• La métallurgie chez les Beta Israel (ou Falashas)

        Traditionnellement, les Beta Israel ont été associés à des activités artisanales comme la métallurgie, la poterie et le tissage, qui procuraient aux ménages d'agriculteurs une source de revenus complémentaire. Parmi ces activités, la métallurgie et la poterie méritent une attention particulière, à cause de leur statut social bas, de leur distributions ethniques et des propriétés surnaturelles dont elles sont créditées. L'association des Beta Israel et de la métallurgie semble plonger ses racines dans les bouleversements économiques qui affectèrent les Beta Israel au quinzième siècle. Presque tous les observateurs modernes ont fait des observations sur l'exercice de ce métier situé au bas de  l'échelle sociale. Travaillant en équipes, avec des soufflets en peau de chèvre, les forgerons Beta Israel fabriquaient faucilles, socs, haches, couteaux, houes et une gamme étendue d'autres produits. Quand les armes à feu n'étaient pas encore disponibles en grandes quantités, ils jouaient un rôle crucial dans l'équipement de l'armée en fers de lance, épées, poignards, etc. Bien souvent, ils étaient même obligés de suivre l'armée en campagne. A une date plus récente, ils se mirent également à fabriquer des cartouches et à réparer des fusils. En Éthiopie, comme en beaucoup d'autres régions d'Afrique, l'habileté du forgeron à transformer le métal brut en produit fini lui conférait un grand poids économique mais le rendait socialement et religieusement suspect. Les forgerons passaient pour détenir des connaissances particulières et secrètes sur le monde surnaturel et ses forces. En Éthiopie, les forgerons et, par extension, les Beta Israel étaient tenus pour buda (ayant le mauvais oeil) et étaient accusés de s'attaquer à leurs voisins grâce au mauvais oeil ou en se transformant en hyènes. Pour désigner les pouvoirs surnaturels et potentiellement dangereux du forgeron Beta Israel, on employait fréquemment le terme tabib, qui signifie 'sage', 'artisan', 'habile' mais aussi 'magicien'.

    Steven Kaplan, Les Falashas, p.165
    Editions Brépols, Paris, 1990


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