• Antoine le Guérisseur est mort (Le Progrès spirite, Juillet 1912)

    Antoine le Guérisseur est mort (Le Progrès spirite)

    Antoine « le guérisseur » est mort

    Avec lui disparaît une curieuse figure

    De l'Eclaireur de l'Est (Reims)

        Bruxelles, 26 juin. — Un homme de Wallonie, un petit bourgeois, presque du peuple, est mort hier, qui avait acquis non seulement en Belgique même, mais un peu partout où il y avait des malades et des désespérés une célébrité et un crédit exceptionnels ; c'est celui qu'on appelait Antoine le Guérisseur. Il n'avait fait rien de moins que de fonder une religion, une espèce de variété de christianisme mélangé de théosophie. Il guérissait par la prière et l'imposition des mains, à la manière des Christian scientists d'Angleterre et d'Amérique.
        Peu à peu les malades de l'âme comme du corps, les incurables, les déséquilibrés, les névropathes, tous ceux que les médecins avaient abandonnés, avaient appris le chemin du petit pays de Jemmapes où Antoine avait son temple et tenait ses assises de médecine religieuse. Depuis plusieurs années, il y avait les foules de Jemmapes comme les foules de Lourdes et les « antoinistes » recrutés parmi les inquiets d'un culte nouveau et augmentés des guéris reconnaissants formaient une communauté éparse en divers lieux, mais
    fort nombreuse.
        Depuis hier, le prophète et guérisseur belge n'est plus.
        Il y a quelques jours, la santé d'Antoine était devenue précaire et lundi matin un incident inattendu a encore accru les craintes de son entourage.
        Vers dix heures trente, comme il se trouvait, dans son temple, il s'affaissa subitement, frappé d'apoplexie.
        On dut le transporter chez lui où il reprit peu à peu ses sens.
        Sur ces entrefaites, un grand nombre de ses disciples, vêtus de soutanelles d'une coupe spéciale et coiffés d'immenses chapeaux, étaient accourus auprès du lit de leur maître.
        Antoine, alors proféra : « Demain quelque chose de sérieux se produira. » Puis, il ajouta d'une voix sourde : « Je désire que ma femme me succède dans mon enseignement religieux. »
        Antoine avait tardé beaucoup avant de faire sa révélation et de se déclarer l'homme de Dieu.
        Pendant nombre d'années, il était un homme comme un autre, un simple employé à la division des forges et martelage de la Société Cockerill. Il fut ensuite encaisseur à la Société anonyme des tôleries liégeoises. Puis il s'occupa d'assurances.
        Enfin vinrent la grâce, l'action publique, les prédications publiques. Antoine était alors déjà dans l'âge mûr.
        On le dit propriétaire des maisons ouvrières qui entourent son temple. D'aucuns estiment sa fortune à 80.000 francs. Quoiqu'il en soit, Antoine le Guérisseur a toujours vécu modestement.
        Au temple où il prêchait, Antoine avait adjoint une imprimerie et publiait chaque semaine un journal populaire qui tirait à plus de 20.000 exemplaires et répandait les doctrines de l'apôtre.
        Il y a quelques mois, « les antoinistes » de Belgique avait adressé aux Chambres une pétition demandant que la religion nouvelle fût reconnue par l'Etat.
        La pétition des fidèles du culte antoiniste portait cent mille signatures.
        L'oeuvre d'Antoine ne sera pas arrêtée par sa mort. Au temple, où son corps est exposé, l'affiche suivante a été apposée:

    CULTE ANTOINISTE
                   Frère,
         Le Conseil d'administration du culte antoiniste porte à votre connaissance, que le Père vient de se désincarner aujourd'hui mardi matin 25 Juin. Avant de quitter son corps, il a tenu à revoir une dernière fois ses adeptes pour leur dire que Mère le remplacera dans sa mission, qu'elle suivra toujours son exemple. Il n'y a donc rien de changé, le Père sera toujours avec nous, Mère montera à la tribune pour les opérations générales les quatre premiers jours de la semaine à dix heures.
        L'enterrement du Père aura lieu dimanche prochain 30 juin à trois heures.
                Le Conseil d'administration.


    Le Progrès spirite. Organe de la Fédération spirite universelle
    Juillet 1912, p.109
    source : gallica


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  • Commentaires

    1
    Cécius
    Dimanche 21 Juin 2009 à 17:02
    Père Antoine
    Que d'erreurs dans l'article susmentionné ! Le Père Antoine ne s'est pas affaissé dans le temple, avant d'être reconduit chez lui. Il était malade depuis longtemps et ne se nourrissait plus que d'un peu de pain et d'eau. Il y a encore d'autres erreurs, mais il serait trop long de les détailler. Certains devraient mieux se renseigner avant d'affirmer des choses.
    2
    Dimanche 21 Juin 2009 à 19:11
    erreur dans les journaux
    Et oui, les journaux n'ont que rarement relaté les faits de façon "honnête" ou "désintéressé". En effet, ils étaient très souvent affiliés à un courant de pensée (catholique, communiste, spirite...). Tous ces courants, majoritaires, étaient de plus souvent hostile à l'antoinisme. Cela prête parfois à rire, tellement les erreurs sont énormes. Ici même pas... Merci frère Jacques de préciser que l'on doit prendre cela comme "indication" seulement. Je crois que je peux avoir tort de ne pas le préciser.
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