• Il n'y a pas de Dieu (J.P. Jacobsen)

    Il n'y a pas de Dieu (J.P. Jacobsen)"Der er ingen Gud, og mennesket er hans profet!"

    "Es gibt keinen Gott, und der Mensch ist sein Prophet!"

    "Il n'y a pas de Dieu, et l'Homme est son Prophète."

    dans Niels Lyhne (chap.9) de J.P.Jacobsen (1847-1885)


    Pages 134-135 :
        - Il n'y a pas de Dieu et l'homme est son prophète ! dit Niels avec une amertume mêlée de tristesse.
        - Oui, n'est-ce pas ! ricana Hjerrild.
        Puis il ajouta immédiatement :
        - L'athéisme est, en fin de compte, terriblement prosaïque, et son but ne réside somme toute en rien d'autre qu'en une humanité désillusionnée. La foi en un Dieu, juge et vengeur, est la dernière grande illusion de l'humanité. Et si celle-là doit également se perdre ? L'humanité sera devenue plus raisonnable peut-être, mais sera-t-elle plus riche, plus heureuse ? Je ne le crois pas.
        - Mais, s'écria Lyhne, ne comprenez-vous pas que le jour où l'humanité pourra jubiler librement et affirmer : « Il n'y a pas de Dieu ! », ce jour-là, comme par miracle, se créeront un nouveau monde et un nouveau ciel. Alors, et alors seulement, le paradis deviendra un vaste espace infini, au lieu d'une menaçante camisole de force. La terre sera nôtre, et nous serons à elle, lorsque les autres mondes de la sombre béatitude et de la damnation auront crevés comme bulles de savon. La terre deviendra alors notre vraie patrie, la maison paternelle de notre cœur, où nous ne serons plus des invités pour un court laps de temps, mais pour l'éternité. Et quelle intensité la vie ne prendra-t-elle pas si tout y trouve de l'espace et s'il n'existe plus rien en dehors d'elle ? Le formidable courant d'amour qui, maintenant, monte vers Dieu, se répandra alors sur toutes les belles propriétés et possibilités humaines, puisque le ciel sera vide. Bonté, justice, sagesse, qui donc peut les énumérer toutes ? Ne comprenez-vous pas la noblesse dont se parera l'humanité lorsqu'elle pourra librement vivre sa vie et mourir sa mort, sans crainte de l'enfer ni espoir dans le ciel, ne craignant que soi-même et n'espérant qu'en soi-même. Comme la conscience prendra de l'ampleur, et quelle stabilité n'y aura-t-il pas lorsque le deuil et l'humilité sans actes ne pourront plus rien réconcilier, et qu'aucun pardon ne sera possible, que de réparer par le bien le mal que l'on aura fait.


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