• Les Succès de l'Antoinisme (La Vie Mystérieuse, n°117, 10 nov. 1913)

    Les Succès de l'Antoinisme (La Vie Mystérieuse, n°117, 10 nov. 1913)

    L’Inauguration du Temple Antoiniste
    du XIIIe Arrondissement

    Par LE PROFESSEUR EL HAKIM

        Prié par l’Administration de la Vie Mystérieuse de remplacer son secrétaire général, mon ami F. Girod, à l’inauguration du Temple Antoiniste, je me rendis donc, le dimanche 26 octobre, muni d’un appareil photographique dans le XIIIe arrondissement où, à l’intersection des rues Vergniaud, Wurtz, Barreaut et Daviel, s’élève sur un large emplacement, le nouveau Temple d’Antoine le Généreux.
        Dès 8 heures du matin, l’affluence est considérable et met en rumeur la population du quartier, population gouailleuse, incrédule, moins qu’inconsciente, qui sourit et blague les adeptes (hommes et femmes) du nouveau culte, avec leurs costumes sévères de puritains. Vêtus de drap noir, les hommes portent la longue lévite à revers et à taille, à petits boutons, et le chapeau haut de forme à bords plats avec la calotte en tromblon, fort en faveur sous Louis-Philippe ; les femmes portent la robe à plastron, avec le derrière de la jupe formée de 3 gros plis plats et le bonnet avec voile et ruche de crêpe. Tout cet ensemble d’austérité dans la mise et le maintien leur donne un air de confrérie qui déplaît à cette population de faubourg, qui, demain, recevra néanmoins les dons des sœurs de la Charité. Les Antoinistes sont nombreux, d’aucun viennent de très loin, de Bruxelles, de Jemeppes, de Lille, de Bretagne, de Toul, de Vichy ; les groupes de Paris sont tous représentés. Mais, d’instant en instant, les tramways et les taxis amènent des éléments nouveaux et je reconnais parmi les assistants, des personnalités de l’occultisme, plusieurs membres de S. I. R. P., et je suis moi-même reconnu par plusieurs Sœurs de l’Antoinisme. J’en profite aussitôt pour solliciter l’honneur d'être présenté à la Mère, afin d’obtenir la permission de photographier « l’opération », mais malgré tout l’accueil sympathique et bienveillant qui fut fait à l’envoyé spécial de la V.M., la consigne est formelle, personne ne peut photographier l’intérieur du Temple, je me hâte de prendre un cliché de l’extérieur de l’édifice, et me mêle à la foule qui se presse à l’entrée du Temple pour la première opération. On s’arrache les numéros de la V. M. reproduisant le Temple de Jemeppes, qu’un distributeur donne à la porte ; pour contenter ceux qui n’ont pu s’en procurer, je prends des adresses, et promets l’envoi de ces numéros.
         Un taxi s’arrête non loin de moi, et j’en vois descendre un homme taillé en hercule, portant dans ses bras une femme d’une trentaine d’années, à la figure émaciée par la douleur, on fait place, et elle est bientôt dans l’intérieur du Temple, au premier rang. Je la suis et pendant que l’on attend la Mère je jette un coup d'œil autour de moi. Le Temple est une petite église toute neuve, comme on voit dans les campagnes, sans style, avec sa nef et ses bas côtés, au-dessus desquels courre une galerie, le chœur éclairé par un tryptique en vitrail blanc, et les côtés par quatre fenêtres doubles, vitrées de vert tendre qui répandent une lumière douce et quasi paradisiaque. Ce n’est plus l’irisée des cathédrales gothiques, avec les passions positives et négatives symbolisées par les couleurs rouges et bleues des vitraux d’art, et qui doivent s’harmoniser avec le flamboiement des cierges et les ors du chœur. Non, c’est ici la réalisation, la chose accomplie, la foie réelle, le vert résultant de l’idéalisme, bleu, et de la raison, jaune. C’est bien la lumière astrale dont semblent pénétrés tous ces fidèles et tous ces adeptes. A la place du chœur, une modeste tribune surmontée d’une autre, où tout à l’heure, montera la Mère.
        Au fond peint sur le mur, la parole du Père (voir le croquis.)

    Les Succès de l'Antoinisme (La Vie Mystérieuse, n°117, 10 nov. 1913)

        De chaque côté de la tribune un frère Antoiniste celui de droite tient en guise de croix l’arbre de la vue du Mal. Celui de gauche ganté de blanc est charge d’annoncer les offices à l’aide d’une simple clochette. Cette dernière retentit 3 fois, et la porte de gauche s’ouvre pour laisser passage à la Mère, suivie de son disciple. Ce dernier prend place dans la tribune du bas, la Mère monte à la tribune supérieure, après quelques secondes de recueillement, elle élève les mains, fait une invocation muette, puis étendant la main droite sur la foule des fidèles, elle va lentement de gauche à droite dans un geste solennel de bénédiction. Au milieu du calme impressionnant, un mouvement se fait, on se penche, on s’approche, c’est la malade que l'on portait, qui vient de se mettre sur ses pieds, et qui marche seule et remue les bras pour montrer qu’elle est guérie, on veut l’entourer, mais les frères font écouler lentement la foule par la porte du fond pour laisser la place à celle qui attend son tour à l’entrée.
        Je m’approche et demande des renseignements, une sœur me dit : « C’est une personne qui était paralysée depuis 9 ans... » « Pardon sœur, dit un frère derrière moi, n’exagérons pas, cette personne n’était pas paralysée, elle était atteinte d’une affection nerveuse », j’admire la bonne foi de cet adepte et ne puis m’empêcher d’établir mentalement, un rapprochement avec un prétendu miracle dont j’avais été témoin l’an passé à Lourdes. Je prie ce frère de vouloir bien me donner quelques précisions sur cette malade, très aimablement il me dit : « C’est une personne de Vichy, Mme Thevenoux, âgée de 30 ans environ, qui, depuis 9 ans est en proie à des attaques qui lui durent des heures et la laissent raide et inanimée, et à la suite desquelles elle ne peut mouvoir ni bras ni jambes ; elle a tout essayé, et vous voyez, la foi vient de la guérir. Je remerciai, et suivant le flot, j’arrivai derrière l’Eglise où, dans une grande baraque Collet, se tiennent la Mère et son disciple, et attendant la nouvelle opération car l'affluence était telle que la Mère dut consentir 4 opérations, ce qui, en évaluant à 500 le nombre d’assistants que peut contenir le Temple, porte à 2.000 ceux qui ont consacré par leur présence, le Temple d’Antoine le Guérisseur.
        Maintenant plus de titis gouailleurs dans la foule, on cause entre gens comme il faut, on discute le pour et le contre, dame tout le monde n’est pas converti, mais l’on s’accorde à trouver que cette nouvelle doctrine est belle par sa simplicité même, et que la loi d’amour qu’elle préconise est préférable au manifeste des évêques qui justement aujourd’hui, quêtent et prêchent dans nos églises, pour ameuter les croyants contre les non croyants. J’entends une autre réflexion qui vaut la peine qu’on la relate : « Au moins la Mère ne dit pas de mal, puisqu'elle ne parle pas. C’est pas comme notre curé, il a reproché en chaire à une femme le prix trop élevé de son chapeau, disant qu’elle aurait mieux fait de donner cet argent à la quête.
        Mais je tiens à donner aux lecteurs de la V.M. une idée visuelle de l’intérieur du Temple, et me glissant à nouveau dans l’assistance, je grimpe à la galerie supérieure et, (j’en demande humblement pardon aux frères et sœurs de l’Antoinisme) pendant la cérémonie je croquai en hâte ce que je pus de l’intérieur de l’édifice. Les lecteurs voudront bien excuser ce griffonnage qui a la prétention d’être un croquis, mais ce que je leur conseille, c’est de ne pas s’en rapporter à mon dire, et d’aller se rendre compte par eux-mêmes du solennel de cette simplicité, du calme bienfaisant que répand cette bonté, et ils comprendront, eux, qui ne sont pas étrangers au monde des fluides, qu’une ambiance créée par une communion de pensées sincères d’amour et de loyauté peut très bien, sur certains organismes, produire des réactions favorables car il n’y a pas eu que cette guérison ; un habitant du quartier m’a dit : « Moi je n’y crois pas à leur Antoine, mais il y a tout de même quelque chose, tenez, je connais une vieille marchande de lacets qui marche habituellement avec des béquilles, et bien, tout à l’heure après la messe (sic), elle est sortie avec ses béquilles sous son bras », encore un Antoiniste futur. On m’a cité aussi, le cas d’une enfant de 9 ans qui a été guérie d’une boiterie datant de 4 ans, mais je ne l’ai pas vue.
        En résumé, bonne manifestation pour le spiritualisme et la thaumaturgie, qu’importe aux malades la source du remède pourvu qu’ils guérissent, et de plus l’Antoinisme nous rappelle sous une autre forme, la parole du Maître « Aimez-vous les uns les autres » ; à ce titre seul, il a droit à nos sympathies. Tous nos vœux pour son succès.

                                                                    El Hakim.

    La Vie Mystérieuse, n°117, nov. 10, 1913


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