Découverte de la mosquée Eden (La Louvière)
Découverte de la mosquée Eden
L’association Eden, créée en octobre 2017 par des jeunes citoyens belges issus de différentes origines a acquis, en mars 2018, le bâtiment anciennement dédié au culte antoiniste, sis au 33 rue de l’Olive, afin d’en faire une mosquée. Après de nombreux travaux, celle-ci fut inaugurée en mai 2018 sous le nom de « Masjid Âadne ».
Après la visite de la mosquée, un café-citoyen sera organisé sur la thématique de la transmission des valeurs. Nous transmettons tous de manière plus ou moins consciente des valeurs à nos enfants. S’agit-il de valeurs religieuses, philosophiques, propres à chaque famille ? Comment cette transmission s’effectue-t-elle ?
Source : https://www.quefaire.be/y-crois-y-t-y-crois-pas-y-994389.shtml
Sin-le-Noble : quand l’Institut des forces psychosiques damait le pion à la médecine
Par La Voix du Nord | Publié le 05/05/2016
Au début du XXe siècle, le mineur Louis Antoine réalise qu’il est doté d’un pouvoir particulier : celui de soigner avec les mains. Un mouvement est alors formé en son nom, tout en s’inspirant du spiritisme : l’Antoinisme. Ses membres ont foi en la guérison médiumnique.
Intéressé par ces pratiques, c’est à Sin-le-Noble, rue Saint-Joseph, que le spirite Jean Béziat fonde quelques années plus tard l’Institut des forces psychotiques. Les soins proposés sont bien différents des codes de la médecine traditionnelle. Il sera très vite rejoint par Paul Pillault et Lormier, deux autres médiums guérisseurs.
L’Institut, ouvert quatre jours par semaine, connaît un succès tel qu’il accueille environ trois cents patients par jour ! Un autre institut, fondé à Béthune, a même été traduit devant le tribunal correctionnel par le Syndicat des médecins, mécontent de voir sa clientèle déserter ses cabinets au profit d’une médecine spirite.
Des photos de patients posant devant l’Institut étaient utilisées pour faire des cartes postales qui leur permettaient d’entretenir une correspondance avec leurs proches. Ainsi, au revers de l’une d’elles on peut lire : « Cher Octave, mon père a été hier à Douai – Sin-le-noble. À maintes reprises, il a pensé à toi pour envoyer sa photographie. il a été trouver un médecin qui guérit tout. Il y a été avec Ernest et François Lallemand. Le guérit tout a dit qu’il s’en allait les guérir et cette nuit mon père n’a plus toussé du tout. il n’est pas bien placé, je crois bien que tu le reconnaîtras. »
L’Institut fermera peu après la Première Guerre mondiale.
Source : https://www.lavoixdunord.fr/archive/recup%3A%252Fregion%252Fsin-le-noble-quand-l-institut-des-forces-psychosiques-ia16b0n3488120
Marthe (née Fage) et Louis Buguet
Frère Robert Pierrefeu nous a fait le plaisir de compléter les quelques informations trouvées sur la fiche généalogique d'Angèle Vertet. Voici ces indications :
Marthe BUGUET née FAGE, une des soeurs d'Angèle, que j'ai bien connue également, dirigea avec son mari les écoles publiques de MONTCEAU LES MINES en Saône et Loire. A leur retraite, au moment de l'occupation allemande, ils vinrent habiter dans une rue voisine du Temple de VILLEURBANNE.
Peu de temps après, Frère BUGUET se désincarna et Soeur BUGUET fut successivement desservante des Temples d'ORANGE, d'EVREUX, de PARIS-VERGNIAUD, de CAUDRY et enfin de MARSEILLE où elle se désincarna en 1973.
Une fiche généalogique a également été créée par Nadine Chamayou. On y apprend que Marthe (Marie Joséphine Augusta), est née le 3 août 1885 à Chambon-le-Château, en Lozère (Languedoc-Roussillon) et qu'elle est décédée le 23 janvier 1973 à Marseille, à l'âge de 87 ans où elle fut desservante du temple antoiniste.
Temple antoiniste de Marseille
Institutrice publique adjointe à Verosvres (Saône-et-Loire) en 1906, institutrice à Collonge (sûrement Collonge-en-Charolais où vit la famille, en Saône-et-Loire) de 1911 à 1921. Elle se mari le 17 septembre 1904 à Castries dans l'Hérault avec Louis François Buguet.
Lui est né le 7 mai 1875 à Saint-Trivier-de-Courtes dans l'Ain (Rhône-Alpes) et est décédé à Marseille. Il a été instituteur à à Verosvres en 1906 et à Collonge en Charolais en 1916. Il est témoin du mariage d'Angèle et Louis François Vertet.
André et Aurore di Mauro, 16, Rue Labruyère à Paris
J’ai acheté plusieurs cartes postales représentant des temples antoinistes, donc plusieurs étaient signées Jeannin et toutes adressées à M. et Mme Di Mauro, habitant à Paris rue Labruyère dans le 9e arrondissement.
Les Archives numérisées de la ville de Paris permet de retrouver dans la liste du recensement de l’année 1936 à la même adresse André et Aurore di Mauro. Malheureusement les autres années ne sont pas disponibles.
On apprend là qu’André est né en Italie en 1898 et que son épouse Aurore est née dans la Marne en 1888. Lui est peintre artisan et elle est concierge.
On n'en sait pas plus sur ces Antoinistes parisiens amis des Jeannin, mais on peut imaginer qu'il fréquentaient un des temples parisiens.
Tombe des Antoine (années 80)
voici une photo plus rapprochée vers les années 80
Merci à Frère Leresteux pour son partage sur FaceBook
Angèle Vertet, desservante du temple de Vichy
Une carte postale achetée par hasard, signée d’un certain Pastorelli (qu’on identifie comme Baptistin, puisque Louis meurt en 1954), est adressée à Madame Vertet de Cusset.
De façon étonnante, on retrouve des informations de cette madame Fage sur le site Geneanet, l’arbre de Nadine Chamayou, petite-fille d’une soeur de notre Madame Fage, épouse Vertet.
Grâce à cet arbre, on sait que Madame Fage est née le 29 juillet 1888 (prénoms Angèle Micheline Louise Victoire) à La Chapelle-du-Mont-de-France (Canton de Matour) dans le Saône-et-Loire (près de Mâcon). Elle est secrétaire à Toulon dans le Var avant son mariage. Elle est Marraine de guerre de celui qui deviendra son mari, le 28 août 1916 à Collonge-en-Charolais (toujours en Saône-et-Loire, Louis François Vertet. En effet, il devient Caporal au 10è RI, suite blessure d'éclat d'obus ayant emporté son bras droit le 7/4/1915. Il a été Professeur de lettres à Cusset.
Elle devient donc Angèle Vertet, Madame Vertet. On sait que leur premier enfant, Marie Louise, dite Lilou, Vertet est née à Tunis (le 17 juillet 1917). On ne connaît pas les dates et lieu de naissance ou de décès de ses deux autres enfants.
Là où on ne peut pas se tromper, c’est quand la fiche généalogique indique qu’elle s’est occupée du culte antoinisme à Vichy. On ne sait malheureusement pas durant quelle période.
Temple de Vichy, construit en 1920
Lui, meurt le le 28 février 1955 à Cusset à 66 ans. Elle décède le le 15 mars 1987 à Verdolier, commune de Sault, dans le Vaucluse, près de Carpentras. La fiche généalogique indique qu’il y a une erreur concernant la note sur l'acte de naissance qui indique Cusset comme lieu de décès. Elle est décédée à Verdolier et a été enterrée au cimetière de Cusset (source Marie Laure Vertet qui était présente au moment du décès).
Frère Robert Pierrefeu complète ces informations dans un commentaire que je reproduis ici :
Soeur VERTET, que j'ai bien connue, fut auxiliaire au Temple de VICHY à la désincarnation de son mari alors que Frère Amable MERY en était le desservant. Desservante à son tour à la désincarnation du Frère MERY en 1960, elle se retirera pour raison de santé près de sa fille aînée en Provence et sera remplacée par Soeur Denise MARJOU venue de BERNAY en 1964. Hugues VERTET, son fils professeur de lettres classiques puis chercheur au CNRS, fut un célèbre archéologue en Auvergne (Lezoux),il se désincarna en 2015. Son autre fille épousa M. CIMETIERE et habita la maison de CUSSET avec sa famille.
Marthe BUGUET née FAGE, une de ses soeurs que j'ai bien connue également, dirigea avec son mari les écoles publiques de MONTCEAU LES MINES en Saône et Loire. A leur retraite, au moment de l'occupation allemande, ils vinrent habiter dans une rue voisine du Temple de VILLEURBANNE. Peu de temps après, Frère BUGUET se désincarna et Soeur BUGUET fut successivement desservante des Temples d'ORANGE, d'EVREUX, de PARIS-VERGNIAUD, de CAUDRY et enfin de MARSEILLE où elle se désincarna en 1973.
Les parents FAGE vivaient en Saône et Loire, le papa étant chef de gare dans une ville de ce département.
Avec mes bonnes pensées fraternelles.
Frère Robert PIERREFEU.
Voici un message de la petite-fille d'Angèle :
Mes grands-parents se sont en effet mariés à Collonges où mon arrière-grand-père Fage venait d'acheter une maison après sa retraite de fonctionnaire des chemins de fer à Montpellier, non loin de sa fille Marthe et son gendre Buguet.
Puis mon grand-père a été nommé professeur de philo, grec et histoire en Tunisie à Tunis, en Tunisie alors protectorat français ;
ils y restent jusqu'en 1922 et y ont deux enfants : Marie Louise (décédée à Nyons, Drôme, le 29/9/214 ) et Louis Hugues (né à Tunis le 2/4/1921 et décédé le 11/3/2015 à Lamothe-Montravel, Dordogne) dont je suis une des filles.
Leur troisième enfant, Marthe Vertet, est née à Cusset (où son père est nommé au collège de Cusset). Elle est décédée à Cusset le 19 /01/2008.
Elle a aussi été proche du culte antoiniste sans être desservante de temple ; deux de ses enfants sont restés proches de cette confession.
Angèle Fage épouse Vertet a habité l'appartement de fonction du temple de Vichy et en était desservante quelque temps après la mort de son mari (le 19 février 1955 ) et y est restée de nombreuses années. Elle habitait alors le premier étage alors qu'un Monsieur Méry était au rez de chaussée (je me souviens de sa longue barbe blanche) ; elle a ensuite déménagé au rez-de-chaussée puis a regagné pour un temps sa maison de Cusset où habitaient mes cousins Cimetière avec leurs parents, Marthe Vertet et son mari Gaston Cimetière, puis elle est allée habiter dans le midi, chez Marie Louise, sa fille ainée, jusqu'à son décès le 15/3/1987.
Mon père Louis Hugues Vertet, professeur de lettres classiques puis directeur de recherches archéologiques est resté attaché à cette confession ; et bien que marié à une protestante, ma mère, nous avons lu lors de la cérémonie de crémation, un texte du livre du père Antoine sur l'après-vie, livre auquel il tenait vraiment.
Marthe Fage, sa soeur épouse Buguet, a fini ses jours Traverse Tiboulen à Marseille comme desservante du temple situé là. Nous nous arrêtions à chaque retour d'Algérie où mes parents étaient enseignants de lettres classiques et elle est hélas, décédée peu de temps après que je me sois installée dans la région.
En espérant que ces renseignements vous éclairent sur le parcours de ma grand-mère et grand-tante.
bien à vous
MLaure VERTET
Adrien Beregovoy dans les pas de Louis Antoine
[1930]
Adrien Bérégovoy,
le métallo
« Un excellent garçon »
Déville-lès-Rouen, le 20 mars 1929.
Je soussigné Adrien Bérégovoy, né à Isum, gouvernement de Karkow (Russie), le 26 août 1893, ouvrier métallurgiste demeurant à Déville-lès-Rouen rue du Petit-Aulnay, 20, sollicite de votre haute bienveillance la naturalisation désirant devenir citoyen français.
Je suis ancien combattant de l'armée russe ayant combattu pendant toute la guerre contre les Autrichiens et Allemands avec les armées alliées.
En raison du manque de ressources, je vous serais très reconnaissant, monsieur le ministre, si vous vouliez bien m'accorder la remise totale du droit du sceau.
Je me suis marié à Déville-lès-Rouen, le 11 avril 1925 avec une Française, Mlle Baudelin Irène Eugénie Henriette et de notre union sont nés deux enfants encore existants.
Espérant que vous daignerez accueillir ma demande,
Adrien Bérégovoy
Irène Bérégovoy
De ces deux enfants encore existants (combien d’autres ne le sont plus ?), l'aîné, Pierre, Eugène, né le 23 décembre 1925 à Déville-lès-Rouen, connaîtra un destin politique hors du commun. Fils d’ouvrier devenu ajusteur puis cheminot et agent de l’EDF, il embrasse une carrière politique qui le mènera jusqu’à l'hôtel Matignon où il sera Premier ministre de François Mitterrand.
Pour l'heure, au moment où ses parents remplissent le dossier de naturalisation, il est surtout un atout : père d'enfants français, marié à une Française, bon travailleur. Adrien Bérégovoy a un profil parfait.
Pour quels motifs le postulant demande-t-il la naturalisation ? Ne devant jamais retourner en Russie et ayant décidé de rester en France où d'ailleurs il a des attaches, sa famille du côté de sa femme étant française.
Quelle est son attitude politique ? Bonne.
Paraît-il avoir perdu tout esprit de retour dans son pays ? Oui.
Quelles ont été ses occupations, son attitude pendant la guerre de 1914-1918 ? A-t-il rendu quelque service à la France ? Excellents. A combattu dans l'armée russe contre les empires centraux. Au début comme simple soldat et a fini comme capitaine.
Neuf jours plus tard, le préfet adresse au maire de Déville-lès-Rouen, où la famille habite, un questionnaire inédit. Tamponné « Confidentiel et urgent » (29 mars 1929), il passe en revue toutes les dimensions de la vie des Bérégovoy. Les appréciations du maire sont en général positives. Il juge notamment l'attitude politique et professionnelle d'Adrien Bérégovoy « excellente »,
La naturalisation de l'impétrant aura-t-elle pour effet de créer une famille vraiment française ? Oui.
Le maire, en conclusion, est dithyrambique :
Bérégovoy est un excellent garçon, d'une conduite irréprochable, d'une sobriété exemplaire, d'un excellent caractère. Bon patriote, sincère et fervent républicain.
Le dossier devrait passer comme une lettre à la poste. Pourtant une question vaut une réponse plus longue que les autres. Elle concerne les lieux où a résidé le postulant :
Jusqu'à son départ à la guerre comme volontaire, habitait avec ses parents à Isum. A dû partir de Russie en 1920 parce qu'il avait combattu les bolcheviques, a été un an en Pologne et deux ans en Allemagne et depuis cinq ans et demi en France où il compte rentrer définitivement.
Aïe. L'Allemagne. De quoi attiser toutes les suspicions dans cet entre-deux-guerres et faire recaler les meilleurs candidats. L'équivalent peut-être d'un séjour au Pakistan aujourd'hui... Bérégovoy est convoqué, probablement à la police, pour s'expliquer sur ces deux années outre-Rhin.
Le préfet rend compte au garde des Sceaux le 29 juin 1929 :
J'ai l'honneur de vous donner ci-dessous les renseignements fournis par M. Beregovoy Adrien […] :
« Entré en Pologne en 1920 avec le corps Bredoff de l'armée Deninkin [sic], en 1920 étant en Pologne combattu contre les bolcheviques dans les divisions formées en Pologne. En 1921 entré en Allemagne et jusqu'en 1923, date de son entrée en France , travaillé aux établissements Reinische Stahlwerke à Meiderick, près Duisbourg, »
Ces informations sont envoyées en Allemagne pour vérification. Le 2 août, le consul de France à Dusseldorf écrit à son ministre de tutelle, celui des Affaires étrangères :
J'ai l'honneur de faire connaître à votre excellence que l'enquête effectuée auprès de la Vereinigte Stahlwerke Aktiengesellschaft, qui a succédé à ces établissements, m'a permis d'apprendre que l'intéressé n'y avait pas travaillé à l'époque indiquée et n'était pas connu de la direction.
Le ministre des Affaires étrangères écrit alors à son homologue de la Justice pour lui dire qu'il est dans « l'impossibilité de vous donner mon avis sur la suite que doit comporter cette requête ». Nous sommes le 3 septembre 1929, le dossier Bérégovoy est en stand-by. Suspendu à cette brève carrière allemande. Le préfet de la Seine-Inférieure, comme on appelait alors ce morceau de Normandie, retourne vers le maire Déville-lès-Rouen. Qui obtient des renseignements plus précis :
M Bérégovoy affirme avoir été employé aux établissements Reinische Stahlwerke, à Meiderik, il a été embauché par l'entrepreneur Yavor, sujet serbe, comme manœuvre et il a habité au début dans les baraquements de l'usine, puis ensuite dans des pensions de famille dans différentes communes des environs des établissements employeurs, mais ne se rappelle plus les noms, sauf pour une seule qui est Lare.
À l'appui de ses dires, M. Bérégovoy a produit les documents que je vous adresse ci-joints, accompagnés d'une traduction.
Sentant sans doute l'étau administratif se resserrer et s'impatientant peut-être, Adrien Bérégovoy a demandé de l'aide à son député, le radical André Marie : figure dans son dossier la lettre du ministre de la Justice à celui-ci.
Vous pouvez être assuré que j'aurai soin de vous aviser en temps utile de la décision qui interviendra.
Elle interviendra après une ultime vérification. Le consul de France à Dusseldorf est à nouveau mis à contribution. Il approfondit les recherches. Enfin, à la fin de janvier 1930, il peut en dire plus à la chancellerie :
Ce n'est que le 21 de ce mois, après de nombreuses démarches infructueuses, qu'il m'a été possible de retrouver l'adresse de l'entrepreneur Peter Javor, qui avait embauché l'intéressé en 1922 [...]
Voici la traduction de sa réponse à ma demanda d'information :
… « un Adrien Bérégovoy, né le 26 août 1893, est entré à mon service le 26 août 1922. Je n'ai malheureusement plus d'indications précises sur la date de son départ mais crois me souvenir qu'il a dû me quitter en septembre 1923. Pendant tout le temps qu'il a été employé par moi, Adrien Bérégovoy a eu une très bonne conduite et je n'ai jamais rien appris de défavorable à son sujet... »
Trois fois rien, donc. Mais qui manquait pour rassurer l'administration. Désormais, c'est chose faite. Les Bérégovoy sont français !
Doan Bui & Isabelle Monnin, Ils sont devenus français – dans le secret des Archives
Paris, Points, 2011, 544 pages (pp.189 à 164)
Alain Rollat - Guide des médecines parallèles (1973)
Auteur : Alain Rollat
Titre : Guide des médecines parallèles
Éditions : Calmann-Lévy - Collection : Vivre aujourd'hui - Paris, 1973
Évoque l'antoinisme par le biais du temple de la rue Vergniaud de la page 159 à 162, dans le chapitre consacré aux Églises de la guérison à côté du Pentecôtisme, la Science chrétienne et l’Église du Christ de Montfavet.
Voici ce qu’écrit l’auteur :
L'Antoinisme
– Bonjour, petit frère. Sois le bienvenu.
Je viens d'entrer dans le vestibule de l'un des vingt-huit temples français du Culte antoiniste. La vieille dame qui m'y accueille si aimablement porte une soutanelle noire. Nous engageons la conversation. Je lui pose quelques questions ; elle y répond d'une voix douce.
– Pardonnez mon ignorance. Pourriez-vous me parler du Culte antoiniste ?
– Il s'agit d'une œuvre morale basée sur la foi et le désintéressement, petit frère... Il y a partout des peines, des maladies, et chacun peut venir demander chez nous sa guérison ou une aide spirituelle. Tout se fait par la prière, gratuitement, en toute liberté, comme le veut le Père...
– Quel « Père » ? Dieu ?...
Notre bon Père, le Père Antoine. Il nous a appris à connaître Dieu, sa bonté, son amour infini. L'enseignement du Père est l'enseignement du Christ révélé à notre époque par la foi. Nous n'essayons pas de convertir, petit frère. simplement de consoler et de guérir par la foi... » Et cette charmante personne au visage serein et à la parole facile continue à m'initier ; elle évoque confusément Adam et Eve, le sens de la vie, le Père Antoine, la réincarnation ; l'existence de bons fluides et de fluides mauvais... Je ne parviens plus à suivre sa pensée. Comprenant mon désarroi, elle m'invite à me recueillir dans la grande salle du temple. Je me retrouve seul, devant plusieurs rangées de bancs vides et une chaire à deux étages entourée de murs tristes. Tracée sur le mur, une inscription en grosses lettres noires domine le chœur : « Un seul remède peut guérir l'humanité : LA FOI ; c'est de la foi que naît l'amour, l'amour qui nous montre dans nos ennemis Dieu Lui-même ; ne pas aimer ses ennemis, c'est ne pas aimer Dieu ; car c'est l'amour que nous avons pour nos ennemis qui nous rend dignes de LE servir, c'est le seul amour qui nous fait vraiment aimer parce qu'il est pur et de vérité. »
Dans le vestibule, la dame à la soutane prie pour moi. Je demeure perplexe...
Ainsi se déroula ma première rencontre avec l'Antoinisme.
L'histoire de ce culte bizarre s'identifie totalement à celle de son fondateur, le « Père » Antoine, Louis de son prénom. L'appellation « Père » n'ayant d'ailleurs aucune origine religieuse. Cadet d'une famille pauvre comptant onze enfants, Louis Antoine voit le jour en 1846 en Belgique, à Mons-Crotteux, province de Liège. A douze ans, la misère l'oblige descendre à la mine avec son père et son frère aîné. Catholique fervent, il démontre dès cet âge, selon ses adeptes, « une sensibilité et une piété peu communes ». Sa foi religieuse ne l'empêche pas, cependant, d'être écœuré par le dur travail de mineur ; il devient ouvrier métallurgiste et, à vingt-quatre ans, quitte la Belgique pour l'Allemagne, puis la Pologne. Une dizaine d'années plus tard, il revient en Belgique où il épouse une jeune fille simple et modeste. De leur union naît un fils. Louis Antoine exerce les fonctions de concierge dans une usine. Végétarien, il vit très sobrement.
La grande aventure spirituelle de cet ouvrier, que rien ne prédisposait à fonder une religion, commence à quarante-deux ans, lorsqu'il découvre le spiritisme. Coup de foudre. Sachant à peine lire et écrire, Louis Antoine va dévorer de nombreux ouvrages d'occultisme. Il fait tourner les tables, se révèle médium, entre en communication avec les « âmes » des morts et s'enhardit, déjà, à prêcher à son entourage certaines « vérités » découvertes dans le monde des « esprits ». Soudain, le drame entre dans sa vie, en 1893 : son fils unique meurt à l'âge de vingt ans. Pour Louis Antoine, le problème de la guérison devient une obsession. L'humble concierge wallon rencontre alors, opportunément, autour des tables spirites, deux « fantômes » charitables d'anciens médecins qui lui enseignent, depuis l'au-delà, le secret de la guérison par la prière et l'art de maîtriser les « fluides guérisseurs ». Fort de leurs conseils, Louis Antoine se débarrasse personnellement de vieux maux d'estomac et devient guérisseur. Il impose les mains, distribue des morceaux de tissu « magnétisé », connaît quelques ennuis avec le syndicat des médecins belges et abandonne rapidement les thérapeutiques magnétiques pour se consacrer à la guérison par la foi. Les malades font la queue devant son domicile l'appellent « Père » et sa femme « Mère » ; la religion antoiniste apparaît.
Reconnu d'utilité publique par le gouvernement belge en 1922, le Culte antoiniste compte aujourd'hui cinquante-huit temples en Europe et cent cinquante salles de lecture dont plusieurs aux Etats-Unis et au Brésil.
Officiellement, Louis Antoine a cessé de vivre le 15 juin 1912. Je dis « officiellement » car les Antoinistes affirment que leur « Père » est seulement désincarné et continue à diriger son Eglise depuis le royaume des « esprits », où il réside en compagnie de la Mère et des anges.
Mélange obscur de christianisme, de spiritisme, de théosophie et d'hindouisme, le Culte antoiniste reflète parfaitement la personnalité de son fondateur. Comme la Science chrétienne, l'antoinisme nie l'existence réelle de la matière et du mal, pures « illusions mentales » prenant racine dans le péché. Sa conception des relations de l'âme et du corps, par contre, ne manque pas d'originalité.
Suivant les Antoinistes, en effet, « toute pensée est un fluide et tout fluide une pensée. Nous baignons dans la vie et dans les fluides comme le poisson dans l'eau. Notre atmosphère est composée de milliers de pensées, acquises dans les multiples entreprises que nous effectuons dans le courant de notre existence. Ce sont autant de fluides que notre esprit manie à son insu, bons ou mauvais suivant notre nature. Ces fluides que nous saisissons à travers la matière sont des lois qui nous dirigeront, à notre insu, dans le milieu même où nous les avons puisés ; si nos pensées ont été pour notre semblable bonnes et agréables nous en serons réconfortés ; si elles ont été mauvaises et amères nous serons martyrisés. Nous sommes les seuls auteurs de nos souffrances ». Le Père Antoine apporte la « précision » suivante : « Il m'est arrivé de soigner des malades dont le mal était à une distance de deux mètres du corps, dans l'atmosphère. Il faut savoir que l'âme rayonne autour du corps, à une étendue dont on ne se fait peut-être pas une raison. Il importe, donc, assez peu de guérir l'organe, si on laisse subsister le mauvais fluide qui l'entoure et qui va être la cause d'une nouvelle indisposition. Cette observation montre à quel point un guérisseur pourrait s'égarer en se bornant à remédier au corps. »
Vous reconnaîtrez à cette description la notion spirite de « corps astral ».
En conclusion, les Antoinistes soulignent que toute guérison totale suppose une conversion spirituelle profonde. Dans chaque temple le culte principal, ou Opération générale, consiste ainsi à prier pour les malades en luttant mentalement contre les fluides mauvais qui les accablent et à les aider à cultiver la foi en Dieu. Les fidèles ont rendez-vous avec « l'esprit » de Louis Antoine les cinq premiers jours de la semaine à 10 heures précises. En sa présence paternelle bien qu'invisible, ils méditent les « Dix Principes de Dieu » révélés par le Père. Lorsque l'officiant les récite, Dieu s'adresse directement à l'assistance par l'intermédiaire du Père Antoine.
Premier principe :
« Si vous m'aimez
Vous ne l'enseignerez à personne
Puisque vous savez que je ne réside
Qu'au sein de l'homme.
Vous ne pouvez témoigner qu'il existe
Une suprême bonté
Alors que du prochain vous m'isolez. »
Deuxième principe :
« Ne croyez pas celui qui vous parle de moi
Dont l'intention serait de vous convertir,
Si vous respectez toute croyance
Et celui qui n'en a pas,
Vous savez, malgré votre ignorance,
Plus qu'il ne pourrait vous dire. »
Tous ces principes, dont je ne puis vous infliger la lecture, prônent hermétiquement l'amour du prochain, la charité, la tolérance, l'humilité.
En marge des leçons sur l'enseignement du Père, le Culte antoiniste assure également, chaque jour, des « opérations » de guérison individuelles. Un frère guérisseur se tient en permanence à la disposition des personnes souffrantes. Quand un malade vient le consulter, il lève les bras vers « l'esprit » du Père Antoine, le prie d'intervenir au nom de Dieu et agit personnellement en expulsant, par la force de sa prière, les fluides noirs du péché encombrant le corps « astral » de son patient. Les « opérations » sont gratuites et les guérisons certifiées nombreuses. Les guérisseurs antoinistes ne demandent rien en échange de leurs services : « Le culte laisse toute liberté à chacun ; on y vient pour autant qu'on en a besoin, soit pour obtenir une grâce, soit pour s'instruire de la Morale révélée. Chacun en comprend ce qu'il veut et en pratique ce qu'il veut. Celui qui vient au Culte vient seulement pour trouver le chemin qui l'aidera à sortir de ses épreuves tout en gardant sa religion, son milieu, ses habitudes, selon sa conscience. »
Intentions assurément fort louables.
En outre, le Père Antoine a toujours eu le bon sens de ne pas vouloir concurrencer la médecine officielle. Les brochures de ses services d'information n'oublient jamais de mentionner prudemment : « Le culte ne va pas sur le terrain de la Science, notamment n'établit aucun diagnostic, ne conseille ni ne déconseille un médicament, ni une opération chirurgicale, ne fait ni passe ni imposition des mains, ni prédiction d'avenir. » Au contraire, les Antoinistes prient pour les médecins. Louis Antoine a écrit lui-même : « Dirions-nous qu'un chirurgien qui nous fait souffrir pour nous opérer un organe détérioré commet un mal ? Nous dirons plutôt qu'il nous fait un grand bien. »
En définitive, retenez ceci, le Culte antoiniste pratique un mysticisme guérisseur inoffensif.
Rassemblement au temple de Jemeppe (Fête de Père ?- 1923)
voilà une photo d'un rassemblement au temple de Jemeppe. On voit Mère saluait la foule.
voici un détail de la photo :
il est difficile de savoir si l'événement est à l'occasion de la Fête de Père, mais la date de 1923 est présente au dos avec l'éditeur de la carte-photo L. Blampain, 15, rue de l'Hôtel Communal, Jemeppe s/Meuse