Temple de Mons (creator.nightcafe.studio)
Jemeppe - Rue Sualem - visite au Père (recto)
Chère Berthe,
Je pense que vous êtes fâchée sur moi mais hélas je ne pouvais vous aider de cette manière.
Comme vous voyez, je suis en Belgique près de Liège, à cause de mes mains.
J'espère trouver un guérison.
Peut-être que j'irai à Bruxelles demain, j'ai un abonnement pour 5 jours et avec tous les trains.
Je serais venue en Suisse si je n'était pas ainsi malade, à plus tard.
En attendant de vos nouvelles,
Recevez mes meilleures amitiés
Votre dévoué
Je serai la semaine prochaine de retour à Maizières.
Sr Jeannin - Pré-St-Gervais 1970 (Archives du Temple de Retinne)
Sr Jeannin - Pré-St-Gervais 1970
(Archives du Temple de Retinne)
Le frère Albert Jeannin se marie avec Yvonne Eugénie Marie Vachter à Bruxelles (dont elle est originaire) le 18 mars 1924, à leur retour de Jemeppe où leur deux enfants naitront.
Régis Dericquebourg (p.56) nous informe encore : L'attente d'un retour ne s'est probablement pas limitée au Père. Nous pouvons lire dans une lettre d'un adepte à Sœur Jeannin (1973) "que bientôt les anciens adeptes vont se réincarner pour redonner un second souffle à l'expansion du Culte". Pour être honnête, il faut dire que l'auteur de ces lignes nous a confié qu'il ne fallait pas prendre cette phrase à la lettre. Néanmoins l'idée est présente.
Régis Dericquebourg ne nous dit donc pas comment Sœur Jeannin a reçu cette pensée.
Sœur Jeannin se désincarne le 19 décembre 1973.
Frère Miot - Sr Jeannin - Pré-St-Gervais 1970 (Archives du Temple de Retinne)
Frère Miot - Sr Jeannin - Pré-St-Gervais 1970 (Archives du Temple de Retinne)
Développement, Arbre de la science de la vue du mal, le bien, interprété l'opposé de la réalité, p.271
Nous avons tous une intelligence, un esprit, et il n'y a pas deux êtres qui se ressemblent ; nous différons les uns des autres tant par nos facultés, nos sentiments, nos caractères que par notre physionomie. La vérité n'étant qu'une, voyons combien nous sommes sujets à l'imagination.
Le Développement de l'Enseignement du Père, Arbre de la science de la vue du mal, le bien, interprété l'opposé de la réalité, p.271
Développement, Arbre de la science de la vue du mal, le bien, interprété l'opposé de la réalité, p.271
Nous avons tous une intelligence, un esprit, et il n'y a pas deux êtres qui se ressemblent ; nous différons les uns des autres tant par nos facultés, nos sentiments, nos caractères que par notre physionomie. La vérité n'étant qu'une, voyons combien nous sommes sujets à l'imagination.
Le Développement de l'Enseignement du Père, Arbre de la science de la vue du mal, le bien, interprété l'opposé de la réalité, p.271
Bruges - 4e Rég. de Ligne - A la Plaine - Au repos (1911)
Antoinisme (L'Ami du Clergé, 1953)
Antoinisme : le fondateur, la doctrine, la morale, rites et organisation.
Comme on nous a parfois interrogé sur l'Antoinisme, et comme nous y avons fait allusion, récemment, en parlant des guérisseurs, nous saisissons avec empressement l'occasion qui s'offre à nous d'élucider ce problème assez obscur2.
Louis Antoine naquit en Belgique, à Mons-en-Crotteux (province de Liège), en 1846, dernier-né d'une famille de mineurs de 11 enfants. Dès l'âge de 12 ans, il travaille à la mine. Puis il devient ouvrier métallurgiste. A 24 ans, il passe en Allemagne, puis en Pologne ; dans l'intervalle, il a épousé Jeanne-Catherine Collon, dont il a un fils, qui meurt à l'âge de 20 ans. Il amasse un petit pécule, revient en Belgique et s'installe à Jemeppe-sur-Meuse, où il devient concierge des Tôleries.
Jusqu'à l'âge de 42 ans – en 1888 – il professa la religion catholique, mais avec des connaissances très rudimentaires. Il s'adonna au spiritisme et fit tourner les tables, ce qui l'amena à mêler à sa religion des idées théosophiques plus ou moins baroques.
De santé débile, souffrant de l'estomac, il s'était fait végétarien. Mais on peut dire qu'il découvrit sans s'en douter ce qu'on appellerait la Mind-Cure : La médecine par la psychologie de la confiance.
« La maladie n'existe pas », se disait-il. Il répandit cette certitude. Il devint ainsi guérisseur. Naturellement il fut poursuivi pour exercice illégal de la médecine, mais il abandonna alors les procédés qui avaient fait condamner, pour ne plus demander des « miracles » qu'à la foi seule. Le voici devenu visionnaire, prophète, connu non seulement dans la province, mais au loin. Il répand ses « révélations » en un fatras incohérent, qui en impose aux ignorants. Enfin, en 1906, à 60 ans, il trouve sa voie définitive. Son métier de guérisseur s'estompe derrière la conscience qu'il a de créer une religion nouvelle, une Révélation. C'est ce qu'il appelle « Le Nouveau Spiritualisme ». Les disciples affluent. II crée un Conseil d'administration, un Bulletin mensuel : L'Auréole de la Conscience, remplacé ensuite par un journal : L'Unitif. Le premier temple de cette religion fut édifié à Jemeppe, en 1910. Deux ans plus tard, le 25 juin 1912, le Père « se désincarna », ce qui veut dire tout simplement qu'il mourut, à 66 ans. Il avait transmis ses pouvoirs sa femme, appelée la « Mère » jusqu'à sa mort, 3 novembre 1941. Les dates de la mort du Père et de la Mère sont des jours de fête pour les Antoinistes.
Les dernières paroles du Père auraient été :
« Après Mère il y aura de grands guérisseurs. On pourra en choisir un pour remplacer Mère. Mère suivra toujours mon exemple, elle ira sur la tribune comme j'y vais, mais pour le nouveau guérisseur, il n'en sera pas de même ; il montera à la tribune par l'escalier opposé, et, quand il l'aura mérité, il ira par où j'y vais. Voilà, mes enfants. »
Il paraît qu'à la mort du Père, cette religion comptait environ 150.000 fidèles. Sans se dire Dieu lui-même, il a laissé imprimer dans les livres officiels de sa religion, cette phrase monstrueuse :
– « Nous ne voulons pas faire d'Antoine le Guérisseur un grand seigneur ; nous faisons de lui notre Dieu ! »
La doctrine antoiniste, si on peut galvauder ce grand nom de doctrine à propos d'une superstition aussi grossière, est contenue dans les livres suivants :
– L'Enseignement par Antoine le Guérisseur, 1905 ; Le développement de l'Enseignement du Père ; Révélation par Antoine le Généreux, 1910 ; Le Couronnement de l'Œuvre révélée, 1910.
Le résumé de ces prêches incohérents et qui se répètent sans relâche, serait le suivant :
« L'Homme est lui-même son Dieu. Ne croyons pas en Dieu, n'espérons rien de lui, mais croyons en nous et agissons naturellement. Sachons que nous sommes Dieu nous-mêmes.
Je l'ai révélé, tous nous sommes des dieux, nous avons tous un côté divin, notre côté réel. Quand nous aurons surmonté la matière, l'imperfection, nous serons tous réunis dans le même amour, pur ; nous formerons l'Unité absolue de l'ensemble : Dieu ! »
La matière n'existe pas, c'est nous qui l'imaginons et lui donnons son être. Ce qui existe a toujours existé. C'est la matière, imaginée par nous, qui nous rend vicieux et haineux. La maladie non plus n'existe pas. Elle est le fruit de la matière, donc elle est un fantôme créé par l'intelligence.
« Croyez, dit Antoine, que la matière n'existe pas, et vous tuerez la racine même de la maladie.
C'est la foi qui est tout, elle seule qui guérit. C'est une folie criminelle de consulter un médecin, même dans une maladie grave. L'intelligence, coupable d'avoir inventé la matière et, par là-même, la maladie, doit disparaître progressivement pour faire place à la conscience. Elle est cause de l'amoindrissement de l'instinct naturel, qui seul atteint la cause profonde des choses. La mort n'existe pas davantage que la maladie. Il y aura de multiples réincarnations, au bout desquelles l'intelligence cèdera la place à la Foi. Au surplus, n'oublions pas que « ce qui est aujourd'hui la lumière sera demain l'obscurité. » L'Antoinisme ne s'impose donc pas à un assentiment définitif, « La vérité n'est que relative ».
– « Si nous voulons être dans la vérité, disait Antoine, croyons toujours que nous n'y sommes pas, c'est ainsi que nous y serons réellement, car, je l'ai révélé, nous ne la possédons que lorsque nous ne prétendons pas l'avoir. »
L'antoinisme est donc quelque chose d'inconsistant, d'évanescent, c'est une recherche, une disposition, une Foi sans corps.
– « Celui qui vient au culte, dit un tract antoiniste, vient seulement pour trouver le chemin qui l'aidera à sortir de ses épreuves, tout en gardant sa religion, son milieu, ses habitudes, selon sa conscience. »
Le père Antoine regardait sa morale comme la partie essentielle de son enseignement. Cette morale est totalement étrangère à Dieu. Il n'y est pas question de devoirs envers Dieu. « Nous sommes aussi indépendants de Dieu, qu'il l'est de nous ». Si Dieu nous commandait, ce serait un empiètement sur notre libre-arbitre. L'homme se dicte à lui-même ses règles morales. « Dieu nous a donné la faculté de créer des lois nous-mêmes au fur et à mesure que notre intelligence se développe. » Le père Antoine prêchait l'amour du prochain, même de ses ennemis. « Aimons donc, disait-il, ceux qui sont la cause de nos épreuves, puisqu'en nous faisant souffrir, ils nous font progresser ». Le mal n'existe pas. Faites donc le mal, si votre nature vous y pousse. Agissez en tout naturellement. Le mal n'est rien. Toute éducation est nuisible. Nous déformons les enfants. Il faut les laisser obéir à leur nature.
Comme on le voit, tout cela est profondément illogique, contradictoire. Des recommandations d'humilité côtoient des affirmations de fol orgueil. Si nous sommes des dieux, pourquoi nous recommander l'humilité ? Et, dans l'antoinisme, tout est à l'avenant.
Les rites antoinistes sont des plus rudimentaires : il n'y est question ni du Christ, ni de l'Eglise, ni des sacrements. Le mariage n'est conservé que provisoirement, en attendant sans doute que la poussée de l'instinct et de la nature le supprime. Les seules fêtes marquantes sont celles de la « désincarnation » du Père (25 juin) et de la Mère (3 novembre). Ces jours-là les Antoinistes revêtent un costume : lévite noire pour les hommes, robe noire pour les femmes. Le cercueil, pour les enterrements, est recouvert d'un drap vert. La bannière de la Communauté figure « l'Arbre de la Science de la vue du mal ». Le culte consiste dans la lecture des Dix commandements de l'antoinisme, suivie de la lecture des Evangiles et de certaines scènes de la vie du Père Antoine. A toute heure du jour et de la nuit, un « frère » et une « sœur » se tiennent à la disposition des malades qui viennent demander leur guérison. Pour l'obtenir, on se borne à prier pour la guérison de l'âme du patient, L'âme une fois guérie, le corps guérit nécessairement. La moindre guérison, fût-elle fortuite, enthousiasme les antoinistes et les enfonce davantage dans leur erreur. Or, il est possible, probable même que le P. Antoine a opéré des guérisons. La puissance curative de la suggestion est immense. Des médecins – pas tous, heureusement – ont voulu attribuer à la suggestion seule toutes les guérisons de Lourdes. Sans tomber dans cette absurdité, il est permis de penser que la « foi aveugle » en la guérison, peut opérer parfois de véritables cures. Le P. Antoine, en soutenant que la maladie n'existe pas n'a pas été plus stupide que les médecins qui réduisent les miracles de Lourdes à des prodiges d'auto-suggestion.
– « De tout temps, écrit le chanoine Leroux, les prétendus sorciers, les charlatans, les somnambules lucides, les guérisseurs de toute sorte ont obtenu semblables améliorations de troubles fonctionnels, curables par suggestion, et c'est ce qui a fait leur succès. Mais il est manifeste que l'Antoinisme n'a jamais pu et ne pourra jamais enregistrer la guérison subite d'un ulcère ou d'une lésion organique... Dans ce domaine, la suggestion est inefficace. »
De nos jours, les Antoinistes, ayant à leur tête « le Représentant du Père », chef inamovible, qui nomme les desservants des temples, accusent un million et demi d'adeptes, ouvriers en grand nombre, métallurgistes et mineurs surtout, qui font preuve d'un grand esprit de prosélytisme. J'ai cependant connu personnellement un prêtre catholique apostat, qui est devenu antoiniste, il y a environ quarante ans. La secte antoiniste est répandue en Belgique, Allemagne, pays anglo-saxons. En Belgique seule, il y aurait une trentaine de temples. Mais en dehors des temples, il y a beaucoup de lieux de réunions privées. Le siège social en France est à Paris (xiiie), 34, rue Vergniaud.
Il faut évidemment ranger l'antoinisme parmi les manifestations de crédulité qui fournissent tant de clients et de clientes aux voyantes, tireuses de cartes, devins, somnambules, et aux sorcelleries informes de nos pays de mission. L'antoinisme fait songer à certaines hérésies du Moyen Age : celles de Tanchelme, de Pierre de Bruys, etc.
2 En 1924, le chan. Leroux, professeur au Grand Séminaire de Liège, publiait une brochure sur l'Antoinisme. On peut voir aussi P. Debouxthay, Antoine le Guérisseur et l'Antoinisme, in-16 de 332 p., Liège, F. Gothier, 1934. Et cf. Ami, 1961, p. 5 des couv.).
L'Ami du Clergé, 1953
25 juin (apparemment) au Temple de Jemeppe (Archives du Temple de Retinne)
25 juin (apparemment) au Temple de Jemeppe (Archives du Temple de Retinne)
Photo sans aucune annotation, ni date. On peut compter jusqu'à minimum 15 emblèmes.
Au centre il semblerait que ce soit Mère et sa coiffe blanche.
Devant le pupitre à sa gauche le Frère Florian Deregnaucourt. S'agirait-il d'un 25 juin ?
Certainement, car c’était encore (si mes souvenirs sont bons) la seule date où on se retrouvait de tous les temples ou groupes (avec leur emblème) à Jemeppe.