• Guillaume Apollinaire - Lundi, rue Christine (1918)

         « Lundi rue Christine », de Guillaume Apollinaire, inclut des bribes de conversation entendues dans les cafés, notamment, donc celui, à côté de la salle de lecture antoiniste, au coin avec la rue des Grands-Augustins.



    La mère de la concierge et la concierge laisseront tout passer
    Si tu es un homme tu m’accompagneras ce soir
    Il suffirait qu’un type maintînt la porte cochère
    Pendant que l’autre monterait

    Trois becs de gaz allumés
    La patronne est poitrinaire
    Quand tu auras fini nous jouerons une partie de jacquet
    Un chef d’orchestre qui a mal à la gorge
    Quand tu viendras à Tunis je te ferai fumer du kief

    Ça a l’air de rimer

    Des piles de soucoupes des fleurs un calendrier
    Pim pam pim
    Je dois fiche près de 300 francs à ma probloque
    Je préférerais me couper le parfaitement que de les lui donner

    Je partirai à 20 h. 27
    Six glaces s’y dévisagent toujours
    Je crois que nous allons nous embrouiller encore davantage

    Cher monsieur
    Vous êtes un mec à la mie de pain
    Cette dame a le nez comme un ver solitaire
    Louise a oublié sa fourrure
    Moi je n’ai pas de fourrure et je n’ai pas froid
    Le danois fume sa cigarette en consultant l’horaire
    Le chat noir traverse la brasserie

    Ces crêpes étaient exquises
    La fontaine coule
    Robe noire comme ses ongles
    C’est complètement impossible
    Voici monsieur
    La bague en malachite
    Le sol est semé de sciure
    Alors c’est vrai
    La serveuse rousse a été enlevée par un libraire

    Un journaliste que je connais d’ailleurs très vaguement

    Écoute Jacques c’est très sérieux ce que je vais te dire

    Compagnie de navigation mixte

    Il me dit monsieur voulez-vous voir ce que je peux faire d’eaux-fortes et de tableaux
    Je n’ai qu’une petite bonne

    Après déjeuner café du Luxembourg

    Une fois là il me présente un gros bonhomme
    Qui me dit
    Écoutez c’est charmant
    À Smyrne à Naples en Tunisie
    Mais nom de Dieu où est-ce
    La dernière fois que j’ai été en Chine
    C’est il y a huit ou neuf ans
    L’Honneur tient souvent à l’heure que marque la pendule
    La quinte major


    Guillaume Apollinaire, Ondes, in Calligrammes (1918)


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