• Bêtise de l'amour (Eric-Emmanuel Schmitt - Le visiteur)

    Freud : Tu es tout-puissant !
    L'inconnu : Faux. Le moment où j'ai fait les hommes libres, j'ai perdu la toute-puissance et l'omniscience. J'aurais pu tout contrôler et tout connaître d'avance si j'avais simplement construit des automates.
    Freud : Alors pourquoi l'avoir fait, ce monde ?
    L'inconnu : Pour la raison qui fait faire toutes les bêtises, pour la raison qui fait tout faire, sans quoi rien ne serait..., par amour.
    Tu baisses les yeux, mon Freud, tu ne veux pas de ça, hein, toi, un Dieu qui aime ? Tu préfères un Dieu qui gronde, les sourcils vengeurs, le front plissé, la foudre entre les mains ? Vous préférez tous ça, les hommes, un Père terrible, au lieu d'un Père qui aime... Et pourquoi vous aurais-je faits si ce n'était par amour ? Mais vous n'en voulez pas, de la tendresse de Dieu, vous ne voulez pas d'un Dieu qui pleure... qui souffre... Oh oui, tu voudrais un Dieu devant qui on se prosterne, mais pas un Dieu qui s'agenouille.

    Eric-Emmanuel Schmitt, Le visiteur
    Actes-Sud, 1994

    in Actualité des Religions n°2, p.23, L'expérience spirituelle


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