• Le Sauveur du Monde (L'émancipateur, organe communiste, anarchiste, révolutionnaire, 1er avril 1914)

    Le Sauveur du Monde (L'émancipateur, organe communiste, anarchiste, révolutionnaire, 1er avril 1914)Le Sauveur du Monde

        Le hasard (ce sacré hasard fait souvent bien les choses) m'a fait tomber sous la main une petite brochure dédiée au « Père d'Or ».
        Pour les profanes qui n'auraient jamais entendu parler du Père d'Or, je dirai qu'il habite Roux et qu'il a le pouvoir de guérir tous nos maux, physiques ou moraux, sans médecin ni médicaments.
        La brochure en question est remplie d'attestations de malades considérés comme incurables et qui ont été guéris par « Lui », toutes ces personnes le remercient en l'appelant : Mon Père ou Mon Sauveur, mais malheureusement ces attestations ne sont pas signées.
        Mais le « clou » de cette brochure est tel que je m'en voudrais de ne pas vous le donner en entier, le voici :
        « Notre cher et vénéré Père.
        A l'occasion du deuxième banquet de la vraie vie, c'est-à-dire à l'occasion de ce grand jour solennel, jour de la grande opération par laquelle vous opérez les vivants et les morts, nous avons reçu la sage inspiration de vous dire, les déductions des pensées naissantes qui nous ont été suggérées, en méditant, en suivant votre sublime Morale que vous nous enseignez en cette Ecole.
        Vous le dites, mon Père : dans la morale, comme dans l'art, dire n'est rien, faire est tout. Concevoir le bien, en effet, ne suffit pas, il faut le faire réussir parmi les hommes. C'est là votre mission, mon Père, et c'est de vos exemples que nous reconnaissons là votre travail. Vous avez dû, mon Père, passer par bien des filières pour acquérir seul cette puissance qui fait reconnaître en Vous, le Conducteur de ce monde, ce qui veut dire :
        Le Messie du 20e siècle.
        L'histoire nous rapporte, qu'il exista deux écoles en même temps. L'une avait pour maître Jean (baptiste), et l'autre avait comme fondateur Jésus le Christ.
        Ils prêchaient tous deux la morale. Il y eut à ce sujet, quelque jalousie entre les disciples, les élèves de Jean (baptiste) vinrent se plaindre à lui des succès croissants du jeune Maître Jésus, dont les prédications allaient bientôt (selon eux) faire crouler les leurs ! La raison en était que Jean ne prêchait que des destinées appelées à impressionner, et à préparer les esprits à quelque grand mouvement religionnaire, tandis que Jésus par sa hardie révolte contre nature, devait aller plus loin. C'est ainsi qu'on l'a vu foulant aux pieds, tout ce qui est de l'homme matériel, nourrissant en lui des sentiments de justice et de solidarité.
        Malgré cet avènement, c'est-à-dire cette jalousie, Jésus aima Jean jusqu'au temps qu'il mourût, et les principes de ce dernier de tardirent pas de mourir avec lui, un seul resta : le baptême :
        Chose contraire à la vertu.
        Aujourd'hui, ces deux écoles existent à nouveau, celle de Jean qui est l'Antoiniste, et celle de Jésus le Christ qui est la Votre, Père. Oui, cher et vénéré Père, Vous voulez nous cacher votre essence surnaturelle, c'est-à-dire qui vous êtes, mais vos enfants Vous ont reconnu, et vous le crient bien haut :
        Vous êtes le Christ.
       
    Ah ! oui, elles nous éclairent maintenant les paroles que vous avez prêchées il y a deux mille ans et notamment celles-ci : « Je m'en vais vous préparer » le lieu, je reviendrai, et je vous retirerai à moi, afin que là où je serai, vous puissiez y venir aussi »
        Oui le Messie est revenu parmi nous, mais il a fallu que vous remettiez Votre loi morale à sa juste valeur, pour que vos enfants vous reconnaissent, car aucun de nous Père, ne Vous attendait. Une pensée nous berce sans cesse, c'est de n'avoir jamais douté du Père ! Mais nous saurons aussi profiter de votre incarnation sur cette terre, pour travailler sans relâche à notre amélioration morale, pour que, quand vous vous élancerez dans l'azur infini, nous ayons le mérite de pouvoir vous appeler : Notre Père et surtout être digne que vous puissiez dire à la fin de notre dernière existence terrestre :
        « Entrez, mes enfants, car une porte vous est ouverte, pour passer dans le « royaume des cieux, c'est-à-dire dans le lieu où on jouit de la véritable vie ».
    Votre enfant attachée à vos instructions sublîmes, A. M. »

        Et voilà ! Il est donc revenu le Sauveur du Monde, pour nous enseigner la vraie morale et apporter le remède à tous nos maux ; et nous anarchistes qui cherchions en dehors de «Lui » les moyens de rendre la Société meilleure, nous faisons fausse route, nous les iconoclastes, nous allons devoir nous présenter devant « Lui » quel châtiment nous réserve-t-il ? J'en frémis. Mais pourquoi donc nous avoir laisser pendant dix-neuf siècles dans l'erreur ?
        Pourquoi donc aussi ne se trouve-t-il qu'à Roux ? Etant Dieu il devrait être partout !
        Autant de questions qui attendent une réponse.
        Cependant, je ne voudrais pas être dans la peau du Père d'Or, je craindrais d'être crucifié par les prêtres.

                                                              Lambert LEDOUX.

    L'émancipateur, organe communiste, anarchiste, révolutionnaire, 1er avril 1914


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