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Roux - La gendarmerie

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Roux - La gendarmerie (derrière à droite, le bâtiment du Temple du Père Dor).jpg

Roux - La gendarmerie (derrière à droite, le bâtiment du Temple du Père Dor)

Roux - La gendarmerie maintenant et le Temple de la Vertu

Roux - La gendarmerie maintenant et
le bâtiment du Temple de la Vertu (maintenant Centre de formation pour éducateurs)

    Dans un article du Soir (8 et 9 janvier 1913) sur le Père Dor, on apprend que le Temple de la Vertu est situé près de la gendarmerie.
    Le bâtiment est maintenant une maison de repos et de soins pour personnes âgées "Le Chant des Oiseaux".

    Concernant le Temple, Paul Pastur refuse d'acheter le bâtiment pour en faire une école en raison "des évènements actuels" et l'on semble comprendre par là que les "évènements" dont il s'agit ce n'est pas la guerre, mais le procès intenté contre le Père Dor. On pensait en effet en faire une partie de l'Université du Travail.
    Le Temple est devenu un temps une caserne, pour devenir un court moment après sa vente un cinéma, puis est devenu un cloître pour les Dames de Ste-Julienne, ce que nous confirme un article du Pastoor Verlinden. On retrouve une série de cartes postales montrant le bâtiment dans cette nouvelle affectation.
    Entretemps, le Père Dor continuera son œuvre à Uccle.

    Il devint ensuite une école d'infirmières et actuellement une École pour éducateurs (Centre d'Enseignement Supérieur pour Adultes).

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Louis Piérard - En Wallonie (1911)

Publié le par antoiniste

Louis Piérard - En Wallonie (1911)

Auteur : Louis Piérard
Titre : En Wallonie
Éditeurs : Henri Lamertin, Bruxelles, 1911Louis Piérard - En Wallonie (1911)

    Louis Piérard est un homme politique belge et un militant wallon né à Frameries (dans le Borinage) le 7 février 1886 et mort à Paris le 3 novembre 1951, mais repose au cimetière de Frameries, au pied d'un des plus anciens charbonnages. Sur le tombeau érigé par la commune, on lit l'inscription Citoyen du monde. Son œuvre vient de passer dans le domaine public.
    Issu d'une famille modeste (ses deux grands-pères étaient mineurs), il vint très jeune au socialisme et lutta aux côtés de Jules Destrée et Émile Vandervelde pour le suffrage universel. Il fut maire de Bougnies, sur la frontière française, de 1933 à sa mort.
    Journaliste, il collabora au journal Le Soir puis au journal Le Peuple, organe de son parti, mais aussi pour Le Flambeau, le journal de Gustave Gony (il est donc possible qu'il fût spirite). Il accompagne François Crucy pour son article dans l'Humanité. Il écrivit de nombreuses critiques d'art (sur Van Gogh, Manet…) et Visages de la Wallonie (réédité par Labor, Bruxelles, 1980). Ce livre est de la même trempe que ce dernier, mais date de 1911, un des premiers titres de l’auteur.
    Il y consacre deux chapitres à ce qui nous intéresse : les Thaumaturges (pp. 47-49) et Antoine le Guérisseur (pp.50-56). Pour autant, l’auteur ne nous apprend rien, et fait un travail de journaliste qui rapporte des faits. Cependant je doute qu’il se soit rendu à Jemeppe. Jugez par vous-mêmes. Pourtant, il semble bien connaître le culte, car deux articles (L'Humanité donc, et Le Monde illustré) l'évoque. Et il a soutenu la reconnaissance du culte auprès du Parlement.
    On retrouve une sœur Alice Piérard en relation avec le temple de Verviers, sans savoir s'ils sont de la même famille.


                                 THAUMATURGES

    A tout seigneur, tout honneur. Que je vous parle d'abord de l'éphémère bon dieu Baguette qui opéra deux mois durant à Ressaix, près de Binche dont le carnaval est célèbre.
    Jemeppe-sur-Meuse avait déjà Antoine le Guérisseur. Nous connaissions aussi un brave paysan d'Erbisœul qui succéda à son beau-père dans les délicates fonctions de Tout-Puissant. Et cette trop neuve région du Centre où Baguette opéra, n'avait-elle eu déjà Louise Latteau, la fameuse stigmatisée de Bois-d'Haine ?
    Ce christ de Ressaix, après des semaines de gloire et de recettes abondantes (on vint le consulter Paris, de Lille et d'Arlon !) connut en quelques jours la plus lamentable des déchéances et le ressentiment de la foule. Il eut le tort grand de ne point se montrer assez supra-terrestre ; Il s'enivra, eut une maîtresse, fut appelé au Parquet de Charleroi. Aucun dieu ne peut résister à de telles épreuves.
    La révélation lui était venue au fond de la mine : plusieurs fois, devant ses camarades ahuris, puis bouleversés, ce jeune sclauneur jetant son pic s'était écrié « qu'il le voyait encore. » Sur la façade du cabaret paternel, on peignit à la chaux blanche : Au nouviau bon Dieu, Jules Buisseret, dit Baguette. Et malades, curieux, reporters, affluèrent de partout. « Qui eût cru, dit la mère Buisseret, que nos fieu s'rait dèv'nu bon Dieu ? »
    Moi aussi je fus le consulter. Le pays est hideux, presque effrayant : chemins noirs et boueux, maisons toutes pareilles, trop neuves et trop sales à la fois. On se prend à regretter avec douceur d'autres régions charbonnières, antiques celles-là, où une industrialisation féroce n'a pas encore souillé un paysage de vieux terrils verdissants et de collines douces.
    Aux murs du cabaret sordide, des béquilles, des crucifix ornés d'une cocarde en flanelle rouge, des vierges naïvement peinturlurés, voisinaient avec des chromos recommandant le chocolat des Boers ou l'élixir des colombophiles. Les visiteurs attendaient leur tour, assis devant une chope crasseuse. « Allons, à qui le tour ? » criait de temps en temps le Bon Dieu du fond de la cuisine. C'était un jeune homme maigre, aux joues blêmes, au regard fuyant. Une narquoise chanson populaire décrivait ainsi son accoutrement :
                     Il a n'ceinture de rouge coton,
                     Pou fé t'nir ses marronnes (son pantalon),
                     Il a planté dins des bouchons
                     Des s'pénes (épines) pou fé n'couronne.
    Ajoutez à cela un énorme crucifix en plomb attaché au gilet du bonhomme par une épingle de sûreté, et un sceptre grossier. Son remède consistait en peu de chose : dire des prières tous les jours, matin et soir, et après les repas : faire le signe de la croix de la main gauche et à l'envers. Penser à lui. Et voilà ! Cela valait dix sous, cinq francs, dix francs, selon la mine. Cocasse et poignant !

 

                                 ANTOINE LE GUÉRISSEUR

    Cent soixante mille Belges ont demandé dans une pétition au Parlement de leur pays, la reconnaissance d'une nouvelle religion : l'Antoinisme.
    Cent soixante mille signatures ! Ni le suffrage universel, ni l'instruction obligatoire, ni la limitation des heures de travail n'ont jusqu'ici, bénéficié d'un tel engouement. Dans une lettre qui accompagne la pétition, une propriétaire, un professeur de lycée, et un lieutenant d'infanterie exposent ce que demandent avec eux, ces 160.000 Belges : la reconnaissance légale d'un nouveau culte, le culte » antoiniste », du nom de son fondateur, Antoine le Guérisseur, un homme étrange qui, au pays de Liège, exerce depuis quelques années, un étonnant prestige.
    Si Antoine le Guérisseur et ses adeptes, dit la pétition, demandent la reconnaissance légale de leur culte, ce n'est pas pour obtenir des subsides. La religion antoiniste est fondée sur le désintéressement le plus complet : Antoine le Guérisseur et ses adeptes ne veulent recevoir ni subside ni rémunération, mais assurer l'existence légale de leurs temples.
    Ajoutons que les signataires joignent à leur pétition quelques certificats de guérison dont la lecture disent-ils, fera comprendre pourquoi ils considèrent Antoine le Guérisseur comme l'un des plus grands bienfaiteurs de l'humanité.
    Jemeppe-sur-Meuse, c'est, au noir pays du fer et du charbon, près de Liège, un gros village minier au bord de la Meuse. De l'autre côté du fleuve, au bout du pont de fer, c'est l'ancien palais des princes évêques de Liège, l'entrée des usines Cockerill, Seraing, qui impressionnait Victor Hugo si violemment en 1838, et qui est bien, aujourd'hui, l'un des grands temples de la beauté moderne. Un peu plus loin, en amont, sont les cristalleries du Val-Saint-Lambert.
    C'est dans ce décor que le thaumaturge Antoine opère depuis quelques années. On le vient voir de très loin, non seulement de toutes les provinces belges, mais encore du nord de la France et du grand-duché de Luxembourg. Louis-Antoine est né en 1816, Mons-Crotteux, un village de ce pays de Liège, où, à l'âge de douze ans, il descend dans la mine, avec son père et son frère. A l'âge de vingt-quatre ans, il quitte la Belgique pour l'Allemagne, où il travaille pendant cinq ans ; puis nous le retrouvons dans les environs de Varsovie, où il fait un nouveau séjour de cinq ans. Marié à une payse, il revient à Jemeppe, à la tête d'un petit pécule, qu'il a vite fait de partager en aumônes continuelles. Dès lors, après une grande crise mystique, Antoine commença sa carrière de guérisseur.
    Il fut longtemps un fervent disciple d'Allan Kardec et fonda à Jemeppe même, la société spirite des « Vignerons du Seigneur. » Les esprits, un jour, lui révélèrent sa mission actuelle et lui ordonnèrent de se consacrer tout entier à « l'art de guérir. » Et Antoine commença d'imposer les mains aux malades en leur disant simplement : « Pensez à moi, ayez la foi ».
    Plus tard, le nombre des visiteurs étant devenu trop considérable, Antoine adopta le système de la guérison en bloc, par paquets. A présent, il n'opère plus que les quatre premiers jours de la semaine. Vers dix heures, quand quelques centaines de visiteurs sont réunis dans le temple, le bonhomme paraît, monte dans une chaire et invite l'assemblée à se recueillir. Lui-même semble concentrer toute sa pensée sur un point et souffrir. Puis, sortant de sa torpeur, il recueille dans l'atmosphère, les fluides !!! S'ils sont mauvais, il demande aux assistants de prier pour purifier l'ambiance...
    Le « temple » de Jemeppe-sur-Meuse est bâti comme beaucoup de maisons en Wallonie, sur l'emplacement d'une exploitation charbonnière abandonnée : le grisou s'échappe, s'allume facilement à un petit trou que l'on a foré dans le plancher. De même autrefois, les pythonisses plaçaient leur trépied au-dessus d'une ouverture crachant des vapeurs infernales...
    Antoine est végétarien, travaille de ses mains continuellement, tâche de suffire à tous ses besoins.
    – Mais, allez-vous dire, c'est l'histoire de Tolstoï que vous nous racontez là !
    A la vérité, la similitude est frappante, surtout si l'on étudie leur enseignement moral à tous deux.
    Cependant, c'est à un simple, à un ouvrier peu instruit, ne l'oublions pas, que nous avons affaire ici.
    A vrai dire, c'est surtout un panseur de plaies morales ; mais j'ai trouvé dans cet homme une telle force de persuasion que je ne serais point étonné qu'il eût agi favorablement sur bien des malades. A un ami qui m'accompagnait il y a quelques années, quand je l'allai voir, et qui lui demandait une consultation, cet homme étrange répondit avec calme :
    – Vous n'avez point la foi : je lis bien dans vos yeux que vous me demandez cela par goguenardise ou poussé par une frivole curiosité. A quoi bon vous répondre ?...

*
*   *

    Il y a, dans les boniments que répandent les fidèles d'Antoine, des choses bien amusantes. Tenez, je trouve à la fin d'une brochure intitulée : L'auréole de la conscience, révélation et biographie d'Antoine le Guérisseur, l'annonce suivante :
    Nous portons à la connaissance des personnes souffrantes que le GUERISSEUR ne reçoit plus en particulier. Il fait en tout quatre opérations générales par semaine : les lundi, mardi, mercredi et jeudi, à 10 heures.
    Pour les opérations particulières, une dame qui opère en son nom Le remplace. Les personnes qui ont foi en Lui, soit pour conseils, contrariétés ou maladies, recevront satisfaction aussi bien par l'intermédiaire de cette dame que par Lui-même.
    Mais voyons la doctrine de cet homme qui a plus du thaumaturge en lui que du vulgaire rebouteux.
    L'enseignement d'ANTOINE LE GUERISSEUR a pour base l'amour, il révèle la loi morale, la conscience de l'humanité : il rappelle à l'homme les devoirs qu'il a remplir envers ses semblables ; fût-il arriéré même jusqu'à ne pouvoir le comprendre, il pourra, au contact de ceux qui le répandent, se pénétrer de l'amour qui en découle : celui-ci lui inspirera de meilleures intentions et fera germer en lui des sentiments plus nobles.
    La vraie religion, dit LE GUERISSEUR, est l'expression de l'amour pur puisé au sein de Dieu, qui nous fait aimer tout le monde indistinctement.
    Il est plutôt médecin de l'âme que du corps. Non, non, nous ne pouvons pas faire d'ANTOINE LE GUÉRISSEUR un grand seigneur, nous faisons de Lui notre Sauveur. Il est plutôt notre Dieu, parce qu'Il ne veut dire que notre serviteur.
    Ce sont ses disciples qui parlent, mais sans doute vaut-il mieux que nous entendions parler ce dieu nouveau lui-même.
    Lisez les versets naïvement rimés qu'il met dans la bouche de Dieu :
                               Ne croyez pas en celui qui vous parle de moi
                               Dont l'intention serait de nous convertir.
                               Si vous respecter toute croyance
                               Et celui qui n'en a pas,
                               Vous savez, malgré votre ignorance
                               Plus qu'il ne pourrait vous dire.
    Et ceci :
                               Vous ne pouvez faire de la morale à personne
                               Ce serait prouver
                               Que vous ne faites pas bien,
                               Parce qu'elle ne s'enseigne pas par la parole
                               Mais par l'exemple
                               Et ne pour le mal en rien.
    Ce dernier vers vous a un petit parfum d'immoralisme nietzschéen. Il serait fort intéressant d'étudier, à propos de ce guérisseur, certaines sectes religieuses aux conceptions fort libres, qui se sont développées en Wallonie depuis quelques années, en marge du protestantisme et de la religion catholique. L'historien, le philosophe, le folkloriste – et le simple amoureux de pittoresque – y trouveraient sans doute leur compte.

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    Un peu plus loin, dans le chapitre consacré à Liège, l'auteur ajoute, p.160 :

    C'est ce peuple là, à la fois gouailleur et sentimental, frondeur avec Tchanchet et mystique avec Franck, qui vient de constituer un groupe des « adventistes du septième jour », qui rendit célèbre Antoine le guérisseur, le brave thaumaturge de Jemeppe-sur-Meuse, et qui enfanta le mineur Hubert Goffin, précurseur des Nény et des Prouvost de Courrières.

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Limburg - Over Antoinisme (Het Laatste Nieuws, 27 septembre 1929)(Belgicapress)

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Limburg - Over Antoinisme (Het Laatste Nieuws, 27 septembre 1929)(Belgicapress)

LIMBURG 

    Over Antoinisme.   Onder groote belangstelling had hier in den namiddag de plechtige teraardebestelling plaats van een volksvrouw die zich sinds eenige jaren reeds to het Antoinisme had bekeerd. Talrijke vreemde geloofsbroeders en -zusters, in eigenaardige kleederdracht, volgden het lijk. Vooropwerd de symbolische levensboom gedragen en op den doodenakker een afscheidstoespraak gehouden.
    Honderden Limburgers bezoeken nog geregeld « Ma Mère », te Jemeppe, die genezing belooft aan al wie vastelijk in 't Antoinisme gelooft. Af en toe komen geheele groepen vrouwelijke en mannelijke propagandisten in Tongeren en in de omgeving vlugschriften verspreiden. Sinds verleden jaar beschikt deze geloofsekte over een plaatselijk inlichtingsbureel.

Het Laatste Nieuws, 27 september 1929 (source : Belgicapress)

 

Traduction :

LIMBOURG

    A propos de l'Antoinisme.  – L'après-midi, l'enterrement solennel d'une femme de la classe ouvrière qui s'était convertie à l'antoinisme quelques années auparavant a eu lieu ici au milieu d'un grand intérêt. De nombreux frères et sœurs étrangers portant des costumes étranges ont suivi le cadavre. L'arbre de vie symbolique a été porté devant le cortège et un discours d'adieu a été prononcé au cimetière.
    Des centaines de Limbourgeois rendent encore régulièrement visite à "Ma Mère" à Jemeppe, qui promet la guérison à tous ceux qui croient fermement à l'antoinisme. De temps en temps, des groupes entiers de propagandistes, hommes et femmes, viennent à Tongres et dans les environs pour distribuer des tracts. Depuis l'année dernière, cette secte religieuse dispose d'un bureau d'information local.

Het Laatste Nieuws, 27 septembre 1929 (source : Belgicapress)

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Anniversaire de la mort du Père (La Meuse, 26 juin 1929)(Belgicapress)

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Anniversaire de la mort du Père - foule (La Meuse, 26 juin 1929)(Belgicapress)

C'était mardi l'anniversaire de la mort du Père Antoine, fondateur du culte qui porte son nom. Voici la foule devant le temple antoiniste de Jemeppe.

Anniversaire de la mort du Père - Mère (La Meuse, 26 juin 1929)(Belgicapress)

Au cours de la cérémonie, la Mère Antoine a donné une bénédiction publique à la foule qui n'avait pu trouver place à l'intérieur du temple : le geste de la Mère Antoine a pu être saisi par l'objectif de notre photographe, qui a pris ainsi un cliché rare. - Un cortège a parcouru les environs du temple.

Voir les photos en meilleure qualité dans les Archives du Temple de Retinne

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Aimez-vous les uns les autres (Le Fraterniste, 1er février 1924)

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Aimez-vous les uns les autres (Le Fraterniste, 1er février 1924)

 « Aimez-vous les uns les autres ».

                                   Jésus-Christ.

Le Fraterniste, 1er février 1924

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Le Temple de Jemeppe-sur-Meuse (La Dernière Heure, 6 mars 1921)(Belgicapress)

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Les Antoinistes demandent la personnification civile - Le Temple Antoiniste (La Dernière Heure, 6 mars 1921)(Belgicapress)

issu de l'article Les Antoinistes demandent la personnification civile
(dans La Dernière Heure, 6 mars 1921)(source : Belgicapress)

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Feu le "Père" Antoine (La Dernière Heure, 6 mars 1921)(Belgicapress)

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Les Antoinistes demandent la personnification civile - Feu le Père Antoine (La Dernière Heure, 6 mars 1921)(Belgicapress)

issu de l'article Les Antoinistes demandent la personnification civile
(dans La Dernière Heure, 6 mars 1921)(source : Belgicapress)

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Les Antoinistes demandent la personnification civile (La Dernière Heure, 6 mars 1921)(Belgicapress)

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Les Antoinistes demandent la personnification civile (La Dernière Heure, 6 mars 1921)(Belgicapress)LES “ANTOINISTES„ DEMANDENT
LA PERSONNIFICATION CIVILE

    S'il advient qu’un jour l'idée vous taquine de fonder en Belgique une église nouvelle ou une secte religieuse plus « à la page », c'est dans un de nos grands centres industriels qu'il conviendra de claironner d'abord votre doctrine. (Il est sage, n'est-ce pas, de baser toutes ses actions sur l'expérience acquise par soi ou par autrui.)
    Sans doute en est-il parmi vos prédécesseurs qui vous montreront le chemin de la correctionnelle ou de la Cour d'assises. D'autres, qui ne furent point des rebouteux vous apprendront qu'il y a certain danger à détrousser les fidèles. Il faudra éviter tous ces errements. Les méthodes des « Darbistes » du Borinage, du bon-dieu de Ressaix ou du Père Dor à Roux mériteront quelque examen. S'il s'agit pourtant d'un succès à longue durée, c'est vers les « Antoinistes » de Jemeppe-sur-Meuse que votre attention devra s'orienter.
    Fondé en 1906, le culte Antoiniste comptait quatre ans plus tard 160.000 adeptes. Et le 2 décembre 1910 ceux-ci adressaient aux Chambres une position par laquelle ils demandaient

de reconnaître par un projet de loi le culte Antoiniste à seule fin que ses temples soient exonérés des impôts et droits de succession, avec la restriction formelle pour respecter la pensée du fondateur, qu'il ne peut être accordé le moindre subside aux personnes morales préposées à la direction et à l'entretien des temples.

    Cette requête ne fut pas accueillie.
    Dans le courant de l'année dernière, la pétition était renouvelée, recouverte de 360,000 signatures belges et accompagnée des témoignages de sympathie d'un certain nombre d'administrations communales.
    Il y fut répondu en substance :
    Votre cuite peut être considéré comme fondation ou comme société à but lucratif.
   
Et voici les Antoinistes repartis pour une nouvelle campagne, si bien repartis d'ailleurs, que l'administration communale de Liége leur adressait également, il y a une quinzaine de jours, ce qu'ils dénomment « un témoignage de sympathie ».
    Evidemment, Jésus, Mahomet et – comme dit Schuré – tous les « grands Initiés » n'avaient pas ces moyens à leur disposition, mais ils bénéficiaient par contre, de circonstances de temps et de lieux.
    L'histoire nous apprendra si la manière des Antoinistes s'applique parfaitement à l'époque actuelle.

          EN PELERINAGE A JEMEPPE-SUR-MEUSE
    Jusqu'à présent, les échos de « l'Antoinisme » dans la capitale n'avaient guère retenti qu'à Forest où des adeptes ont fondé un temple. Nous aurions pu nous y adresser pour « éclairer notre religion ». Nous avons tenu pourtant à remonter à la source et c'est pourquoi nous avons fait, en profane, le pèlerinage de Jemeppe-sur-Meuse. Le gros bourg mosan n'a rien d'un Eden.
    Par des rues à l'aspect mi-campagnard mi-citadin, nous arrivons à l'entrée du Temple.
    Une inscription rappelle la date de fondation : « Culte Antoiniste : 1910 », ni tourelles, ni clochers, ni flèches. Une façade en pisé et qui ne surpasse pas les maisons voisines. Aucun motif architectonique.
    Une « Sœur » nous reçoit, à qui nous exposons le but de notre visite.
    – Je ne suis pas instruite, nous dit-elle ; je suis concierge.
    Puis une autre sœur (épouse d'un richard volontairement appauvri pour servir l'Antoinisme) :
    – Mère ne reçoit pas... Vous désirez des renseignements ! C'est regrettable que « frère » Delcroix soit absent. Il est le secrétaire du Comité général : il vous aurait documenté ; mais il est professeur à l'Athénée de Liége et il a des cours en ce moment. Je ne demande cependant qu'à vous être agréable : aussi je vais appeler notre « frère lecteur ».
    Et nous voici bientôt devant un ouvrier mineur, accueillant et prolixe.

          QU'EST-CE QUE L'ANTOINISME ?
    Le Père Antoine, dit-il, est né à Mons-Crotteux. Il avait débuté dans la mine à l'âge de 12 ans. Puis, métallurgiste, il avait passé 3 ans en Allemagne et plusieurs années près de Varsovie où il s'était acquis un petit pécule. C'est dès lors qu'il commença à prodiguer ses soins à l'humanité.
    Il revint à Jemeppe et s'adonna au spiritisme moral, non expérimental. Mais bientôt il devait faire sa révélation.
    – Sa… ?
    – Oui, sa révélation : c'est-à-dire qu'ayant amené à lui des adeptes, il leur démontra que

          NOUS SOMMES TOUS DES DIEUX,
    car si Dieu est notre Père, notre essence ne peut différer de la sienne. Cette révélation dura de 1906 1909.
    – Ensuite !
    – Ensuite, il fit le « développement » des choses qu'il avait enseignées. En 1910, il construisit ce temple. Il avait été traduit devant le tribunal de Liége comme guérisseur. Mais il déclara : « Je n'ai jamais dit que je guérissais, mais que c'est la Foi qui guérit ». Et c'était exact. Il fut acquitté.
    Il s'est désincarné le 25 juin 1912 après avoir désigné pour lui succéder « Mère Antoine » qui compte 70 ans sonnés. Aujourd'hui donc, c'est elle qui fait les opérations.
    – Qu'entendez-vous par opérations ?
    – les quatre premiers jours de la semaine et le dimanche à 10 heures du matin, les fidèles viennent au Temple. Ils se recueillent, élèvent leur pensée vers le Père. Mère monte alors à la tribune et donne sa bénédiction à l'assemblée. Chaque assistant obtient ainsi la foi qu'il peut « requérir ». C'est en cela que consiste « l'opération ». Après cela je donne lecture des dix principes révélés.
    – C'est là tout le rituel ?
    – Il y a en outre des lectures qui se font le soir à 7 h. 1/2 chaque jour, sauf le samedi : car il faut nettoyer le temple.
    Puis il y a le baptême et le mariage Antoinistes qui consistent uniquement en bénédictions données par Mère Antoine.
    – Les Antoinistes admettent-ils le divorce ?
    – Il n'en est point fait mention dans l'enseignement du Père. Mon avis, c'est que ceux qui voudraient divorcer ne sont pas encore à même de supporter leurs épreuves ; le cas ne s'est jamais présenté.
    – Vous avez aussi des enterrements Antoinistes ?
    – Ils se font dans la plus grande simplicité, sans discours, musique, ni bannière. A la levée du corps, un adepte lit les « dix principes » et la « réincarnation ».
    Ici, le « lecteur » nous répète sous forme de conversation les théories, apprises dans « l'enseignement ». Mais tantôt nous avons fait le tour du Temple – une salle bien chauffée où, au parterre et aux galeries, s'alignent des bancs pour 200 personnes – et, sur le mur du fond, derrière une chaire et estrade à laquelle s'adosse une tribune nous est apparue, en lettres blanches sur fond bleu, la doctrine du Père :
    « L'enseignement du Père, c'est l'enseignement du Christ révélé à cette époque par la Foi. » Puis, en dessous est expliquée « L'auréole de la Conscience ». Nous lisons : « Un seul remède peut guérir l'humanité : la Foi. C'est de la Foi que naît l'amour, l'amour qui nous montre dans nos ennemis, Dieu lui-même. Ne pus aimer ses ennemis c'est ne pas aimer Dieu, car c'est l'amour que nous avons pour nos ennemis qui nous rend dignes de le servir. C'est le seul amour qui nous fait vraiment aimer, parce qu'il est pur et de vérité. »
    Cet amour de l'ennemi est, pourrait-on dire, le mobile des sympathies recueillies par les Antoinistes.
    – Jamais, nous disent des habitants de l'endroit, un Antoiniste ne supporte que l'on « décause » quelqu'un.

          LA MULTIPLICATION DES TEMPLES
   
Revenons à notre « lecteur » :
    – Les Antoinistes ont beaucoup d'adeptes ?
    Nous avons actuellement des temples à Visé, à Villers-le-Bouillet, à Paris, à Vichy, à Monaco, à Liége, à Jupille, à Jumet, à Souvret, à Herstal, à Jemeppe, à Forest-lez-Bruxelles, à Bierset, à Montegnée, à Seraing, à Momalle, à Stembert, à Ecaussines, à Verviers.
    Bientôt, nous en aurons un à Tours
    – Diable... !
    – En outre, nous avons des groupes nombreux – une soixantaine – qui n'ont point encore de temple. Il y en a jusqu'en Amérique et au Canada.
    Tout cela demande une organisation et de l'argent ?
    – Un Conseil général nommé par la mère gère les intérêts matériels du Culte, à Jemeppe ; enfin pour chaque temple, la Mère désigne un Conseil d'administration de 7 membres. Les desservants des temples sont aussi nommés par la Mère.
    Celle-ci, avant sa « désincarnation » déléguera ses pouvoirs à celui qu'elle jugera le plus digne.
    Tous les temples sont bâtis grâce à des dons anonymes ; car tous nos services sont gratuits ; nous nous bornons à vendre nos brochures. Tout adepte qui fait payer sa prière n'est plus d'accord avec la loi divine. Nous avons notre imprimerie, nos dactylographes.
    – Vous avez obtenu, par la foi de nombreuses guérisons ?
    – Je ne puis vous dire cela moi-même. Il faudrait le demander aux malades.
    – En quels termes êtes-vous avec le clergé ?
    – Pour nous ce sont des « frères » comme nous. Dans le temps, les prêtres ont combattu l'Antoinisme ; maintenant je n'en ai pas connaissance. J'ignore s'ils nous ont excommuniés.

          L'UNIFORME
    Et longuement, le « lecteur du temple » nous parle encore de l'uniforme des adeptes : pour les frères – lisez les hommes – la jaquette fermée tombant jusqu'à mi-mollet et le haut chapeau à visière ; pour les « sœurs » (les femmes) la robe noire à bonnet ruché retenant un petit voile qui descend jusqu'aux épaules.

          LA POUSSE DES CULTES
    – Des cultes, nous disent quelques instants plus tard, des habitants de Jemeppe, il en pousse partout dans les environs : on parle déjà d'un certain Père Martin ; en outre, on construit, à Sclessin, un temple d'un nouveau genre. Il s'intitulera : La maison de Dieu, et sera dédié à la fois au Père Antoine, à Allan Kardec et à... Jeanne d'Arc.
    Des cultes ? Mais on en fonde comme on veut au pays de Liége. Mais cela ne « tient » pas toujours longtemps.
    Le Père Antoine, pensons-nous, n'a pas fait que des adeptes. – R. H.

La Dernière Heure, 6 mars 1921 (source : Belgicapress)

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La ''Mère'' Antoine (La Dernière Heure, 6 mars 1921)(Belgicapress)

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Les Antoinistes demandent la personnification civile - La ''Mère'' Antoine (La Dernière Heure, 6 mars 1921)(Belgicapress)

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Le Père Dor en Correctionnelle (La Région de Charleroi, 23 novembre 1916)(belgicapress.be)

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Le Père Dor en Correctionnelle (La Région de Charleroi, 23 novembre 1916)(belgicapress.be)

Chronique des Tribunaux

Tribunal correctionnel de Charleroi
Audience du 22 novembre

Le Père Dor en Correctionnelle

LES ALEAS DE LA DIVINITÉ

    Dès 6 heures et demie du matin, nombre de personnes se pressent déjà devant les portes, encore closes du Palais de justice.
    Toutes sont désireuses d'être placées de façon à voir le Christ réincarné et d'entendre la suite de la plaidoirie de Me Lucien Lebeau.
    Le prévenu prend place à son banc quelques instants avant l'ouverture de l'audience.
    La parole est continuée à Me Lucien Lebeau, premier défenseur du prévenu.
    L'honorable avocat rappelle qu'à la dernière audience il en était à la démonstration de la sincérité du Père Dor.
    Celui-ci a mis ses actes en concordance avec ses principes.
    Il reste à dire que la pensée de M. Dor a été de fournir à ses adeptes un aliment sain en recommandant la margarine « Era ».
    La firme Vandenberg's Limited avait le monopole de la vente. Le prévenu n'a en aucune idée de lucre.
    Il est évident qu'un autre personnage n'aurait eu en vue que de gagner de l'argent.
    Comment peut-on concilier pareillement mentalité avec celle d'un épervier, oiseau de proie ?
    Dans ces conditions, le tribunal voudra-t-il faire des difficultés pour reconnaître la sincérité de M. Dor ? Non, n'est-ce pas.
    Personnellement, Me Lebeau avait tenu, au début, en suspicion la sincérité du prévenu, mais lorsqu'il connut la vie de M. Dor, il ne pensa plus ainsi.
    Il y aussi le fait Delcroix. M. Delcroix avait offert à M. Dor une somme de 5.000 francs pour avoir guéri son épouse.
    M. Dor a refusé. Le témoin a déclaré que si le prévenu avait insisté pour en obtenir 10.000, il les aurait donnés volontiers.
    Voilà donc M. Dor qui refuse alors que de bon gré on voulait lui donner de l'argent. Voilà un singulier escroc ! Les Chartier se plaignent que M. Dor leur a escroqué de l'argent sous la menace de douleurs morales, alors qu'il refuse de l'argent – 10,000 francs – qu'on lui offre.
    De pareils exemples ne peuvent pas se concilier avec are intention cupide de la part de M. Dor.
    Il règne dans la sphère des adeptes du Père Dor, la conviction qu'on ne pouvait pas offrir de l'argent.
    Me Gerard. – Il était bien triste lorsqu'on mettait des boutons de culotte dans le tronc ?
    Me Lucien Lebeau. – Il ne voulait pas être l'objet de plaisanteries.
    Me Bonehill. – Pourquoi votre client a-t-il accepté notre argent ?
    Me Lebeau. – Mais ne m'interrompez pas, je vous prie.
    Me Bonehill. – Pendant ma plaidoirie, vous m'avez interrompu continuellement, à tel point que Me Morichar a dû vous engager à vous asseoir.
    Me Lebeau. – Puisqu'alors vous protestiez, prêchés maintenant d'exemple. (Rires).
    M. le Président. – C'est cependant ce que vous devriez plaider : c'est ce point que signale Me Bonehill.
    Me Bonehill. – Absolument.
    Me Lebeau. – J'y viendrai mais il y a deux faits : l'escroquerie morale et la matérielle.
    Il régnait donc parmi les Doristes l'opinion qu'il ne fallait rien donner.
    Il est évident que M. Dor avait inspiré à ses adeptes le mépris de l'argent, mais non à son avantage.
    L'honorable défenseur rappelle le cas de M. Muylaerts dont la femme avait fait un don anonyme de 150 francs que M. Dor a fait rependre à la suite de son prêche.
    Le fait d'avoir mis un tronc dont le contenu devait servir à la construction de la salle est parfaitement logique et ne constitue pas une escroquerie.
    Les avis qu'il publiait étaient significatifs à cet égard. Chaque geste du Père Dor, constitue au contraire, un geste repoussant l'argent.
    M. Dor est réellement un croyant, un illuminé qui ne croit pas à la valeur de l'argent.
    Il tient en justice autre chose que des affirmations toutes gratuites.
    M. Dor est, au contraire, un homme naïf.
    Il a commis des maladresses qui jurent avec la prévention dont on l'accable. Dans l'affaire de la margarine il se compromet sans profit pour lui. La brochure qu'il a faite en 1915 à l'occasion de son procès constitue une nouvelle maladresse.
    Il y a écrit que ses adeptes devaient déposer en toute sincérité et il a envoyé cette brochure à la plupart des magistrats. S'il avait voulu prescrire à ses adeptes un faux témoignage, il l'aurait fait de personne à personne, on sait que les femmes, même doristes, sont des bavardes. (Hilarité.)
    Me Gérard. – Alors pourquoi demandait-il à ses adeptes de lui communiquer par écrit les témoignages qu'ils allaient faire devant le tribunal ? Pour tirer les meilleurs sans doute ?
    Me Lebeau. – Non, non ; M. Dor est monté en chair, il devait parler et il a parlé.
    Me Gérard. – A bon entendeur, salut.
    Me Lebeau. – M. Dor fait placarder une affiche invitant les personnes désireuses de faire une bonne œuvre de faire un don pour le chauffage de la salle. Il faisait donc tout au grand jour, et on a représenté cet homme comme un être tortueux.
    M. Dor a bien dit un jour à M. Chartier qu'il avait un tempérament apoplectique, mais il y a une nuance avec l'insinuation du témoin Chartier qui a affirmé que le prévenu l'avait menacé d'apoplexie.
    J'ai déjà entendu des gens qui disaient : « Il faut être stupide pour aller à la messe ». J'ai trouvé ce raisonnement stupide, car les personnes qui ont la foi sont des fonctionnaires, des commerçants pour qui le fait d'aller à la messe constitue un gage de succès dans leur avancement ou dans leurs affaires.
    Il en est de même pour les Doristes parmi lesquels nous voyons un officier de police et des artisans.
    Un témoin est venu dire : « Oui je crois que M. Dor est le Christ réincarné et qu'il est ici comme il était devant an tribunal il y a 2000 ans. »
    Et bien ce témoin était sincère.
    Me Gérard. – Et ce témoin s'est rétracté au sujet des bandages herniaires.
    Me Lebeau. – J'y viendrai, tous les témoins Doristes étaient sincères.
    Quand j'ai demandé à M. Muylaerts s'il savait qu'il y avait une seconde édition du livre « le Christ parle à nouveau », le témoin a répondu : « Je crois que... » Les mots « je crois que » prouvent la sincérité du témoin.
    Le chef et le fondateur de cette petite église est M. Dor.
    Cette église a un noyau d'adeptes, 8,000 je crois.
    Le prévenu. – 15,000.
    Me Gerard. – Le boudhisme en a 500 millions.
    Me Lebeau. – Toutes les personnes qui rendent journellement visite au Père Dor sont donc des adeptes qui étaient malades physiquement avant de l'être moralement.
    Me Gérard. – Je retiens l'aveu.
    Me Lebeau. – Ne m'interrompez pas ainsi, je vous prie. Toutes ces personnes sont donc des adeptes qui viennent se confier au fondateur de l'Ecole morale.
    Il dit lui-même dans une brochure que ses adeptes viennent régulièrement le consulter pour entretenir leur loi dans sa morale. Outre les consultations individuelles, il y a aussi des réunions publiques collectives.
    En outre, il y a de petits cénacles pour la lecture. Ceci évoque les réunions de protestants pour lire la Bible.
    Le culte Doriste est donc semblable à tous les autres cultes.
    Il est à remarquer que le droit de croire est accompagné du droit d'organiser des manifestations extérieures sans pouvoir être interdit ni poursuivi.
    M. le Président. – Nous sommes tous d'accord là-dessus.
    Me Lebeau. – Pour exercer ce culte, on peut ouvrir un temple ou une église.
    Il y a les cultes reconnus et les cultes non reconnus, mais leur liberté, à l'un comme à l'autre, est garantie par l'article 14 de la Constitution.
    Dès qu'on professe une foi, il faut un temple, des réunions, du charbon et dès lors il y a un problème financier et M. Dor avait le droit de le résoudre.
    M. Dor avait donc besoin d'argent et il a mis un tronc dont l'argent a servi à l'édification de la salle.
    Cette dernière ayant été construite, le tronc fut enlevé et cependant il avait le droit de le garder ; il est impossible qu'il put vivre d'un autre métier. Ceux qui ont le droit de demander des comptes à M. Dor ce sont les gens qui lui ont donné de l'argent.
    Le tribunal doit s'incliner devant cette petite église parce qu'elle échappe à sa compétence. S'il y avait des manœuvres basses et grossières pour gruger des imbéciles, le tribunal aurait quelque chose à y voir.
    Je comprendrais poursuivre des imposteurs tels que le bon Dieu de Ressaix et autres personnes n'appartenant à aucun culte et qui cependant s'occupent de guérir. Dans le cas présent, M. Dor est le chef d'une église et d'une doctrine.
    Dire que cette doctrine n'est pas vraie et la condamner atteindrait les adeptes dans leurs convictions les plus chères.
    Me Lebeau aborde enfin l'examen de manœuvres frauduleuses que l'on reproche à M. Dor.
    Il s'étonne qu'on ait poursuivi ce dernier.
     Les Doristes ont une morale qu'ils s'efforcent de pratiquer.
    Il est injuste de chicaner M. Dor qui, au lieu d'ouvrir un cinéma, un café ou une maison de prostitution a ouvert une école morale où il enseigne une morale supérieure pour le plus grand nombre de ces innombrables personnes qui la fréquentent.
    Il eut mieux valu s'inspirer des procédés usités en Amérique et en Angleterre, qui laissent en paix ces petits cultes ; dans ces pays, on n'est pas plus catholique que le pape. Pourquoi, ici, réclamer sur une question de quelques pièces de cent sous ?
    On a dit que Dor est un charlatan. On réclame de lui les qualités contraires à celles qui sont nécessaires pour réaliser une œuvre comme la sienne.
    Cette œuvre suppose une conviction que les idées que l'on a sont supérieures à celles des autres. S'ils n'avaient pas cette conviction, les Doristes ne seraient pas ce qu'ils sont.
    Ils ont des expressions qui leur sont propres, Luther s'est attaqué au pape, il a soutenu à la face du monde qu'il était l'Ante-Christ ; il avait en lui une confiance extraordinaire, il a réussi et de par son influence il a même provoqué des guerres.
    Il arrive souvent aux fondateurs de religions qu'ils ont l'impression que leurs idées viennent du ciel et ce à cause de l'intensité de leurs convictions. Ils ont des visions et c'est ainsi que Mahomet a fort bien pu dire qu'il avait reçu la visite de l'ange Gabriel...
    Par une intention honnête, M. Dor a dit : « Le Christ parle à nouveau » et il était sincère quand il s'est dit le Christ réincarné, le Messie du 20e siècle.
    Il n'a ici aucune intention frauduleuse en s'appelant de la sorte.
    C'est l'ordre religieux avec des exagérations, avec des emphases.
    Le tribunal l'admettra comme naturel.
    M. le procureur du roi doit démontrer au moyen d'autres arguments qu'il y a intention frauduleuse. On reproche à M. Dor un esprit de lucre. Ici encore il y a une déduction fausse.
    Le prophète est souvent dépourvu de délicatesse et de goût, car parlant aux foules, il emploie un langage spécial et imaginé destiné à faire impression.
    On se demande comment le Père Dor a mis au bas de la première page de son livre que la base de ses principes était l'amour du Bien.
    Si M. Dor était un réel charlatan, il eut plutôt écrit : « Guérison certaine, concurrence impossible » ; chez les Salutistes, l'allure réclamière se confond avec l'allure commerciale.
    Encore une fois, la thèse de M. le Procureur du Roi devrait prouver qu'il y avait un intérêt cupide.
    En réalité, il faut prendre l'homme dans son ensemble. Les qualités s'accompagnent immanquablement de défauts.
    On est descendu encore plus bas dans les objections. On lui a reproché son costume. C'est un argument qui ne prouve rien.
    Le choix de notre costume, le choix de la coupe de cheveux et de la barbe ; c'est le reflet de nos idées et de nos caprices personnels.
    M. Dor, notamment, qui est convaincu qu'il est dépositaire de la doctrine du Christ, a cru tout naturel de se vêtir et de se « croquer » à la mode de ce dernier.
    L'allure extérieure de son costume d'apôtre le maintient dans son rôle. Nous ne sommes pas seulement une âme, mais aussi un corps.
    Toutefois, il ne faut pas croire que le port de cet habit influe d'une façon exagérée sur l'esprit des adeptes.
    Me Bonehill a entamé là-dessus un couplet...
    Me Bonehill. – Et vous, vous entamez le refrain. (Rires).
    Me Lebeau... fort fallacieux destiné à abaisser les idées de morale de M. Dor.
    Celui-ci invite la personne qui vient le trouver à avoir un ton sérieux.
    M. Dor fait quelques gestes rudimentaires, il n'y a ni feux de rampe, ni vitraux, ni jet de lumière.
    Ces cérémonies rudimentaires s'exerçant dans un temple, dans un milieu spécial, ne constituent pas une intention frauduleuse.
    M. Dor veut convertir des âmes à un culte. Il y a les robes d'avocats.
    Me Bonehill. – Ne déconsidérez pas notre robe.
    Me Lebeau. – L'esprit des croyants doit être impressionné.
    M. Dor fait un minimum de cérémonie : c'est son droit. 0n lui reproche qu'il s'attribue le pouvoir de guérir, mais les adeptes reconnaissent que le Père Dor soulage simplement.
    Lorsque M. Dor dit que recevant des malades, il les soulage, ment-il ? Non puisque Me Gérard a reconnu que le prévenu avait un fluide particulier.
    A cet égard il est utile de rappeler les poursuites dont fut l'objet Antoine le Guérisseur et le Parquet de Liége peut être plus avisé que celui de Charleroi, a délégué deux médecins qui ont interrogé le Père Antoine et divers de ses adeptes se disant guéries.
    Ces docteurs se sont acquittés de leur tâche avec une grande conscience.
    Ils admettent la sincérité du Père Antoine et reconnaissent certaines guérisons jugées impossibles dans certains cabinets de docteurs.
    Le père Antoine n'était donc pas un imposteur ni un escroc, mais bien un homme sincère.
    Le tribunal s'inspirera des conclusions de ce rapport et ne frappera pas le Père Dor.
    M. Dor ne dit même pas qu'il guérit les gens, mais dit au contraire que ces derniers sont soulagés mais non guéris. Vous seuls pouvez vous guérir par effort personnel.
    Un charlatan tiendrait un autre raisonnement, profiterait du premier mouvement d'extase du malade pour le persuader de sa guérison radicale.
    M. Dor conseille alors de suivre les instructions contenues dans son livre.
    Dans l'esprit de M. Dor, la guérison véritable, c'est de faire disparaître la cause et on n'y arrive qu'en pratiquant sa morale.
    Il s'intitule le guérisseur des âmes souffrantes. Si on le consulte comme guérisseur de maux physiques, pour ensuite aller se replonger dans les plaisirs malsains, M. Dor déclare lui-même que tel n'est pas son pouvoir, car il ne fait que soulager, mais ne guérit pas.
    Le travail du charlatan a pour but de soutirer de l'argent et dans ce but ne sous évalue pas son travail. Il promettra le maximum d'effet avec le minimum d'efforts.
    M. Dor fait le contraire ; la pratique de sa morale est extrêmement dure et sévère. Il exige de ses adeptes un effort absolument surhumain.
    La conséquence en est que la façon d'agir de M. Dor est contraire à celle des charlatans.
    Le petit miracle qu'il réalise par le soulagement momentané, il en détruit de suite l'impression dans l'esprit de son adepte à qui il impose sa doctrine morale.
    S'il guérit, s'il soulage, on a dit que c'était au moyen de son fluide. Ceci est une blague.
    Par fluide, qu'entend M. Dor ? C'est un mot qu'il a emprunté à la science spirite.
    Il parle du fluide homme, fluide de colère, etc.
    Il veut dire que ce sont des essences qui dégagent certaines influences.
    Il veut parler de son influence à la fois morale et physique.
    Le corps de l'homme a des nerfs et il est indéniable qu'il dégage une influence morale.
    Me Lebeau parle de l'opération individuelle reprochée au prévenu.
    Me Bonehill. – Parlez-nous de la pompe foulante.
    Me Gérard... et aspirante.
    Me Lebeau. – J'en parlerai tantôt.
    Me Bonehill. Vous allez toujours parler de tout et vous n'en faites rien. Vous n'avez pas encore rencontré la prévention.
    Me Lebeau. – Je suis convaincu du contraire. Le grand mérite du Père Dor est qu'il dit aux gens qu'il guérit qu'il y est arrivé parce qu'il était mû à leur égard de grands sentiments de charité.
    C'est donc dire à ces personnes : pratiquez la charité et alors vous complèterez votre guérison.
    Cette théorie a pour eux un effet foudroyant et la pratique de ce principe amène un résultat étonnant.
    Aux docteurs il manque cet ascendant moral que possède M. Dor à la suite de circonstances particulières.
    Les Doristes ont pour M. Dor une reconnaissance qui va jusqu'au délire.
    Il n'y a pas eu de pratiques mystérieuses.
    Me Gérard. – Parlez nous de l'eau salée ?
    Me Lebeau. – Nous en parlerons, soyez tranquille, et vous verrez que l'eau salée se dessalera.
    L'honorable avocat rappelle les dépositions des témoins à décharge qui tous ont dit qu'il n'y avait pas de passes magnétiques, que M. Dor n'employait aucune manœuvre spéciale et qu'il n'y a pas d'opération individuelle.
    La pose du Père Dor est une pose évangélique. L'opération générale est celle qui est faite pour les vivants et les morts.
    Il ne s'agit pas de guérison : c'est la célébration de la fête de la Toussaint, fête catholique.
    Le jour de la célébration de cette fête, il y a chez les Doristes un sentiment de pieux souvenir à l'adresse de ceux qui sont morts.
    M. Dor n'a rien innové, mais il a trouvé en lui-même des notions d'amour et de bien.
    Le sentiment religieux est un sentiment excessif qui pousse l'adepte à un élan furieux qui aboutit parfois à un sacrifice personnel ; ils ne sont pourtant pas fous. Qu'étaient-ce les chrétiens dans les temps primitifs ?
    Ces gens étaient les esclaves pauvres et misérables, ils étaient traqués et se réunissaient dans les catacombes où ils célébraient le culte à l'intention du Christ leur sauveur, dans les yeux ils avaient les éclairs de la foi religieuse.
    Les Doristes sont mus par ce même sentiment et le transport de ces gens est dicté par leur reconnaissance envers le père Dor qui les a délivrés d'un esclavage moral. Vous devez admettre la sincérité de M. Dor qui tient beaucoup plus à son rêve qu'à l'argent.
    Lorsque les adeptes achetaient un livre, c'était dans l'intention non de rémunérer M. Dor, mais bien dans le but de s'initier à sa doctrine. Le livre précieux contenant les principes du Père Dor constitue pour ses adeptes un livre évangélique.
    Il est établi que M. Dor ne demandait à personne d'acheter ce livre.
    Seuls, les époux Chartier et Mme Delisée ont prétendu le contraire.
    Le prévenu n'a même plus voulu, à un certain moment, qu'on vendit le livre. Ces gens savaient cependant que le Père Dor réalisait un bénéfice sur la vente des livres, mais ils n'ignoraient pas que M. Dor devait vivre et ils savaient qu'ils l'aidaient de la sorte.
    Depuis la guerre, le colportage a complètement cessé.
    Qui vendaient les brochures ? Mais précisément les époux Chartier et Mme Delisée. Pour acheter les brochures, on devait s'adresser à cette dernière et si M. Dor avait tenu à exploiter cette vente, à la forcer même, il eut donné des instructions dans ce sens à Mme Delisée ; or, celle-ci, n'en a jamais rien dit. M. Dor n'a donc jamais eu cette pensée : celle de s'enrichir.
    Ce qu'il demande à la vente de ces brochures, c'est de gagner de quoi vivre.
    Le désintéressement et la sincérité de M. Dor sont une fois de plus démontrés.
    L'audience est levée à midi 45 ; elle sera reprise mercredi prochain à 9 heures du matin.
    Me Lebeau a déclaré en avoir encore pour deux bonnes heures.
    La sortie du Palais se fait dans le calme le plus complet, mais dès que Pierre Dor paraît ce sont des huées et des coups de sifflet à son adresse.
    Suivi d'une foule d'environ 1500 personnes, le prévenu entouré de quelques partisans se dirige vers la gare de Charleroi-Sud.                                       RASAM

La Région de Charleroi, 23 novembre 1916 (source : belgicapress.be)

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