• Antoine le Guérisseur (Le Messager, 1er sept. 1903)

    Antoine le Guérisseur (Le Messager, 1er sept. 1903)

    Antoine le guérisseur

        Sous ce titre, le Journal de Liége a fait part dernièrement encore à ses lecteurs de plusieurs déplacements d'un groupe de graves messieurs venus à Jemeppe-sur-Meuse pour s'assurer sur place de l'invraisemblable pèlerinage journalier qui offusque la Faculté médicale et surtout la Faculté théologique – soyons respectueux – dont le siège épiscopal est à Malines.
        Louis Antoine n'a qu'à bien se tenir. C'est là l'expression ordinaire dans la bouche de ceux qui peuvent s'effarer à la vue du déploiement des forces judiciaires appelées à la rescousse pour faire cesser un scandale ! qui met en péril la majesté de certaines confréries.
        Mais Louis Antoine ne s'émeut pas pour si peu. Du lundi matin au vendredi soir, malgré certaine condamnation conditionnelle, il reçoit des malades de toutes conditions sociales et ne croit pas devoir cesser d'exercer librement, en sa demeure, les belles facultés dues à sa science occulte acquise par l'intervention des Esprits bienfaisants. L'opinion publique souveraine l'a classé parmi ces êtres privilégiés qu'une force très active du monde spirituel – supérieure à tout autre – protège contre des hostilités que nous voudrions croire inconscientes.
        Aimons-nous les uns les autres. Cette maxime est pratiquée par le médium-guérisseur dont la charité inépuisable, bien entendue, doit être citée – dut sa modestie en souffrir. Que ses actes, ses sentiments soient surtout l'objet des méditations des médecins dits catholiques-chrétiens, qui persistent à le poursuivre.
        Qu'à leur adresse, une bonne pensée de nos frères en croyance soit émise, pour les détourner d'une persécution si peu raisonnée et qui ne peut que leur nuire.
        Nous reproduisons du Journal de Liége du 19 août l'article qui suit :
        « On sait qu'une instruction est ouverte à charge d'un nommé Louis Antoine pour exercice illégal de l'art de guérir. Cette instruction est près d'aboutir mais ne donnera très probablement pas lieu à des poursuites, aucun fait délictueux n'ayant été relevé à charge du guérisseur.
        En effet, tous les témoignages recueillis jusqu'ici démontrent plutôt que la clientèle du sieur Antoine se compose généralement de gens faibles d'esprit (!!!).
        Un ouvrier d'usine souffrait d'un dérangement d'estomac. Il alla donc trouver Antoine et il dut faire le pied de grue pendant plus de deux heures. Notez donc, il avait le n° 220 !! Le médium plaça la main sur la tête du patient, ne lui prescrivit aucun remède, aucun régime et lui recommanda seulement de dire des prières.
        Et le brave ouvrier est parti avec la conviction qu'il allait guérir, si bien qu'aujourd'hui, il affirme avoir une telle confiance en cet homme que s'il se trouvait encore malade il n'hésiterait pas à aller encore le voir.
        Une enquête interminable a eu lieu. Toutes les personnes qui ont été entendues – et elles sont légion – ont déclaré unanimement que Louis Antoine ne leur a jamais rien demandé, ni salaire, ni gratification, ni aumône. Il y a bien dans un coin de la pièce où a lieu la réception des malades un tronc portant : « Pour les pauvres ». Seulement, c'est laissé à la générosité des visiteurs dont le grand nombre oublie souvent de récompenser d'une simple pièce de monnaie l'affirmation de la guérison prochaine.
        Que conclure ? nous laissons ce soin à la justice.
        En attendant, Antoine continue à recevoir des centaines de visiteurs au grand dam des membres de la Faculté qui y perdent leur latin et le produit d'une clientèle qui leur échappe. »

    Le Messager, 1er septembre 1903


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