• LES INSTITUTIONS PATRONALES DE LA SOCIETE COCKERILL

    LES INSTITUTIONS PATRONALES DE LA SOCIETE COCKERILL A SERAING-.

        A titre de comparaison avec les documents recueillis par M. 0. Keller sur les institutions patronales des Compagnies minières en France (Reforme sociale, 15 mars 1885, et 1er juin 1880), nous croyons devoir reproduire un extrait du rappoit que M. Sadoine, administrateur-directeur-gérant, va présenter à la prochaine assemblée générale des actionnaires de la Société Cockerill :

        Personnel.    Je vous ai dit tantôt que notre personnel était resté aussi nombreux que l'année dernière à pareille époque.
        Au 5 septembre écoulé, il était encore de 10.116 ouvriers soit 40 de plus qu'à même date de 1885, à cause de la mise en marche, en décembre dernier, de la division des roues et trains montés.
        L'instruction est depuis 15 ans obligatoire pour les adultes de 12 à 16 ans entrant au service de la Société. L'école des mineurs et les classes préparatoires de la Société entretiennent l'instruction dans cette classe de travailleurs employés à nos charbonnages.
        L'emploi des femmes dans le fond de nos houillères a été supprimé depuis 20 ans.
        L'état sanitaire a été satisfaisant pendant tout l'exercice ; aucune affection épidémique n'a régné et les accidents graves ont été rares. Le nombre des malades et des blessés en traitement à potre infirmerie a varié de 15 à 22.
        Le nombre des pupilles actuellement à l'orphelinat est de 124.

        Salaires payés :
        Exercice 1884-1885,           fr. 8.807.894 41
        Exercice 1885 1886,             » 8.812.684 06

    pour le même chiffre de personnel et pour un chiffre de production moindre.
        Les salaires sont donc restés les mêmes dans les deux exercices, tandis que le dividende à distribuer aux actionnaires, de même que les primes à payer aux chefs de service et employés, ont été réduits de 2/7, et le tantième du directeur général de 2/3.
        L'ouvrier de la Société Cockerill n'a donc pas été le moins bien traité pendant l'exercice écoulé. Il n'a pas à se plaindre, que je sache, du travail à l'entreprise, du marchandage comme on dit dans les ateliers, car je n'ai jamais reçu de plainte à ce sujet. Toutes les lettres à mon adresse sont ouvertes par moi, n'ayant ni chef de cabinet, ni secrétaire particulier ; je ne refuse du reste jamais d'entendre les ouvriers qui croient avoir à se plaindre.

                   Secours et pensions                                    Exercice                    Exercice
                                                                                       1884-85.                    1885-86.
    1° Pensions ordinaires et supplémentaires se-
    cours aux blessés et malades et aux ouvriers
    nécessiteux.                                                       fr.   229.714 06                  241.306 29
    2° Versement à la caisse de prévoyance des
    ouvriers mineurs.                                                     33.610 93                    29.774 25
    3° Service médical et pharmaceutique.                  49.374 79                   47.487 45
    4° Dépenses de l'hôpital-orphelinat.                       39.027 28                   41.148 24
    5° Dons au Bureau de bienfaisance, etc ,                     863 21                        574 21
    6° École des mineurs et École industrielle à
    Hoboken.                                                                     3.778 44                     3.778 44
                                                                      Total, fr.  358.370 71                 366.268 88

    soit une augmentation de 8.000 fr. pour le même chiffre de personnel.
        Toutes ces dépenses sont à la charge exclusive de la Société ou de la Caisse de secours alimentée par elle, les retenues sur salaires ayant été supprimées depuis 1870. Pourtant 243 ouvriers ont persisté à vouloir subir la retenue pour assurer leurs droits aux secours et à la pension, et 10.000 francs environ sont versés de ce chef dans la Caisse de secours, de même que l'entrée de 500 francs, imposée aux ingénieurs volontaires qui entrent au service de la Société, et, enfin, 2.000 fr. environ d'amendes encourues par les ouvriers en défaut. 2.000 sur 8.812.684 06 !
        Comme je l'ai dit, l'orphelinat comprend réellement 124 orphelins, dont 107 enfants ne gagnant rien et 17 adultes travaillant déjà à l'usine ou rendant service à l'hôpital et dont le gain sert en partie à rembourser leur entretien, en partie à passer à notre Caisse d'épargne, pour y devenir, avec les intérêts à 5 p. c, une réserve pour l'avenir, une dot.
        La Société donne gratuitement les secours médicaux et pharmaceutiques, non-seulement à ses ouvriers, mais encore à leurs ascendants et descendants, dont ils sont les soutiens.
        Autrefois, la Société Cockerill avait un magasin de denrées alimentaires où s'approvisionnaient les ouvriers de leur propre volonté. Mais, certains d'entre eux ayant exposé des plaintes, je proposai à mon Conseil la suppression de ce magasin, ce qui eut lieu immédiatement ; c'était en 1870.

    Les Études sociales : organe de la Société des études pratiques d'économie sociale et de la Société internationale de science sociales
    1886/07 (A6,SER2,T2)-1886/12.  (p.486)
    source : gallica


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