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Evolution de la classe ouvrière
L'aspect social de la Belgique a subi de profondes modifications au cours des cent dernières années. Le développement inouï de l'industrie, la prolétarisation concomitante des masses agricoles, la disparition progressive de certaines classes d'artisans et de travailleurs à domicile ont changé la répartition professionnelle d'une partie importante de la population. Les transformations, lentes d'abord, plus rapides ensuite des conditions de vie de la classe ouvrière et agricole accusent de traits nouveaux la physionomie sociale de notre pays.
Au début de XIXe siècle, la classe ouvrière était surtout agricole et particulièrement miseérable. Ducpétiaux, le statisticien et économiste réputé, dans ses enquêtes sur la situation des classe sociales vers le milieu du siècle dernier, constate qu'alors que, pour 100 hectares de terre mise en culture, on ne compte en Angleterre que 25 cultivateurs, y compris les femmes et les enfants, et 36 en France, il y en a 65 dans le Flandre Orientale ; dans la Flandre Occidentale cette proportion est encore dépassée. Ailleurs, il considère que "loin d'être à même de recevoir un surcroît de population, les communes rurales devraient, au contraire, pouvoir déverser ailleurs une partie de leurs habitants". Le même auteur ajoute que "si cette population se multiplie, sa dégénérescence se révèle à tous les yeux clairvoyants et que l'on essayerait vainement de nier qu'il faut l'attribuer à l'insuffisance de l'alimentation, conséquence de la disproportion des ressources de la classe ouvrière et de ses besoins les plus indispensables".
Les besoins croissants en main-d'oeuvre de l'industrie attirèrent d'ailleurs vers les villes les populations campagnardes. L'industrie à domicile, très répandue dans les villages, périclitait très fort en raison de la concurrence que lui faisait la grande industrie. Les enfants et les femmes se présentèrent dans les usines au même titre que les hommes. Les conditions de travail y étaient cependant loin d'être brillantes. Elles n'étaient même pas humaines. "Si l'on interroge les relevés du recensement de 1846, - dit Dupectiaux, - on voit que près d'un tiers des ouvriers du pays étaient, à cette époque, inscrits sur les registres des bureau de bienfaisance."
Dix ans plus tard, la situation avait encore empiré ; le même auteur signale qu'il y aurait sur 5 ouvriers plus de 2 individus inscrits sur les listes des bureaux de bienfaisance. Ce n'est pas lentement, très lentement d'abord, que les conditions de vie s'améliorent, pour progresser ensuite à une rythme plus rapide, qui ira en s'accélérant. L'allure de ce mouvement est corrélatif à la prise de conscience de la force que trouve la classe ouvrière dans une organisation qui, inexistante au début, va aller en se développant.Encyclopédie Belge, Notre vie sociale, p.256
Tags : biographie, père, métallurgie
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