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André Thérive, Sans Ame (Le Populaire -Parti socialiste SFIO, 15 février 1928)
André THERIVE. - Sans âme,
roman (Paris, Grasset, « Les
Ecrits », 1928. - 12 fr.). - M. An-
dré Thérive a voulu nous montrer
quelle souffrance, quelle dégrada-
tion et quelle médiocrité attendent
le peuple des villes quand il est de-
venu étranger à toute vie religieuse.
Il se contente généralement de plai-
sirs faciles et de jouissances gros-
sières. Parfois pourtant cela ne lui
suffit» pas, et il se laisse alors ten-
ter par les billevesées des fonda-
teurs de sectes et le mysticisme de
mauvais aloi des petites religions.
Ce qui ne vaut pas mieux.
Sans âme est donc bien dans la
même direction que les romans an-
térieurs de M. Thérive et notam-
ment que Le plus grand péché et
les Souffrances perdues, qui furent
signalés, en leur temps, à l'atten-
tion des lecteurs du Populaire.
Mais Sans âme pose la question
sur une échelle élargie. Ce n'est
plus dans le coeur d'un homme ou
d'une femme que se joue le drame
de la foi, c'est dans la conscience
collective de la masse. De là vien-
nent la nouveauté et l'intérêt prin-
cipal de ce dernier roman. Il nous
révèle un aspect encore inconnu du
talent de son auteur : l'art de pein-
dre avec des couleurs fortes, les mi-
lieux populaires des grandes cités.
On peut - on doit même, à notre
avis, - rejeter les conclusions de
M. André Thérive, on ne peut pas
ne pas être touché par les faits qu'il
a choisis.Le Populaire
Parti socialiste SFIO
15 février 1928
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