• Les Charismes chez les Irvingiens

        A côté de l'activité directrice se trouvait, à l'origine, l'activité ecclésiastique, à laquelle tous les membres de la communauté prenaient une part égale : c'était l'exercice réglé des charismes. Tout homme baptisé était appelé à recevoir le Saint-Esprit que les apôtres lui communiquaient par l'imposition des mains. Le Saint-Esprit qui, personnellement, demeurait dans la communauté, se manifestait tantôt chez l'un, tantôt chez l'autre. La glossolalie et la prophétie étaient le langage qu'il employait. Dans la glossolalie, c'est à Dieu que parle le Saint-Esprit, afin d'édifier les hommes ses instruments (1 Cor. XIV, 2.4) ; il fallait une interprétation pour communiquer à tous ce qu'annonçait l'Esprit. Dans la prophétie, c'est aux hommes que parle le Saint-Esprit ; car le prophète ne s'exprimait pas dans une langue étrangère ; toute la communauté pouvait le comprendre ; il n'était pas un instrument, une machine employée par le Saint-Esprit ; mais un membre du Christ, rempli de l'Esprit saint qui demeurait dans la communauté, et c'est pour parler à cette dernière que l'Esprit saint se servait du corps et de l'âme de ce membre. Il lui suggérait les pensées et les paroles qu'il avait à énoncer, il le poussait d'une manière sensible et même visible à l'extérieur ; de sorte que la communauté reconnaissait que c'était l'Esprit et non l'homme lui-même qui lui parlait. Par le fait qu'un membre de la communauté possédait un tel don de l'Esprit, il pouvait contribuer à l'édification de ses frères, et cette action commune à tous empêchait l'individu d'exercer une activité de son choix. C'est cette activité commune qui allait au-devant de tout schisme, qui maintenait les fidèles, et les directeurs et ceux qui n'avaient aucune charge dans l'amour et dans l'humilité.
        En outre, les premiers chrétiens étaient détachés de ce monde et libre des chaînes dont il entoure ceux qui se livrent à lui. Le Saint-Esprit avait répandu dans leurs coeurs l'amour de Christ ; il n'éveillait en leur âme qu'un seul désir, et ne nourrissait en eux qu'un seul espoir, celui de la parousie prochaine de Christ, et par suite l'espoir d'être bientôt délivrés complètement de toutes les entraves terrestres ; ils se réjouissaient d'avance en songeant qu'ils auraient des corps glorifiées et qu'ils seraient pour toujours dans une communion intime avec leur Sauveur. L'Eglise, en effet, ne pouvait pas être destinée à séjourner là où régnait la mort. Non, ce n'était là ni son accomplissement, ni sa récompense future, ni sa gloire promise. Dieu avait tout fait pour elle ; Il lui avait tout donné pour que dans ce monde déchu, revêtue de chair périssable, elle fût préparée à la transformation subite du corps, et qu'elle put se réunir à son chef glorifié et participer avec lui au gouvernement futur du monde.

    Frédéric Auguste Ihme, Essai sur les doctrines et le culte des Irvingiens (1858), p.50

    source : archive.org


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