• Funérailles d'un dignitaire du culte antoiniste (L'Egalité de Roubaix-Tourcoing 4 Mars 1932)

    Funérailles d'un dignitaire du culte antoiniste

        LES FUNÉRAILLES  D’UN DIGNITAIRE
    DU CULTE ANTOINISTE A CAUDRY

        C’est un événement qui sort de la banalité, que les funérailles d’un adepte du culte antoiniste et il prend de plus amples proportions quand il s’agit, comme en l’occurrence, d’un dignitaire de cette religion nouvelle fondée en 1906 par le Père Antoine, ouvrier mineur à Jemeppe (Belgique), qui acquit, par la suite, une véritable renommée par ses guérisons de malades.

    LES TEMPLES DE NOTRE REGION

        Le Père Antoine est mort depuis quelque dix ans, ou plutôt matériellement désincarné, selon le vocable employé, et c’est sa femme, la Mère Antoine, comme les adeptes l’appellent, qui lui a succédé.
        Ce changement n’a pas ralenti le prosélitisme des premiers initiés, car outre les temples d’HautmontHellemmes et Caudry et celui en construction à Valenciennes, il existe particulièrement dans de nombreuses villes ou bourgades du Cambrésis et du Vermandois, des salles de lecture où s’assemblent les fidèles.
        Les salles de lecture les plus en vogue sont celles de Cambrai et Bohain, qui ouvrent leurs portes le jeudi et le dimanche ; mais pour les solennités, tout le monde se rend à Caudry.
        Quant au Temple de la Cité de la dentelle, une construction d’un style bizarre, n’est jamais fermé : à toute heure du jour et de la nuit, le frère Goffin qui y réside, reçoit les personnes qui veulent s’initier au rite antoiniste et plutôt celles – et elles sont nombreuses – qui recherchent la guérison de leurs maux.

    DES OBSEQUES PEU BANALES

        Donc, jeudi 15 heures, avaient lieu les funérailles de M. Gaston Michies, ancien fabricant de tulles à Caudry, homme doux et placide, mort de froid dans la rue, alors qu’il venait d’officier au Temple de la rue de Denain et comme un vulgaire mortel regagnait son domicile.
        Pour cette circonstance, de nombreux adeptes étaient venus des divers points du département, les hommes revêtus de longues lévites, le chef coiffé d’un haut de forme à large bord, les femmes tout de noir habillées, voiles flottants, avec sur la tête un gentil petit bonnet également noir.
        Le cercueil exposé devant la maison mortuaire, le frère Goffin donna lecture des dix principes du Père Antoine, puis de cortège composé de deux cents personnes environ suivant le char funèbre, précédé du porteur de l’emblème du culte « L’arbre de la Science », s’achemina lentement vers le cimetière de la ville au milieu d’une double haie de curieux.

    « LA VIE EST ETERNELLE »

        Avant l’inhumation, le père Goffin, qui officiait toujours, récita sept fois le chapitre de la réincarnation selon la méthode du Père Antoine, où il est dit notamment : « La mort n’est qu’apparente, puisque dans le sommeil nous conversons avec les chers disparus. Il existe dans chaque humain deux parties : l’une matérielle qui est le corps, l’autre intelligente qui est l’homme ou le fluide. Celle-ci ne s’échappe pas, comme on dit dans mainte religion à travers l’espace, elle se concentre, au contraire, pour rechercher un autre corps et continuer à vivre. Cette nouvelle vie sera bonne si le défunt a fait preuve de vertus et, naturellement, remplie de tribulations s’il a été un mauvais sujet. La vie est éternelle. Il n’y a jamais eu de commencement et il n’y aura jamais de fin, par le jeu des réincarnations répétées ».
        La cérémonie achevée, après le défilé traditionnel devant le cercueil simplement orné d’une croix en bois, sans autre attribut, l’assistance se retira lentement, des profanes commentant avec force les données de cette étrange secte religieuse.

    L’Egalité de Roubaix-Tourcoing, 4 Mars 1932


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