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Dorisme (Journal de Charleroi, 11 juillet 1914)(Belgicapress)
Dorisme.
Ce n'est pas une nouvelle école de peinture. C'est un nouveau culte. C'est un nouvel aspect de l'Antoinisme.
Antoine, qui fut le Père, étant mort, sa veuve prit sa place, et les fidèles communient à présent au nom de la Mère. Mais à Roux, la religion nouvelle a comme grand-prêtre et thaumaturge un autre parent d'Antoine, apôtre abondamment chevelu et barbu, qui répond au nom de Dor – en wallon, on prononce Dour. Et ainsi, dans cette commune, après le culte du Père et après celui de la Mère, on pratique de culte du Neveu.
Or, le Neveu fait une concurrence assez marquée à la Mère. Ses préceptes ne diffèrent guère des siens, il est vrai ; ils ont été puisés à la parole inspirée du Père et ils sont : confiance, foi entière, pureté, sagesse, modestie et simplicité. Mais la Mère n'en impose pas ; c'est une bonne vieille femme sans aucune éloquence et sans prestige, qui se borne à un rôle de figuration. Elle paraît, s'assied et ne dit mot. L'ombre auguste du Père plane sur elle : cela suffit.
Dor, lui, se dépense. Il a le verbe dominateur et abondant, la voix puissante, la geste onctueux, et à travers l'épaisse broussaille de poils qui lui mange le visage jusqu'aux yeux, son regard éclatant impressionne et subjugue. Dor fait des miracles de thérapeutique. Autour de l'église qu'il a bâtie à Roux, les cabarets accueillants poussent comme des champignons. Les fidèles y accourent des quatre coins de la province. Enfin, plus d'une mère de famille abandonna mari et enfants pour rejoindre le prophète – qui recommande avec éloquence une marque connue de beurre végétal.Journal de Charleroi, 11 juillet 1914 (source : Belgicapress)
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