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La religion Antoiniste (L'Impartial, 23 décembre 1913)

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La religion Antoiniste (L'Impartial, 23 décembre 1913)

    La mort du père Antoine, le fondateur de la religion « Antoiniste » survenue il y a quelques mois, avait laissé supposer que cette nouvelle secte ne tarderait pas à disparaître. Mais l'énergie qu'à mis sa femme à continuer l'œuvre de son époux semble lui avoir assurer, au contraire, de nouveaux adeptes. A Monaco, les fidèles du père Antoine viennent d'inaugurer le premier temple consacré au culte antoiniste. Notre cliché donne une vue de cette modeste construction, située dans un site pittoresque sur de hauts rochers dominant la ville.

L'Impartial, 23 décembre 1913 N°10147 (2e feuille-La Chaux de Fonds, Suisse)

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L'arrivée à Paris d'un pélerinage antoiniste (Excelsior, 26 octobre 1913)

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Excelsior 26 octobre 1913 . L'arrivée à Paris d'un pélerinage antoiniste

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Inauguration d'un temple antoiniste à Monaco (Excelsior, 16 décembre 1913)

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Illustration :

en haut : L'inauguration d'un temple antoiniste à Monaco

en bas :  L'arrivée de "Mère Antoine"

Excelsior, 16 décembre 1913

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temple antoiniste de Paris - Saint-Gervais

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Différence de points de vue - Les Truong et l'antoinisme

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Les parents ont enlevé leur fille pour la sortir d'une secte
Par Paul Ortoli portoli@corsematin.com
Publié sur Nice-Matin
Créé le 09/24/2011 - 07:09

"Un traumatisme." C'est ainsi que la famille Truong a vécu sa garde à vue au commissariat d'Ajaccio qui a abouti il y a trois semaines sur des mises en examen pour « enlèvement et séquestration ». À la fin du mois d'août, Jacques, Danièle et leur fils Joseph Truong, résidant à Salon-de-Provence, emmenaient de force leur fille Marie, âgée de 24 ans avec eux en Corse. Pour s'assurer qu'elle soit bien du voyage, elle sera un temps menottée. Un calmant lui sera même administré pendant la traversée Nice-Bastia. Et un fauteuil roulant sera utilisé pour la transporter... Le compagnon signalera la disparition dans les Bouches-du-Rhône. « Alors que nous étions en vacances en Corse, nous avons été appelés par un enquêteur d'Aubagne qui nous a demandé de nous présenter à la gendarmerie d'Ajaccio ; nous avons fini au commissariat », détaillaient hier les époux Truong.

"Le corps de Marie mais pas son cerveau"
Mais devant les policiers, la fille porte plainte contre ses parents. Et tout bascule. « Elle a été le plus souvent libre, elle était heureuse avec nous et nous lui avions juste coupé le portable », poursuivent-ils, non sans faire part de leur inquiétude. Les raisons de cet enlèvement ?
« Soustraire la jeune femme à une secte, ou à une société secrète » , explique leur avocate, Me Fabienne Boixel-Sanna.
Pourquoi la Corse ? « Des associations de lutte contre les sectes nous avaient conseillé de lui faire faire un break d'au moins un mois et demi en la coupant de cet environnement néfaste, c'est pourquoi nous avions pris une location à Cargèse où elle avait des souvenirs d'enfance, relate Danièle Truong, la voix serrée, c'était notre dernière chance. »
Avec son mari, la mère s'est livrée pendant trois années à un véritable travail d'investigation. Au point d'affirmer que leur fille Marie Truong est sous l'emprise du culte antoiniste, une secte référencée dans le rapport parlementaire portant le numéro 2 468. Celle-ci comporterait de 500 à 2 000 adeptes et un temple à Marseille. La famille Truong estime que le compagnon de leur fille, un mécanicien avec qui elle vit depuis 4 ans à Trets, près d'Aubagne, fait partie des Antoinistes, de même que ses parents. « C'est comme si c'était le corps de Marie, mais pas son cerveau, elle est devenue une autre personne et la secte profite de sa générosité pour lui prendre son argent et refuse qu'elle se soigne », résume Danièle Truong.
Du côté de l'instruction qui désormais est entre les mains de la juge ajaccienne Hélène Gerhards, rien de nouveau.
« Pour l'heure, aucun lien n'a été établi avec cette secte », affirme le procureur d'Ajaccio, Thomas Pison. Les parents avaient-ils le droit d'enlever leur fille majeure ? La question relève plus du droit que de la morale. Le père, la mère et le fils sont désormais face à leur désespoir. « Nous nous en remettons à la justice », s'étrangle Jacques Truong qui estime avoir « accompli son devoir » en allant chercher sa fille.

« Docteur de l'âme »
Avec son épouse, ils reviennent sur une escalade qui a précipité leur enfant « dans les bras des Antoinistes ». Cette famille atypique, fusionnelle, qui a fait le tour du monde, certifie que Marie est « fragile ».
« Ma fille avait rencontré ce jeune homme il y a quatre ans et était partie environ un an après avec lui dans le sud de la France, vers Auriol en quittant l'Espagne où nous vivions alors », relate Danièle Truong. Lors d'une visite chez les parents du compagnon de sa fille, elle voit pour la première fois le grand tableau d'un barbu. Le père Antoine auréolé des symboles du gourou. « Cela m'a inquiété car ces gens prônaient le bio mais refusaient aussi les soins, assurant qu'il fallait se soigner par l'énergie de la pensée : j'ai eu l'intuition qu'ils faisaient partie d'un mouvement sectaire », confie la mère, la gorge nouée, serrant une lettre de sa fille.
« Marie a ensuite été victime d'une pneumopathie aiguë car elle vivait dans des conditions précaires ; elle a refusé les antibiotiques, la mère de son compagnon lui avait donné des sachets d'herbe : il a fallu que je force ma fille en faisant venir une infirmière qui la piquait tous les jours », poursuit-elle. Les choses se compliquent, quelques mois plus tard quand la fille doit subir une opération pour des kystes mal placés. « La famille de son copain l'a conduite chez un docteur de l'âme à Hyères, puis un guérisseur, nous l'avons une nouvellefois soignée grâce à l'aide de notre médecin de famille », complète Danièle Truong qui a relevé également que des dons étaient effectués par sa fille à des particuliers. « Elle est retournée avec eux, est déprimée, manipulée et coupée de la plupart de ses amis, elle est professeur de danse, mais ne danse même plus, elle a perdu la joie de vivre : que pouvons-nous faire ? », interrogent les parents. Pas sûr que la justice seule ait une réponse

source : http://www.coordiap.com/Document/nice-matin-sequestration-2011.pdf

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Ils voulaient arracher leur fille à l'influence d'une secte
Kidnappée par ses propres parents qui la croient sous l'emprise d'un mouvement sectaire, Marie, 24 ans, a porté plainte contre eux. « J'ai une vie normale », assure-t-elle.

Publié le 22.10.2011
Le Parisien

Cela ressemble à un scénario de mauvais polar et pourtant tout est bel et bien réel. Début septembre, Marie Truong, 24 ans, est kidnappée par son propre père, Jacques, et son frère cadet, Joseph, devant chez elle dans la région d'Aubagne (Bouches-du-Rhône) alors qu'elle monte dans sa vieille Clio. Le plan de ses ravisseurs un peu spéciaux? Soustraire la jeune femme à l'influence de son petit ami et de sa belle-famille, qui appartiendraient au culte antoiniste*, un mouvement ayant, selon eux, de possibles dérives sectaires.


« Ils m'ont menottée et même mis des coups de poing dans le crâne (NDLR : aucun coup n'a été constaté par les médecins) car je résistais pour prendre des cachets », confie Marie Truong, qui s'exprime pour la première fois sur cet incroyable rapt familial. Rejointe par sa mère, Danièle, et après deux changements de véhicules, la kidnappée est entravée et droguée lors du trajet qui mène tout ce petit monde dans une chambre d'hôtel à Nice (Alpes-Maritimes). Ses parents — qui ont décidément pensé à tout — utilisent un fauteuil roulant pour la transporter. Le lendemain à l'aube, le périple continue : Marie Truong, plus ou moins vaseuse, se retrouve sur un ferry direction Bastia (Haute-Corse) avant d'échouer dans un gîte au fin fond des montagnes du sud de l'île.

Au bout de 48 heures, elle réussit à porter plainte au commissariat d'Ajaccio (Corse-du-Sud) contre ses propres parents, qui se retrouvent très vite en garde à vue. « Ils ont cru que j'étais sous leur emprise. Or ce n'était pas le cas. J'en ai profité », témoigne Marie Truong encore sous le choc. « Cela fait au moins deux ans qu'ils me font des histoires, lance-t-elle. Ils ne supportent pas le fait que je sois partie de chez eux et nous avaient déjà, mon ami et moi, menacés très clairement. » Un à un, la voix émue, elle réfute les arguments avancés par ses ravisseurs pour justifier leur acte. L'influence de sa belle famille et du culte antoiniste, l'interdiction de se soigner avec des antibiotiques alors qu'elle serait malade et d'obscurs dons en argent… « Tout n'est qu'invention, affirme-t-elle. Mon ami et moi sommes athées. Mes beaux-parents sont formidables et suivent ce culte — qui n'est pas une secte — normalement. Nous, non. Je ne me coupe pas de mes relations, je ne donne pas d'argent. Je me soigne, j'ai une vie normale, j'aimerais juste ne plus avoir peur de ce qu'ils feront… »

Les enquêteurs tentent actuellement de démêler le vrai du faux. « A ce stade, rien ne permet de dire qu'il y a une appartenance à une secte, ni de confirmer les déclarations des parents, on vérifie tout », précise Thomas Pison, procureur de la République d'Ajaccio. Selon une autre source proche de ce dossier, l'hypothèse « de parents très possessifs et fusionnels avec leur fille, et lancés dans une sorte d'improbable croisade », serait étudiée de près. Mis en examen pour « enlèvement et séquestration », le père, la mère et le frère cadet sont placés sous contrôle judiciaire en Corse.

* Le culte antoiniste, d'origine chrétienne, fondé par un ouvrier belge en 1846, s'est retrouvé en 1995 cité dans le rapport parlementaire sur les sectes. Depuis cette période, ce mouvement, qui compte plusieurs temples en France, n'aurait pas fait l'objet de signalement particulier.

source : http://www.leparisien.fr/espace-premium/actu/ils-voulaient-arracher-leur-fille-a-l-influence-d-une-secte-22-10-2011-1679661.php

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 CULTE ANTOINISTE : verdict

En septembre 2011, Marie Truong était kidnappée à Auriol puis conduite en Corse. Sa famille disait la soustraire de l’influence de son compagnon appartenant à une secte. Le tribunal a rétabli les choses

2011 : « Ma famille est comme une secte »

le samedi 29 juin 2013

Corse-Matin

Entre Tout sur ma mère et Femme au bord de la crise de nerf, le tribunal correctionnel a revécu le film coloré des Truong, une famille « surprenante », autrefois fusionnelle aujourd’hui « éclatée », selon le mot de la présidente. Une famille marquée aussi par la séquestration et l’enlèvement de leur fille Marie « pour la soustraire à l’influence d’une secte », selon ce que disait alors la défense. Son scénario n’était pas exact...

La mère Danielle Truong a été condamnée à deux ans de prison avec sursis et obligation de soins. Son époux Jacques et son fils Joseph, tous deux absents lors du procès car restés en Polynésie, écopent d’un an avec sursis. Ces peines s’accompagnent de l’interdiction d’entrer en contact avec la victime.

« Le culte du père Antoine n’est pas une secte ! »

C’est depuis le banc de la partie civile que Marie Truong a retrouvé sa mère, effondrée à la barre, en repoussant sur le pupitre son paquet de mouchoirs. Ceux-ci s’étalaient sur un« grand mot d’amour » en forme de cœur rouge écrit par Marie, alors adolescente. « Si je me suis trompée, je m’en excuse, je ne comprenais pas pourquoi ma fille s’isolait, j’avais peur pour sa santé, je n’avais aucune intention maléfique, je le jure devant Dieu, je voulais sauver mon enfant », dit entre les sanglots et les tremblements de sa maladie de Parkinson Danielle Truong. De quel danger ? De son compagnon, (devenu depuis un an son mari), José Abba et de ses parents, adeptes du culte du père Antoine.

« Cette association n’est pas du tout sectaire, ni classée comme telle », a rappelé la présidente Marie-Josèphe Muracciole qui ne croit pas au repentir d’une mère classée comme« psychorigide »par les experts. Une« mère abusive », résume le magistrat, avant de reprendre la genèse.

Les causes ? Le tribunal décèle un litige sans doute d’ordre commercial. Le refus de la relation. Mais dans la chronologie, les faits sont moins légers.

Fin août 2011, le père et son fils attendent Marie dans la rue à Auriol, l’attrapent par le bras et la conduisent de force dans une voiture en la menottant. La jeune fille est obligée d’avaler des tranquillisants. Direction Nice puis Bastia, où la famille embarque pour le ferry en plaçant la jeune fille sur un fauteuil roulant. Arrivés dans l’île, les Truong se rendent vers Cargèse. De l’autre côté de la Méditerranée, son compagnon signale sa disparition et c’est finalement à Ajaccio que Marie pourra se libérer de l’emprise de ses parents qui la conduisent au commissariat. Cette histoire, Danielle Truong, qui dit être persuadée avoir sauvé sa fille, ne peut l’entendre sans fondre en larmes. C’est pourtant au cœur de la procédure sa propre fille qui lancera : « C’est ma famille qui est comme une secte ». A la barre, cette jeune femme au visage grave dissimulé en partie derrière une mèche prune et des boucles d’oreilles ornées de plume, n’accable pas. Mais veut dépasser ses angoisses. Et « comprendre », enfin, même si elle a coupé les ponts avec sa mère. Son conseil, Me Jean Boudot, se voudra l’avocat de la raison. Il niera en bloc toute sincérité de la mère et du père. L’enlèvement ? Signe de manipulation et d’autoritarisme. « Avec une vraie repentance, j’aurais pu entrevoir la vérité », concède-t-il.

Le ministère public qui avait longtemps hésité dans ce dossier n’a pas ménagé ses réquisitions.

Le procureur Julie Colin qui n’a pas cru au « théâtre » joué par la prévenue, a demandé deux ans de prison à son encontre (dont 18 avec sursis) :« C’est aujourd’hui que les masques doivent tomber : on a mis des menottes à Marie on l’a droguée et conduite de force dans un esprit délirant, c’est très grave ».Écumant un dossier où la mère a voulu « tout contrôler », le procureur rappelle que la jeune femme voulait seulement son indépendance familiale. « Cette famille est comme une secte, ce n’était pas un acte d’amour », a-t-elle conclu avec fougue en demandant contre le père et le fils 18 mois dont 10 avec sursis.

Luttant contre les émotions de sa cliente, son avocat, Me Luc-Philippe Febraro a tenté avec classe de brosser la querelle des « classiques et des modernes » pour justifier le comportement de sa cliente, au bord de la crise de nerfs. Rejetant le scénario cousu par l’accusation, le conseil a minoré la manipulation et plaidé la bonne foi.« On ne peut diaboliser les mis en examen et angéliser la victime », a-t-il conclu. Le tribunal a opté pour un purgatoire judiciaire.

http://www.corsematin.com/article/home-page/enlevement-sequestration-en-2011-%C2%ABma-famille-est-comme-une-secte%C2%BB.1048942.html


source : http://ccmm.asso.fr/spip.php?article4541&var_recherche=pr%E9sidente

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Axel Hoffman - Croire et guérir (2007)

Publié le par antoiniste

Axel Hoffman - Croire et guérir (2007)

Croire et guérir
Axel Hoffman,
médecin généraliste à la maison médicale Norman Bethune.

Sur dix miracles acceptés par l’Eglise catholique dans les procès en béatification ou en canonisation, neuf sont des guérisons. Dans la plupart des grandes religions, on retrouve des phénomènes « thérapeutiques », mais ces phénomènes ne constituent pas le pilier central des religions. Par contre, certaines religions ou mouvements religieux situent la dimension thérapeutique au premier plan de leurs pratiques et de leur doctrine. Qu’en est-il alors des conceptions de la santé et de la maladie, des rapports entre médecine et religion ?

[après l'historoire du culte]
Une enquête rapportée en 2001 montre que l’impact du culte antoiniste ne se dément pas. En vingt jours, un guérisseur antoiniste a vu 216 personnes, (60% de femmes, 40% d’hommes), la plupart par ailleurs suivies par un médecin ; 47% consultaient pour des problèmes de santé physique, 19% pour des problèmes psychologiques notés comme « dépression », 13% pour des problèmes sentimentaux, 13% pour des difficultés professionnelles. Plus rarement la demande portait sur des conseils spirituels ou des questions matérielles. C’est donc bien l’image d’une religion thérapeutique  que véhicule l’antoinisme. La guérison demeure au premier plan de ses préoccupations et constitue la porte d’entrée des adeptes.


Note : L’antoinisme est bien un culte et non une secte. Rien n’est en fait exigé des adeptes, il ne s’oppose pas aux religions et se fonde sur une expérience personnelle et intérieure, de type mystique.

Santé conjuguée, janvier 2007 - n°39, p.50-51
source : https://www.maisonmedicale.org/Croire-et-guerir.html

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Louis Remacle - Proses (1992)

Publié le par antoiniste

Nous avions à Neuville, entre les deux guerres, un personnage comme on n’en avait sûrement pas vu depuis longtemps, un poison : c’était Gustine, la grosse de chez Bruyère. Le vieux Bruyère avait perdu ses deux premières femmes, et il était tout seul avec deux fils, Julien et Albert. Il fallait une femme dans la maison, et il eut l’idée de mettre une annonce dans un journal pour demander une gouvernante. Je pense qu’il ne s’en présenta qu’une, Gustine, et il la prit. C’était une belle grande forte femme, qui était veuve aussi. Elle venait du côté de Verviers ; elle parlait comme par là, et l’a fait toute sa vie. Elle avait travaillé dans une ferme et connaissait le métier de fermier. Mais ce qui était le plus extraordinaire, c’est qu’elle était antoiniste.
Il y avait des antoinistes à Stavelot. On en rencontrait parfois avec leur costume noir et leur grand chapeau noir ; les femmes étaient habillées tout en noir, comme les hommes, avec une robe longue et une cornette. Gustine convertit les Bruyère. Il se tint des réunions dans leur maison. Il y avait un Lecoq de Stavelot qui venait prêcher les idées du père Antoine chez Bruyère – dans l’étable de cochons, disait-on. Il y eut des jeunes gens de Francorchamps, qui ne croyaient à rien, qui venaient épier et écouter à la porte et qui se moquaient des gens. Julien Bruyère avait le costume et il le mit un jour pour aller prendre le train. On parla même de faire un temple à Neuville, à la grande haie sous le Briyeû, sur un terrain des Bruyère ; mais, une fois qu’ils trayaient justement là, comme il y avait une de leurs vaches qui avait une chute du rectum et comme Gustine voulait lui lancer un seau de lait au derrière, le vieux Bruyère se fâcha : « Va au diable avec ton père Antoine !» lui cria-t-il. Avec le temps, le nouveau culte s’éteignit petit à petit ; on ne parla plus des antoinistes, et, quand Alfred Balin mourut, qui était revenu malade de la guerre de quatorze, des gens du village qui étaient partis prier auprès du mort furent bien étonnés de voir Albert Bruyère qui disait son chapelet.
Francorchamps, 19.8.1992

Louis REMACLE, Proses wallonnes & Poèmes wallons (compléments), édités par Jean LECHANTEUR.
Collection littéraire wallonne n° 12. Liège,
Société de Langue et de Littérature wallonnes, 2011, p.98

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Paul Colinet, La preuve par Neuf de mon ignorance (1976)

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La preuve par neuf de mon ignorance universelle
Paul Colinet

Volume 55, Collection Les Poquettes Volantes.

Ouvrage imprimé de 28 pages comptant 2 chapitres sous-divisés.

Date de création : 1976
Le Daily-Bul. Éditeur


Paul Colinet (1898-1957) est un membre du groupe surréaliste belge.

En conclusion de ce texte, l'auteur indique : Les lecteurs qui désirent des preuves supplémentaires peuvent m'en faire la demande par écrit (Raoul Pok, Professeur d'ignorance, 340, Boulevard des Antoinistes, à Lodelinsart) en joignant un tim bre pour la réponse.

À notre connaissance, il n'y a jamais eu de Boulevard des Antoinistes à Lodelinsart, il s'agit donc d'un clin d'oeil. Lodelinsart est situé à moins de 2 km de Jumet.

Voici un extrait qui fera preuve du lien avec les Antoinistes :
Ma troisième preuve
(à l'intention des esprits pratiques)
Je ne sais pas ce que c'est qu'une table.
Je suppose que c'est un morceau de bois avec lequel il est possible de maintenir une bouteille au-dessus du sol.

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Réception de Robert Vivier

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[…] La bonté, c'est elle qui règne sur vos quatre romans. Délivrez-nous du mal est le titre caractéristique de l'un d'eux. C'est l'histoire d'Antoine le guérisseur, fondateur de ce culte qui connut quelque importance au pays de Liège et qui s'étendit jusqu'en France. Roman de la foi, car il y a mieux que de la crédulité dans cette réunion des affligés autour d'un être simple qui prétend les guérir en élevant leurs âmes, et qui pour cela leur commande de s'aimer les uns les autres et aussi de ne pas voir le mal. Ne voir nulle part le mal : c'est peut-être à cause de ce précepte que vous vous êtes pris pour l'antoinisme de ce zèle de sympathie. Ni le mal, ni le risible. Pas un personnage méchant dans votre monde romanesque ; et même les ridicules y sont dessinés avec une tendresse qui se défend de trop visiblement sourire. Je n'en veux pour exemple que M. Delcroix. M. Delcroix était un antoiniste lettré, le théoricien du culte, dont il rédigeait les textes ou aidait le Père Antoine à les rédiger. Nous l'avons bien connu, vous et moi, car il fut notre professeur de troisième à tous deux. Je vous confesse que j'avais gardé de cet excellent homme, et du prêche antoiniste qu'il nous faisait au cours, un souvenir caricatural ; je ne pouvais le revoir qu'avec les mêmes égaiements cruels qui furent à ses dépens ceux de ma quinzième année. Or, de cet illuminé méconnu par les jeunes sots dont j'étais, votre livre trace, à petites touches exactes et douces, la plus attendrissante figure. Vous ne dissimulez ni les distractions comiques du personnage, ni les naïvetés de sa foi nouvelle, ni le dommage que fait dans sa famille son accès mystique, mais il y a dans votre manière d'approcher ces déformations d'une foi pure quelque chose de médical, un tact fait d'une connaissance profonde, et toujours, et avant tout, d'une grande bonté. Car vous avez perfectionné l'enseignement de notre professeur de troisième : vous voyez le mal, et vous aimez malgré le mal.

Délivrez-nous du mal est un des deux romans que vous avez marqués au signe du populisme. Vous avez adhéré à cette école, vous qui pouviez si bien ne vous réclamer que de vous-même. Mais ne sont-ce pas les originaux seuls qui peuvent sans risque accepter une doctrine d'école, parce que seuls ils ont la puissance de la façonner selon leur génie ? Pour m'expliquer le populisme de certains auteurs, j'ai parfois été tenté par cette hypothèse : c'est que pour un esprit pétri de raffinement s'il peut y avoir dans cette élection des milieux simples, d'ouvriers ou de petits bourgeois, quelque chose comme une délectation de dépaysement, une forme de l'exotisme. Mais chez vous en tout cas le populisme n'a pas cette origine esthétique et un peu suspecte. Vous aimez le peuple d'abord parce que vous le connaissez ; n'avez-vous pas vécu, pendant quatre ans, au contact du pauvre qu'était le soldat d'infanterie, n'avez-vous pas vous-même été ce pauvre ? Puis vous l'aimez parce que vous avez courageusement résolu d'aimer les hommes, et que le peuple est fait de l'immense majorité des hommes. Vous n'y apportez d'ailleurs aucun esprit de classe. Sans doute votre populisme est aristocratique, aussi peu populacier que possible ; on n'y voit pas de filles, de mauvais garçons, d'ivrognes ni d'hommes traqués ; on n'y parle pas l'argot, mais un français humble et pur, à la limite de nos patois, un doux français de frontière, d'ailleurs discrètement indiqué et que vous devez peut-être à votre sang de français « de l’intérieur » d'avoir pu si bien discerner et chérir ; et ce français fleurant un peu notre accent qui chante, les gens qui le parlent sont tous des êtres bons, même s'il sont leurs défaillances, et l'on aimerait vivre dans leur humanité. [...]

Réception de M. Robert Vivier le 10 mars 1951.
Discours de M. MARCEL THIRY
Bulletin de l'Académie Royale de Langue & Littérature Françaises,
Tome XXIX – N°1, Mars 1951, p.32

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Religions et Laïcité en Belgique. Rapport 2013

Publié le par antoiniste

Religions et Laïcité en Belgique. Rapport 2013

Des pratiques cultuelles réinventées
A l’ère de la déterritorialisation du religieux, de son individualisation et de son éloignement des institutions, il semble à nouveau opportun de s’interroger sur la pertinence de nos outils pour penser les pratiques cultuelles. Quant au dynamisme des cultes, le moyen considéré comme le plus objectif est encore généralement de type statistique : combien de baptisés ? Combien d’individus présents dans les lieux de culte les jours de cérémonie ? L’activité religieuse des internautes remet cette perspective en cause. Un exemple concret en est donné par le culte antoiniste.
Fondé en Wallonie au début du XXème siècle par un ancien ouvrier métallurgiste devenu médium et guérisseur, l’Antoinisme a connu son heure de gloire, spectaculairement manifestée par l’érection d’un grand nombre de temples jusque dans les années cinquante. Aujourd’hui, il fait figure de culte en voie d’extinction, si l’on considère l’état de décrépitude et d’abandon des lieux de culte antoinistes, et l’âge avancé des quelques fidèles qui rendent encore grâce à la figure sacrée du fondateur, le père Antoine. Toutefois, sur Internet, force est de constater que le répertoire symbolique antoiniste continue de faire sens pour un certain nombre d’internautes en recherche spirituelle.
Ce répertoire a été intégré à la sphère New Age, mouvement typique de la postmodernité que l’Antoinisme, lequel puisait à différentes traditions culturelles et religieuses et n’exigeait pas d’exclusivité d’appartenance de la part de ses membres, semblait préfigurer. Sur le Net, les frontières identitaires de l’Antoinisme semblent toutefois se dissoudre partiellement, tant la confusion du culte avec le spiritisme, mouvement avec lequel le père Antoine avait pourtant rompu, paraît évidente dans le chef de certains internautes. Par ailleurs, le refus de monétarisation des services religieux, règle essentielle pour les Antoinistes, est parfois mis à mal par des personnes qui se présentent à la fois comme fidèles du père Antoine d’une part, et médiums ou guérisseurs d’autre part.
Comme le soulignent Miller et Slater, deux anthropologues des nouveaux médias, Internet n’est pas le «
cyberespace virtuel » que l’on a longtemps voulu y voir [The Internet. An ethnographic approach, Oxford, Berg, 2000]. Les individus et les groupes qui y évoluent ont des liens avec la vie « off line ». Leur activité sur Internet a des conséquences concrètes sur leur vie sociale et quotidienne, comme le montre le fait qu’une internaute très fidèle au cercle de Samsara, un forum New Age, ait décidé après concertation avec d’autres internautes, dont plusieurs Antoinistes, de demander à son médecin de ne pas procéder à l’ablation de son sein cancéreux. Voilà donc une conséquence on ne peut plus physique d’une activité religieuse en ligne.
D’une manière générale, il faut souligner le dynamisme de l’activité religieuse en ligne, même si les pratiques qui la constituent ne répondent plus nécessairement aux anciens critères de définition du religieux. Si les autorités ecclésiastiques, notamment dans le monde catholique, investissent Internet —
nouvelle « terre de mission religieuse » [C. Vanderpelen-Diagre et J.-Ph. Schreiber : « Internet, terre de mission religieuse ? » analyse sur ORELA, 16.2.2013] et s’emparent des nouveaux outils de communication, et si les forces religieuses les plus conservatrices ont su s’adapter à l’ère des réseaux sociaux, la Toile regorge également d’une multitude d’espaces où des individus construisent des pratiques et représentations dans une liberté relative par rapport aux dogmes et traditions des différents cultes, contribuant dès lors à une certaine innovation religieuse.


Religions et Laïcité en Belgique. Rapport ORELA (Observatoire des Religions et de la Laïcitéé) 2013, p.53
Caroline Sägesser, Jean-Philippe Schreiber, Cécile Vanderpelen-Diagre
CIERL Centre Interdisciplinaire d'Etude des Religions et de la Laïcité
source : http://www.egale.eu/uploads/fichiers_PDF/orela_rapport_2013.pdf

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