• Le procès de Nicolas Wagner (L'Est Républicain, 23 juin 1927)

    Le Procès de Nicolas Wagner

     

    Le procès de l’antoiniste
                guérisseur
                                   Metz, 29 juin

        Le tribunal correctionnel de Metz a été saisi hier du procès intenté à M. Nicolas Wagner, desservant du culte antoiniste, demeurant Esch-sur-Alzette (Luxembourg), inculpé d’exercice illégal de la médecine.
        M. Menjaud, qui préside l’audience, fait expliquer par M. Wagner, qui a guéri un certain nombre de personnes appartenant au culte antoiniste, ou qui y adhéraient moyennant la cotisation de 20 francs. Ces cotisations tombaient dans la caisse commune des antoinistes et servaient des œuvres de bienfaisance. Le trésorier du culte justifie ce dire. Des témoins déclarent avoir été guéris par M. Wagner de maladies déclarées incurables.
        M. Wagner les guérissait en disant des prières et en invitant les malades à en dire en même temps que lui ; il a même guéri des malades qu’il ne voyait pas.
        M. le substitut Guernion déclare avoir le plus grand respect pour les convictions religieuses, mais le cas de Wagner tombe sous le coup des articles de la loi de 1882 qui réprime l’exercice illégal de la médecine.
        Me Henry Ferrette défend l’accusé. Il rappelle les organes du culte antoiniste dont la fondateur, le Père Antoine, un ancien ouvrier serrurier n’a pas voulu créer une nouvelle religion Il se contenta de grouper un certain nombre de personnes auxquelles il enseigna le culte du bien et la pratique des vertus. Selon lui, la prière à Dieu consola de toutes les infortunes et aboutit à la guérison des malades. Il obtint même de nombreuses guérisons. Aujourd’hui on compte en Europe 100.000 antoinistes.
        Le Père Antoine fut poursuivi une fois devant les tribunaux belges pour exercice illégal de la médecine : il fut acquitté.
        M. Nicolas Wagner, un de ses disciples, fut une fois condamné dans le Luxembourg, puis, une seconde fois, un jugement très motivé l’acquitta.
        Me Ferrette explique ensuite que M. Nicolas Wagner soigne ses malades sans leur procurer de médicaments. Il ne suit pas leur traitement. Il ne les voit même qu’une seule fois. Quelquefois, il ne les voit pas et les soigne en leur ordonnant des prières.
        Les articles de loi qui punissent l’exercice illégal de la médecine ne s’appliquent pas à lui.
        La Cour de cassation et les cours d’appel ont toujours considéré que ceux qui prétendent guérir en vertu d’un pouvoir supérieur ou d’une mission divine, ne commettaient pas l’exercice illégal de la médecine.
        Il faut d’ailleurs retenir que jamais la moindre plainte n’a été formulée par des malades mécontents de M. Nicolas Wagner.
        Me Ferrette demande l’acquittement. Le jugement sera rendu à huitaine.

    L’Est Républicain, 23 juin 1927


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