-
La Question du Jour (Le Petit Champenois, 9 juillet 1911)
ANTOINE LE GÉNÉREUX
Je viens de recevoir la lettre suivante, à laquelle je m'en voudrais, en la reproduisant, de changer un iota.
Cher confrère,
Nous vous serions reconnaissants de bien vouloir annoncer dans votre journal la prochaine publication de l'UNITIF, bulletin mensuel du calte antoiniste. Comme son nom l'indique, il a pour but de réunir les hommes en l'amour pur. Antoine le Généreux, par son abnégation et sa foi, a rassuré nos âmes torturées par le doute ; Il nous a révélé dans son temple le mystère de la conscience universelle dont chacun de nous possède une parcelle voilée par la matière.
En nous efforçant de nous améliorer et de nous aimer les uns les autres, nous surmonterons l'imagination qui nous divise et nous nous sentirons bercés dans l'harmonie divine. Heureux les cœurs qui ont pu approcher Celui qu'un pieux entourage a honoré du nom de Père et qui se sont unis sous sa douce influence ! Touchés de l'amour qu'ils ont ressenti, ils voudraient faire connaître à tous les hommes, leurs frères, les sublimes révélations où ils ont puisé du réconfort et les appeler sans distinction de partis ni de cultes au travail moral qui peut nous régénérer. L'enseignement d'Antoine le Généreux qui est basé, nous ne dirons pas sur la croyance, mais bien sur la conscience est une science fondée sur son expérience des êtres et intéressant le matérialiste comme le croyant. Il parle à la raison et au cœur. Aussi nous ne doutons pas qu'il ne rencontre bon accueil et nous le souhaitons ardemment pour la paix sociale.
Veuillez agréer, cher confrère, l'expression de nos bons sentiments.
LES ADEPTES D'ANTOINE LE GÉNÉREUX.Je connaissais pas mal d'Antoine, depuis celui qui aima Cléopâtre jusqu'à l'autre qui donne à l'Odéon un regain de vie – en passant par l'illustre anachorète que les légendes ont popularisé et par celui de Padoue auquel on s'adresse plus particulièrement quand on a perdu son portemonnaie. Mais, je vous le jure, j'ignorais Antoine le Généreux. Le bruit de sa renommée n'était pas venu jusqu'à moi. Et en voyant qu'il s'agissait de la création d'un nouveau culte j'avais eu un moment de mauvaise humeur : les hommes ont déjà tant de prétextes à controverses et à querelles !
Mais j'ai relu le papier avec attention et j'ai constaté que dans le nouveau catéchisme il y avait quelque chose de flatteur pour notre amour propre. Nous possédons tous, paraît-il, une parcelle de la conscience universelle. Tant mieux, et si les adeptes signataires n'ont pas rédigé leur appel sous l'influence de l'horrible chaleur que nous traversons, je crois qu'il y a encore du bon pour l'Humanité, groupée un jour sous la houlette du brave Père Antoine le Généreux.
DANTÈS.Le Petit Champenois, 9 juillet 1911
La même lettre a été envoyée à plusieurs journaux, notamment l'Excelsior et l'Univers.
-
Commentaires