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Gérard Dagon - Petites Églises et grandes sectes en France aujourd'hui (1961)
Auteur : Gérard Dagon
Titre : Petites Églises et grandes sectes en France aujourd'hui
Editions : SCE, Paris, 1961, 127 p.
Gérard Dagon (né à Strasbourg le 04 avril 1936) effectue des recherches sur les sectes depuis 55 ans. Auteur de nombreux ouvrages épuisés comme «Les sectes en France» ou «Les sectes à visage découvert», il enseigne également dans quatre écoles bibliques.
Gérard Dagon a été pasteur pendant 25 ans dans l’Eglise Réformée d’Alsace et de Lorraine, pendant 17 ans dans l’Union des Eglises Chrétiennes Evangéliques (ex-Chrischona). Depuis 2001, il poursuit son ministère dans une église baptiste indépendante en Moselle. Il enseigne depuis plus de 30 ans à l’Institut Biblique et Missionnaire Emmaüs et a été président de la Société évangélique de France. Il préside aussi l'organisation Vigi-sectes depuis sa création en 1998.
Autant le Père Chéry était le spécialiste des sectes du point de vue catholique, autant le pasteur Dagon en est le spécialiste du côté protestant. Son point de vue est donc intéressant, et c'est en tout cas une des rares personnes à pouvoir s'y retrouver dans le pullulement des dissidences et schismes de la réforme.
Malheureusement, il n'a pas grand chose à dire sur l'antoinisme, secte qu'il classe parmi les principales en France (savoir celles qui ont fait le plus parler d'elles, ou celles qui sont les plus actives sur notre territoire). Son premier chapitre le concernant est la copie d'"un tract offert aux visiteurs". En effet, concernant les autres "sectes", ils se contentent en général de voir leurs erreurs commises par rapport à la seule Vérité, la Bible et Jésus.
Explorons ensemble les chapitres : Le fondateur, le Résumé sommaire de la doctrine, le Culte et lieux de culte, enfin la Diffusion.
Même si l'auteur nous épargne de tout jugement (ce qui est déjà un grand pas dans ce genres d'ouvrages sur les sectes), on trouve quand même des erreurs qui montre la non-neutralité de l'auteur : toujours cette histoire de "longs voyages en Allemagne, en Pologne et en Russie" (cette dernière destination n'est que supposition). On nous dit qu'il "sera ouvrier-métallurgiste en Allemagne et contremaître en Pologne", précisons que c'est là le seul but de ces voyages, y travailler. Un ouvrier comme Louis Antoine n'avait pas le loisir de voyager juste pour voir du pays... Il "épouse en 1873 un Jeanne-Catherine Collin. De ce mariage naîtra un fils anormal qui mourra en 1893". Il 'épouse en 1873 Jeanne-Catherine Collon, et de ce mariage naîtra un fils qui mourra en 1893' me semble plus correcte.
"Malade de l'estomac, Antoine Louis lit le Livre des Esprits d'Allan Kardec, le grand réformateur français du Spiritisme. Cette lecture le guérit". A ma connaissance le Père n'a jamais vraiment connu de soulagement, hormis par l'adoption du régime végétarien.
"Antoine Louis a écrit ses révélations en français, en dictant les 'Révélations de l'auréole de la conscience' à ses disciples Madame Desart et F. Deregnaucourt". Si quelqu'un comprend le sens de cette phrase qu'il veuille bien la corriger pour moi... Merci.
"L'enseignement du Père est résumé dans les Dix principes de Dieu, écrit par le fondateur en vers libres, c'est un enseignement altruiste, moral et très sentimental". Les Dix principes ne résument pas vraiment l'Enseignement. Ils en font partis mais son aussi à part. 'Sentimental' est certainement à comprendre ici dans le sens qu'ils flattent les sentiments, comme cela se fait dans beaucoup de sectes. Cependant, je ne vois pas en quoi, les Dix principes le sont.
"En 1910, on en [des disciples antoinistes] compte déjà 148.300." Je ne sais pas d'où sort ce chiffre.
"La femme du fondateur, Mère Antoine, survit à son mari jusqu'au 3 novembre 1941. Elle dirigea la secte de 1910 à 1940." La Mère dirigea le culte jusqu'à sa mort le 3 novembre 1940.
Concernant le sommaire de la doctrine, on lit que l'"antoinisme est un vaste mélange de spiritisme, d'occultisme, de théosophie, de végétarisme et de christianisme". Admettons. Cependant, l'auteur se contredira en disant pour finir que "ce moralisme mystique parle peu de Jésus-Christ et n'a aucune notion des doctrines fondamentales du péché, de la grâce et de la rédemption". Si ces notions sont fondamentales pour Gérard Dagon, elles ne l'étaient pas pour Louis Antoine. On voit bien que ce livre sur les sectes est écrit d'un point de vue protestant. On lit aussi dans ce chapitre que "Le Père Antoine est une sorte d'incarnation de Dieu sur la terre (c'est l'auteur qui le dit, ce n'est pas l'avis de tous les antoinistes). Les Révélations d'Antoine constituent la seule Vérité (c'est pour ça qu'on lit dans la Révélation que Gérard Dagon n'a pas lu que "Si nous voulons être dans la vérité, croyons toujours que nous n'y sommes pas, c'est ainsi que nous y serons réellement, car j'ai révélé, nous ne la possédons que lorsque nous ne prétendons pas l'avoir.", Le Développement de l'Oeuvre Révélée, Arbre de la science de la vue du mal, le bien, interprété l'opposé de la réalité, p.292). La secte exige la foi à la captation des fluides magnétiques émanant du Père (la secte n'exige rien du tout). Elle enseigne la négation du mal, de la matière, de la mort et de la maladie. La réincarnation bouddhiste joue un grand rôle, ainsi que la foi en Antoine."
Dans le chapitre Culte et lieux de culte, on apprend que notre emblème est "l'Arbre de la Science et de la Vue du Mal", alors qu'il s'agit de l'Arbre de la Science de la vue du mal. "Les enterrements constituent un culte spécial mais les fêtes chrétiennes n'ont plus aucun sens." (N'en ont-elles jamais eu ?). "Les guérisons ont lieu dans les sacristies, derrière un paravent". (Il semblerait que l'auteur a pris comme source le Père Chéry qui écrivait également l'Arbre de la Science et de la vue du Mal et que les malades désirant la guérison se rendaient à la sacristie ou derrière un paravent.) "On compterait 50.000 guéris par an, dans certains temples !" (Là encore, d'où vient ce chiffre ?).
"Ceux qui fréquentent les cultes antoinistes sont d'origine catholique ou même musulmane. On y compte quatre fois plus de femmes que d'hommes (encore une fois, sur quoi se base l'auteur pour avancer cette proportion, surtout qu'il dit plus loin qu'il "est impossible de connaître le nombre d'adeptes fréquentant les assemblées antoinistes"...). Les simples ouvriers, mineurs en particulier, aiment cette religion sans faste. Les adeptes, peu sectaires, larges d'esprit, recueillis, silencieux, ne font qu'une propagande discrète".
"Vingt-trois temples rassemblent ces membres, ainsi qu'une centaine de salles de lecture, embryons de futurs temples, beaux édifices, lieux de culte en pleine activité. Le temple du 10, Impasse Roux à Paris 17e, belle construction qui date de 1955, montre, avec son presbytère, que la secte est loin de mourir, comme l'affirment certains".
L'auteur aura l'occasion de s'intéresser aux sectes et notamment aux Antoinistes en 1995 et 1997 dans Les sectes à visage découvert (les Antoinistes sont dans le Tome 2).
Tags : religion
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