• Antoinisme & Protestantisme - multitudinisme et antoinistes culturels

        Multitudiniste, adj. Se dit des dénominations qui pratiquent le baptême des nourrissons et qui considèrent comme faisant partie de l'Eglise tous les habitants d'un lieu di chrétien.
    Martin R. Gabriel, Le dictionnaire du christianisme, Editions Publibook, 2007
    source : GoogleBooks

        Si le terme "multitudinisme" peut aussi qualifier une hérésie peu connue du XIIe siècle donnant à l'opinion de la multitude le pas sur la dictrine enseignée par la hiérarchie, sa principale acception nous vient d'Alexandre Vinet qui, en 1842, a forgé ce mot à partir d'une réminiscence biblique (les "multitudes" dont Jésus avait compassion, Matth. 15, 32) pour désigner l'attitude et le statut d'une Eglise protestante qui ne serait plus une Eglise d'Etat, mais n'en aurait pas moins pour mission de s'occuper spirituellement de l'ensemble d'une population. La transformation progressive des Eglises d'Etat en Eglises territoriales (en allemand Landeskirchen) ouvertes à tous a abouti à en faire des bastions du multitudinisme, tandis que les Eglises libres, revendiquant leur complète indépendance envers l'Etat, ont souvent incarné le principe professant : on en devient membre par choix personnel et en adhérant à une profession de foi. Plusieurs Eglises protestantes séparées de l'Etat n'en demeurent pas moins multitudinistes dans leur manière de concevoir leur présence au sein de la société où elles vivent. Tandis que la notion allemande de Volkskirche, chargée d'ambiguïtés par l'usage qu'en firent les "Chrétiens Allemands", insiste sur un contat de situation ecclésiologique majoritaire, celle de multitudinisme, en usage également en contexte de diaspora, met surtout l'accent sur la visée d'une mission pastorale et évangélisatrice. Mais une Eglise qui perd le contact avec les multitudes est-elle encore multitudiniste ? On comprend que le terme prête aujourd'hui à discussion.
    Bernard Reymond, in Église, par André Birmelé, 2001, p.85-86
    source : GoogleBooks

        Vinet est toujours resté fidèle au modèle d'une Eglise qui, sans être assujettie ni à la dictature de l'Etat ni à celle du grand nombre, demeure dépendant l'Eglise du pays, ouverte à tous, veillant à assurer le service pastoral de tous, - en bref, une Eglise ouverte qui, comme Jésus, aix "compassion des multitudes". Un mot manquait pour exprimer cette idée. Vinet l'a créé en 1840, pour les besoins de la cause : il s'est mis à parler d'Eglise multitudiniste. Le substantif ne devait pas tarder à voir le jour : le multitudinisme est devenu un terme d'usage courant parmi les protestants d'expression française pour désigner les Eglises qui, par souci d'ouverture aux "multitudes", refusent d'imposer à leurs membres l'adhésion à une profession de foi.
    Bernard Reymond, A la Redécouverte d’Alexandre Vinet, p.99


        En ce sens premier, l'antoinisme est une église multitudiniste. De même, on peut reprendre la définition d'antoinistes culturels, comme on parle de protestants culturels "qui ne relèvent d'aucune administration d'église. A ce sujet, il est intéressant de noter que le sociologue français J.P. Willaime constate un décalage entre le nombre de protestants qu'il y aurait en France selon que ce nombre est recensé par les Eglises elles-mêmes (900.000 dans ce cas) et celui auquel on arrive si l'on se réfère à différents sondages d'opinion nationaux (SOFRES) qui laissent toujours voir un pourcentage plus élevé de protestants. Ceci l'amène à penser que si l'on tient compte des protestants "culturels" non rattachés à une Eglise, on arrive pour la France à un total non pas de 900.000 mais bien de 1.500.000 protestants (J.P. Willaime, 1984). Si l'on applique le même raisonnement en Belgique et que l'on tient compte de ce que les critères pour évaluer la population catholique sont eux aussi très larges, alors on peut dire qu'estimer les protestants en Belgique à 100.000 est une appréciation beaucoup trop faible. Mais certes, si l'on décide de ne considérer que ceux qui ont opté pour une participation engagée, alors 50.000 semble un chiffre maximal."
    Jos Dhooghe, Le protestantisme en Belgique, p.333
    in La Belgique et ses dieux, églises, mouvements religieux et laïques, Cabay, 1985

        Si l'on applique le même raisonnement pour l'antoinisme, on peut également opter pour un nombre minime de participants engagés (portant le costume ou non), et un nombre bien supérieur d'antoinistes culturels. Une difficulté de plus apparaît cependant pour l'antoinisme, celui-ci étant défini comme "secte", ce qui n'est plus le cas du protestantisme. Et on imagine qu'il n'est pas facile de s'avouer membre d'une secte, par peur de conséquence...


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