• Aimée Blech - A ceux qui souffrent... Quelques points de l'enseignement théosophique - La prière

        « Que faites-vous de la prière ? Croire au karma, c'est nier le pouvoir de la prière. »
        Pourquoi ?... Si la prière est un besoin, une source de force, si elle nous rafraîchit et nous fortifie il faut prier... Prier, c'est ouvrir son âme toute grande aux influences divines, c'est se baigner dans une atmosphère spirituelle.
        Mais il s'agit de bien s'entendre sur le terme de
    prière.
        Prier — comme il faut prier — est-ce demander les biens de la terre, les consolations faciles, la santé de ceux que nous aimons, est-ce demander le bonheur, ce mirage éternel provoqué par l'ignorance
    humaine ?
        Non !.., pour nous, théosophes, prier, c'est donner autant que recevoir. Prier, c'est une aspiration intense vers Dieu... qu'il s'agisse du Dieu en nous ou hors de nous, c'est le don de soi-même à la Volonté divine, c'est la contemplation d'un Idéal suprême, c'est l'action de grâce qui surgit d'un coeur reconnaissant. Prier, cela peut être encore l'appel à une aide spirituelle dans les jours d'épreuve.
        Il y a loin de cette prière à la prière inférieure, à celle qui demande des biens matériels et n'est ni utile, ni bienfaisante. Elle n'est pas bienfaisante, car elle est égoïste en soi ; elle n'est pas utile, car elle ne sera exaucée qu'avec la permission de la loi, et, en pareil cas, un désir ardent pourrait avoir le même résultat. Car une prière-demande de biens matériels ne peut monter dans les hautes sphères : elle vient de la terre, aussi reste-t-elle dans notre atmosphère, en quête de quelque argent ou de quelque circonstance favorable à sa réalisation.
        A quoi bon demander, du reste ? Le Christ n'a-t-il pas dit : « Votre Père céleste sait de quoi vous avez besoin avant que vous le lui demandiez... »
        Ignorants que nous sommes de la loi, ignorants que nous sommes de notre destinée, de notre avenir, sommes-nous bien sûrs que nos demandes, exaucées, n'iraient pas à l'encontre de notre bien, de notre
    développement moral ?
        Le moi personnel est si peureux de la souffrance qu'il opterait volontiers pour une existence calme et douce, exemple de troubles, alors que le Moi véritable, l'Ego sait bien, de par son expérience, que c'est dans une vie douloureuse, dans la tourmente sauvage ou dans les combats intérieurs si poignants, que le progrès le plus rapide est réalisé.
        Ici j'entends une découragée qui soupire.
        — Comment! nous n'aurions même pas le droit de demander à Dieu de nous enlever une épreuve ?
        — Il ne s'agit pas de droit, ma soeur. Vous pouvez prendre ce droit, si voulez. Mais peut-être ne le ferez-vous plus, si vous m'avez comprise, et vous contenterez-vous de prier afin que la force de supporter l'épreuve vous soit donnée. Car vous saurez que cette épreuve — celle-là même — est l'acquittement d'une dette et une précieuse occasion de progrès.
        Pour le théosophe, la prière la plus belle, la plus conforme à ses idées est celle-ci : Fiat voluntas lua.
        Dans ces trois mots, héritage du Christ, réside une force bienfaisante et calme que seuls auront sentie ceux qui les ont prononcés avec foi, ou avec une confiance profonde.
        Avec une jeune huguenote des temps passés vous pouvez encore répéter : « Mon Dieu !... ce que tu veux, comme tu le veux, quand tu le veux. » Car dans les sphères suprêmes Dieu et la Loi c'est un.
        Le Karma n'est-il pas l'expression de la Volonté divine ?
        Nouvelle question de mon interlocutrice :
        — Mais ne peut-on prier pour les autres ?
        Certainement, vous pouvez prier pour les autres. Demandez l'aide nécessaire à ceux qui souffrent, le secours spirituel, la bénédiction qui réconforte... ; mais ne retombez pas dans la prière inférieure, même s'il s'agit de vos frères.
        Un grand nombre de théosophes ne prient pas. Mais ils donnent chaque jour, à heure fixe, si cela est possible, un temps donné à la méditation. Cette méthode est plus difficile, plus abstraite que la prière,... car c'est une méthode ; — mais elle mène à un résultat plus précis, à un développement plus rapide et plus harmonieux. Pendant ce quart d'heure ou cette demi-heure de méditation la concentration de la pensée est pratiquée avec plus ou moins de persévérance et selon que cette concentration mentale se porte sur tel objet, sur telle pensée ou sur telle qualité, elle développe en nous des facultés intellectuelles, réceptives ou morales. Enfin si elle se porte sur l'Ame divine, elle fait appel à la Source de toute vie, de toute force et de toute paix — elle fait appel au « Dieu en nous »,

    Aimée Blech, A ceux qui souffrent... Quelques points de l'enseignement théosophique (1917), p.56
    source : gallica


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