• Charles Binet-Sanglé

        Charles Hippolyte Louis Jules Binet, dit Binet-Sanglé, né le 4 juillet 1868 à Clamecy et mort le 14 novembre 1941 dans les Alpes-Maritimes, était un médecin militaire et psychologue français. Il est essentiellement connu pour son livre sur La Folie de Jésus.

        Penseur original, il appliqua aux croyances religieuses les théories de la psychologie. Pour le professeur Binet-Sanglé, la nature des visions de Jésus, telles qu’elles nous sont décrites dans les Évangiles, permet de conclure que le fondateur de la religion chrétienne était atteint de paranoïa religieuse.

        Il s'intéressa également aux thèses eugénistes et fut un précurseur de la réflexion sur l'euthanasie et le suicide assisté.
        Un prix du Dr Binet-Sanglé (philosophie) décerné par l'Académie Française a été créé en 1952 en hommage à son oeuvre.

    Publications :
    - « Physio-psychologie des religieuses. Les religieuses de Port-Royal », in Archives de neurologie, 1903, n°88-89.
    - Les Prophètes juifs, étude de psychologie morbide, des origines à Elie, Dujarric et Cie, 1905.
    - Les Lois psychophysiologiques du développement des religions, l'évolution religieuse chez Rabelais, Pascal et Racine, Paris, Maloine, 1907
    - La Folie de Jésus, son hérédité, sa constitution, sa physiologie, Maloine, 1908, réédité en 1929 par Albin Michel.
    - L'Art de mourir. Défense et Technique du suicide secondé, Albin Michel, 1919, réédité en 2007.
    - Demain ? Programme de réformes sociales, 1919
    - La Fin du secret. Applications de la perception directe de la pensée, Albin Michel, 1922
    - Les Ancêtres de l'homme, Albin Michel, 1931

    source : http://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_Binet-Sanglé


        Son intérêt pour les études portant sur la psychologie du sentiment religieux, éveillé par la lecture des travaux médicaux de Gilbert Ballet (description du dégénéré mental contenue dans le Traité de médecine de Charcot, Bouchar et Brissaud, t. VI, que Binet-Sanglé avouera n'avoir fait que paraphraser dans La forlie de Jésus), Henry Meige ("Prophètes et thaumaturges au XIXe siècle", Journal des connaissances médicales, avril-mai 1986) et Richter ("Anomalie de formation des aliénés, Allgemeine Zeitschrifft für Psychiatire, XXXVIII, I) le conduit à suivre les cours de l'Ecole de psychologie (fondée en 1889), dirigée par le Dr Bérillon. Devenu professeur à cette même Ecole, il publie son premie ouvrage : Les prophètes juifs, étude de psychologie morbide (1905). Il adopte le nom de Binet-Sanglé, préférant conserver l'anonymat dans le milieu militaire auquel il continuaut d'appartenir (Dr Lamoureux, Le Fureteur, avril 1943).
        Le résultat de ses recherches sur l'origine de l'installation des idées eligieuses dans l'esprit humain se trouve développé dans Les lois psychopshysiologiques du développement des religions (1907), où il distingue la créditivité (l'inclination native à croire) de la croyance elle-même, examinée dans ses rapports avec le sentiment et la volonté. La suggestion, la transmission orale et le sentiment constituent, selon lui, les trois agents de l'enracinement des idées religieuses dans la conscience. La docilité, la 'surémotivité", la "suramativité (l'égoïsme social des dévots), la "surcraintivité", la faiblesse d'esprit et l'ignorance, la maladie, la tristesse, etc., sont autant d'états et de sentiments - adjuvants - favorisant l'autosuggestion religieuse, au cours des méditations pieuses et des examens de conscience. Constat qui débouchera sur l'opposition entre une moralité suggérée "obtenue par la promesse du paradie ou la menace de l'enfer" et une moralité raisonnée (Le haras humain, 1918).
        Publiée en quatre tomes, entre 1908 et 1915, La folie de Jésus, se veut être létude de la personnalité du Christ (Ieschou bar Iossef) au point de vue anthropologique et mental. L'auteur critique l'admiration "poétique" d'un Renan à l'égard de la personne du Christ (La vie de Jésus). Selon lui, les idées mystiques, mégalomaniaques, hypocondriaques, persécutives, tournant autour de l'idée fixe qu'il est l'envoyé et le fils de Dieu, se succèdent sans cesse dans l'esprit de Jésus. "Délire chronique systématisé et polymorphe des dégénérés mentaux" et "folie religieuse" constituent les termes du diagnostic établi. Les évangélistes auraient ainsi "vu évoluer sous leur yeux, sans en comprendre la nature, un cas de magalothéomanie  [et] de paranoïa religieuse", et les croyances de l'humanité occidentale, depuis près de vingt siècles, reposeraient, de fait, sur une "erreur de diagnostic". Conclusions qui ne manquèrent pas de faire grand scandale.
        Des thèses non moins provocantes, d'un point de vue moral et politique et religieux, inspirées par la lecture de Francis Galton (Inquiries into human Faculty and its development, 1883), Vacher de Lapouge (Les sélections sociales, 1896), Herbert Spencer (De l'éducation), Prosper Lucas (Traité philosophique et psychologiques de l'hérédité, 1847) et Théodule Ribot (L'hérédité psychologique, 1882), se trouvent exposées dans le Haras humain (1918). Ouvrage sur lequel l'auteur préconise un eugénisme actif ("prophylaxie antoconceptionnelle", avortement prooqué) et le recours à l'infanticide, en cas de pathologie congénitale, au nom de l'application des principes de l'anthropogénétique, tendant à la réalisation du "bonheur de l'humanité" ! Il appelle également de ses coeux la création d'un institut d'euthanasie, rattaché à l'assistance publique, l'Etat devant "réparer" ses défaillances en matière de contrôle du bon assortiment des géniteurs, d'application des règles de l'hygiène publique, et de prévention des maladies (l'Art de mourir, 1929). La nécessité d'une substitution du "mariage rationnel" (résultant d'une sélection méthodique des partenaires) à l'union de convenance ou libre constitue ainsi l'un des devoirs fondamentaux de l'Etat.
        Cette redéfinition des conditions sociales de pratique de l'"acte générateur" se trouve accompagnée de l'affirmation de la nécessité d'une hygiène sexuelle précoce. D'où la dénonciation des "mensonges conventionnels de notre civiliation" (Max Nordau, 1908), dont les injonctions de la morale sexuelle du christianisme.
        L'oeuvre de Binet-Sanglé lui valut l'accusation d'avoir confondu les exigences de la recherche scientifiques et de la réflexion philosophique avec la phobie religieuse (P. Farez). De même, les pouvoirs qu'il prêta à l'autosuggestion religieuse (les transformations physiologiques et psychologiques que la volonté seule serait incapable d'obtenir) se trouveront-ils mis en doute (Pierre Janet, La médecine pshychologique, 1930).

    Eric Hamraoul
    in Dictionnaire du monde religieux dans la France contemporaine.
    9. Les sciences religieuses : le XIXe siècle : 1800-1914, p.65-66
    Editions Beauchesne, 1996, 678 pages
    source : GoogleBooks


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