• Les Antonins (La Nouvelle revue, mai 1911)

        En France, depuis la loi de séparation des Eglises d’avec l’Etat, nous ne devons plus laïquement connaître que des Français, qu’ils soient ce qu’il leur plaira d’être, catholiques, protestants, juifs ou musulmans, voire sans aucune étiquette religieuse. 
        Cependant il ne faut pas oublier que la France d’aujourd’hui est une grande puissance musulmane, et s’il plaisait à quelques richissimes mahométans de venir à Paris affirmer leur foi, en élevant une mosquée sur la rive gauche de la Seine, en face du Sacré-Cœur de Montmartre, on ne saurait y trouver à redire, puisque tous les cultes qui n’offensent pas la moralité publique, peuvent être pratiqués librement chez nous, en se conformant aux lois. 
        Les Antonins, de Belgique (adeptes d’Antoine le Généreux), ont bien un temple à Jemmapes-sur-Meuse et, après les Vieux catholiques de 1870, les Nouveaux chrétiens élèvent la voix à leur tour. 
    Ces modificateurs religieux sont des spirites-chrétiens qui rêvent la tâche extraordinairement difficile de relier plus étroitement (?) le spiritisme avec le christianisme. Les consciences sont libres, il ne faut pas rebuter les audacieux. Les spirites sont déjà divisés en un nombre respectable de sectes ne s’accordant guère entre elles que sur quelques points principaux. 
        Si l’on faisait, en France, un recensement consciencieux des groupements religieux portant un nom distinct, peut-être arriverait-on à un résultat approchant de bien près celui obtenu en 1906, aux Etats-Unis d’Amérique, où l’on a constaté le nombre, de 186 groupements. 
        O ! sainte Inquisition, où est-tu ? Toi, qui par une intuition de génie que nous, nous abstenons de qualifier, fut si effroyablement fortifiée par la confession auriculaire rendue obligatoire par acte du quatrième concile de Latran tenu en 1215. Par ce fait, ô sainte Inquisition ! tu devenais omnisciente, tu acquérais l’ubiquité, tu pénétrais ainsi dans toutes les affaires domestiques, aucun être ne se trouvait plus en sûreté, même à son propre foyer !...
        Nous n’osons espérer que l’apaisement, tel qu’il y en a qui le conçoivent à l’heure présente, nous ramène ces temps bénis. L’Inquisition a aujourd’hui disparu presque complètement de nos mœurs, bien que le cadre principal existe toujours ; mais la confession auriculaire subsiste et la perpétue, sous une forme évidemment moins sauvage mais non cependant sans danger pour la dignité morale humaine, sinon pour la sécurité de l’être. 

    Une Flamine, Conflits religieux et laïques, p.196 (La Nouvelle revue, mai 1911) pp.195-202


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