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Fatalisme hermétique (L'Express du Midi, 26 juillet 1912)
SIMPLES NOTES
« Fatalisme hermétique »
On n'en finirait plus si l'on voulait relever toutes les sornettes que débitent journellement les feuilles radicales et maçonniques : il en est, cependant, qui dépassent la mesure.
A propos d'un récent fait-divers – un père et une mère qui, disciples d’un « thaumaturge » (!!!) belge, Antoine le guérisseur, fondateur d'une « religion » (!!!) nouvelle, laissent deux enfants périr sans soins « parce qu'ils ne croient pas à la possibilité des secours terrestres » – la France de Bordeaux, part en guerre contre toutes les superstitions auxquelles elle assimile toules les religions, y compris, bien entendu, la religion catholique.
Vous voyez d'ici la thèse :
Sans doute, on ne fonde pas une religion avec autant de facilité qu'une maison de commerce et le « Père Antoine », avec sa « religion nouvelle », paraît au rédacteur de la France un peu prétentieux ; mais qu'est cette « religion » sinon la « vieille religion catholique tout court », un peu simplifié tout au plus ?
La religion catholique n'enseigne-t-elle pas qu'il est nécessaire, sinon suffisant, « d'invoquer la bonté de Dieu pour obtenir la guérison des malades » ?
La résignation de ces parents ne fait-elle pas songer à celle de Job « se laissant périr sur le fumier » ?
Et l'Eglise ne proclame-t-elle pas la sainteté de la foi du charbonnier et de « l'état de grâce qui rend heureux les pauvres d'esprit » ?
« Dieu la voulut, que sa volonté soit faite !... Notre esprit se rebelle, s'écrit la France contre un fatalisme aussi hermétique.
Il s'agit bien de fatalisme ! le rédacteur de la France, qui prétend écrire sans arrière-pensée de polémique, confond volontairement la divine acceptation du sacrifice accompli et imposé par la volonté de Dieu, avec le fatalisme destructeur de toute énergie et de toute liberté humaine auquel ont pu obéir les disciples d'Antoine le guérisseur.
L'Eglise enseigne la nécessite de la prière, mais elle enseigne en même temps l'existence du libre arbitre et l'utilité de l'action qui s'est exprimée en un dicton populaire : « Aide-toi, le ciel t'aidera ».
Elle proclame bienheureux les pauvres d'esprit, mais elle s'efforce de les instruire.
Je connais une religion dont la doctrine est basée sur le « fatalisme hermétique », mais celle-là n'est pas la religion catholique : celle-là, notre République en respecte les mosquées, les traditions et les muftis, alors qu'elle réserve ses persécutions pour les disciples du Christ.
Les feuilles radicales et maçonniques n'ont à la bouche que le mot de progrès ; et tout progresse, en effet, autour d'elle ; seuls, leurs arguments ne progressent pas.
C'est toujours la faute aux curés.
C'est saint Alphonse de Liguori – H. Albert Bayet l'a écrit en toutes lettres – qui a instruit Bonnot et Garnier.
Et ce sont les jésuites qui ont livré à l'Allemagne, le Congo que Caillaux avait conquis. – JEANL'Express du Midi, 26 juillet 1912
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