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spiritisme

Congrès Spirite de Liège (1905)

Publié le par antoiniste

Congrès Spirite de Liège (1905)

    Le site spiritisme.net met plusieurs comptes-rendus de congrès spirites notamment celui tenu à Liège les 11 & 12 juin 1905.
adresse du site : https://sites.google.com/spiritisme.net/encyclopedie-spirite/livres/congrès-et-conférences
Adresse du document PDF direct : https://drive.google.com/file/d/1Dc8OaWzPS73J6w6dHGCJsOy7BbC7Ucd5/view
ou encore ici :
https://www.autoresespiritasclassicos.com/Gabriel%20Delanne/Congresso%20Espirita%20de%20Liege-Belgica%20(1905)/Congr%C3%A8s%20Spirite%20Li%C3%A8ge%20(1905).pdf


    On lit que la date du dernier Congrès tenu à Liège remonte à trente ans. Donc en 1875, Louis Antoine était en Prusse et ne s'intéressait pas encore au spiritisme. C'est donc certainement en 1905 qu'il rencontra Léon Denis. Le congrès suivant à Liège sera en 1923 (cf. le site L'ésothentique.
    Dans ce compte rendu, on lit la recommandation suivante (p.5) : "Permettez-moi de vous recommander les livres qui sont en vente ici, à l'entrée de la salle, livres de M. Antoine, livres de M. Léon Denis et livre des prières. Chaque spirite voudra posséder ces ouvrages qui doivent figurer dans la bibliothèque de tous ceux qui veulent sincèrement pratiquer et encourager le spiritisme. (Applaudissements.)
    Mais lors de la réunion du 11 Juin après-midi (p.22), "un léger incident est soulevé par MM. Delcroix et Hollange qui expliquent l'abstention de M. Antoine et de son groupe. Cet incident menaçant de faire perdre un temps précieux, M. le Président déclare ne pouvoir continuer la parole aux interrupteurs et l'ordre du jour est repris."
    Une note de bas de page précise que "Le Comité Fédéral a reçu depuis du Groupe Antoine une lettre qui donne une excellente solution à la difficulté soulevée".
    Enfin une large part est faite aux guérisons obtenues par les Médiums guérisseurs. Ce chapitre (p.81) commence par les mots suivants : "Outre les certificats dont nous donnons la reproduction, nous en avons reçu une quantité d'autres délivrés aux mêmes médiums. L’exiguïté des ressources financières dont nous disposons ne nous permettant pas de les publier, nous en donnons ici le résumé succinct avec un mot sur chacun des guérisseurs de notre pays, parmi lesquels M. Antoine, de Jemeppe-sur-Meuse, occupe le premier rang, par le nombre de malades qu'il reçoit chaque jour et celui des guérisons qu'il obtient." Suivent la liste des médiums et attestations de guérisons, la plupart de la région de Charleroi et quelques-uns de Liège.

    Dans le compte rendu du Congrès spirite de Liège en 1908, alors que le Père s'est séparé du spiritisme, le témoignage du médium guérisseur Jean Dumoulin (qui reçoit avec sa fille à Liège, rue de Waremme) qui nomme le Père "notre frère Antoine de Jemeppe". L'animosité des spirites envers l'antoinisme n'a donc pas toujours été aussi tranchée.
    Cependant le Rapport de la F. S. de Liége, donné dans le compte rendu du Congrès spirite de Namur en 1912 (p.30), annonce les raisons de la périclitation des groupes spirites : "L'autoritarisme ou l'ignorance du chef de groupe, l'orgueil et la rivalité des médiums, l'influence de l'antoinisme, l'irrégularité des profanes à nos séances, profanes insuffisamment préparés, l'éloignement ou la mauvaise situation du local des réunions, et surtout le manque d'organisation (défaut de règlement, de comité, de bibliothèque, etc."
    C'est au cours du Congrès de 1913 à Namur que le Président M. Fraikin dénonce les causes de l'affaiblissement du spiritisme qui sont en premier lieu "l'antoinisme qui, pour des raisons
peu avouables, refusa toujours de marcher avec nous".
    Pourtant une communication de M. Debie cite en exemple l'antoinisme et l'Institut des Forces Psychosiques et pose la question :
    "Que faut-il pour rallier les nombreux malades qui passent par les mains de nos guérisseurs.
    "Un bel exemple nous est donné par les Antoinistes d'une part et par l'Institut psychosique de Douai, d'autre part ; nous serait-il si difficile de suivre ces exemples ?"
   

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Mme A. de Poncey, spirite médium, guérisseuse... et journaliste

Publié le par antoiniste

     On n’en sait peu sur Mme A. de Poncey quant à son attachement avec l’Antoinisme. Dans le Fraterniste, elle demande à faire inclure dans les colonnes quelques moments importants de la création du culte, comme les Derniers Echos des Fêtes AntoinistesL'Inauguration du Temple Antoiniste de Paris ou encore celle du temple de Monaco.
    C’est à cette occasion qu’on apprend qu’elle habite Paris. Elle changera plusieurs fois d’adresse.

    C’est dans la presse qu’on en retrouve des traces, notamment par une petite annonce parue dans plusieurs journaux : Le Petit Parisien, Gil Blas ou Le Matin en 1905 et 1906) :

Mme A. de Poncey, spirite médium... et journalisteMme A. de Poncey, spirite médium... et journaliste

Le Matin, 16 novembre 1905                 Le Matin, 22 octobre 1906

    Elle figure encore parmi les médiums recommandés de la Revue Spirite (janvier 1907) : 191, rue du Faubourg-Saint-Honoré. – Médium voyant et Psychomètre. – Somnambulisme, de 2 à 6 heures, sauf le dimanche.

    C’est dans la revue spirite L’Écho du Merveilleux qu’on apprend qu’elle était également guérisseuse et comment elle procédait.
    On fait sa connaissance dans le numéro du 1er juillet 1905 (p.253) :

Madame de Poncey
MÉDIUM VOYANTE

    J'ai rencontré tout dernièrement une personne dont la lucidité a acquis un certain renom : Mme de Poncey.
    Elle habite au 113 de la rue du Temple et s'est associée avec Mme Renault, masseuse diplômée de l'école dé magnétisme d'Urville, afin d'être utile, le plus possible, à l'humanité souffrante.
    Les services que Mme de Poncey peut rendre aux malades sont multiples : elle ressent leurs malaises et dépeint leurs maladies ; à l'état de transe, et en donnant la main à la personne qui souffre, elle prend, momentanément, son mal et permet au malade un repos réparateur. Sur ses indications, son amie, Mme Renault, dont le fluide est puissant et bienfaisant, massé ou magnétise le malade. Elles peuvent, ainsi, s'aidant l'une par l'autre, obtenir une sérieuse amélioration et, en persévérant, la guérison.
    Mmes de Poncey et Renault ont soigné des tuberculeux, des épileptiques, etc., avec succès, m'assurent-elles.
    Je n'ai pas de peine à le croire ; j'ai été déjà témoin de ces phénomènes, et sais, par expérience, que le magnétisme peut améliorer, de façon sensible, l'état d'un malade.

    Mme de Poncey a les traits fatigués de la personne qui s'abandonne souvent aux expériences psychiques.
    Il n'est pas de jour où elle ne s'endorme, où on ne l'endorme, pour tenter quelques expériences.
    Elle me fait des récits qui tiennent du merveilleux ; elle me cite des noms, me prie, avec insistance, de prendre des renseignements, et, sûre d'elle, me demande de bien vouloir lui permettre de me donner des preuves de ce qu'elle avance.
    Intéressée, j'accepte la proposition.
    … Mais quelle force se met entre nous, pour empêcher toute expérience ? A peine endormie, Mme de Poncey se sent accablée ; elle ne peut arriver à se dégager, à se mettre dans l'état de transe, qui permet à son esprit de lire dans l'astral.
    Ce contre-temps me prouve la sincérité du médium, et s'il me contrarie un peu, il ne me décourage pas.
    Les médiums sincères sont ainsi faits : ils ont leurs heures et leur clairvoyance est sujette à ces intermittences.
    Après de vains efforts, je préfère, momentanément, abandonner l'expérience et je demande que l'on réveille le sujet, afin de pouvoir m'entretenir avec elle sur les causes qu'elle attribue à ces différents phénomènes.
    Mme de Poncey se réveille lentement, et reste accablée, étourdie.
    Elle se remet peu à peu, et je peux l'interroger :
    – A quoi attribuez-vous le malaise qui a nui à votre lucidité ?
    – A une force occulte qui se met entre nous. Cela arrive quelquefois. Elle émane, parfois, de la volonté des vivants ; d'autrefois, et le plus souvent, de la volonté des morts. Tenez, un exemple : j'ai reçu, il y a peu de temps, la visite d'une jeune femme qui venait me consulter au sujet de la fatalité qui s'attachait à elle, au sujet d'un mariage qu'elle voulait contracter. Les deux parties étaient consentantes et, malgré cette chose principale, la date fixée se reculait au fur et à mesure que les jours passaient. Toujours, un accident survenait pour mettre un nouveau terme de séparation entre les deux conjoints. Désolée, Mme X... venait demander à ma lucidité de lui révéler quelque chose à ce sujet.
    « A peine endormie, je fus sous le coup d'une impression pénible. Quelque chose s'acharnait après moi, me mettant dans le trouble.
    « Comme ma consultante, ignorante de ces sortes de phénomènes, avait déjà sur les lèvres un sourire sceptique, je résolus – et Mme Renault avec moi – de prolonger la séance et, coûte que coûte, d'arriver à vaincre la force mauvaise.
    « Après bien des tentatives vaines, je parvins à apercevoir une forme qui se dressait entre moi et la consultante. D'abord imprécise, elle se modela peu à peu et devint assez visible pour que je puisse en faire la description à Mme X... Bientôt, avec un étonnement mêlé d'effroi, ma cliente reconnaissait la première femme de l'homme qu'elle voulait épouser, – elle avait oublié de me dire qu'il s'agissait d'un veuf.
    « Maintenant, j'apercevais distinctement l'esprit. Il avait toutes les apparences d'un vivant, et brandissait, vers la consultante, un poing menaçant, qui avait presque apparence d'une griffe. »
    J'interrogeai :
    – Vous croyez donc, comme beaucoup d'occultistes, que les morts peuvent avoir une influence sur la vie des vivants, et que beaucoup d'événements sont leur œuvre ?
    – Je le crois, et, grâce au don de lucidité que je possède, je puis l'affirmer, car je les vois, et les démasque la plupart du temps.
    – Alors, vous croyez que c'est une volonté étrangère qui vous a séparée de moi, tout à l'heure ?
    – Oui, et si vous vouliez que nous recommencions l'expérience, je parviendrai, sans doute, à vous dire qui elle est.
    Mme de Poncey s'étant un peu remise pendant notre conversation, je me décidai à tenter, à nouveau, l'expérience.
    Et, cette fois, non sans difficultés, Mme de Poncey me fit un portrait que je reconnus. Mais... c'était celui d'une personne vivante !
    Dois-je imputer à elle, à sa volonté jalouse, tous les déboires de mon existence ?
    Etrange ! Etrange ! Etrange !!!
    Comme il se faisait tard, je ne voulus pas prolonger l'expérience et je remis à un autre jour les preuves de clairvoyance que le sujet tenait à me donner.
    Mme de Poncey se prête encore, volontiers, à l’extériorisation de la sensibilité. A distance, elle ressent les piqûres d’épingles et peut faire sentir la présence de son double à une personne sensitive.
    Actuellement, elle tente des expériences de ce genre avec une châtelaine éloignée, à laquelle elle veut apparaître à distance.
    Elle espère ainsi obtenir, à bref délai, des phénomènes de matérialisation.
    Je crois que Mme de Poncey est appelée à devenir un sujet très remarquable, et j'ai pris congé d'elle en l'assurant que, prochainement, je reviendrais tenter avec elle d'autres expériences.
    Malgré tout, les phénomènes de ce soir ont été intéressants puisqu'ils tentent à prouver que le malheur a un visage, la fatalité un nom.
    Que doit-on croire ?
                                                                Mlle Louis MAURECY.

    Dans le numéro du 15 octobre 1909 (p.394-95), on lit :

LES VOYANTES

    Nous recevons de notre collaborateur P. Borderieux l'intéressante communication suivante que nous publions tout en lui en laissant l'entière responsabilité.

    Ce qui particularise les voyantes du genre de Mme de Poncey c'est l'absence absolue de moyens artificiels, employés pour se mettre en rapport avec l'être, ou le lieu, désigné comme champ d'étude. Point de magnétiseur auprès d'elle, aucun apparat mystérieux, sauf l'ample péplum blanc qu'elle affectionne, point enfin de ces crises pénibles, qui secouent la sybille et font songer aux antiques possédés de Saint-Médard.
    Sa vision est objective, mais à l'état de veille, sans trance. Elle voit, comme voyaient les jeunes pâtres des Cévennes, ou les austères jacobites écossais : spontanément.
    J'ai eu plusieurs fois, personnellement, l'occasion de vérifier l'exactitude d'une vision, ou d'une prédiction, faite par Mme de Poncey ; mais ces faits n'étant intéressants que pour moi seul, j'en dispenserai les lecteurs de l'Echo, préférant me faire le sténographe et le copiste fidèle de deux des personnes qui purent, mieux que moi, profiter des conseils et des pratiques de cette voyante, doublée d'une guérisseuse.
    Mme de Poncey s'occupe de spiritisme et est un excellent médium, mais ce point ne doit pas nous intéresser ; c'est une faculté jointe aux autres, et rien de plus.
    J'ai dit que sa voyance était naturelle, spontanée, sans aucune préparation. C'est, en quelque sorte, un état jaculatoire, soudain, qui projette tout à coup (dit-elle) son esprit hors de son corps, pour aller trouver l'esprit ou le lieu désigné.
    Une théorie occulte prétend que l'une des plus grandes forces du Verbe, c'est-à-dire de la parole proférée, est d'évoquer l'esprit d'une personne au simple prononcé de son nom. Ainsi, si je nomme à haute voix M. Edmond Rostand par exemple, à son insu l'esprit du poète, ou tout au moins une partie de ce moi nuageux, nommé l'inconscient par nos psychologues, se trouve à mes côtés.
    C'est certainement ce qui arrive à la voyante dont je parle.
    Croyant aller à la montagne, elle fait venir la montagne à elle et, vu ses facultés de voyance, elle peut se rendre un compte exact de l'état moral, sanitaire ou intellectuel de la personne visée et du milieu qui l'entoure.
    Pour les guérisons obtenues à distance, elles relèvent d'un ordre de lois similaires, mais que cette simple exposition nous interdit de développer ici.
    En sa qualité de sensitive, Mme de Poncey a chez elle, très marquée, la science de la sympathie et de l'antipathie. A priori, elle juge son interlocuteur et son accueil est selon les cas plus ou moins chaleureux. Il faut croire que mes fluides ne lui furent pas trop désagréables, puisque c'est dans son salon, au 191 du faubourg Saint-Honoré, que j'entendis de la bouche d'un témoin le récit qui va suivre.
    J'ajoute, avant cette relation sans commentaires, que cette voyante a surtout la sensation exacte de la sympathie qu'ont les gens pour elle par l'attitude qu'ont à son égard les animaux domestiques appartenant aux personnes chez qui elle se rend. Si, près d'elle, le chien de la maîtresse de maison grogne, si le chat se hérisse et jure à son arrivée, elle ne doit (du moins, l'affirme-t-elle) rien attendre de bon des maîtres du logis. Cette remarque incidente méritait d'être citée Mais revenons aux faits.
    Le premier nous est conté par M. M..., ami de Mme de Poncey.
    « Un après-midi de juin dernier, nous dit M. M..., distingué officier de marine, nous nous trouvions, Mme de Poncey et moi, parlant d'une de mes amies, Mme N. ., partie depuis deux ans, au Chili, et dont je n'avais pas reçu de nouvelles.
    – Oh ! la voici, dit tout à coup mon hôtesse en souriant...
    – Je la vois, continue-t-elle, dans une maison basse, au sein d'une forêt profonde. Dans une des salles que décrivit exactement la voyante, était Mme N... couchée sur lit de repos et profondément endormie. Je calculais mentalement la différence horaire entre Paris et Valparaiso et reconnus que Mme N... se reposait à l'heure de la sieste.
    Mme de Poncey me dit se dédoubler et, après m'avoir fait une description détaillée du pays environnant, elle s'écria : – Mon Dieu, cette femme est en danger, je vois sur elle... (Ici, hélas, l'annonce d'un danger d'ordre domestique qu'on me permettra d'omettre). Surtout, recommande Mme de Poncey, surtout ne marchez pas nu-pieds (sic).
    Un mois plus tard, je reçus une lettre de ma lointaine amie. Elle me confirmait l'exactitude de la vision précitée. La chaleur n'étant pas trop forte dans la forêt, il est très rare que Mme N... fasse la sieste. Une irruption soudaine de serpents venimeux rendit efficace le conseil de ne marcher que chaussé. Pour l'autre prédiction, elle se réalisa malheureusement. J'ajouterai que Mme N... eut, croit-elle, ce jour-là, un rêve dans lequel elle conversait avec un être qui lui donnait les meilleurs conseils. »
    Mme de Poncey m'ayant confié une lettre, je la reproduis ici, en lui conservant sa tournure naïve et franche :
                                                                         Lundi, 4 octobre 1908.
        « Madame de Poncey,
    « Au mois de juin dernier, mon enfant âgé de deux mois était très malade d'une inflammation d'intestins.
    « Je ne savais que faire ; quoique ne croyant pas, je l'avoue, à votre pouvoir de guérir (surtout de loin), je me suis décidée à vous demander secours pour mon petit garçon, mais presque en désespoir de cause, comme une mère qui cherche tout pour sauver son petit enfant.
    « Vous m'assuriez par lettre que le mercredi soir, entre neuf et dix heures, vous tenteriez de venir soigner mon entant, par dédoublement, et me conseilliez d'observer si, près de lui, un meuble ne craquerait pas, révélant votre présence occulte. Malheureusement, je n'ai reçu votre mot que le jeudi, voire lettre s'étant égarée.
    « Quoique ignorante de tout ce qui est de vos pouvoirs, j'ai, en effet, le mercredi, entendu craquer un meuble (ce qui ne se produit jamais chez nous) ; le vendredi, mon cher petit allait mieux elle voilà maintenant, grâce à Dieu et à vous, en parfaite santé. Ce qui m'avait donné tout de même confiance en vous, c'est que vous avez été la première à me prévenir de ma grossesse et à m'annoncer que ce serait un garçon, ce qui fut parfaitement exact.
    « En vous envoyant l'expression de ma vive reconnaissance, je souhaite que votre don soit connu par toutes les jeunes mères qui, comme moi, ont la crainte de perdre leur chérubin. Mon mari se joint à moi pour……. etc.                                          « Mlle LOUISE B.... »

     Voilà des faits. Ce n'est pas à moi de conclure. Certains diront que le procès des rebouteux est depuis longtemps clos. Pour ceux que Rabelais nommait sorbonistes, sorbonicoles : peut-être ; les honnêtes guérisseurs trouveront encore des témoins à décharge et de chauds défenseurs.

                                                             P. BORDERIEUX

    La même revue l’interroge, avec d'autres voyantes, sur la disparition de La Joconde du Musée du Louvre en 1911.

Mme A. de Poncey, spirite médium... et journaliste

Mme de Poncey, in Louis Malteste - Voyants et Médiums (Le Monde illustré, 21 mars 1908)

   Dans cette même revue, on peut lire des témoignages de guérison (1er mars 1908, p.98 ; 1er mars 1909, p.98), et dans le numéro du 1er novembre 1905, une description de son salon de la rue Laborde :
    Mme de Poncey habite, maintenant, au 42 de la rue Laborde. C'est là que je la retrouve, étrange, dans un cabinet non moins étrange. Celui-ci a la forme d'un cercle. Ses murs disparaissent sous de blanches draperies. En face de moi, se trouve une glace, et devant cette glace, une sorte d'autel, sur lequel sont disposés un chandelier d'argent, où trois bougies sont allumées de chaque côté, et deux brûle-parfums d'où se dégagent des vapeurs de santal.
    La table, devant laquelle Mme de Poncey est assise, a la forme d'un croissant. Elle occupe le milieu de la pièce, et elle est revêtue de signes cabalistiques lunaires.
    La voyante elle-même est habillée de blanc et un croissant d'argent brille dans sa chevelure.
    Mme de Poncey m'explique que son costume et son cabinet ont été constitués avec un soin méticuleux, pour attirer les vibrations lunaires qui sont, par excellence, celles propices aux voyantes.
    Est-ce cette influence qui donne à Mme de Poncey la précision de vision dont je suis le témoin, en cette seconde visite ? Est-ce la direction du professeur des Sciences Hermétiques qu'elle s'est adjoint et qui préside à nos expériences ? Je l'ignore mais, cette fois, je n'éprouve aucune déconvenue ! […]
    – Et ce cabinet ? interrogeai-je.
    – Vous savez sans doute, me répondit M. le Professeur des Sciences Hermétiques, que les vibrations lunaires, mercuriennes et venusiennes sont celles qui correspondent le mieux aux influences de la voyance. En réunissant autour d'un sujet tout ce qui porte la signature lunaire, c'est-à-dire pour la couleur : le blanc ; pour le métal : l'argent ; pour la forme : le croissant, on double autour de lui l'influence favorable à sa lucidité.

    Le même numéro reproduit encore un portrait de Mme de Poncey. On peut voir un dessin de son cabinet du Faubourg-Saint-Honoré dans un article de la revue Le Monde illustré du 21 mars 1908.

Mme A. de Poncey, spirite médium... et journaliste

    Elle contribua également à l’Unitif, puisqu’on peut en lire un extrait dans Pierre Debouxhtay.
    « Signalons encore la vision dont fut favorisé un disciple pendant son sommeil (9), et l'apparition d'Antoine, le lendemain de sa mort : « Dans son travail sur le premier Interprète du Père, notre sœur a signalé que lors de la désincarnation de notre Sauveur des personnes l'avaient vu se confondre avec Mère. Nous joignons notre témoignage au leur. Le lendemain des obsèques solennelles nous assistions à l'opération, le lundi, nous étions aux galeries bien en face de Mère et au moment du profond recueillement nous avons vu (je dis nous parce que nous étions trois adeptes ensemble dans le même cas) nous avons vu le Père se fondre avec Mère et ne faire plus qu'un, nous avons gardé le silence sur cette vision attendant que des personnes autres que des adeptes en parlent pour qu'on ne croit pas que c'était le résultat de notre désir, une illusion, qui nous donnait le bonheur de contempler notre Sauveur, présent parmi nous partout et toujours. – Poncey, 23, boulevard de Picpus, Paris. » (L'UNITIF, II, 9, p. 3).

    Par un heureux hasard, j'ai fait l'acquisition d'une carte postale postée par la médium-guérisseuse Mme A. de Poncey qu'elle a envoyé du temple de Jemeppe en Avril 1909. Elle envoie une bonne pensée de Jemeppe à M. et Mme Bouzerot de Paris 18e.

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Louis Malteste - Voyants et Médiums (Le Monde illustré, 21 mars 1908)

Publié le par antoiniste

    Un article sur les voyants et médiums dans lequel on fait la connaissance avec Mme de Poncey, qui participa à l'Unitif et assista à plusieurs évènements du culte antoiniste.

Louis Malteste - Voyants et Médiums #1 (Le Monde illustré, 21 mars 1908)

Louis Malteste - Voyants et Médiums #2 (Le Monde illustré, 21 mars 1908)Louis Malteste - Voyants et Médiums #3 (Le Monde illustré, 21 mars 1908)

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L'exercice du Culte - Gochenée (Le Peuple, 14 mai 1936)(Belgicapress)

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L'exercice du Culte - Gochenée (Le Peuple, 14 mai 1936)(Belgicapress)

L'exercice du Culte

    Le village de Gochenée est un symbole.
    Il compte 350 habitants à peine et pourtant, pour les fidèles de l'endroit, il y a une église avec son curé, un temple protestant avec son pasteur, un groupe de spirites, une secte antoiniste. Il y a même, car il en faut pour tous les goûts, un groupe de libres penseurs.
    Malgré toutes ces sollicitations, l'arrondissement, quelles que soient les entraves, s'éveille aux voix qui lui parlent de salut et de victoire.
                                             J. LHOST.

Le Peuple, 14 mai 1936 (source : Belgicapress)

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Conférence sur Maître Antoine le Guérisseur (Gazette de Charleroi, 5 et 9 septembre 1906)(Belgicapress)

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Conférence sur Maître Antoine le Guérisseur (Gazette de Charleroi, 5 et 9 septembre 1906)(Belgicapress)

    La Gazette de Charleroi, annonce les 5 et 9 septembre 1906 à Liège la prochaine conférence "spirite" que le sujet "Qu'est-ce que le spiritisme et Maître Antoine le Guérisseur", organisée par les frère Hollange et Delcroix.

(source : Belgicapress)

Liège - Rue de la Station - Hôtel de l'Espérance (1905)

Liège - Rue de la Station - Hôtel de l'Espérance (1905)

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Conférence sur Maître Antoine le Guérisseur (Gazette de Charleroi, 5 et 9 septembre 1906)(Belgicapress)

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Conférence sur Maître Antoine le Guérisseur (Gazette de Charleroi, 5 et 9 septembre 1906)(Belgicapress)

    La Gazette de Charleroi, annonce les 5 et 9 septembre 1906 à Liège la prochaine conférence "spirite" que le sujet "Qu'est-ce que le spiritisme et Maître Antoine le Guérisseur", organisée par les frère Hollange et Delcroix.

(source : Belgicapress)

Liège - Rue de la Station - Hôtel de l'Espérance (1905)

Liège - Rue de la Station - Hôtel de l'Espérance (1905)

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Union Spirite de Seraing

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Union Spirite de Seraing (Jemeppe - Quai de la Saulx)

    L'Union spirite de Seraing, fondée en 1878, elle fête ses 30 ans d'existence en avril 1908 (annoncé par la Revue Spirite de mai 1908). Deux autres associations existent déjà en 1874. L'Union Spirite Belge est, elle, fondée en 1882.
    Léon Denis, qui devient rédacteur du journal Le Flambeau, visite la société en 1892.
    En 1895, voici son statut :
        Secretaire: M. G.[ustave] Gony, 1. Quai de la Souly à Jemeppe s. M.  [il faut lire Quai de la Saulx]
        Réunion, le premier dimanche du mois à Seraing, 1, rue Vecquée (300 membres).
    La Maison de la Fraternité, de L'Union Spirite Belge, existe toujours à Seraing (Rue de l'Industrie, 37/ 6)

    À Seraing, cette portion de la rue porte maintenant le nom de Rue Julien Lahaut (président du parti communiste belge et député ouvrier de Liège, né à Seraing le 6 septembre  1884 et assassiné le 18 août 1950 à son domicile, rue de la Vecquée n°65 à Seraing). Le numéro 1 était alors tout proche du temple antoiniste de Seraing, construit en 1915.

    Gustave Gony a été un ami de Louis Antoine. L'Union Spirite de Seraing procéda à l'enterrement en avril 1893 du fils des Antoine. Un article du Messager décrit à quoi ressemblait le drapeau de la société.

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Lectures recommandées (Le Fraterniste, 1er février 1924)

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Lectures recommandées (Le Fraterniste, 1er février 1924)

On retrouve Allan Kardec, mais aussi Léon Denis.

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Congrès Spirite International à Liège, du 26 au 29 août 1923

Publié le par antoiniste

Congrès Spirite International à Liège, du 26 au 29 août 1923

Le Fraterniste, 1er août 1923

&

Le Fraterniste, 1er octobre 1923

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Catherine Gris - Les ombres chuchotent (1962)

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Catherine Gris - Les ombres chuchotent (1962)

Auteur : Catherine Gris
Titre : Les ombres chuchotent
Éditions : Le Courrier du livre, Paris, 1962 (217 pages)
In-8 Broché. Avec quelques illustrations en noir et blanc hors texte.

Extrait de la Préface de Claude Barbat :
    Mais plus qu'une évocation envoûtante des réalités de la vraie vie et de la vraie mort, Catherine Gris élève pour nous une lumière sur ces réalités. Ce témoignage sur la mort est paradoxalement à la genèse d'un véritable art de connaître, ou plutôt, de reconnaître, les ressources de la vie.
    L'active confidente des « Cœurs Malheureux » se plaît aussi à dire « que ce sont justement les morts qui lui ont rendu intelligibles les vivants ». On le croira d'autant plus volontiers lorsqu'on saura que, comme une musique beethovénienne, ces pages ont conquis leur humour, leur sérénité et leur joie sur des pleurs et le sang de l'âme, sur des fatigues et des épreuves à la limite des forces d'un être exceptionnellement doué de résistance morale.

Introduction :
    Le « moi » est haïssable. Que l'on veuille bien me pardonner de transgresser la bienséance littéraire qui veut qu'un auteur use du « nous » moins présomptueusement subjectif.
    Mon vœu sera comblé si le lecteur, acceptant cette connivence, veut bien me suivre dans ce « reportage » autour des vivants et des morts, tout comme il accorde préalablement créance à qui rapporte des impressions de voyage en des lieux ignorés ou mal connus.
    De nombreuses personnalités disparues, ou bien heureusement en vie, sont évoquées dans ces pages, non point à titre figuratif, mais parce que chacune d'elles s'est trouvée une seconde ou à jamais dans un monde de sensations surprenantes et inexplicables.
    Le témoignage offert aujourd'hui, après 17 ans de maturation, n'est pas la narration romancée d'événements personnels. Mon dessein est autre : prêter ma voix aux Ombres en d'authentiques conciliabules, faire entendre celles des vivants, sortis du doute et de la peur, avant d'aborder à la rive, entrevue par Rilke de « ce peu profond ruisseau décrié, la Mort ».
 
    Catherine Gris est également l'auteure de Les Secrets dévoilés de la géomancie : Une science vieille comme la terre... (1960) et de quelques épisode de Jouons le jeu sur la chaîne parisienne de la RTF.
    Ici, l'auteure évoque une sœur antoiniste – Mme P. – notamment dans le chapitre II :

        « Et s'il ne trouvait pas tout de suite c'est qu'il devait y avoir
        des raisons – des raisons auxquelles les vivants ne
        comprennent rien, mais qui sont les raisons des morts. »
                                                (MONIQUE SAINT-HÉLIER : Le Cavalier de Paille).
    M'ouvrant sa porte, Mme P. m’accueillit en ces termes :
    – Vous nous avez fait une belle peur. Sans Roland vous passiez un mauvais quart d'heure. Votre horoscope est prêt. Parcourez-le en m'attendant, j'ai quelqu'un.
    Pour me remettre de ce préambule, je sortis une cigarette de mon sac. René, tout jubilant, m'avait fait cadeau d'un paquet venu à lui par des voies hasardeuses. Des Camel. Leur parfum s'étendit dans la petite pièce. Quand Mme P. m'y rejoignit, elle me dit dans un sourire :
    – Du rêve à la réalité. Je croyais que vous pouviez vous contenter de l'odeur, je vois que cela ne suffit pas.
    Cette réflexion m'ahurit autant que la précédente.
    Sans que je l'interroge, elle me raconta la scène du balcon, l'intrusion de ma petite ombre fidèle et attentive, du plaisir qu'il avait eu à fumer près de moi une cigarette américaine et de m'en laisser le sillage odorant.
    A personne, je le jure, je n'en avais fait part.
    J'eus en elle, de ce jour, une confiance aveugle, et si souvent encore, ma raison vigilante, mon rigoureux sens de la logique combattit ses présages, je doutais moins des évidences qui marquèrent dorénavant les jalons de ma montée vers l'Inconnaissable. Mais j'anticipe.
    Ce jour-là, nous discutâmes de mon horoscope. Il était à la fois exact, dans des faits contrôlables, obscur dans ses hypothèses. Au demeurant, très agréable à connaître pour qui serait imbu de soi. Elle m'y décrivait comme un être doté d'une personnalité magnétique, de qualités artistiques, sensible, passionné, charitable, rancunière et coquette. J'acquiesçai. Elle en vint à des remarques plus précises, à d'autres qui l'étaient moins, pour arriver enfin à une découverte surprenante : j'étais un métagnome en puissance. Traduction : un médium qui s'ignorait. Barbara allait triompher.
    Les questions se pressaient sur mes lèvres, en même temps que s'éveillait une humilité non feinte envers cette femme, qui dans son langage simple, son très particulier humour et la pureté de sa Foi, me sortait d'une gangue de croyances plus superstitieuses que spiritualistes. Pieuse, mais non dévote, elle amenait beaucoup de ses pratiques au culte du Père Antoine. Par elle, je suis devenue épisodiquement antoiniste, puis, de cœur, chrétienne.
    Je n'osais formuler une demande qui m'étouffait. Je n'eus point à le faire.
    – Donnez-moi sa photo. Je ne crains plus rien. Vous l'avez dégagé sept jours après son accident, il vous en est reconnaissant.
    Je restais coite. Pour la deuxième fois j'entendais ce mot. Une astrologue, saisissante, je l'avoue, par la justesse de ses attendus, mais affreusement antipathique, m'avait annoncé mon opération, et bien d'autres choses qui n'ont pas à être dévoilées ici. Quand j'étais allée la voir, sur la recommandation d'une vague camarade de théâtre, elle m'avait fraîchement reçue, tout occupée qu'elle était à « dégager » sa mère décédée d'une grippe infectieuse. Une seconde visite s'était soldée par du mépris pour ces sciences dites conjecturales. Compulsant des fiches où la mienne n'avait pas pris place, elle énonça au passage des noms que j'aurais préféré ignorer, me prédit les pires calamités, par pure vindicte, persuadée que je lui avais, la première fois, donné un faux nom. J'avais été assez bête pour lui livrer mon identité. J'ajoute que je n'eus jamais l'occasion de m'en repentir.
    « Dégager » un défunt c'est lui faciliter le passage dans l'Au-delà, dans cette sphère mal connue des vivants, ce tunnel, où il séjournera un temps plus ou moins long, qui s'éclaire selon son degré d'évolution, ou s'assombrit s'il y arrive sans préparation. C'est en somme l'éveiller à une seconde naissance, le réveiller.
    Écoutons Rilke :
    « Sans doute est-il étrange de n'habiter plus la terre de
    n’exercer plus des usages à peine appris,
    aux roses et à tant d'autres choses, précisément prometteuses,
    de n'accorder plus le sens de l'humain avenir ; Si bien qu'alors, dans l'espace effrayé,
    que jeune et presque dieu, il quittait pour toujours
    le vide, ébranlé, connut soudain la vibration
    qui nous devient extase, réconfort, secours. »


    Par mes questions, mes reproches, mes retombées dans notre passé si proche, mes angoisses de le perdre, et mes espérances de le voir m'apparaître, j'avais « dégagé » Roland. Il avait tenté de se montrer, en rêve, à sa pauvre maman, et n'avait réussi qu'à l'épouvanter, sautant, dansant dans la chambre pour lui prouver qu'il était là, invisible mais présent, perceptible aux yeux de l'amour maternel. Elle m'avait confié sa terreur, persuadée que la démence l'emportait vers le néant où son fils avait fui.
    Je ne lui disais rien de mes recherches. Je les savais dangereuses pour qui ne reste pas lucide. Je guettais le moment opportun pour lui en glisser un mot. Il est venu tardivement, et si fugitivement que je n'ai jamais osé insister.
    Pour moi, je ne rêvais pas. Le sommeil m'a obstinément quittée durant sept mois. J'ai gardé, jour et nuit, les yeux largement ouverts, somnambule consciente, posant à tous les médecins, thérapeutes, masseurs, hypnotiseurs un problème qui se résolut tout seul quand je tins pour certaine la survie.
    J'avais cet air de statue en marche, apanage d'une héroïne d'un roman de Monique Saint-Hélier qui plaisait tant à Roland. Sa préférence allait au caractère de Carole, belle jeune fille, pleine des plus nobles vertus, mais il avait un faible pour la troublante Catherine, et me donna son prénom. Associé au nom de Gri (amputé de sa moitié) qui figure dans chacune de ses lettres, il est devenu totalement mien.
                                *
    Fermant les yeux, Mme P. s'imprégna des fluides de l'image. D'une voix toute changée, elle murmura :
    – C'est papa qui en fera une tête quand il me retrouvera. Pauvre papa. Laisse-moi tout de même en paix, Catherine. Ne m'appelle pas. Je suis toujours à tes côtés, et près de maman aussi puisque je puis être partout à la fois. Tu en auras bientôt la preuve formelle, mais il faut que j'apprenne, moi aussi, à me manifester. Nous sommes comme deux écoliers. Nos classes ne sont séparées que par une mince cloison. Sois patiente. Je t'ai promis de veiller sur toi. Vivant, je ne le pouvais. Esprit, j'aurai tous les pouvoirs. Poursuis tes promenades au Bois, je marche à tes côtés. Je ne m'arrête qu'à la porte du cimetière. C'est un endroit horrible. Bientôt, je t'enverrai un oiseau. Ne lui donne pas mon nom.
    C'était difficile, car je le nommai, lui, Zoizeau.
    Dans la rue du retour, je gambadais comme une petite folle, soutenue par un bras ferme dont je sentais l'étreinte sans pouvoir fixer son dessin.
    Nous étions convenus, quelques semaines plus tôt, de nous rendre ensemble à une représentation d'Antigone. on jouait à bureaux fermés.
    Je retins deux orchestres au Théâtre de l’Atelier tout fourmillant pour moi de souvenirs, n'en occupai, bien entendu, qu'un seul.
    Les spectateurs, faute de place, étaient assis par terre. Une dame s'étonna de cette vacance, parlementa avec moi qui, du geste, lui faisait signe de s'abstenir, puis, autorisée par une ouvreuse, s'assit enfin, se redressa avec un léger cri, comme mordue par un aspic. Durant les trois actes, malgré la gêne éprouvée par l'inconfort de la position, nul ne se risqua à occuper ce fauteuil. Mes doigts, sur une main invisible, se resserraient aux passages qui nous avaient, isolément, bouleversés, et je sanglotais sans retenue lorsque j'entendis Monelle Valentin dire à Le Gall (Hémon) : « On est tout seul, Hémon, le monde est nu. » Brusquement je redécouvrais qu'en vérité je l'étais, perdue moi aussi, affreusement, dans une salle de spectacle, fantôme de vivante, escortée par un fantôme de mort.
    Mes amis, j'en avais beaucoup à l'époque, remarquaient à peine la modification de mon caractère et de toute ma personne. Si l'on veut bien se reporter à l'époque, on comprendra que chacun déchiré par ses propres deuils, dévoré d'espoir, pris dans la tornade des tourments sinon des soucis de révision civique, avait d'autres chats à fouetter. Ce que la guerre avait préservé fut détruit par la libération. D'éclatantes ruptures clôturaient des dîners bon-enfant, des réconciliations spectaculaires auguraient d'accords nouveaux. J'excepte mon ami René-M. Lefebvre, tellement au-dessus de la mêlée qu'il décourageait les moins ostracistes.
    Dignimont, que je fréquentais assidûment, me conta un jour sa visite à une voyante. Elle lui avait lu dans les mains. Nous courions tous ces antres plus ou moins cotés, plus ou moins clandestins, échangeant des adresses, d'où nous revenions ravis ou furards. Lucette, sa femme, présente à notre entretien, venait de s'entendre dire qu'elle pourrait bien être la victime d'une vilaine jalouse. J'examinai sa paume, et, forte de mes récentes études, sérieusement conduites, lui annonçai une blessure par arme à feu, ajoutant qu'elle ne toucherait pas son visage. Je doute qu'elle eût préféré être (hypothétiquement) défigurée par une rivale inconnue, ce qui eut eu plus de panache, du moins prit-elle légèrement mon avertissement.
    Vingt-quatre heures plus tard, alors que se déroulaient autour de Notre-Dame des combats de rues, elle reçut, par ricochet, une balle qui lui traversa la main, lui coupant un doigt. Elle était, je le précise, dans l'atelier de son mari, au troisième étage, et non à la fenêtre. Ma réputation s'établit sur ce fait, car on en parla beaucoup, et désormais l'on m'accorda un peu plus de considération.
    A intervalles réguliers, j'allais reprendre courage et crédibilité chez Mme P... Entre temps, les deux s'effondraient. Roland m'était apparu pour me signifier que je n'avais plus droit qu'à un quart d'heure de conversation quotidienne, amplement suffisant pour guider mes premiers pas vers une application de mes facultés. J'étais atterrée.
    L'oiseau promis brillait par son absence.
    Les battements de mon cœur scandaient mon ascension vers le logis. La courte attente à la porte me paraissait interminable. Introduite, je caressais distraitement les fourrures amoncelées, repoussées pour faire place à un étrange appareil : un oui-ja, sorte de plaquette de bois pourvue de roulettes, qu'elle dirigeait vers les lettres d'un alphabet. En bas du carton, un Oui et un Non. Véloce, sa main courait sur le clavier, formant des mots qu'elle énonçait, volubile interprète de visiteurs invisibles, impatients de se faire connaître. Mon sang se glaçait dans mes veines. Je sentais comme une bousculade où manquaient les vociférations pour la rendre effective. Ces phrases qui s'enfilaient les unes au bout des autres, sans ordre, ne me convainquaient guère de la véracité des messages. On n'y parlait pas de moi.
    Je fus ramenée à plus d'humilité.
    – Priez, me dit Mme P. Les esprits se plaignent de votre tiédeur. C'est le tout-venant qui se manifeste, et nous allons être envahies par les larves.
    Après plusieurs essais infructueux, j'en vins à user de cet instrument. Des picotements gagnaient le bout de mes doigts, et le oui-ja partait dans toutes les directions. Je sus qu'il n'y avait point de subterfuge. Une force incontrôlable s'emparait de moi.
    Je notai une phase ordurière, suivie d'un nom « Nénesse » et bornai là mes tentatives.
    – Vous êtes pourtant un médium écrivain, m'assura Mme P. Nous recommencerons l'expérience avec d'autres moyens. Ne soyez pas trop pressée.
    Je partis cependant sur une meilleure impression. Elle m'annonçait le programme de la semaine. Il se vérifia exact en tous points. Exact et terrible, car en permanent contact avec les défunts, je n'éprouvais plus qu'indifférence pour ceux qui profitaient largement de la vie. Le pauvre Raoul était de ceux-là. Il fallait que je fusse devenue bien cruelle pour lui en faire grief.

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