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Colette Magny - Les Nouvelles Révélations de l'Etre
Je dis ce que j'ai vu et ce que je crois
Et qui dira que je n'ai pas vu ce que j'ai vu
Je lui déchire maintenant la tête
Car je suis une irrémissible brute
Et il en sera ainsi jusqu'à ce que le temps ne soit plus le temps
Ni le ciel, ni l'enfer, s'ils existent,
Ne peuvent rien contre cette brutalité qu'ils m'ont imposée
Peut-être pour que je les serve, qui sait, en tout cas pour m'en déchirer
Ce qui est, je le vois avec certitude
Ce qui n'est pas, je le ferais si je le dois
Voilà longtemps que j'ai senti le vide,
Mais que j'ai refusé de me jeter dans le vide
J'ai été lâche comme tout ce que je vois
Quand j'ai cru que je refusais ce monde
Je sais maintenant que je refusais le vide
Car je sais que ce monde n'est pas
Et je sais comment il n'est pas
Ce dont j'ai souffert jusqu'ici, c'est d'avoir refusé le vide
Le vide qui été déjà en moi
Je sais qu'on a voulu m'éclairer par le vide
Et que j'ai refusé de me laisser éclairer
Si on a fait de moi un bûcher
C'était pour me guérir d'être au monde
Et le monde m'a tout enlevé
J'ai lutté pour essayer d'exister
Pour essayer de consentir aux formes, à toutes les formes
Dans la délirante illusion d'être au monde a revêtu la réalité
Je ne veux plus être un illusionné
Mort au monde, à ce qui fait pour tout les autres le monde
Tombé enfin, tombé, monté dans ce vide que je refusais
J'ai un corps qui subit le monde et dégorge la réalité
J'ai assez de ce mouvement de lune
Qui me fait appeler ce que je refuse et refuser ce que j'ai appelé
Il faut finir, il faut enfin trancher avec ce monde
Qu'un être en moi, cet être que je ne peux plus appeler
Parce que s'il vient, je tombe dans le vide
Cet être a toujours refusé
C'est fait, je suis vraiment tombé dans le vide
Depuis que tout de ce qui fait ce monde
Vient d'achever de me désespérer
Car on ne sait que l'on n'est plus au monde
Que quand on voit qu'il vous a bien quitté
Mort, les autres ne sont pas séparés
Ils tournent encore autour de leur cadavre
Ils tournent encore autour de leur cadavre
Et je sais comment les morts tournent autour de leur cadavre, tournent autour de leur cadavre
Depuis exactement trente-trois siècles que mon double n'a cessé de tourner
Or, n'étant plus, je vois ce qui est
Je me suis vraiment identifié avec cet être
Cet être qui a cessé d'exister
Et cet être m'a tout révélé
Je le savais mais je ne pouvais pas le dire
Et si je peux commencer à le dire
C'est que j'ai quitté la réalité
C'est un vrai désespéré qui vous parle
Et qui ne connais le bonheur d'être au monde
Que maintenant qu'il a quitté ce monde
Et qu'il en est absolument séparé
Mort, les autres ne sont pas séparés
Ils tournent encore autour de leur cadavre
Ils tournent encore autour de leur cadavre
Je ne suis pas mort, mais je suis séparé
Tags : religion, imagination de la matière
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