• Les adeptes de la théophilanthropie

    Félix Le Pelletier, jacobin de la société du Panthéon, propose dans ses Réflexions sur le moment présent5 un culte social (février 1796), qui prône la solidarité et, proche de celui de l’Être suprême, entend être la base de la régénération morale du pays. Le projet, auquel Sylvain Maréchal – pourtant athée – adhère, réunit autant les tenants d’une religion déiste que ceux, plus « politiques », de la lutte contre le catholicisme. Le culte des Adorateurs, du républicain modéré Daubermesnil, se veut pour sa part un retour à « l’authentique religion des premiers hommes » (rôle de la famille, culte simple, sans sacerdoce et sans mystère), régie par les lois naturelles et simple gratitude envers le Créateur. Les cérémonies qu’il propose sont calquées sur celles de l’Antiquité (les funérailles se déroulent par exemple devant une grotte) ; deux temples (« asiles ») ont été fondés, à Gaillac (chez Daubermesnil) et à Paris (rue du Bac: association de sept pères de famille). On retrouve cette volonté de retour à une religion naturelle, innée pour l’homme, chez le médecin Bressy qui, à Arpajon, propose le 3 Pluviôse An IV (janvier 1796) un Culte Naturel dont les ministres seraient les savants et les médecins, chargés de vulgariser les acquis de la science, de faire appel à la Raison, « la connaissance des merveilles de la nature (conduisant) nécessairement à l’adoration de celui qui en est l’auteur ». Le projet de Benoist-Lamothe, dans l’Yonne, diffère quelque peu. Son Culte social, paru dès le 25 germinal An II (14/04/1794), est un projet de culte raisonnable qui réunit le fonds permanent de toutes les religions afin de les réconcilier autour du dogme de l’existence de Dieu, d’actions civiques et de bonnes œuvres. Surtout, certains rites sont des emprunts directs au catholicisme: l’organisation qu’il met en place à Sens en 1796, et qui adhère à la théophilanthropie, s’intitule d’ailleurs « Culte des Chrétiens français ». Comme lui, la plupart des théoriciens à l’œuvre à cette date se rallient à l’initiative de Jean-Baptiste Chemin-Dupontès, épaulé par Valentin Haüy.

    source : Jean-Pierre Chantin - Les adeptes de la théophilanthropie, Pour une autre lecture d’Albert Mathiez (http://rives.revues.org/document410.html)


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