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Les homosexuels à l'aide de l'oecuménisme religieux
La principale église homosexuelle, la Universal Fellowship of Metropolitan Community Church/ mcc a été créée en 1968 par un prédicateur pentecôtiste fondamentaliste. Cette église qui a rapidement essaimé en une quarantaine de groupes sur le territoire américain a dû prendre en compte l’hétérogénéïté religieuse des pratiquants. Ainsi dans une mcc, chaque dimanche du mois reflète un mode de culte différent : le premier dimanche connaît l’enthousiasme des groupes pentecôtistes ; le second, le culte ressemble à un office baptiste; le troisième, il est analogue à une célébration épiscopalienne ; et le quatrième, le culte ressemble à une messe catholique romaine. Quand il y a un cinquième dimanche, il y a un culte expérimental. N’est-ce pas aussi la mcc chrétienne qui a aidé un groupe juif à constituer une synagogue homosexuelle : la Métropolitan Community Temple. Ces églises constituent des lieux où les membres de différentes confessions se rencontrent dans le but d’obtenir leur reconnaissance comme croyant à part entière. En France, l’exemple en est fourni par le Centre du Christ Libérateur, créé par un pasteur baptiste ; ce centre n’existe que grâce à l’aide d’une fondation comprenant des prêtres catholiques, des pasteurs protestants hollandais et un théologien anglican. Aujourd’hui ce centre est fréquenté par des membres de diverses confessions et il a hébergé pendant un certain temps un groupe d’homosexuels juifs : le Beith Haverim. De même, le livre qui sert de référence à ce groupe chrétien : Dieu les aime tels qu’ils sont est un ensemble de contributions présentées lors d’une journée d’étude rassemblant trois cents pasteurs et prêtres, organisées conjointement par le Centre populaire protestant d’hygiène spirituelle de la Haye et le Bureau national catholique d’Utrecht. Que peut-on conclure de ces liens interconfessionnels ? L’ouvrage de Jean Séguy : Les conflits du dialogue donne des éléments d’analyse. En nous rapportant à la typologie des oecuménismes que dresse l’auteur, nous pouvons voir dans ces liens un « œcuménisme interreligieux » marqué par des relations positives au sens où « les partenaires recherchent une compréhension réciproque et, éventuellement, une union ou une unité structurelle, un minimum ou un maximum d’actions communes ». Ici, l’union naît de la volonté de réviser les perspectives traditionnelles des Églises concernant l’homosexualité et de promouvoir une pastorale pour homosexuels. Si des contacts ont lieu au grand jour, comme lors de la journée d’étude mentionnée plus haut, beaucoup de lieux sont clandestins. Il y a, en ce cas, un « œcuménisme sauvage », selon l’expression de Jean Séguy, c’est-à-dire situé en dehors des structures institutionnalisées. Il renforce la protestation de ces groupes dans la mesure où il est une initiative qui échappe aux autorités et qu’il donne certainement plus d’ardeur à chacun des interlocuteurs clandestins pour lutter à l’intérieur de leur propre église. Cette émulation apparaît nettement dans leur presse où l’on s’efforce d’indiquer que dans d’autres églises, les homosexuels « bougent aussi ».
Régis Dericquebourg, L’homosexualité comme phénomène social in L’homosexuel(les) dans les sociétés civiles et religieuses, Strasbourg, Cerdic publication, 1985. pp 145-163.
source : http://www.regis-dericquebourg.com/2010/02/16/lhomosexualite-comme-phenomene-social/
Tags : amour, religion, solidarité, éternité, Unité de l'ensemble
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