• Arbre de la Science de la Vue du Mal, le Bien, interprété l'opposé de la réalité (p.297-303)

    Arbre de la Science de la Vue du Mal, le Bien, interprété l'opposé de la réalité (p.297-303)

        Un visiteur. - Père, n'est-ce pas aller un peu loin de dire que tous nous arriverons à l'unité absolue, à être Dieu même ?
        Le Père.- Il nous a toujours été enseigné que Dieu est notre Père, que nous sommes tous ses enfants. Cette question n'est pas bien comprise, peut-être parce qu'elle n'est pas non plus bien raisonnée. Il importe de savoir si c'est Dieu qui nous a donné la vie, car vouloir démonter une chose, qui est encore pour nous un mystère, ce serait croire de parti pris.
        Pouvons-nous dire que Dieu nous a donné la vie, qu'Il nous a tirés du néant ? Ce serait vouloir proclamer une grande vérité et ensuite la dénaturer. Si Dieu nous faisait sortir du néant, n'étant pas issus de Lui, Il n'est pas notre Père, pas plus que nous ne sommes ses enfants. Dire que Dieu nous a tirés du néant n'est-ce pas donner à croire que la vérité elle-même en est sortie ? Ce serait enseigner qu'elle résulte de l'erreur car tout ce qui existe réellement a toujours existé et ce qui n'existe pas ne peut être que l'erreur.
        Il nous a également été enseigner que Dieu a fait sa créature à son image. Un père aurait-il bien des enfants que ne seraient pas à son image ? peut-il y avoir entre un père et sa progéniture une dissemblance naturelle ? Nous ne devons pas encore aller trop loin dans cette question, car si Dieu nous avait créés et qu'Il nous eût faits d'une nature différente de la sienne, Il ne pourrait plus être notre père ni nous ses enfants, Il nous aurait dénaturés, nous serions dans la raison en Le haïssant au lieu de L'aimer, nous ne pourrions plus avoir aucune considération pour Lui parce qu'Il aurait Lui-même démenti son amour. Un père ne cherche-t-il pas à faire toujours son enfant plus grand que lui ? Proclamer Dieu autrement, ce n'est plus proclamer sa toute-puissance et sa bonté, ses grandes vertus, au contraire, c'est inciter plutôt à Le déprécier ; c'est Le faire plus petit que sa créature, car l'amour de celle-ci pourtant imparfait ne lui permettrait pas de refuser à ses enfants ce que Dieu pourrait refuser aux siens. A quoi Lui servirait son amour s'il en était autrement ? Quelle autre chose que notre grandeur peut faire son bonheur ? Douter de cette vérité, c'est douter de son existence, renoncer à se rapprocher de Lui, ignorer l'efficacité du travail moral qui permet de s'acquérir la foi. Tous ceux qui suivent l'enseignement ne doivent pas se récrier de m'entendre proclamer que nous sommes tous des dieux et qu'en surmontant l'imperfection, nous formerons l'unité absolue de l'ensemble, Dieu Lui-même. Ne rendons-nous pas encore un plus grand témoignage à sa bonté et à son amour ? Où pourrions-nous puiser qu'en Lui ? N'est-ce pas Lui qui nous revêt de toute sa puissance et de toutes ses vertus, en nous disant : « Vous vous êtes donné la peine de venir à moi, eh bien ! à présent, agissez ; cest vous qui êtes moi et moi qui suis vous, vous êtes dans mon amour et moi dans le vôtre parce que vous vous l'êtes acquis. » Dieu n'est-Il pas ainsi plus encore que notre Père, puisqu'il s'efface complètement pour nous, tout en nous laissant puiser à notre gré dans son amour ? Et ne sommes-nous pas plus près de Lui encore que des enfants vis à vis de leur père, car plus nous sommes grands, plus est grand son bonheur ?
        Nous avons souvent répété que la foi seule peut comprendre la foi et sans travailler à l'acquérir, ces questions sublimes nous restent ignorées. La foi seule fera d nous le vrai Dieu.
        Dieu possédant toutes les vertus à un degré infini, le bonheur dont Il jouit ne le puise-t-il pas dans le nôtre ? Qui autre que nous pourrait être l'objet de son amour ? N'ayons alors nulle crainte de proclamer que nous sommes Dieu nous-mêmes, que nous voulons aussi aimer à l'infini ; car plus grands nous ferons-nous, plus grand sera le bonheur de Celui qui a toujours été proclamé Dieu, notre Père.

    Le Développement de l'Enseignement du Père, Arbre de la Science de la Vue du Mal, le Bien, interprété l'opposé de la réalité, p.297-303


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