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Ecclesia, lectures chrétiennes - N°29 (août 1951)

Publié le par antoiniste

Ecclesia, lectures chrétiennes - N°29 (août 1951)

Auteur : Maurice Colinon
Titre : Ecclesia, lectures chrétiennes
Éditions : Bureaux de la revue, N°29 (août 1951)

    Cette revue chrétienne aborde une fois les Antoinistes. Le texte est dû à Maurice Colinon qui a déjà écrit sur le sujet avec Faux prophètes et sectes d’aujourd’hui (1953), Le Phénomène des sectes au XXe siècle (1959) et Guide de la France religieuse et mystique (1969).

    Voici la teneur du texte de ce « spécialiste » qui reprend en grande partie ce qu’il écrit dans les Faux prophètes et sectes d’aujourd’hui dont j’ai déjà fait la critique :

RELIGIONS ÉTRANGES
ersatz du Christianisme

L'ANTOINISME

    Parmi les religions étranges qui ont suscité la curiosité de nos lecteurs, l'une des plus souvent évoquées est certainement l'Antoinisme. Elle est assez fortement représentée en France et ses adeptes font preuve d'un réel esprit de conquête. Par ailleurs, le nom du « Père Antoine » fait parfois penser à certains qu'il s'agit d'un religieux, plus ou moins dissident ou rapidement canonisé par un groupe de fidèles.
    Ce sont assez de raisons pour mettre les choses au point.
    SON HISTOIRE. « Antoine-le généreux ». « Antoine-le-Guérisseur », ou simplement « le Père » pour ses 1.500.000 fidèles répartis à travers l'Europe et l'Amérique s'appelait de son vrai nom Antoine Louis. Il naquit à Mons-Crotteux, en Belgique, l'an 1846. C'était un simple ouvrier, presque illettré, qui fut contraint de travailler aux charbonnages dès l'âge de douze ans et que rien ne semblait prédisposer à fonder une religion.
    C'est, comme tant d'autres, par le spiritisme qu'il y vint, a quarante-deux ans. Animateur d'un petit groupe spirite qu'il avait fondé à Jemmeppe-sur-Meuse, où il exerçait les modestes fonctions de concierge aux Tôleries, il en vint à mêler aux principes du catholicisme dans lesquels il avait été élevé des notions théosophiques de plus en plus étranges. Il construisit ainsi peu à peu, grâce aux « révélations » des tables tournantes, (et notamment de Victor Hugo), une morale simpliste mais efficace qu'il répandit parmi nos familiers.
    Souffrant d'une maladie d'estomac, il eut ainsi le bonheur d'apprendre que « la maladie n'existe pas », mais que seul le péché rend infirme, il suffirait donc d'être pur pour jouir d'une parfaite santé. Par un phénomène de suggestion bien connu, non seulement il se guéri, mais encore se mit à guérir autour de lui. Des lors, sa réputation ne cessa de grandir et atteignit bientôt toute la province.
    Esprit simple, et qui s'émerveillait lui-même, il ne tarda pas à avoir un projet plus grandiose : celui de fonder un culte. Le premier temple « antoiniste » fut ainsi édifié à Jemmeppe-sur-Meuse, en 1910. Il était dominé par « l'arbre de la science de la vue du mal », peint en noir, qui devint vite le drapeau et symbole de la religion nouvelle. Les malades affluèrent de toutes parts ; il fallut guérir en série. L’opération s'organise sur des bases nouvelles ; on nomma un conseil d’administration, on se distribua les titres honorifiques, on publia un journal. Quand « le Père » mourut, le 25 juin 1912, ses fidèles se comptaient déjà au nombre de 150.000.
    Le culte passa alors sous l'autorité de sa veuve (« la Mère »), une simple ouvrière comme lui, qui en demeura le chef incontesté durant près de trente années, jusqu'à sa mort en 1941. Durant cette période, la renommée des « miracles » du Père Antoine, amplifiée par la rumeur publique, amena à la religion nouvelle nombre d'esprits inquiets et plus encore de malades et d'infirmes. L'Antoinisme était, pour toujours, marqué de sa double origine. Religion simpliste, il était aussi entreprise de guérison.
    LA DOCTRINE ANTOINISTE. Les textes fondamentaux de l'Antoinisme sont d'une simplicité qui n'exclut pas l'obscurité. Tel celui-ci, qu'on peut lire sur les murs d'un temple parisien : « Si vous respectez toute croyance et celui qui n'en a pas, vous savez, malgré votre ignorance, plus qu'il ne pourrait vous dire ... » (1)
    Quant à la « doctrine », elle n'est guère plus explicite. On a, en lisant les textes antoinistes, une étrange impression de malaise, tant s'y trouvent mêlés des éléments mal assimilés de christianisme, de socialisme humanitaire et de spiritisme latent. Et, en même temps, il s'en dégage une sorte d'humilité que l'on pourrait résumer ainsi : considérons tous les hommes comme nos égaux, et nous-mêmes comme très médiocres ; soyons solidaires ; défions-nous de notre intelligence qui n'est qu'orgueil ; ayons confiance en Dieu.
    LE CULTE ET LA LITURGIE. Le « culte » est, lui aussi, des plus simples. Il comprend : lecture des « commandements » (2) rédigés par le fondateur, et que ses fidèles considèrent comme la parole même de Dieu ; lectures des Evangiles (3) ; on y ajoute parfois des scènes de la vie du Père Antoine.
    Enfin, à toute heure du jour et de la nuit, un « frère » et une « sœur » se tiennent à la disposition des malades qui pourraient venir leur demander la guérison. Cependant, les Antoinistes refusent pour eux-mêmes, le nom de guérisseurs. Ils n'ordonnent à leurs consultants aucune sorte de remède, ne soignent aucune maladie. Ils se bornent à prier pour la guérison de l'âme du patient, dont ils attendent en retour la santé du corps. Ils n'acceptent, pour ce faire, aucune sorte de rétribution.
    Il arrive, comme toujours, que le malade – impressionné par la solennité du moment et tout prêt à s'y associer – ressente une amélioration réelle qui, pour certaines affections d'origine nerveuse, peut être définitive. C'est alors un nouvel adepte pour l'Antoinisme, et un adepte qui se fera d'enthousiasme propagandiste.
    Les Antoinistes ont adopté, dès l'origine, une sorte d'uniforme qu'on leur voit revêtir aux jours de cérémonies, et particulièrement le 25 juin, jour de fête solennelle qui commémore la « désincarnation » de leur prophète. Les hommes portent une lévite noire et un chapeau haut de forme ; les femmes une sévère robe (noire aussi) de coupe particulière et un bonnet de style 1830.
    On voit parfois, dans les rues de Paris, ces uniformes derrière un cercueil recouvert d'un drap vert (en signe d'espérance). C'est un enterrement antoiniste, et toute la petite communauté tient généralement à y participer.
    IMPORTANCE ACTUELLE DE L'ANTOINISME. Les Antoinistes annoncent, nous l'avons dit, un million et demi de fidèles. En Belgique, ils possèdent vingt-huit temples (dont deux à Bruxelles) ; en France, une vingtaine. Paris possède un premier temple rue Vergniaud et un second, moins important, rue des Grands-Augustins. La plupart des autres sont de simples maisons particulières. On note parmi les centres antoinistes les plus actifs : Lyon, Tours, et Aix-les-Bains ; Monaco compte aussi un petit groupe. (4)
    Il semble que l'Antoinisme se soit relativement développé en Allemagne, et davantage encore dans tous les pays anglo-saxons, ce qui n'a rien de très étonnant. (5) Partout, ce sont les plus humbles, les plus déshérités qui se tournent vers cette religion sans fastes toute de résignation dont les formules leur paraissent merveilleuses.
    L'Antoinisme peut sans doute être considéré comme la « religion » qui compte, proportionnellement au nombre de ses fidèles, le plus grand nombre d'ouvriers, notamment métallurgistes et mineurs. Il va sans dire que la moindre « guérison » donne à ces pauvres gens une ardeur renouvelée et entretient la curiosité et la sympathie autour des « frères » et « sœurs » dont le désintéressement et le dévouement sont dignes d'éloges.
    Il semble que des difficultés internes soient survenues depuis le décès de « la Mère ». Les Antoinistes de Belgique (présidés par un jardinier de Jemmeppe) professent que les guérisons (ou « opérations » doivent se pratiquer collectivement, lors des cérémonies du dimanche matin. Cette façon de procéder se révélerait plus efficace en raison de l'apport important que constitue la concentration de toutes les volontés. Les Antoinistes de France tiennent fermement en faveur des « opérations » strictement individuelles, comptant sur l'intervention du « Père » auprès de Dieu pour en assurer seule le succès.
    Nous ignorons comment le problème a été résolu. Mais il est probable que de telles difficultés ne manqueront pas de surgir à nouveau en diverses occasions, tant les principes laissés par Antoine sont vagues et susceptibles de toutes les interprétations. C'est là le principal obstacle au développement d'un culte qui compte parmi les plus primitifs de ceux qui sont représentés chez nous.
                                                    Maurice COLINON.

(1) Sans le début de ce principe, cela n’est en effet pas clair. Voici le 2e principe dans sa totalité : « Ne croyez pas en celui qui vous parle de moi, dont l'intention serait de vous convertir, si vous respectez toute croyance et celui qui n'en a pas, vous savez, malgré votre ignorance, plus qu'il ne pourrait vous dire. »
(2) Pour un spécialiste, voilà l’auteur tombé dans ses habitudes catholiques, puisqu’il n’existe pas de « commandements », dans l’antoinisme. C’est la différence avec les sectes.
(3) Cela se faisait au temps du cercle spirite Les Vignerons du Seigneur, parfois dans les salles de lecture, puis dans les Unitifs, mais il n’en existe pas de lectures dans les temples.  
(4) Les données du spécialiste sont là encore dépassés, puisqu’en 1951, existaient déjà des temples parsemés dans toutes la France.
(5) Il y existait un intérêt de la presse dans ces pays, mais jamais de réels groupes et encore moins de temples (sauf celui de Rio de Janeiro).

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Léon Denis - Dans l'invisible (1904)

Publié le par antoiniste

Léon Denis - Dans l'invisible (1904)

Auteur : Léon Denis
Titre : Dans l'invisible - Spiritisme et Médiumnité
Édition P.G. Leymarie (Librairie des Sciences Psychiques), 1904, Paris
À lire en ligne sur archive.org

    L'abondance de sa production dans la littérature spirite, ainsi que l'affabilité de son caractère et son dévouement, ont valu à Léon Denis le surnom d'« Apôtre du Spiritisme ». Anne-Cécile Bégot signale que son ouvrage Dans l'invisible exerça une forte influence sur le mineur belge Louis Antoine, qui fonda le culte antoiniste et reprit certaines de ses idées concernant la réincarnation. On pense que Louis Antoine le rencontra.

    On peut citer par exemple ce passage :

Léon Denis - Dans l'invisible (1904)

    Ceci le démontre : au-dessus de toutes les Eglises humaines, en dehors de tous les rites, de toutes les sectes, de toutes les formules, il est un foyer suprême que l'âme peut atteindre par les élans de la foi ; elle y puise des forces, des secours, des lumières qu'on ne peut apprécier ni comprendre, si on méconnait Dieu et ne veut pas prier. En réalité, la guérison magnétique n'exige ni passes, ni formules spéciales, mais seulement le désir ardent de soulager autrui, l'appel sincère et profond de l'âme à Dieu, principe et source de toutes les forces.
Léon Denis, Dans l'invisible, p.455

    Cf. également cet extrait.

Commentaires :
    En ce début du 20ème siècle, Léon Denis cherche à expliquer plus amplement la médiumnité. Il le fait à travers ses conférences mais elles n'effleurent que le sujet. Il va donc réunir une documentation ample tirée des enseignements des guides de son groupe à Tours. Ils lui apportent des éclaircissements sur bien des points et ainsi il publiera en 1903, Le Monde Invisible, un important ouvrage de 300 pages.
    Cette œuvre apparaît à un moment opportun. En effet à ce moment-là, la rapidité du développement du Spiritisme constituait un sérieux danger. Ceux qui avaient la foi montraient souvent une impatience et une intransigeance nuisibles à la propagation de l'idée dans les milieux réfractaires. Les autres, indécis, tracassés par le doute, formulaient des réserves et renouvelaient périodiquement leurs critiques en matière de médiumnité. En France, il n'existait pas encore d'ouvrage où fut condensé le résultat de semblables recherches.
    Les phénomènes complexes auxquels donnait lieu la médiumnité avaient reçu des solutions plus ou moins fantaisistes : les hypothèses sur le subliminal, la subconscience, la personnalité seconde, avaient embrouillé la question plus qu'il était nécessaire. Il fallait débrouiller cet écheveau compliqué, retrouver le fil, donner de ces faits étranges une juste interprétation, préciser les lois fondamentales de la communication spirite.
    « Tout adepte, écrivait Léon Denis dans son introduction, doit savoir que la règle par excellence des rapports avec l'invisible, c'est la loi des affinités et des attractions. Dans ce domaine, celui qui cherche les choses basses les trouve et s'abaisse avec elles ; celui qui aspire aux hautes âmes les atteint tôt ou tard et en fait un nouveau moyen d'ascension. Si vous voulez des manifestations d'ordre élevé, faites effort pour vous élever vous-même. L'expérimentation, en ce qu'elle a de beau et de grand, la communion avec le monde supérieur, ne réussit pas au plus savant, mais au plus digne, au meilleur, à celui qui a le plus de patience, de conscience, de moralité. »

    On trouve donc dans la première partie tout ce qui a trait aux lois du Spiritisme expérimental ainsi que des vues nouvelles sur la psychologie féminine. Léon Denis, pressentant le rôle qui sera dévolu à la femme dans la société de demain, accuse le Catholicisme de ne l'avoir pas comprise, de n'être point entré, sur ce point, dans les vues du Christ.
    Au chapitre suivant, il aborde le Spiritisme expérimental, s'efforçant d'établir une classification dans les phénomènes, déblayant le terrain devant la métapsychie qui n'en était qu'à ses débuts. Ses travaux personnels lui étaient d'un grand secours dans cet exposé d'une question si complexe, si difficile à résoudre pour le lecteur bénévole. Il avait été lui-même médium écrivain avant de devenir orateur. Ses dons d'intuition, d'inspiration, n'avaient fait que se modifier. Il se sentait en relation permanente avec ses amis invisibles Par l'incorporation, enfin, il avait obtenu des messages d'un intérêt capital.
    La dernière partie du livre est consacrée à la médiumnité en général, à sa pratique, à ses dangers, aux hypothèses, aux objections qu'elle soulève. En abordant une telle question, l'auteur ne s'inquiétait pas des reproches qu'il pouvait encourir de la part de certains spirites, ni de ses adversaires. Il poursuivait sa marche, sachant bien que le Spiritisme ne pouvait que sortir grandi d'un tel débat.
    Le dernier paragraphe, « la médiumnité glorieuse », écrit dans une forme admirable, est comme soulevé par un souffle de haute et brûlante inspiration.

source : Centre Spirite Lyonnais Allan Kardec (à lire et à télécharger à la page suivante)

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Les sectes de Paris (Construire, 17 janvier 1973)(e-newspaperarchives.ch)

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Les sectes de Paris (Construire, 17 janvier 1973)(e-newspaperarchives.ch)

Traité de petite histoire
Les sectes étranges de Paris

    La capitale française, ville cosmopolite par excellence, devait tout naturellement être un terrain propice à l'éclosion de sectes et de doctrines de tout genre, en marge ou sans rapport avec les religions officielles existantes qui sont nombreuses à Paris : catholicisme romain et oriental dépendant du Vatican, orthodoxie, christianisme oriental proprement dit, judaïsme et les différents rites aschkenaz et sepharad, islam.
    Nous ne traiterons pas ici des Eglises, sectes ou mouvements religieux plus ou moins connus, bien qu'attachants par leur doctrine et la beauté de leur liturgie, tels les Maronites de la rue d'Ulm, les Melkites de la rue Saint-Julien-le-Pauvre, les Arméniens catholiques de la rue Thouin, les Arméniens orthodoxes de la rue Jean-Goujon, les Syriens de la rue des Carmes, etc., ou des sectes issues du protestantisme comme les Adventistes, les Pentecôtistes ou les Mormons. Nous nous bornerons à décrire quelques sectes peu connues issues du christianisme, ou que l'on peut qualifier d'occultistes.

La vision cosmique
   
Proche du spiritisme et surtout de la théosophie est la philosophie cosmique qui prétend avoir maintenu à travers les siècles « la Tradition primitive de l'humanité », la source pure d'où toutes les religions sont issues. Ce mouvement ésotérique qui conférait des grades initiatiques fut fondé par un Tunisien, Aia Aziz, auteur de plusieurs écrits et directeur de la « Revue cosmique », qui initia deux Français, MM. Thémanlys, père et fils. Ce dernier – que j'ai rencontré à Jérusalem où il vit – a également publié des travaux sur la mystique juive. Un autre personnage joua également un rôle important dans ce mouvement : Max Théon. Voici quelques échantillons de sa pensée : « Le Cosmos de l'Etre est en transformation continuelle ; en étant une partie, vous avez le droit de changer et ceci sans regret, joyeusement, volontiers ; toutes les choses qui nous sont nuisibles ne sont que relatives et transitoires. Par conséquent, logiquement, il n'y a de place que pour l'espoir et le courage » ; « La philosophie de la joie sera naturellement reçue en mesure de l'évolution patho-intellectuelle de ceux à qui elle est manifestée » ; « Les Fils de la Rectitude brilleront comme les planètes dans le royaume qui est le leur par droit d'origine, mais ceux qui amènent plusieurs au juste balancement seront comme des centres solaires à tout jamais... » (allusion à Daniel ll, 12). « L'humanité est pour moi le Cosmos. »
    La philosophie cosmique a pratiquement disparu. Elle recrutait surtout des intellectuels et des pseudo-intellectuels.

Le spiritisme est-il une religion ?
    Dans le XIVe arrondissement, à la rue Copernic, à proximité de la place Victor-Hugo, donc dans les « beaux quartiers », s'élève un bâtiment élégant : la Maison des spirites, qui abrite une salle de conférence, une importante bibliothèque et la rédaction de « La revue spirite ».
    Cet édifice a été élevé à la gloire d'Allan Kardec, le père du spiritisme moderne, dont les restes reposent au cimetière du Père-Lachaise. Auteur de plusieurs ouvrages qui sont devenus des livres de chevet pour les spirites et dont le contenu, il faut l'avouer, offre une synthèse séduisante et ouvre des perspectives consolantes à beaucoup d'êtres, A. Kardec, d'un tempérament mystique, comme le sont beaucoup de Bretons, a créé, sans le vouloir peut-être, une nouvelle religion ou une supra-religion, fondée sur des expériences métaphysiques plus ou moins vérifiables scientifiquement, qu'on aurait cependant tort d'assimiler aux tables tournantes, qui sont des amusettes.
    Le spiritisme séduit notamment les réincarnationistes.

Christianisme et spiritisme
   
Il importe de présenter un curieux mouvement qui, partant de Belgique, se répandit dans les pays de langue française : l'église antoiniste. Son fondateur, un certain Antoine, naquit près de Liège en 1846. D'origine très modeste, il travailla comme ouvrier en Allemagne, en Pologne et en Russie ; il reviendra dans son pays natal, s'y mariera. La lecture d'un livre devait orienter sa vie : « Le Livre des Esprits », d'Allan Kardec. Malade, souffrant de l'estomac, Antoine guérit grâce à cette lecture ; il constata peu après qu'il possédait un certain pouvoir magnétique qui lui permit de guérir des malades. Il groupa quelques disciples et transcrivit les révélations qu'il avait reçues sous le titre : « Les révélations de l'auréole de la conscience ». La religion du Père Antoine était créée, et lorsqu'il mourut, en 1912, les « vignerons du Seigneur », appellation sous laquelle les Antoinistes se désignent, étaient plus de 150 000. Leur centre, à Paris, est au numéro 34 de la rue Vergniaud (XIIIe arrondissement) ; une autre chapelle antoiniste est située à la rue du Pré-Saint-Gervais. Le culte antoiniste consiste à rappeler l'enseignement du père Antoine, mélange de spiritisme, de théosophie, d'occultisme et de christianisme, résumé dans les Dix Principes de Dieu. Selon les principes antoinistes, Dieu n'existe qu'en l'homme. Le père Antoine est une sorte d'incarnation de Dieu sur la terre. On aperçoit dans le temple antoiniste, accroché à la très haute chaire, un portrait du fondateur, le Père, un vieillard barbu dont la main droite est en train d'imposer ou, si l'on préfère, de pratiquer l'opération. A gauche, sa femme, la Mère ; à droite, un arbre avec cette inscription : « L'arbre de la science de la vue du mal ». Après le culte, où l'on ne parle presque pas de Jésus-Christ, où il n'est pas question de péché, de la grâce et de la rédemption, on guérit les malades dans la sacristie, au moyen du fluide universel du Père. Notons que l'intérieur du temple est peint en vert ; même les cercueils sont tendus de vert.

La religion de l'humanité
    Le flâneur curieux qui apprécie l'attachante place des Vosges, découvrira, non loin de ce lieu enchanteur, la rue Payenne. C'est au numéro 10 de cette rue que mourut, le 5 avril 1846, l'an 11 de l'ère positive, « la tendre et immaculée inspiratrice d'Auguste Comte », Clotilde de Vaux. Cette maison est devenue (grâce aux dons des positivistes du Brésil, le seul pays où la doctrine compte encore un certain nombre d'adhérents) le temple de la religion de l'humanité, cette religion que fonda le philosophe Auguste Comte. Dans son « Cours de philosophie positive », A. Comte définit les trois états théoriques par lesquels l'humanité aurait passé : théologique, métaphysique et positif, ce dernier état, synthèse du rationalisme et du mysticisme, étant celui qu'il a inauguré. Or, paradoxalement, lui qui voulait en fait détrôner le christianisme et les religions en général a abouti à la création d'une nouvelle foi, avec sa liturgie étrange dans laquelle furent intercalées des citations en latin et en italien, nouvelle foi ou trône une nouvelle Vierge, Clotilde de Vaux, que le philosophe aimera comme fut aimée Béatrice Portinari par Dante.
    Le temple de la rue Payenne n'était fréquenté, au temps de mes études, avant la guerre, que par quelques personnes.
    Le buste d'Auguste Comte se dressait sur l'autel, cependant que, à la paroi, les portraits de ses « trois anges » (sa mère, Clotilde, sa femme de ménage) le surplombaient. Il y a quelques années, un drapeau vert signalait le lieu du temple, et l'on pouvait lire cette inscription qui résume toute la morale comtienne : « Vivre pour autrui. L'amour pour principe et l'ordre pour base ; le progrès pour but ». L'intérieur de la chapelle comportait, outre le buste et les portraits sus-mentionnés, de nombreux noms, ceux des grands hommes qui symbolisent les trois états ou étapes du comtisme, de Moïse à Bichat, en passant par Aristote, César, Dante.
    Des beaux principes, de la liturgie et de la doctrine d'Auguste Comte, il ne reste que quelques souvenirs, comme ces fleurs dites « immortelles » qui sont figées dans le passé.
    Il en va de même des Saint-Simoniens dont l'église se trouvait à la rue de Ménilmontant, secte qui fut fondée par le père Enfantin, religion sans culte, qui intéressa Augustin Thierry et Comte, s'inspirant de Fourrier, l'initiateur de ces « phalanstères » qui devaient préfigurer la société de l'avenir.

Des faux christs aux bardes druidiques
   
Les faux prophètes, les faux messies sont légion depuis les débuts du christianisme. Signalons, parmi les plus récents, Georges-Ernest Roux, employé des PTT d'origine catholique mais grand admirateur de Platon. Le jour de Noël 1950, Roux se découvre comme le nouveau Christ revenu sur la terre et fonde une nouvelle religion, dont les premiers disciples seront ses filles et son gendre. Ce nouveau Christ dit de lui-même : « Je suis la vie, l'Eternel Créateur, Celui qui anime tout. Je suis partout, rien n'est hors de Moi. Je reviens à nouveau sous la forme de l'homme, afin de donner à l'humanité une dernière possibilité d'accéder à la Vie ». Roux guérit les malades et vitupère les médecins. Le culte comprend de la musique et des chants et une prédication fondée sur la doctrine du Christ-Roux ; lorsque les fidèles prient, ils ferment les yeux et tendent les bras. Leur régime alimentaire est très strict : les tomates, les choux, les épinards, les pommes de terre, la viande et le jaune d'œuf en sont exclus.
    Moins connu que le Christ de Montfavet est le messie Vintras, né en 1807, en Seine-et-Oise, qui pratiqua divers métiers avant que l'Archange saint Michel lui apparaisse et lui annonce que le prophète Elie allait descendre en son âme pour préparer la venue du Saint-Esprit. Vintras se mit à prêcher et les disciples vinrent à lui ; son mouvement se répandit même hors de France : le mystique polonais Towianski y adhéra. Quelques néo-Vintrasiens se réunissent encore à Paris, en associant le souvenir de Huysmans, décédé en 1875, qui possédait l'une des hosties consacrées de Vintras.
    Il y a lieu de mentionner l'Ordre Eudiaque, celui de la sérénité, doctrine sans dogme fondée sur la croyance en Dieu qui se propose de rénover l'initiation à la science secrète. Le premier grade conféré par l'Ordre à l'initié est celui de novice, puis viennent ceux d'adepte et de dianoïste (de dianoïa, « entendement »), etc.
    La religion druidique a encore ses fidèles, et leur revue « Ogam » cherche à maintenir un lien avec les partisans d'un retour au druidisme, c'est-à-dire à la science divine et à la sagesse, telles que les transmettent les bardes ou gardiens des paroles. Mentionnons pour terminer, l'« Ordre ésotérique du lys et de l'aigle », secte d'adorateurs du nombril ; la société secrète du « Temple d'Al », qui pratique la nécromancie cérémonielle, et le groupement occultiste « Le Cosmopolite », fondé par un libraire de la rue Gay-Lussac, Claude d'Ygé, que j'avais rencontré dans son arrière-boutique où trônait un énigmatique Bouddha.

                                                                      A. Chédel

Construire, 17 janvier 1973 (source : e-newspaperarchives.ch)

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Maurice des Ombiaux - Rebouteurs (La Meuse, 11 février 1910)(Belgicapress)

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Maurice des Ombiaux - Rebouteurs (La Meuse, 11 février 1910)(Belgicapress)

REBOUTEURS

(Chronique inédite)

    On s'étonne de ce que dans notre siècle vingtième il se trouve encore au fond des campagnes des gens qui, lorsqu'ils sont malades, s'adressent au rebouteur, tandis qu'ils sont remplis de méfiance envers le médecin.
    Les sermons et les raisonnements n'y font rien : le médecin reste dépourvu de mystère, tandis que le charlatan paraît toujours investi d'un pouvoir surnaturel ; c'est pourquoi le paysan reste fidèle à ses superstitions plusieurs fois séculaires.
    Ne rions pas trop du rustre. Si nous ne croyons plus à la thérapeutique du barbier, au savoir du guérisseur populaire, ni aux remèdes de bonnes femmes, nous sommes toujours une proie facile pour le charlatan muni d'un diplôme ; au nom de la science, il nous fait souvent avaler toutes les couleuvres qu'il lui plaît. Les pilules et les drogues annoncées à grand renfort de certificats et de brevets à la quatrième page des journaux par des médicastres pourvus de beaucoup de titres, n'ont pas de vertus spécifiques plus grandes que la poudre de perlimpinpin et les recettes cabalistiques. Plus la bourde aura de dimensions, plus nous serons disposés à l'avaler. Combien d'entre nous, tourmentés par un mal, conservent le bon sens de se dire que le médecin ne peut donner plus que la plus belle fille du monde ? Nous n'admettons chez le médecin ni doute ni hésitation ; il faut qu'il caractérise aussitôt l'affection dont nous souffrons et qu'il nous donne la certitude que nous serons bientôt guéris. Dans la plupart des cas, notre guérison dépend presque uniquement de cette certitude. Dès que nous avons perdu la confiance en l'esculape qui nous soigne, il nous faut nous adresser ailleurs ou nous restons malades comme par plaisir. Au fond, c'est nous-mêmes qui réclamons sans cesse le charlatan et qui le créons lorsqu'il n'existe pas.
    Il y avait, il y a encore dans chaque village, un homme ou une femme qui possèdent les remèdes contre toutes les maladies. Ils les tiennent de vieux guérisseurs un peu sorciers qui, en mourant, leur ont légué leurs secrets. Les ingrédients qu'ils prescrivent vont, en général, aucun rapport avec la maladie en cause. N'en est-il pas de même pour les drogues auxquelles nous croyons, parce qu'elles sont recommandées par une vaste publicité ? C'est la manière d'administrer ces remèdes qui opère plus que leur qualité intrinsèque. Il faut les prendre après avoir, par exemple, fait trois ou sept fois le signe de la croix et récité une prière souvent fort drôle.
    Je me rappelle d'un remède contre le mal de ventre qu'un cul-de-jatte vendait à des pèlerinages du pays wallon. La prière était d'une bêtise fort commune, mais la recette en elle-même vaut d'être citée : « Après avoir dit cette prière trois fois et s'être dévotement signé, il faut se frotter le ventre avec une peau de taupe séchée ou avec de la confiture de groseilles. Le mal s'en ira si on a la foi. »
    J'ignore l'effet que peut avoir en de telles conjonctures la confiture de groseilles et je ne me chargerai pas de renseigner les lecteurs à ce sujet.
    On se trouve peut-être en présence de ce que les savants appellent une interpolation, c'est-à-dire une ajoute due à la fantaisie de quelque scribe facétieux ou malhonnête. La peau de taupe étonne moins, non que l'on soit renseigné sur ses bienfaits, mais elle est réputée comme un des plus puissants agents thérapeutiques de la médecine populaire.
    Les recueils de traditions populaires nous apprennent qu'elle est fréquemment employée contre le mal de dents. Le mal disparaîtra si vous coupez les pattes d'une taupe de sexe masculin et si vous vous les appliquez sur la tête. Une seule patte suffit à la rigueur, mais laquelle ? Nous n'en savons rien.
    Pour être sûr d'avoir la bonne, il vaut mieux se les coller toutes sur l'occiput. Le doigt qui a passé entre la peau et la chair d'une taupe guérit le mal de dents par simple contact. La bête est encore utilisée contre les convulsions et les maux de tête des enfants.
    En Normandie, la taupe disputait aux rois de France sacrés à Reims par l'attouchement de la sainte Ampoule, le privilège de guérir les écrouelles. On prend trois taupes vivantes ; on les tue, on les fait sécher au four dans un pot ferme, puis on les réduit en poussière.
    On mélange la poudre avec de la graisse d'oison que l'on applique sur les scrofules. On guérit si l'on a la foi.
    La foi, tout est là, dans la médecine des médecins comme dans celle des rebouteurs ; seulement, on l'appelle du nom plus moderne de suggestion, ce qui lui a donné un aspect scientifique que nous jugeons tout à fait acceptable.
    Je n'irai toutefois pas jusqu'à prétendre que nos superstitions nouvelles soient d'un calibre aussi fort que celles des paysans inspirés par les rebouteurs, car il y a des degrés dans la crédulité. Mais si l'on nous trompe avec des apparences de logique, nous sommes tout de même trompés en fin de compte. Certes, l'incantation à l'entorse, en usage dans certaines contrées françaises, nous fait sourire :

    « Entorse, entorse, entorse, si tu es dans le sang, saute dans la moelle ; si tu es dans la moelle, saute dans l'os ; si tu es dans l'os, saute dans la chair ; si tu es dans la chair, saute dans la peau ; si tu es dans la peau, saute dans le poil, et si tu es dans le poil, saute dans le vent. »

   On y ajoute des invocations aux saints et à la Vierge, ainsi que des signes de croix. Mais il y a parfois des rebouteurs qui ajoutent aux paroles et aux gestes rituels un massage habile, grâce auquel l'entorse est rapidement réduite.
    Je ne crois pas que celle qu'on appelait, il y a trente ou quarante ans, la sorcière de Tellin, récitait une formule aussi baroque, mais il est certain qu'elle guérissait les entorses mieux que n'importe quel médecin de son temps.
    Selon la théorie populaire, la maladie est un principe qui peut passer d'un objet dans un autre, du malade dans une matière reconnue propre à l'absorption.
    Ainsi, l'on fait passer la méningite de la tête du patient dans le corps d'un pigeon mâle fendu vivant en deux et appliqué tout chaud sur le crâne du malade. Le bec du pigeon doit être tourné vers le front.
    Sur un cancer, on met une tranche de viande fraîche. Le cancer mange son bifteck et, ainsi rassasié, laisse tranquille sa victime. Le guérisseur populaire n'opère pas toujours au hasard. Souvent, il a sa doctrine et il base sa thérapeutique sur l'idée qu'il se fait du corps humain. Cette idée est parfois cocasse. Pour certains, le tronc de l'homme contient deux sortes d'organes ; il y a les foies qui sont dans l'abdomen, et l'estomac qui est dans le thorax. Au travers du tout, les nerfs circulent et s'avisent quelquefois d'être plus forts que le sang, ou de se « ramousseler » gros comme le poing, ou de s'enchevêtrer.
    D'autres parlent d'une grande veine qui se trouve un peu partout et qui a souvent besoin d'être remise. D'autres encore parlent du crochet de l'estomac qui s'est déplacé ; il s'agit de lui faire reprendre sa place pour que disparaissent les mauvaises digestions et les douleurs épigastriques.
    Mais nos derniers thaumaturges opèrent plutôt par la persuasion. Antoine le Guérisseur et le bon Dieu de Ressaix dit Baguete n'usaient que de leur magnétisme personnel. Ils disaient au paralytique : « Levez-vous et marchez ! », et le paralytique, pour peu qu'il eût la foi, abandonnait ses béquilles.
    La justice n'est pas tendre pour les illuminés, les rebouteurs, produits de la crédulité populaire, qui ne demande qu'à être exploitée ; je ne dis pas qu'elle a tort, mais ce qui étonne, c'est qu'elle donne carte blanche à n'importe quel charlatan dès l'instant qu'il est pourvu d'un diplôme.

                                                                   Maurice DES OMBIAUX.

La Meuse, 11 février 1910 (source : Belgicapress)

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Yves Montreuil (?) - Aperçu sur l'Antoinisme (1953 ?)

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    Le manuscrit Aperçu sur l'Antoinisme fait partie du Fonds Maurice Magre déposé à la Bibliothèque d'étude et du patrimoine de Toulouse. H.Ch. Chéry cite un fascicule du même nom et qu'il dit avoir été écrit par le frère Albert Jeannin, desservant du temple du Pré-Saint-Gervais et qu'il date de 1953.


Description du contenu
    
Cote     Ms. 3817 (B)
Titre     Aperçu sur l'Antoinisme .
Support     Papier.
Importance matérielle     1 cahier de 25 pages et 2 photographies.
Technique     Tapuscrit.
Dimensions     270 x 210 mm.
Conditionnement     Couverture en carton titré "Aperçu sur l'Antoinisme". Agrafé.


Permalien : https://ccfr.bnf.fr/portailccfr/ark:/06871/004a1399593

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Paul Richard - The Eternal Wisdom (1922)

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Paul Richard - The Eternal Wisdom Vol. I (1922)

Auteur : Paul Richard (Marsillargues, 17 juin 1874 - New-York, juin 1967) cf. https://www.wikitree.com/wiki/Richard-5377
Titre : The Eternal Wisdom, Vol. I
Éditions : Ganesh & Co., Madras, 1922Paul Richard - The Eternal Wisdom (1922)

    Après avoir été membre de l'Église réformée de France à Lille, il se tourne vers la théosophie et sera le second époux de Mirra Alfassa (appelée Douce Mère ou la Mère, connue pour son parcours spirituel avec Sri Aurobindo, ses écrits, et pour être à l'origine de la cité d'Auroville en Inde).
    Pasteur à Lille, il fut avocat à la cour d'appel de Paris / homme politique (Parti républicain, radical et radical-socialiste) / journaliste (Le Siècle, puis l'Aurore) / conférencier / écrivain. Il est l'auteur de To the Nations, The Lord of the Nations, The Scourge of Christ, The Dawn Over Asia, The Challenge of the Future, To India: The Messages of the Himalayas, New Asia, Messages from the Future, The Eternal Wisdom et The Seven Steps to the New Age.
    On ne trouve pas de trace du Volume II. Le volume I regroupe des citations d'auteurs divers et variés (des textes sacrés hindous et chinois à la Bible, en passant par les philosophes grecs, Tolstoï, Eckhart ou Leibnitz), dont parmi les Modern Authors "Antoine the Healer", Antoine le Guérisseur. À lire en ligne sur https://archive.org/details/in.ernet.dli.2015.237715/page/n5/mode/2up

    Voici in extenso les citations d'Antoine the Healer (entre parenthèses les chapitres) dans ce volume I :
- The Catholic is our brother but the materialist not less. We owe him deference as to the greatest of believers. (WISDOM AND THE RELIGIONS)
- The physical world is only a reflection of the spiritual. (THE GOD OF ALL ; THE GOD WHO IS IN ALL - I - THE SOLE ESSENCE)
- Love which overflows on every side, which is found in the centre of the stars, which is in the depths of the Ocean — Love whose perfume declares itself everywhere, which nourishes all the kingdoms of Nature and which maintains equilibrium and harmony in the whole universe. (THE DIVINE ESSENCE)
- God is not where we believe Him to be ; He is in ourselves. (GOD IN ALL)
- One must be God in order to understand God. (TO BECOME GOD IN ORDER TO KNOW HIM)
- There is nothing greater than the practice of the precept which says, “Know thyself”. (KNOW THYSELF)
- To know is not to be well informed ; it is our own effort that must reveal all to us and we can owe nothing to other than ourselves. / We must distinguish between the knowledge which is due to the study and analysis of Matter and that which results from contact with life and a benevolent activity in the midst of humanity. (THE TRUE SCIENCE)
- All the knowledge one can require emanates from this love. (THE WAY OF LOVE)
- Often man is preoccupied with human rules and forgets the inner law. (MORAL INDEPENDENCE)
- So long as we are attached to the form, we shall be unable to appreciate the substance, we shall have no notion of the causes the knowledge of which is the true knowing. (TO RENOUNCE THE ILLUSION OF THE WORLD)
- When a thought rises in us, let us see whether it is not in touch with the inferior worlds. (THE MASTERY OF THE MIND)

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Luciano Folpini - È incredibile (2007)

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Luciano Folpini - È incredibile (2007)

Auteur : Luciano Folpini
Titre : Le radici - È incredibile - Indagine sul mistero dell’uomo 3 - Le proposte alternative
Éditions : Centro culturale Kairòs - Aderente al Progetto Culturale della Cei - Gavirate – maggio 2017

    L'auteur évoque p. 105-106 en ces termes le culte antoiniste :

Il Culto Antoinista
Il belga Louis Antoine, dopo oltre 40 anni di lavoro come operaio specializzato si imbatte nello spiritismo. Nel 1890 decide di diventare medium e fonda un gruppo spiritico chiamato Les Vignerons du Seigneur.
Nel 1893, dopo la morte del figlio ventenne, cominciò a curare le malattie con pezzi di carta magnetizzati o con l’acqua, con l’aiuto di spiriti di medici.
La sua fama crebbe ma nel 1901 fu condannato per esercizio abusivo della professione medica.
Fu allora che decise di non usare più il contatto fisico col paziente ma di operare in un procedimento non più di tipo medico ma religioso. Così quando nel 1907 fu di nuovo giudicato per esercizio abusivo della medicina, è assolto perché si tratta di una questione di fede.
Nel 1906, Antoine, ha abbandonato lo spiritismo per dare vita al Culto Antoinista dove lui è il Padre che non nega lo spiritismo, ma lo confina a un livello inferiore nella sfera morale dei suoi insegnamenti.
Il movimento ha successo con più di 100mila aderenti in Belgio e si espande in altri paesi.
Quando nel 1910 la fila di quelli che attendono un incontro con lui comincia ad allungarsi troppo, costruisce il Tempio Antoinista dalla cui tribuna, vestito in tunica nera e cilindro, fa scendere il suo fluido contemporaneamente su tutta la folla.
Poi nel 1912 muore e il movimento continua con la moglie Jeanne Catherine Collon.
Attualmente, pur essendo il movimento in calo, esistono ancora alcuni templi e sale di lettura in Belgio e in altri paesi, gestiti da un desservant, una specie di diacono, spesso una donna, che veste come il Padre anche fuori del luogo di culto.
In tutti i templi tutte le domeniche alle dieci, e nei quattro primi giorni della settimana alle sette di sera, si leggono gli insegnamenti del Padre, mentre negli stessi giorni alle dieci del mattino il desservant, fa scendere il flusso di Antoine dalla tribuna sui presenti dopo qualche momento di preghiera e al termine dà consigli personali a chi li richiede.
Sono anche previsti dei riti antoinisti per: funerali, battesimi e matrimoni, ora abbastanza rari. In Francia si è affermato il rito di Mère con le innovazioni introdotte dalla moglie e l’uso di ritratti di Antoine.
L’antoinismo afferma che se Dio non esiste al di fuori di noi, anche noi non esistiamo al di fuori di Dio. La materia, il male e la malattia non esistono perché si tratta solo di errori della nostra immaginazione o credenze che le fanno immaginare reali.
Per superarle bisogna opporre la coscienza e la fede nell’efficacia che ancor oggi ha il fluido che continua a emanare dal Padre Antoine tramite i desservant, e nelle credenze kardeciste sul progresso, la solidarietà, la fraternità, e il lavoro morale, che consentono la crescita anche attraverso reincarnazioni successive.

Luciano Folpini - È incredibile (2007)


Traduction :
Le culte antiniste
Le Belge Louis Antoine, après plus de 40 ans de travail en tant qu'ouvrier qualifié, découvre le spiritisme. En 1890, il décide de devenir médium et fonde un groupe spirituel appelé Les Vignerons du Seigneur.
En 1893, après la mort de son fils de 20 ans, il a commencé à traiter les maladies avec des morceaux de papier magnétisé ou de l'eau, avec l'aide des esprits des médecins.
Sa notoriété grandit mais en 1901, il est condamné pour exercice illégal de la profession médicale.
C'est alors qu'il a décidé de ne plus utiliser le contact physique avec le patient mais d'opérer selon une procédure qui n'était plus médicale mais religieuse. Ainsi, lorsqu'en 1907 il a été à nouveau jugé pour exercice illégal de la médecine, il a été acquitté du fait qu'il s'agissait d'une question de foi.
En 1906, Antoine abandonne le spiritisme pour donner vie au Culte antoiniste où il est le Père qui ne nie pas le spiritisme, mais le confine à un niveau inférieur dans la sphère morale de ses enseignements.
Le mouvement a connu un grand succès avec plus de 100 000 adhérents en Belgique et s'est étendu à d'autres pays.
Lorsqu'en 1910, les rangs de ceux qui attendaient une rencontre avec lui commencèrent à grandir, il construisit le temple antoiniste dans lequel, depuis la tribune vêtu d'une tunique noire et d'un haut-de-forme, il laissait descendre son fluide sur toute la foule en même temps.
Puis en 1912, il meurt et le mouvement se poursuit avec son épouse Jeanne Catherine Collon.
Aujourd'hui, bien que le mouvement soit en déclin, il existe encore quelques temples et salles de lecture en Belgique et dans d'autres pays, dirigés par un serviteur, une sorte de diacre, souvent une femme, qui s'habille comme le Père même en dehors du lieu de culte.
Dans tous les temples, tous les dimanches à dix heures, et les quatre premiers jours de la semaine à sept heures du soir, on lit les enseignements du Père, tandis que les mêmes jours à dix heures du matin, le serviteur fait descendre le fluide d'Antoine de la tribune vers les personnes présentes après quelques moments de prière et à la fin il donne des conseils personnels à ceux qui le demandent.
Des rites antoininistes sont également prévus : funérailles, baptêmes et mariages, aujourd'hui assez rares. En France, le rite de la Mère s'est établi avec les innovations introduites par sa femme et l'utilisation des portraits d'Antoine.
L'antoinisme affirme que si Dieu n'existe pas en dehors de nous, nous n'existons pas non plus en dehors de Dieu. La matière, le mal et la maladie n'existent pas parce qu'ils ne sont que des erreurs de notre imagination ou des croyances qui les rendent réels.
Pour les surmonter, il faut opposer la conscience et la foi dans l'efficacité qu'a encore le fluide qui continue à émaner du Père Antoine à travers les serviteurs, et dans les croyances kardecistes sur le progrès, la solidarité, la fraternité et le travail moral, qui permettent la croissance aussi à travers les réincarnations successives.

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André Bronté, Serge Saÿn - S.O.S. guérisseurs (1976)

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André Bronté, Serge Saÿn - S.O.S. guérisseurs (1976)

Auteurs : André Bronte & Serge Saÿn
Titre : S.O.S. guérisseurs
Éditions : Presses de la Cité, Paris, 1976, 281 pages

      Évoque la guérison obtenue par le guérisseur Michel Bontemps sur un guérisseur antoiniste :

     Avant de nous quitter, au terme de cette enquête sur son travail, Michel Bontemps nous proposa d'étudier le cas de M. Lucien Monnier, 51, rue du Pré-Saint-Gervais à Paris.
    « Ce cas, nous dit-il, est l'un des plus curieux que j'aie eus à traiter car ce malade était un confrère, si l'on peut dire.
    Il est peu courant de voir un guérisseur demander l'aide d'un autre guérisseur.
    C'est au mois de décembre dernier que je vis entrer dans mon cabinet, M. Monnier qui m'avait demandé rendez-vous sans me faire connaître ni son mal ni ses activités.
    A ma première question : « Alors, M. Monnier, qu'est-ce qui vous arrive ? », d'emblée, il me posa son problème.
    « Avant tout, je dois vous dire que je fais comme vous. Je suis guérisseur. Il ne s'agit pas d'un métier mais d'une vocation, un sacerdoce en quelque sorte.
    Je suis antoiniste, disciple du Père Antoine. Le Père Antoine était un prêtre guérisseur célèbre qui a formé des élèves qui ont perpétué sa méthode.
    Je suis un de ses élèves, guérisseur bénévole. Depuis plusieurs années, chaque week-end, je reçois des personnes souffrantes et je les guéris. »
    « Je lui demandai, dit Michel Bontemps :
    – Vous venez voir mes résultats pour découvrir mes méthodes ?
    – Non, je viens parce que ça ne va plus. Je suis malade et je ne peux plus exercer la mission qui m'a été confiée... »
    M. Monnier raconta alors à Michel Bontemps ses malheurs. Depuis plusieurs mois, certains symptômes avaient commencé à l'inquiéter : perte de poids, manque d'entrain, fatigue, irritabilité, etc.
    Malgré sa prévention contre la médecine officielle, lui dont la vocation était de soigner par des méthodes « parallèles » il se décida à consulter un médecin qui lui fit faire des analyses. Celles-ci devaient révéler une intoxication due à une mauvaise élimination générale, et en particulier, un taux de cholestérol trop élevé.
    « Ce médecin, à l'évidence très pressé, me garda quelques minutes dans son cabinet lors de ma seconde visite. Mais, nous raconte M. Monnier, juste le temps d'inscrire sur son bloc-notes une liste de médicaments d'une page et demie, puis il ajouta : « Prenez ça et revenez me voir dans un mois... »
    Cette visite, loin de me rassurer, ne fit qu'aggraver mes craintes. Rentré chez moi, j'ai lu et relu la liste de médicaments avec une impression de malaise. J'avais tellement vu, depuis dix ans, des personnes que les médicaments non seulement n'avaient pas guéries, mais au contraire avaient complètement détraquées, que je pensais, instinctivement, que ce n'était pas la bonne voie.
    Finalement, j'ai renoncé à faire réaliser l'ordonnance chez un pharmacien, tout en craignant de ne pas pouvoir tenir le coup très longtemps. C'était moins ma « petite santé » qui me préoccupait que l'idée de devoir renoncer de guérir mes amis.
    C'est un collègue de travail, à qui je parlais de ma fatigue permanente qui me donna l'adresse de Michel Bontemps.
    – Il a réussi à guérir ma femme de ses migraines, me dit-il. Cela fait quinze ans qu'elle en souffrait presque tous les jours. Va le voir... il guérit comme toi avec les mains, mais il donne aussi des plantes...
    Voilà comment je me suis retrouvé dans le cabinet de Michel Bontemps.
    Je pensais y trouver un guérisseur qui m'examinerait avec un pendule, ou qui m'imposerait les mains.
    Aussi, je fus très étonné quand il commença à examiner mon cil avec un « iriscope », cet appareil formé d'une loupe et d'une lampe.
    Le guérisseur m'expliqua que grâce à cette méthode il pouvait découvrir dans l'iris du malade presque tous les symptômes des maladies organiques.
    L'iris étant une zone particulièrement sensible, un véritable écran où s'inscrivent, pour celui qui sait le déchiffrer presque tous les dérèglements.
    Michel Bontemps me confirma le diagnostic des médecins.
    J'étais intoxiqué, mais il me précisa qu'il s'agissait également, dans mon cas, de troubles du système sympathique, de fonctionnement déficient des intestins et de problèmes circulatoires...
    Il me conseilla deux préparations à base de plantes, à prendre à raison de deux tasses par jour, et de suivre certaines directives en matière d'hydrothérapie (deux bains de pieds par semaine, au romarin ainsi que des douches spécifiques).
    En plus chaque semaine, pendant plus de quinze minutes il m’imposait des séances de magnétisme, en vue de me permettre de retrouver mon énergie et ma vitalité. »
    Quand nous avons rencontré M. Monnier, à la fin novembre, il avait repris cinq kilos, son taux de cholestérol était considérablement réduit et sa mine disait assez qu'il se sentait en pleine forme.
    « Pourtant, au bout de trois semaines de traitement, il n'y avait guère d'amélioration, nous a-t-il confié. Après les séances de magnétisme, je me sentais bien pendant quelques jours, puis, de nouveau, j'étais épuisé.
    Michel Bontemps insista alors pour que je n'aille pas à la réunion hebdomadaire du Temple Antoiniste, il m'expliqua que la force magnétique qu'il m'insufflait se trouvait dispersée dès que j'essayais de soigner des malades.
    A contrecœur, j'ai obtempéré et c'est à partir de ce moment que j'ai commencé à me sentir revivre.
    Dès lors les résultats ont même été spectaculaires.
    Début novembre j'avais repris du poids. En même temps les analyses de sang attestaient une baisse importante du taux de cholestérol.
    Bien mieux, avant la fin de l'année, avec l'accord de Michel Bontemps, j'ai pu reprendre mes activités de guérisseur, auprès de mes amis antoinistes.
    Je ne ressens plus aucune fatigue.
    Aujourd'hui, à part une préparation à base de plantes et des conseils de diététique que je continue à suivre, j'ai cessé tout traitement.
    Je suis persuadé que je reviens de loin.
    Pour ne pas inquiéter mon entourage, je cachais à quel point j'étais à bout de forces.
    Même pendant ma captivité en Allemagne je n'avais pas été aussi épuisé.
    Le plus terrible, c'est que j'étais tellement tendu que je ne parvenais plus à dormir.
    Ni médicaments ni calmants n'avaient prise sur moi.
    Aujourd'hui, je peux mesurer l'efficacité de Michel Bontemps car c'est vraiment lui qui m'a tiré d'affaire... »

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Catherine Gris - Les ombres chuchotent (1962)

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Catherine Gris - Les ombres chuchotent (1962)

Auteur : Catherine Gris
Titre : Les ombres chuchotent
Éditions : Le Courrier du livre, Paris, 1962 (217 pages)
In-8 Broché. Avec quelques illustrations en noir et blanc hors texte.

Extrait de la Préface de Claude Barbat :
    Mais plus qu'une évocation envoûtante des réalités de la vraie vie et de la vraie mort, Catherine Gris élève pour nous une lumière sur ces réalités. Ce témoignage sur la mort est paradoxalement à la genèse d'un véritable art de connaître, ou plutôt, de reconnaître, les ressources de la vie.
    L'active confidente des « Cœurs Malheureux » se plaît aussi à dire « que ce sont justement les morts qui lui ont rendu intelligibles les vivants ». On le croira d'autant plus volontiers lorsqu'on saura que, comme une musique beethovénienne, ces pages ont conquis leur humour, leur sérénité et leur joie sur des pleurs et le sang de l'âme, sur des fatigues et des épreuves à la limite des forces d'un être exceptionnellement doué de résistance morale.

Introduction :
    Le « moi » est haïssable. Que l'on veuille bien me pardonner de transgresser la bienséance littéraire qui veut qu'un auteur use du « nous » moins présomptueusement subjectif.
    Mon vœu sera comblé si le lecteur, acceptant cette connivence, veut bien me suivre dans ce « reportage » autour des vivants et des morts, tout comme il accorde préalablement créance à qui rapporte des impressions de voyage en des lieux ignorés ou mal connus.
    De nombreuses personnalités disparues, ou bien heureusement en vie, sont évoquées dans ces pages, non point à titre figuratif, mais parce que chacune d'elles s'est trouvée une seconde ou à jamais dans un monde de sensations surprenantes et inexplicables.
    Le témoignage offert aujourd'hui, après 17 ans de maturation, n'est pas la narration romancée d'événements personnels. Mon dessein est autre : prêter ma voix aux Ombres en d'authentiques conciliabules, faire entendre celles des vivants, sortis du doute et de la peur, avant d'aborder à la rive, entrevue par Rilke de « ce peu profond ruisseau décrié, la Mort ».
 
    Catherine Gris est également l'auteure de Les Secrets dévoilés de la géomancie : Une science vieille comme la terre... (1960) et de quelques épisode de Jouons le jeu sur la chaîne parisienne de la RTF.
    Ici, l'auteure évoque une sœur antoiniste – Mme P. – notamment dans le chapitre II :

        « Et s'il ne trouvait pas tout de suite c'est qu'il devait y avoir
        des raisons – des raisons auxquelles les vivants ne
        comprennent rien, mais qui sont les raisons des morts. »
                                                (MONIQUE SAINT-HÉLIER : Le Cavalier de Paille).
    M'ouvrant sa porte, Mme P. m’accueillit en ces termes :
    – Vous nous avez fait une belle peur. Sans Roland vous passiez un mauvais quart d'heure. Votre horoscope est prêt. Parcourez-le en m'attendant, j'ai quelqu'un.
    Pour me remettre de ce préambule, je sortis une cigarette de mon sac. René, tout jubilant, m'avait fait cadeau d'un paquet venu à lui par des voies hasardeuses. Des Camel. Leur parfum s'étendit dans la petite pièce. Quand Mme P. m'y rejoignit, elle me dit dans un sourire :
    – Du rêve à la réalité. Je croyais que vous pouviez vous contenter de l'odeur, je vois que cela ne suffit pas.
    Cette réflexion m'ahurit autant que la précédente.
    Sans que je l'interroge, elle me raconta la scène du balcon, l'intrusion de ma petite ombre fidèle et attentive, du plaisir qu'il avait eu à fumer près de moi une cigarette américaine et de m'en laisser le sillage odorant.
    A personne, je le jure, je n'en avais fait part.
    J'eus en elle, de ce jour, une confiance aveugle, et si souvent encore, ma raison vigilante, mon rigoureux sens de la logique combattit ses présages, je doutais moins des évidences qui marquèrent dorénavant les jalons de ma montée vers l'Inconnaissable. Mais j'anticipe.
    Ce jour-là, nous discutâmes de mon horoscope. Il était à la fois exact, dans des faits contrôlables, obscur dans ses hypothèses. Au demeurant, très agréable à connaître pour qui serait imbu de soi. Elle m'y décrivait comme un être doté d'une personnalité magnétique, de qualités artistiques, sensible, passionné, charitable, rancunière et coquette. J'acquiesçai. Elle en vint à des remarques plus précises, à d'autres qui l'étaient moins, pour arriver enfin à une découverte surprenante : j'étais un métagnome en puissance. Traduction : un médium qui s'ignorait. Barbara allait triompher.
    Les questions se pressaient sur mes lèvres, en même temps que s'éveillait une humilité non feinte envers cette femme, qui dans son langage simple, son très particulier humour et la pureté de sa Foi, me sortait d'une gangue de croyances plus superstitieuses que spiritualistes. Pieuse, mais non dévote, elle amenait beaucoup de ses pratiques au culte du Père Antoine. Par elle, je suis devenue épisodiquement antoiniste, puis, de cœur, chrétienne.
    Je n'osais formuler une demande qui m'étouffait. Je n'eus point à le faire.
    – Donnez-moi sa photo. Je ne crains plus rien. Vous l'avez dégagé sept jours après son accident, il vous en est reconnaissant.
    Je restais coite. Pour la deuxième fois j'entendais ce mot. Une astrologue, saisissante, je l'avoue, par la justesse de ses attendus, mais affreusement antipathique, m'avait annoncé mon opération, et bien d'autres choses qui n'ont pas à être dévoilées ici. Quand j'étais allée la voir, sur la recommandation d'une vague camarade de théâtre, elle m'avait fraîchement reçue, tout occupée qu'elle était à « dégager » sa mère décédée d'une grippe infectieuse. Une seconde visite s'était soldée par du mépris pour ces sciences dites conjecturales. Compulsant des fiches où la mienne n'avait pas pris place, elle énonça au passage des noms que j'aurais préféré ignorer, me prédit les pires calamités, par pure vindicte, persuadée que je lui avais, la première fois, donné un faux nom. J'avais été assez bête pour lui livrer mon identité. J'ajoute que je n'eus jamais l'occasion de m'en repentir.
    « Dégager » un défunt c'est lui faciliter le passage dans l'Au-delà, dans cette sphère mal connue des vivants, ce tunnel, où il séjournera un temps plus ou moins long, qui s'éclaire selon son degré d'évolution, ou s'assombrit s'il y arrive sans préparation. C'est en somme l'éveiller à une seconde naissance, le réveiller.
    Écoutons Rilke :
    « Sans doute est-il étrange de n'habiter plus la terre de
    n’exercer plus des usages à peine appris,
    aux roses et à tant d'autres choses, précisément prometteuses,
    de n'accorder plus le sens de l'humain avenir ; Si bien qu'alors, dans l'espace effrayé,
    que jeune et presque dieu, il quittait pour toujours
    le vide, ébranlé, connut soudain la vibration
    qui nous devient extase, réconfort, secours. »


    Par mes questions, mes reproches, mes retombées dans notre passé si proche, mes angoisses de le perdre, et mes espérances de le voir m'apparaître, j'avais « dégagé » Roland. Il avait tenté de se montrer, en rêve, à sa pauvre maman, et n'avait réussi qu'à l'épouvanter, sautant, dansant dans la chambre pour lui prouver qu'il était là, invisible mais présent, perceptible aux yeux de l'amour maternel. Elle m'avait confié sa terreur, persuadée que la démence l'emportait vers le néant où son fils avait fui.
    Je ne lui disais rien de mes recherches. Je les savais dangereuses pour qui ne reste pas lucide. Je guettais le moment opportun pour lui en glisser un mot. Il est venu tardivement, et si fugitivement que je n'ai jamais osé insister.
    Pour moi, je ne rêvais pas. Le sommeil m'a obstinément quittée durant sept mois. J'ai gardé, jour et nuit, les yeux largement ouverts, somnambule consciente, posant à tous les médecins, thérapeutes, masseurs, hypnotiseurs un problème qui se résolut tout seul quand je tins pour certaine la survie.
    J'avais cet air de statue en marche, apanage d'une héroïne d'un roman de Monique Saint-Hélier qui plaisait tant à Roland. Sa préférence allait au caractère de Carole, belle jeune fille, pleine des plus nobles vertus, mais il avait un faible pour la troublante Catherine, et me donna son prénom. Associé au nom de Gri (amputé de sa moitié) qui figure dans chacune de ses lettres, il est devenu totalement mien.
                                *
    Fermant les yeux, Mme P. s'imprégna des fluides de l'image. D'une voix toute changée, elle murmura :
    – C'est papa qui en fera une tête quand il me retrouvera. Pauvre papa. Laisse-moi tout de même en paix, Catherine. Ne m'appelle pas. Je suis toujours à tes côtés, et près de maman aussi puisque je puis être partout à la fois. Tu en auras bientôt la preuve formelle, mais il faut que j'apprenne, moi aussi, à me manifester. Nous sommes comme deux écoliers. Nos classes ne sont séparées que par une mince cloison. Sois patiente. Je t'ai promis de veiller sur toi. Vivant, je ne le pouvais. Esprit, j'aurai tous les pouvoirs. Poursuis tes promenades au Bois, je marche à tes côtés. Je ne m'arrête qu'à la porte du cimetière. C'est un endroit horrible. Bientôt, je t'enverrai un oiseau. Ne lui donne pas mon nom.
    C'était difficile, car je le nommai, lui, Zoizeau.
    Dans la rue du retour, je gambadais comme une petite folle, soutenue par un bras ferme dont je sentais l'étreinte sans pouvoir fixer son dessin.
    Nous étions convenus, quelques semaines plus tôt, de nous rendre ensemble à une représentation d'Antigone. on jouait à bureaux fermés.
    Je retins deux orchestres au Théâtre de l’Atelier tout fourmillant pour moi de souvenirs, n'en occupai, bien entendu, qu'un seul.
    Les spectateurs, faute de place, étaient assis par terre. Une dame s'étonna de cette vacance, parlementa avec moi qui, du geste, lui faisait signe de s'abstenir, puis, autorisée par une ouvreuse, s'assit enfin, se redressa avec un léger cri, comme mordue par un aspic. Durant les trois actes, malgré la gêne éprouvée par l'inconfort de la position, nul ne se risqua à occuper ce fauteuil. Mes doigts, sur une main invisible, se resserraient aux passages qui nous avaient, isolément, bouleversés, et je sanglotais sans retenue lorsque j'entendis Monelle Valentin dire à Le Gall (Hémon) : « On est tout seul, Hémon, le monde est nu. » Brusquement je redécouvrais qu'en vérité je l'étais, perdue moi aussi, affreusement, dans une salle de spectacle, fantôme de vivante, escortée par un fantôme de mort.
    Mes amis, j'en avais beaucoup à l'époque, remarquaient à peine la modification de mon caractère et de toute ma personne. Si l'on veut bien se reporter à l'époque, on comprendra que chacun déchiré par ses propres deuils, dévoré d'espoir, pris dans la tornade des tourments sinon des soucis de révision civique, avait d'autres chats à fouetter. Ce que la guerre avait préservé fut détruit par la libération. D'éclatantes ruptures clôturaient des dîners bon-enfant, des réconciliations spectaculaires auguraient d'accords nouveaux. J'excepte mon ami René-M. Lefebvre, tellement au-dessus de la mêlée qu'il décourageait les moins ostracistes.
    Dignimont, que je fréquentais assidûment, me conta un jour sa visite à une voyante. Elle lui avait lu dans les mains. Nous courions tous ces antres plus ou moins cotés, plus ou moins clandestins, échangeant des adresses, d'où nous revenions ravis ou furards. Lucette, sa femme, présente à notre entretien, venait de s'entendre dire qu'elle pourrait bien être la victime d'une vilaine jalouse. J'examinai sa paume, et, forte de mes récentes études, sérieusement conduites, lui annonçai une blessure par arme à feu, ajoutant qu'elle ne toucherait pas son visage. Je doute qu'elle eût préféré être (hypothétiquement) défigurée par une rivale inconnue, ce qui eut eu plus de panache, du moins prit-elle légèrement mon avertissement.
    Vingt-quatre heures plus tard, alors que se déroulaient autour de Notre-Dame des combats de rues, elle reçut, par ricochet, une balle qui lui traversa la main, lui coupant un doigt. Elle était, je le précise, dans l'atelier de son mari, au troisième étage, et non à la fenêtre. Ma réputation s'établit sur ce fait, car on en parla beaucoup, et désormais l'on m'accorda un peu plus de considération.
    A intervalles réguliers, j'allais reprendre courage et crédibilité chez Mme P... Entre temps, les deux s'effondraient. Roland m'était apparu pour me signifier que je n'avais plus droit qu'à un quart d'heure de conversation quotidienne, amplement suffisant pour guider mes premiers pas vers une application de mes facultés. J'étais atterrée.
    L'oiseau promis brillait par son absence.
    Les battements de mon cœur scandaient mon ascension vers le logis. La courte attente à la porte me paraissait interminable. Introduite, je caressais distraitement les fourrures amoncelées, repoussées pour faire place à un étrange appareil : un oui-ja, sorte de plaquette de bois pourvue de roulettes, qu'elle dirigeait vers les lettres d'un alphabet. En bas du carton, un Oui et un Non. Véloce, sa main courait sur le clavier, formant des mots qu'elle énonçait, volubile interprète de visiteurs invisibles, impatients de se faire connaître. Mon sang se glaçait dans mes veines. Je sentais comme une bousculade où manquaient les vociférations pour la rendre effective. Ces phrases qui s'enfilaient les unes au bout des autres, sans ordre, ne me convainquaient guère de la véracité des messages. On n'y parlait pas de moi.
    Je fus ramenée à plus d'humilité.
    – Priez, me dit Mme P. Les esprits se plaignent de votre tiédeur. C'est le tout-venant qui se manifeste, et nous allons être envahies par les larves.
    Après plusieurs essais infructueux, j'en vins à user de cet instrument. Des picotements gagnaient le bout de mes doigts, et le oui-ja partait dans toutes les directions. Je sus qu'il n'y avait point de subterfuge. Une force incontrôlable s'emparait de moi.
    Je notai une phase ordurière, suivie d'un nom « Nénesse » et bornai là mes tentatives.
    – Vous êtes pourtant un médium écrivain, m'assura Mme P. Nous recommencerons l'expérience avec d'autres moyens. Ne soyez pas trop pressée.
    Je partis cependant sur une meilleure impression. Elle m'annonçait le programme de la semaine. Il se vérifia exact en tous points. Exact et terrible, car en permanent contact avec les défunts, je n'éprouvais plus qu'indifférence pour ceux qui profitaient largement de la vie. Le pauvre Raoul était de ceux-là. Il fallait que je fusse devenue bien cruelle pour lui en faire grief.

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Victor Simon - Du Sixième Sens à la Quatrième dimension (1955)

Publié le par antoiniste

Victor Simon - Du Sixième Sens à la Quatrième dimension (1955)

Auteur : Victor Simon
Titre : Du Sixième Sens à la Quatrième dimension
Éditions : Société d'édition du Pas-de-Calais, Arras, 1955

    Victor Simon est né en 1903 à Bruay la Bussière. Ayant des aptitudes médiumniques, il s'intéresse assez rapidement à la spiritualité, puis au spiritisme qu'il soutiendra pendant des années. Médium peintre, il réalise de nombreuses toiles sous inspiration. Il soigne, assisté par de nombreuses entités spirituelles. Il fait également des conférences pour diffuser ses convictions.
    Il se désincarne en janvier 1977.  

    Ses ouvrages sont :  
Reviendra-t-il ? (1953)
Du sixième sens à la quatrième dimension (1955)
Du Moi inconnu au Dieu Inconnu (1957)

    L'auteur nous évoque la médiumnité, ce sixième sens, que tout être peut développé. Il nous parle avec justesse de sa propre démarche, des difficultés qu'il a rencontrées et la charité qu'il faut développer pour avoir l'appui d'entités bienveillantes. Il argumente sa vision des mystères de l'Egypte, de la disparition de l'Atlantide. Il s'attarde sur la médiumnité de Jeanne d'Arc pour enfin nous expliquer quelques unes de ses toiles qu'il a peintes.

source : Centre Spirite Lyonnais Allan Kardec 

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