• À Caudry (Le Fraterniste, 20 mars 1914)

    À Caudry (Le Fraterniste, 20 mars 1914)A CAUDRY

         MM. les catholiques continuent leur campagne contre les idées émancipatrices en faveur de la Raison qui caractérisent le spiritualisme moderne.
        Quand ils sentent une force menaçante pour l'intégrité de leur domination, ils s'efforcent de persuader à leurs ouailles, selon leur immuable habitude, qu'il n'y a de bon, de beau et de grand que ce qui est fait par l'Eglise...
        On constate leur étroitesse d'esprit quand on les voit attaquer ce qu'ils devraient considérer au contraire avec respect et vénération.
        Le Bien, partout où il se manifeste, n'est-il pas toujours le Bien ? Or cela n'est pas vrai pour les catholiques. Vous aurez beau guérir les malades, apporter la consolation aux désespérés, vous êtes impardonnable, si vous ne partagez pas leur foi.
        Nous plaignons sincèrement ces sectaires.

     -

        Voici l'article qu'a publié Monsieur le doyen Bricout, dans le « Bulletin de Caudry », numéro 87 de mars 1914.

    L'ANTOINISME

          Nous savons de source certaine que des affidés de la secte spirite des Antoinistes cherchent en ce moment à pénétrer dans diverses maisons de la paroisse. Il est de notre devoir de mettre en garde nos paroissiens contre les menées de ces prétendus guérisseurs de toutes les maladies. Les employer, c'est courir au-devant de dangers réels, et c'est forfaire à la conscience chrétienne qui ne permet en aucune façon l'usage des moyens absolument défendus qu'ils emploient.
        1° C'est courir au-devant de dangers réels pour la santé, car ils interdisent l'usage des médecins qui ont fait des études spéciales pour la guérison des maladies, et ils se substituent à leur place, alors qu'ils ne sont que des ignorants. Que de malades qui auraient pu guérir par des moyens médicaux ordinaires, et qui ont péri entres les mains criminelles de ces charlatans !
        2° C'est forfaire à la conscience chrétienne que d'employer de pareilles gens.
        Ils remettent en effet des livres qui sont profondément immoraux par les principes qu'ils propagent. En voici deux citations :

         « L'homme est libre de faire ce qu'il veut, pourvu qu'il suive son instinct ;... le Mal n'existe pas. » Ailleurs, il est dit : « Nous ne devons jamais nous efforcer de faire le bien. »
        Les plus féroces assassins accepteraient cette morale facile, qui leur permet tout.
        Ce n'est pas tout. Leurs livres, remis toujours à ceux qui ont recours à eux, sont pleins d'erreurs doctrinales. Ils attaquent la Religion Catholique et nient ses dogmes. Personne ne peut donc en sécurité accepter de pareilles doctrines.
        Enfin leurs pratiques de guérison ne sont pas de simples passes magnétiques, mais elles vont jusqu'à l'évocation des esprits, c'est-à-dire jusqu'à l'évocation des démons.
        En résumé, les pratiques employées par ces malheureux tuent souvent les malades, tuent la foi, et sont au point de vue de la conscience, des plus criminelles. Sous aucun prétexte, on ne peut donc recourir à eux.

    REPONSE A MONSIEUR LE DOYEN
    BRICOUT

          Je n'ai pas la prétention, Monsieur le Doyen, de défendre ici les Antoinistes, ni d'écrire en leur nom. Ces gens s'appuient seulement sur leur conscience et l'enseignement du Père Antoine dans ce qu'ils croient être la Vérité.
        Mais comme vous visez indirectement (peut-être) tous les guérisseurs spirites, je crois qu'il est de mon devoir de vous répondre.
        Vous avez raison, Monsieur, nous allons jusqu'à l'évocation des entités bonnes de l'Espace pour obtenir la guérison des malades.
        Mais permettez moi une simple question : « Que faites vous donc vous même quand vous accompagnez vos malades à Lourdes ? » Ce n'est certes pas à la statue de la bonne Vierge que vont vos prières et vos supplications ; je ne ferai même pas l'injure de le supposer, car mieux que moi, vous savez que cette statue est inerte et que vous n'en obtiendrez rien. C'est donc bien à l'esprit de la Vierge que vous vous adressez. Comment appeler cela par un autre nom que celui de Spiritisme ?
        Relisez un peu l'Histoire du Catholicisme, Monsieur le Doyen, et vous verrez que tous vos plus grands saints étaient des Spirites. Pour n'en citer que quelques-uns, et non des moindres : St-Paul, St-Augustin, St-Antoine de Ligori, St-Antoine de Padoue, le grand thaumaturge ; tous sont Spirites de fait, sinon de nom.
        Jeanne d'Arc, médium spirite entendant ses voix.
        Manifestations spirites que les miracles accomplis par le Christ et ses apôtres.
        Ayez donc plus de tolérance et de charité. Messieurs. Adressez vous avec plus d'Amour et de Foi aux entités bonnes de l'Au-Delà, et tous ces miracles se renouvelleront par vous par la seule imposition des mains.
        Spirite encore, l'abbé Vianay, le bon curé d'Ars, dont les guérisons sont innombrables.
        L'Histoire de l'Eglise est pleine de manifestations spirites que nous, ignorants,  – comme vous nous appelez – nous connaissons.
        Vous parlez du Spiritisme, Monsieur le Doyen, mais vous n'en avez sans doute jamais fait, car alors, vous seriez étonné de savoir que le « démon » fait mal sa besogne. En effet, en invoquant les esprits bons, ils nous disent toujours : « Faites le Bien. Aimez-vous les uns les autres. Aimez toujours et quand même, marchez sur les traces du grand initié de Béthléem. Dieu est Amour, et l'Amour seul peut donner la Foi et régénérer l'Humanité. »
        Avouez avec moi que les Esprits que j'invoque sont de drôles de démons.
        Je me ferai un plaisir, Monsieur le Doyen de vous adresser toutes les semaines Le Fraterniste et vous vous rendrez compte que les malades guéris par les pratiques spirites sont tous, à quelques exceptions près, abandonnés par la médecine officielle, et qu'en les guérissant, nous ne causons aucun tort aux médecins.

         (Voir le jugement du tribunal correctionnel de Béthune, acquittement des guérisseurs spirites).
        Et pour conclure, je dirai que si la religion catholique s'inspirait réellement des idées chrétiennes, elle propagerait intensément les vérités spirites, qui permettent de consoler les âmes et de guérir les maladies à ceux qui ont compris sous leur vrai jour la Beauté, la Bonté et la Justice de la Grande Force de Vie Universelle, qui est Dieu.

     UN SPIRITE FRATERNISTE
    CAUDRESIEN.

     Le Fraterniste, 20 mars 1914


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