciel, puis il les abaisse sur moi et il me dit :
    – Espérez, je prierai pour vous. Cela ira mieux,
    – Mais, objectai-je, et mes drogues ?
    – Abandonnez-les, contentez-vous de penser à moi, cela suffira, me répond-il.
    – Et combien vous dois-je ? demandai-je pour terminer l'entretien.
    – Rien, Monsieur, dit Antoine de sa voix douce.
    Comme je n'ai pas suivi le « traitement » d'Antoine, et pour cause, je ne sais quelle peut être son efficacité.
    Mais il paraît que certains s'en trouvent bien. On cite des cas de guérison surprenante. Est-ce vrai ? Pourquoi pas, en somme, pour les malheureux qui ont la « foi », la grande, celle qui soulève les montagnes. Le zouave Jacob, dont il fut tant parlé il y a une vingtaine d'années, n'arrivait-il pas à guérir lui aussi...
    Et Lourdes, de nos jours ?...
    En tout cas, à Jemeppe-sur-Meuse, c'est un pèlerinage incessant. Antoine reçoit tous les jours de 7 heures du matin à midi, sauf le samedi et le dimanche. Ce jour, Antoine-le-Guérisseur monte en chaire pour enseigner le « Nouveau Spiritualisme »...
    Mais il se tient à la disposition du public, tous les jours et à toute heure pour les cas urgents !
    Ses « offices » sont suivis par une foule considérable, et parmi les visiteurs qui viennent à ses « consultations », on en voit de tous les coins du pays et même de l'étranger. Dame, on ne paye rien, et à ce prix on en redemande...
    Le seul bénéfice, et je ne sais si cela peut en constituer un, – il est minime en tous cas – consiste dans la publication d'une revue mensuelle, « L'Auréole de la Conscience », dont l'abonnement annuel coute deux francs. Et encore, les visiteurs ne sont pas sollicités...
    Dans cette revue, et sous forme d'entretiens, Antoine-le-Guérisseur préconise la charité, l'amour du prochain, la tolérance pour toutes les opinions, parce que, dit le Messie de Jemeppe : « La liberté et l'égalité sont inséparables de la foi ».
    Ce n'est pas si mal et surtout, cela pourrait être médité avec avantage par beaucoup.                           NEMO.

Gazette de Charleroi, 20 décembre 1908 (source : Belgicapress)

Voir les commentaires

La Mort de Gustave Gony, l'Enterrement (Le Peuple, 22 août 1913)

Publié le par antoiniste

La Mort de Gustave Gony, l'Enterrement (Le Peuple, 22 août 1913)La Mort de Gustave Gony

L'ENTERREMENT

    L'enterrement du regretté Gustave Gony, secrétaire communal de Seraing, ancien échevin de l'instruction publique et des beaux-arts et ancien vice-président du conseil provincial de Liége a eu lieu jeudi, à 11 heures du matin, au cimetière des Biens-Communaux.
    Simplement, sans presque aucun apparat, comme l'homme qui n'est plus, il s'est déroulé entre deux haies de personnes silencieuses et émues.
    Malgré le caractère tout à fait intime de la funèbre cérémonie et bien que l'heure de la levée du corps n'eût pas été publiée, ses camarades, ses amis, ses collègues sont venus en foule et c'est tout un cortège ému et éploré qui l'a conduit de sa maison au champ des morts.
    La bière avait été exposée dans une place du rez-de-chaussée et disparaissait sous les fleurs exhalant le parfum pénétrant du souvenir. Aucune autre décoration que des plantes vertes.
    Gony avait rêvé cette simplicité poignante pour son départ.
    Mais ses camarades n'ont pu s'incliner totalement sous sa volonté et c'est ce qui explique qu'il s'en est allé parmi les fleurs.
    Nous avons admiré de splendides gerbes de fleurs naturelles de l'administration communale de Seraing à son secrétaire, de la Fédération communale socialiste de Seraing à Gustave Gony et de la Fédération liégeoise du Parti ouvrier à son militant, une couronne rouge et blanche des fonctionnaires et employés communaux à leur dévoué secrétaire et des bouquets petits et grands émanant de l'amitié et des intimes.
    Le deuil était conduit par les deux frères du défunt.
    M. Putzeys, bourgmestre, et les citoyens Pirotte, Henry, Delvigne et Merlot, échevins, suivaient ceux-ci.
    Dans la foule, nous avons noté la présence des conseillers communaux au grand complet, du camarade François Van Belle, secrétaire fédéral, représentant le P. O., de MM. Gauthier, directeur des écoles, Biefnot, directeur des travaux, Génard, commissaire de police et de nombreux compagnons de lutte de Gust. Gony.
    Tout le personnel, employés et ouvriers de l'administration communale, des travaux publics, de la police et un grand nombre de membres du personnel enseignant étaient aussi présents.
    A la nécropole, le cercueil a été porté jusqu'au caveau familial par des employés communaux et des militants socialistes.
    Pendant qu'on descendait les restes de notre ami sous la froide pierre du tombeau la foule se rangea en éventail.
    L'oraison funèbre avait été prononcée la veille à la séance publique du conseil communal.
    Pas un mot ne fut dit là. Toutes les têtes découvertes étaient inclinées et l'on entendait les oiseaux chanter leur chanson mélancolique.
    Ce fut une minute d'émotion poignante où chacun se sentit pris d'un étouffement subit et nous ne savons rien de plus tragique que cet adieu muet et collectif s'étranglant dans les gorges et refoulé vers les cours meurtris.

                             AU CONSEIL COMMUNAL
    La cérémonie d'adieu a eu lieu, avons-nous dit, mercredi soir. Tous les conseillers communaux étaient présents, sauf le citoyen Hans retenu à l'étranger.
    M. PUTZEYS, bourgmestre, présidait et a prononcé le discours suivant :
            Messieurs,
    Conformément à l'article 110 de la loi communale, le collège, en sa séance convoquée d'urgence, par suite du décès inopiné de notre regretté secrétaire communal, M. Gustave Gony, a nommé, à titre de secrétaire provisoire, M. Constant Nassogne, chef du bureau des finances.
    En conséquence et en exécution de la susdite loi, M. Nassogne est tenu de prêter le serment prescrit par l'article 2 du décret du 20 juillet 1831 ainsi conçu :
    « Je jure fidélité au roi, obéissance à la Constitution et aux lois du peuple belge ».
    J'invite M. Nassogne à prêter le dit serment.
    M. NASSOGNE. – Je le jure.
    M. LE PRESIDENT. – Je donne acte à M. Nassogne de sa prestation de serment et le déclare installé dans ses fonctions de secrétaire communal provisoire.
    Messieurs, une pénible mission m'est dévolue aujourd'hui. J'ai le devoir de vous annoncer qu'une mort presque foudroyante vient d'emporter notre secrétaire communal, M. Gustave Gony.
    Je ne vous parlerai pas de l'homme politique. Je veux seulement dire en quel estime je tenais ce fonctionnaire.
    Pendant le peu de temps qu'il m'a été donné d'être en rapport constants avec lui, je n'ai eu qu'à me louer, je le dis sincèrement, des nombreux services qu'il m'a rendus, comme des avis éclairés qu'il n'a cessé de me prodiguer, n'ayant jamais en vue que le bien de la chose publique.
    Je tiens, en cette circonstance, à le remercier publiquement : c'est le meilleur hommage que je puisse rendre à sa mémoire.
    Je crois me faire l'interprète du conseil communal en vous proposant l'envoi à la famille, si douloureusement éprouvée, d'une adresse lui exprimant nos vifs regrets et l'assurance de nos sympathiques condoléances.

                             DISCOURS DU CITOYEN DELVIGNE
   
Le cit. DELVIGNE, échevin de l'instruction publique et des beaux-arts, a ensuite pris la parole en ces termes, au nom du groupe socialiste :
              Compagnons,
    Le groupe socialiste regrette, et les deux membres du conseil qui, sans être de notre parti, ont pu, depuis deux ans, approcher le secrétaire communal, regretteront comme nous, j'en suis sûr, que sa famille, se conformant du reste en cela aux désirs et au caractère simple et modeste du défunt, ait décidé de conserver un caractère strictement intime à son inhumation. Sans cela, nous eussions voulu que sa dépouille fut exposée à l'hôtel de ville qu'il a rempli de son activité et de sa pensée et l'administration communale lui eut fait des funérailles publiques comme au meilleur de ses enfants, car personne ne s'est plus dévoué pour elle.
    Nul, en effet, ne s'est plus intimement que lui incorporé les affaires de la cité. Il s'identifiait à elles et vivait pour elles.
    Dès avant, bien avant même son élection comme conseiller communal, le 17 novembre 1895, il s'en occupait. Il eut, avec Smeets et d'autres, l'honneur de s'attaquer à la ploutocratie qui régnait ici en maîtresse et il souffrit avec un stoïcisme digne des stoïciens antiques toutes les avanies imaginables sans se rebuter jamais. C'est qu'il était mû par une grande idée et une noble cause.
    Mais c'est surtout à partir de sa nomination d'échevin, le 30 décembre 1895, qu'il passa contrat, peut-on dire, avec l'administration communale.
    Jamais échevin de l'instruction public que et des beaux-arts et nous pouvons ajouter jamais aucun échevin de quelque département que ce soit ne se donna plus entièrement à sa tâche avec une érudition plus vaste, avec une habileté plus grande.
    Il s'assimila les choses administratives virtuosité incomparable en ce qui concerne les autres départements comme le sien propre et il prit sur toutes choses un si grand empire et les pénétra si intimement à la fois qu'il s'incarna en elles.
    C'est lui qui recréa le Cercle pédagogique auquel il donna une impulsion agissante et qui fut un jour expulsé « manu militari » d'un local d'école par une autorité hargneuse et courroucée.
    C'est lui aussi qui, le premier peut-être en Belgique, fit voter un barème nouveau pour le personnel enseignant consacrant l'égalité des sexes vis-à-vis des traitements.
    Quand, pour se dégager des entraves routinières et hostiles, il fallut donner au personnel une nouvelle direction, Gony entra ici, en qualité de chef des bureaux de l'administration communale, comme chez lui. Il s'imposa tout de suite et sans effort. Et quand il fut nommé, un an et demi après, le 6 février 1902, secrétaire communal, il l'était déjà en fait depuis bien longtemps.
    Il vivait déjà, il dirigeait déjà pratiquement tout le vaste organisme administratif, de telle sorte que, pendant vingt ans, malgré les régimes successifs si disparates et si opposés qui y ont vu le jour il a été l'âme vibrante et agissante de cette vieille maison.
    Tous les administrés qui l'ont approché ont proclamé à l'envi sa serviabilité et rien ne l'atteste mieux que l'étonnement que trahissaient les personnes qui l'avaient abordé, aux exagérations passionnées de la polémique dirigée contre lui lors des luttes intestines qui désolèrent le Parti ouvrier pendant plusieurs années. Il était accueillant et bon.
    Cet homme à la carrure d'athlète était tendre comme un agneau. Derrière le masque énergique où flambait un regard pénétrant et qu'illuminait un perpétuel sourire sardonique, s'abritait une âme encline à toutes les tendresses, à toutes les passions généreuses et fortes.
    Il eut la hantise de l'indépendance. Il avait appris, à l'étude de la grande révolution, l'amour des grandes causes et de la liberté. Il fut ce qu'il avait rêvé : un homme libre, sacrifiant tout ce qu'il possédait pour la cause qu'il avait embrassée et bravant tous les courroux et toutes les oppressions d'où qu'elles vinssent y compris les pires de toutes : celles de la faim et de la misère.
    Cet affamé de liberté resta jusqu'à la fin ce qu'il fut dans la jeunesse enthousiaste et fière : un indompté !
    Lorsque, devenu fonctionnaire, il se présenta devant les électeurs au conseil provincial comme aux polis socialistes, ce fut pour se rebeller contre l'infâme circulaire ministérielle interdisant aux fonctionnaires de se jeter dans la mêlée des partis.
    Là où la plupart s'étaient courbés devant l'ukase qui leur retranchait une partie de leurs droits et de leur liberté, lui, que des plumitifs sans vergogne, qui ne savent même pas s'incliner devant la noblesse des caractères, accusaient d'être devenu un satisfait, se redresse et s'arcbouta en posture de bataille contre le pouvoir. C'est ainsi qu'il fut doublement un exemple : comme fonctionnaire et comme homme.
    Il ne renia jamais, en aucune circonstance, ses idées socialistes. Il les arborait avec orgueil. Quand vint l'heure de la grève générale, le bouton du S. U. ornait sa boutonnière et le commandant du peloton d'installation du 11° régiment de ligne qui investissait notre cité, le 18 avril ne fut pas peu surpris de se trouver, lui et ses hommes, dans la séance du collège convoquée pour les recevoir, en présence de tous partisans de l'égalité politique y compris le secrétaire communal. Les deux états-majors, celui de l'armée et celui de la grève étaient face à face. Gony était l'homme de ces tête-à-tête avec l'ennemi.
    Aussi si l'administration communale de Seraing perd le meilleur de ses serviteurs, notre parti est-il douloureusement éprouvé.
    Gony ne fut pas seulement pour nous le secrétaire communal habile, plein de ressources et de dévouement, il restera surtout à nos yeux l'éclaireur, celui qui fit briller le flambeau de l'aurore socialiste dans le sépulcre des damnés de la terre dans notre bassin.
    Nous voudrions ici, où tout le monde se sent atteint par la perte irréparable d'un homme d'une incontestable valeur, n'affleurer la susceptibilité de personne, ne froisser aucun parti en égrenant nos souvenirs ; mais pouvons-nous mettre en lumière le lutteur sans évoquer l'arène et ses adversaires ?
    Le grand Gony, pour nous, celui dont la silhouette massive et impétueuse passe devant nos yeux, c'est celui qui se dressait jadis sur les tribunes improvisées aux carrefours, drapé dans la beauté de sa misère, et qui, nouveau Christ souffrant pour tous les hommes, appelait tous les damnés de l'enfer social aux espérances sublimes et aux pures lumières de l'idéal socialiste.
    C'est celui qui, pour défendre la cause que nous essayons de servir après lui, avec le même cœur sinon le même talent, était traqué comme une bête fauve et réduit au plus noir dénuement, c'est le Gony qui chaussait, tour à tour, avec Smeets, la paire de souliers légendaires et, bravant les représailles capitalistes et la prison gouvernementale, allait évangéliser les prolétaires ; c'est celui, enfin, qui, dans les meetings contradictoires, affrontait les maîtres du barreau accourus pour défendre la ploutocratie industrielle et clamait tout haut les révoltes et les colères que criaient tout bas dans les poitrines comprimées de nos pères ou de nos frères.
    Ce Gony-là est inséparable de cet autre, grand éveilleur des foules sacrifiées et assoupies : Alfred Smeets. Ils furent les frères siamois de l'idéal, de la souffrance et de la misère. Ils ont vécu la même période héroïque, les mêmes dénuements, les mêmes prisons, les mêmes joies et les mêmes espoirs.
    Si, par la suite, de malencontreuses dissidences ont pu les séparer et amener entre eux un nuage sombre, l'avenir les dissipera dans les mémoires ouvrières. De même que la postérité a réuni dans une même gloire Jean-Jacques Rousseau et Voltaire, la classe ouvrière réunira, dans un même souvenir, ceux qui sur un plan moins vaste, mais avec un courage et une abnégation insurpassables, ont lutté côte à côte et souffert pour elle. Les larmes qu'elle a versées pour l'un se mêleront aux larmes qu'elle verse aujourd'hui pour l'autre et il restera de ce mélange comme une rosée pure dont la parure jettera son éclat lumineux sur la pourpre endeuillée de notre drapeau.
    Nous voudrions terminer, là, cette évocation du souvenir fraternel et reconnaissant. Mais quelle que soit l'élévation du sentiment qui a dicté à la famille du cher disparu de broyer sa douleur dans l'intimité, il nous sera permis de soulever légèrement le voile du « home » et de dire que Gony, s'il fut un administrateur intègre, un militant socialiste ardent et convaincu, fut aussi le meilleur des pères et le modèle des époux.
    Une certaine presse s'est réservée le triste monopole de fouiller la vie privée des hommes publics et d'exposer à la curiosité malsaine et à la malignité les tares qu'elle inventait ou grossissait démesurément. Elle n'a rien trouvé chez Gony et pour cause. Celui que nous pleurons ne vivait que pour les siens. Il avait pour sa femme, qui l'aima alors qu'il était pauvre et calomnie, un véritable culte et pour ses enfants, une passion frisant l'idolâtrie. Ceux qui, parmi nous, furent ses intimes, peuvent seuls savoir les inépuisables trésors d'affection que renfermait le cœur de cet homme.
    Si notre parti perd l'un de ses meilleurs et plus héroïques lieutenants, les siens perdent un monde et nulle pire catastrophe ne pouvait les atteindre.
    Aussi nos condoléances, les condoléances de toute la population sérésienne et les regrets navrés du Parti socialiste ne peuvent-ils suffire même à attiédir leur douleur.
    La pensée de notre pauvre ami était inséparable de celle de ses enfants et de sa femme. Quand il s'occupait des affaires de la commune, il songeait aux siens, à son jeune Raoul, à sa petite Andrée et il aimait ainsi par-dessus tout sa tâche dans laquelle se profilaient sans cesse les êtres qu'il affectionnait.
    Les cloches du destin ont sonné beaucoup trop tôt pour eux comme pour nous. Son cœur a cessé de battre comme une machine qui se brise en plein effort, comme un roc brusquement abattu. Sa vaste pensée s'est éteinte et c'est maintenant que la place qu'il occupait nous apparaît dans son vide immense.
    Sa mort creuse un abîme qu'on ne pourra combler. Il était comme ces grands chênes de la forêt : quand l'un deux est abattu, il faut attendre des années avant qu'un autre ait poussé et rempli sa place. Et notre deuil ne peut, hélas, se consoler que de nos propres larmes et de l'exemple impressionnant et beau de sa trop courte vie.
    Il aima le Peuple, le Peuple le pleurera !

                             DISCOURS DE MERLOT
    Le citoyen MERLOT, échevin des finances, prit à son tour la parole.
    Je m'excuse bien sincèrement, dit-il, de ne pouvoir laisser les membres du conseil sous l'impression que nous a causée à tous la magnifique oraison funèbre que vient de prononcer le citoyen Delvigne. Mais la loi a des exigences auxquelles nous devons nous soumettre. Le collège a pris d'urgence des résolutions que nous devons soumettre au conseil pour que celui-ci les ratifie. Le collège a décidé d'envoyer à la mortuaire une gerbe de fleurs pour être déposée sur le corps de notre regretté secrétaire ; il a décidé d'arborer le drapeau à la façade de l'hôtel de ville. En signe de deuil, il a donné congé à tous les services communaux qui chômeront demain jeudi. Nous vous demandons de ratifier ces décisions.
    Approuvé.
    Le citoyen DUBART s'exprima comme suit :
    Il serait difficile d'exprimer mieux que l'a fait le compagnon Delvigne, les sentiments que nous éprouvons tous en ce moment. Je désire cependant faire une proposition. Puisque la famille a décidé que les obsèques auront lieu dans l'intimité, je demande à tous mes collègues de nous rendre, ce soir, en corps à la mortuaire, pour rendre une dernière visite à celui que nous pleurons. (Adhésion unanime.)
    M. LE PRESIDENT. – En signe de deuil, je lève la séance.
    La séance fut levée à 19 h. 45.

Le Peuple, 22 août 1913

Voir les commentaires

<< < 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 20 > >>