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En souvenir du Père, Les Fêtes Antoinistes du 28 et 29 Juin 1913 (Le Fraterniste, 4 juillet 1913)
EN SOUVENIR
DU « PERE »Les Fêtes
Antoinistes
des 28 et 29 Juin 1913Nous publierons dans le prochain numéro le compte rendu des fêtes qui viennent d'avoir lieu à Jemmeppe-sur-Meuse (Belgique), à l'occasion de l'anniversaire de la désincarnation du Père Antoine, décédé l'an dernier, le 25 juin.
En attendant, publions à titre documentaire, l'articulet suivant de notre excellent confrère, Alex. Will, où perce, comme il convient lorsqu'on est rédacteur à un grand quotidien, une petite pointe d'ironie.Hier une dame venait nous voir :
– « Monsieur, je suis « Antoiniste »...
– « Ah ! vraiment, madame, je suis très honoré de faire la connaissance d'une « Antoiniste », mais je croyais qu'il n'y en avait plus... On avait annoncé la mort du fondateur de cette secte mystico-hypnotique, et la disparition de celle-ci...
– Détrompez-vous ! L'Antoinisme a plus d'adeptes que jamais et dans la région de Lille même on les compte par centaines... »
La dame avait un air doux et convaincu. Nous l'avons écoutée.LA « MERE » APRES LE « PERE »
Vous connaissez au moins de nom l'Antoinisme. C'est une sorte de religion fondée par un habitant de Jemmeppes, en Belgique, connu sous le vocable d'Antoine-le-Guérisseur.
Des esprits de bonne foi croient que cet Antoine a débarrassé maints malades des douleurs dont ils souffraient par le seul remède de l'imposition des mains. Des médecins, qui ont étudié les états hypnotiques affirment que, dans certains cas, la chose n'est pas impossible. Seulement, le « Père Antoine » exigeait de ses clients la croyance à une guérison divine. C'est là que l'Antoinisme et la science ne sont plus tout à fait d'accord.
Bref, le « Père Antoine » attira dans son logis de Jemmeppes des milliers de gens qui devinrent plus ou moins ses adeptes. La région du Nord et du Pas-de-Calais lui fournit surtout des adhérents.
L'an dernier, le « Père Antoine » mourut, malgré l'imposition de ses mains, et on put croire que les guérisons de Jemmeppes avaient trouvé un terme.
Pas du tout. Après le « Père Antoine », il y a eu la « Mère Antoine », sa juste épouse, qui a continué, comme par le passé, à assurer le service des guérisons, l'imposition des mains, etc., afin de satisfaire la nombreuse clientèle.
Les adeptes continuèrent à se recruter. Du moins, c'est ce que nous affirma hier la Lilloise, propagandiste de l' « Antoinisme », qui vint nous annoncer la « bonne nouvelle ».LE TEMPLE DE CANTELEU
Avec des lueurs mystiques dans ses yeux particulièrement vifs, la Lilloise « antoiniste » nous dit :
« Dimanche dernier, 22 juin, la « Mère Antoine » a procédé, à Jemmeppes, à l'imposition des mains sur plus de 1.200 enfants, dont beaucoup venaient du Nord et de la région de Lille.
» Ce fut un spectacle émotionnant, monsieur, et il y eut plusieurs guérisons opérées publiquement.
– « Je ne veux pas en douter, madame.
– « Certes, mais nous voudrions qu'il y en eut plus encore. Ne pouvez-vous pas dire, dans votre journal, que le dimanche 29, la « Mère » fera encore l'imposition des mains et qu'elle fera appel au fluide éthéré du Père...
– « Mais, il est mort, n'est-ce pas ?
– « Oh ! désincarné simplement. Son fluide persiste et vient agir parmi nous.
– « Oui, oui.
– « Du reste, ceux de Lille qui ne peuvent aller à Jemmeppes ont toute facilité pour être guéris au temple de Canteleu. Il y a 42, quai de l'Ouest, à Canteleu, un temple antoiniste où chaque dimanche matin, vers 10 heures, les « frères » se réunissent et méditent sur l'Enseignement du Père, dont on fait la lecture. Croire à cet Enseignement, tout le mystère est là. Il est certain que la « Mère » aime mieux qu'on aille la voir à Jemmeppes pour se faire guérir, mais il y a dans tous les temples un guérisseur en communication spirituelle avec le « Père » et « la Mère », qui ne font qu'UN. Vous comprenez...
– « C'est très clair.
– « Nous avons encore dans le Nord des temples antoinistes à Hautmont, 123, rue Sainte-Anne ; à Douzies-Maubeuge, chez Mme Meurisse-Brohet ; à Fontaine au Pire, à Caudry, rue Camille Desmoulin, 61, et rue des Tramways, 27 à Denain, rue de Wavrechain, 22 ; à Villers-Outréaux, chez M. Henquet-Lamy ; à Walincourt, rue Pierre Flinois, etc., etc., etc. C'est si simple et si avantageux d'être « Antoiniste ». On connait par l'Enseignement du Père qui est l'enseignement du Christ révélé à lui par le miracle de la Foi, le moyen de dominer toutes les souffrances.
En vérité, le mal n'existe pas, monsieur. Nul ne peut souffrir, à cause d'autrui...
– « Voilà qui est bien dit.
– « C'est une connaissance sublime que celle de l'Antoinisme. Ceci est une petite brochure qui vous édifiera. Vous deviendrez « Antoiniste » à la lire. Le mal n'existe pas ! N'oubliez pas cette belle parole du « Père ».
– « Merci, madame, et au revoir… Faites attention à la porte. Vous pourriez vous faire mal. Il est vrai que comme vous dites...
– « Ça ne fait rien. Il vaut mieux de pas aller au-devant des accidents », conclut la Lilloise « antoiniste ». Puis, elle s'en fut.ALEX WILL
Le Fraterniste, 4 juillet 1913
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