• La médecine au XVIIIe siècle - L'animisme de Georges-Ernest Stahl (1660-1734)

    Animisme.
    La doctrine de l'animisme a eu pour fondateur Georges-Ernest Stahl (1660-1734), professeur à Halle, l'un des plus grands chimistes de son époque. Elle prit naissance comme une réaction contre les applications exagérées des sciences physiques, mais à son tour dépassa le but. Stahl fut frappé tout d'abord de la différence qui sépare les organismes ou la matière vivante des corps bruts; il admira ce consensus, cette harmonie de toutes les fonctions, se coordonnant vers un même but, et à côté des facteurs physico-chimiques qui interviennent chercha le facteur d'ordre supérieur qui régit les fonctions et pensa le trouver dans l'âme chez l'humain et également dans un principe immatériel chez les animaux. Mais comment l'âme peut-elle présider à des phénomènes plastiques et à des mouvements dont elle n'a pas conscience? C'est que l'âme, selon Stahl, possède à la fois des facultés supérieures, avec conscience et raisonnement (logismos) et des facultés inférieures, où il y a intuition sourde, instinct, sagesse sans raisonnement (logos). Ainsi, c'est par sa force végétative que l'âme préside aux fonctions nutritives; c'est là en réalité de l'animo-vitalisme. Stahl flotte plus ou moins entre l'animisme et l'animo-vitalisme : l'âme agirait parfois avec réflexion dans les actes vitaux; mais le plus souvent, pour lui, son activité n'est là qu'une sagesse instinctive. En somme, pour Stahl, l'âme raisonnable est en même temps le principe de la vie; ainsi formulée, la doctrine de Stahl devient l'animisme pur, tel qu'il a été professé au XIXe siècle par Tissot, Bouillies, Franck, Ravaisson, de Rémusat, etc. Mais on peut dire que le vitalisme émane également de Stahl, nous verrons plus loin pourquoi. La doctrine médicale de Stahl peut se résumer en quelques lignes. L'âme veille sur l'organisme dont elle a la charge, lui envoie des armes telles que la fièvre, les hémorragies spontanées, etc., pour combattre la maladie; c'est l'équivalent de la nature médicatrice des Anciens, d'où une thérapeutique exclusivement expectante; cependant son expectation est active; le médecin suit la marche de la nature, l'aide, la redresse, etc. L'ouvrage fondamental de Stahl est son Theoria medica vera..., publié pour la première fois en 1707.

    L'influence de Stahl sur le développement des théories médicales modernes fut considérable, mais elle ne se fit pas sentir immédiatement; l'action de Boerhaave et de Hoffmann était alors prédominante. Parmi les partisans les plus connus de Stahl, mentionnons : J.-S. Carl, d'Oehringen (1675-1757), et J. Juncker (1679-1759), professeur à Halle, puis J.-A. Unzer, de Halle (1727-1799), qui cependant entama le stahlianisme par sa théorie des « mouvements réflexes »; E. Platner (1744-1818), professeur à Leipzig, un adversaire de Kant, et qui supposait l'âme liée à un « esprit nerveux » répandu dans le corps tout entier; Abraham Kaauw-Boerhaave réintroduit entre l'âme et le corps le médiateur que Stahl excluait et l'assimile à l'enormon d'Hippocrate; ce qui fait le principal mérite de ce médecin, c'est qu'il admet déjà des nerfs de la sensibilité et du mouvement. L'adepte le plus franc de Stahl fut François Boissier de Sauvages (1706-1767), professeur à Montpellier, l'auteur de la fameuse Nosologia methodica, publiée en 1760, dans laquelle il mit à exécution les idées de classification de Sydenham, en prenant pour type la classification artificielle des plantes de Linné. Les ennemis les plus déterminés de l'animisme furent Leibniz et Fr. Hoffmann.

    source : http://www.cosmovisions.com/medecine18Chrono.htm


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