• Le confrère Jo à Villers-le-Bouillet

    réminiscences sans nostalgie
    Sixième partie
     
    Dr Jacques Kersten (Villers le Bouillet)
    A propos du confrère Jo

          A propos du confrère Jo, j’ai déjà parlé de son accueil plutôt mitigé, de la façon dont il comprenait son rôle, un peu dominant, vis-à-vis de ses patients, mais aussi de son dévouement, de son abnégation aussi (il ne prenait jamais de vacances, sauf quelques heures pour aller chasser).


    Une nuit – coup de téléphone : « Ici, c’est le docteur Jo … j’éprouve des douleurs à la poitrine, pourriez-vous venir ? » « J’arrive ». Malou insiste : « S’il t’appelle, c’est pour quelque chose de sérieux. Vas-y de suite ».

          Effectivement à plus ou moins 85 ans, le confrère est resté étonnamment vert et actif, mais cette fois, il est bien touché. Cliniquement, c’est un infarctus qui sera confirmé le lendemain par le cardiologue. Ce dernier appelé en consultation, instaure un traitement– dont j’ai un peu oublié les détails : en tout cas, repos absolu au lit, alimentation légère, probablement Cordarone ou Persantine, je crois me souvenir qu’étant donné l’âge du patient, on a écarté l’usage d’un anti-coagulant. Pour moi, surveiller la P.A, le rythme cardiaque, et me voilà parti pour des visites quotidiennes pendant des semaines.

          Le docteur Jo est veuf, et c’est une nièce qui s’occupe de lui et de son ménage. Au cours de ces visites, j’ai évidemment l’occasion de lui faire évoquer quelques souvenirs : il pratiquait déjà avant la guerre 14-18, il parcourait une région plus étendue que la mienne alors que son moyen de locomotion était un attelage avec un cheval. Il avait un cocher : « Mais pour les appels de nuit, je ne le réveillais pas, il me fallait atteler le cheval et ces déplacements nocturnes prenaient beaucoup de temps ». Il pratiquait beaucoup d’accouchements : « A ce propos, vous connaissez le temple Antoiniste dans le bas de Villers et vous savez que plusieurs habitants fréquentent ce temple. Je me souviens d’un accouchement ; celui-ci traîne et je décide d’utiliser les forceps, mais la famille demande que j’attende. Après une vingtaine de minutes, ce qui me parait long car le temps presse pour le bébé, on me dit “Docteur, vous pouvez agir”. On m’explique par après que le futur père était allé demander au temple s’il convenait que le docteur intervienne ; c’est en fonction de l’autorisation que j’ai pu enfin agir ».

          J’ai pu lui répondre que je connaissais très bien les Antoinistes puisque ma famille maternelle (sauf ma mère qui s’en est détachée à l’adolescence, était Antoiniste convaincue). Ce groupe, qui ne mérite pas le nom de secte, car il est très tolérant et peu prosélyte, par contre consulte rarement les médecins, se fiant sur les conseils de la Mère qui dirige le temple. Ma grand-mère maternelle est morte quand j’avais une dizaine d’années. J’ai l’impression très nette qu’elle est morte sans accompagnement médical. Je suis d’ailleurs né dans la même rue que le Père Antoine, le fondateur de cette religion qui existe encore dans une partie de la Wallonie. Le temple de Villers-le-Bouillet est toujours là pour en témoigner, mais j’ai l’impression que je rencontre plus rarement les uniformes que les disciples portaient à certaines occasions.


    source : http://www.archibel-ftp.com/~public/French%20Books%202009/Eko15S2-86.doc


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