• Camille Lemonnier - Les Charniers - A la frontière

        Quand on a ravi la côte qui va vers La Chapelle et qu'on a atteint le plateau d'où Bouillon se découvre pittoresquement au fond de son entonnoir, on se trouve dans une vaste plaine bouquetée çà et là de massifs d'arbres et veuve d'habitations.
       Marchez cependant : vous verrez bientôt à votre droite les commencements d'une lisière de bois, une grande ferme où les paysans français ne manquent jamais de prendre une chope quand ils passent la frontière.
        La frontière n'est elle-même qu'à quelques coups de fusils de là, aisément reconnaissable à un grand poteau peint en blanc, avec deux bras, dont l'un porte cette inscription : France, et l'autre, Belgique.
        Il y avait devant la ferme dont je parle un encombrement de carrioles et de charrettes ; des chevaux, mal abrités par des hangars improvisés, recevaient à cru sur leur croupe la pluie qui ne cessait de tomber. Et des flaques d'urine s'étendaient rouilleuses, découlant partout.

    Camille Lemonnier, Les charniers, p.16-17
    source : archive.org


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