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Jean Delville et le Chevalier Georges Le Clément de St-Marcq
Illustration : Jean Delville - God-Man (Homme-Dieu, oeuvre monumentale 5X5m), 1895
Jean Delville (1867-1953), artiste peintre très connu, grand interprète du symbolisme belge, ainsi qu'ancien disciple du Sâr Péladan. Il était alors secrétaire de la branche belge de la Société Théosophique, charge qu'il occupa pendant les années 1909-1913. Le Clément et Delville s'étaient certainement connus vers le milieu des années 1890, alors qu'ils étaient tous les deux membres de la mouvance occultiste d'inspiration péladano-papusienne qui se rassembla à Bruxelles autour du groupe "Kymris". Mais depuis cette époque leurs chemins avaient pris deux directions différents. Alors que Le Clément avait abandonné le camp occultiste pour se consacrer entièrement au spiritisme, jusqu'à devenir le président de la Fédération Spirite Belge, Delville s'était éloigné de son maître Péladan et avait rejoint les rangs de la Société Théosophique, qui commençait alors à s'implanter de manière stable sur le sol belge. Des polémiques avaient déjà éclaté entre les deux. Elles recoupaient largement celles qui avaient souvent caractérisé, dans d'autres pays aussi, les rapports entre théosophes (ou plus généralement occultistes) et spirites. En gros, si les spirites revendiquaient le caractère "scientifique" de leurs théories et accusaient les occultistes de prêter trop de foi aux superstitions du passé, les occultistes soutenaient en revanche que les spirites, ne connaissant pas la valeur des enseignements spirituels traditionnels, n'avaient pas la moindre idée des forces avec lesquelles ils entraient en contact lors de leurs séances, et ne savaient absolument pas comment les contrôler. Au début la polémique entre Delville et Le Clément suivit cette direction, mais lors de la diffusion de L'Eucharistie, elle prit évidemment un ton différent. Le Clément fut accusé de propager des idées scandaleuses et malsaines. C'est donc pour se défendre que Le Clément commença a publier les extraits du libre de Lady Chaithness [L'ouverture des Sceaux]. Manifestement, son idée était que ce livre aurait renvoyé à l'expéditeur l'accusation d'avoir interprété le texte sacré de manière tendancieuse pour trouver des aspects sexuels qui n'y étaient pas. Mais que contenait ce livre pour offrir un point d'appui à cette stratégie défensive ? Pourquoi aurait-il dû être désavoué par la Société Théosophique ? Pourquoi son contenu était-il si troublant ?
L'ésotérisme au féminin, p.74
Marco Pasi, Exégèse et séxualité : l'occultisme oublié de Lady Caithness
source : Google Books
Vous pouvez lire la suite du conflit entre Le Clément et Delville sur Google Books. Arrêtons-nous quant à nous à ces deux personnalités de la théosophie belge.
Le Chevalier Le Clément de Saint-Marcq est évoqué par Pierre Debouxhtay :
A son tour le président de la Fédération spirite belge, le chevalier Le Clément de Saint-Marcq, condamna vigoureusement l'Antoinisme et la Théosophie dans la Revue Spirite Belge, le 1 avril 1912, donc certainement après son différent avec son ami d'antan, il écrit alors :
La Théosophie comme l'Antoinisme sont deux tiges parasitaires venues sur l'arbre sain et fort du spiritisme. Mme Blavatsky, comme M. Antoine, ont tous deux été instruits, développés, élevés par la pratique de la médiumnité ; à un moment donné, pour devenir chefs personnels d'un mouvement de croyances, ils ont tous deux abandonné l'expérimentation et se sont mis à endoctriner leur entourage, en parlant de leur propre autorité, selon ce que leur petit jugement personnel leur permettait d'imaginer. Ils n'ont compris ni l'un ni l'autre que ce qu'il y avait de puissant, de grandiose, de fécond dans le spiritisme, c'était précisément et exclusivement le fait médianimique, fait nouveau pour l'humanité, permettant de créer une science nouvelle et même de renouveler toute la science. Ils se sont montrés impatients ; ils ont voulu immédiatement avoir l'air de tout savoir ; ils se sont mis en tête de répondre à toutes les questions qui pourraient leur être posées et, ainsi, ils ont fini par inventer l'un et l'autre une doctrine.
Pierre Debouxhtay, Antoine le Guérisseur et l'Antoinisme, p.31
L'auteur précise que la brochure de M. Le Clément de St-Marcq provoquant "des démissions, des désaffiliations, des luttes intestines", bref la désorganisation de la Fédération Belge, celle-ci "menacée dans son existence même" (J. Fraikin dans Le Courrier Spirite Belge, sept. 1913), réclama, en vain, la démission de son président, qui vit sa thèse condamnée par le Congrès spirite universel, organisé à Genève en mai 1913.
Concernant Jean Delville, disons déjà qu'il n'a certainement aucun rapport avec Antonin Delville, médecin et bourgmestre de Jemeppe du temps de Louis Antoine. Jean Delville peintre symboliste belge né en 1867 à Louvain et décédé en 1953 à Forest-Lez-Bruxelles. Il fit partie dès la fin des années 1890 de la Société Théosophique Adyar, et en fut secrétaire en 1910 puis premier siégeant de 1911 à 1913.
Son œuvre est marquée par l’ésotérisme et un certain idéalisme philosophique et s’inscrit clairement dans la mouvance symboliste. Adepte de la Kabbale, disciple de Joséphin Péladan, il expose aux Salons de la Rose-Croix esthétique à partir de 1892. Platonicien convaincu, il manifeste une croyance déterminée dans la fusion du masculin et du féminin à travers l'amour absolu, et conçoit l'Art comme une forme de rédemption religieuse.
Il est l'auteur de : Le Mystère de l'Evolution, Problèmes de la Vie Moderne, Dieu en Nous, Le Christ Reviendra - le Christ futur en face de l'église et de la science, La Grande Hiérarchie Occulte...
sources : http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Delville & http://www.jeandelville.org/
Tags : spiritisme, antoinisme belge
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Commentaires
Le Chevalier Le Clément de Saint Marcs dû démissionner de ses fonctions au sein du spiritisme belge, en raison d'un ouvrage relativement ordurier attaquant l'Eglise catholique romaine.