• Lourdes : comment expliquer les guérisons miraculeuses (1926) - guérison spirituelle

      Que pensez-vous des "guérisons miraculeuses" de Lourdes et comment les expliquez-vous ?

                                        LOUIS GASTIN

        On peut dire cependant que la FOI véritable, génératrice de miracles, est excessivement plus rare qu'on ne le suppose ; on la confond aisément avec la Croyance, simple adhésion de la pensée et, trop souvent, abdication de la Raison par ignorance ou par peur. La Foi n'est pas cela : elle est la sublime aspiration de l'Esprit humain s'élevant jusqu'aux cimes d'un Idéal que, déjà, l'on s'efforce à vivre le mieux possible sur terre. La Foi vraie suppose la conformité de la vie à l'idéal, quel qu'il soit ; la Croyance n'implique que la soumission intellectuelle.
        Considérée comme telle, la Foi est vraiment une Force et ses effets et ses réactions peuvent influer puissamment sur les éléments psycho-moraux de notre être et, de là, sur notre organisme même.
        Si l'on obtient parfois, grâce à l'intensité exceptionnelle d'une Foi exaltée, et vécue (ou pour toute autre raison encore obscure), la répercussion immédiate dans le plan physique de la guérison spirituelle obtenue (ce qui fait immédiatement disparaître, avec sa cause, la maladie ou l'infirmité physique), ce n'est là qu'une manifestation accidentelle et malheureusement rare de la puissance des forces gouvernantes mises en action.
        La « guérison miraculeuse » - que j'appelle plus exactement « spirituelle » à cause de son processus - met en action les forces morales et non les moyens physiques de la thérapeutique ; elle s'exerce directement sur les « causes morales » du Mal et non sur les manifestations organiques qui n'en sont que là conséquence.
        Tel malade, pour lequel les médecins et guérisseurs ordinaires ont dû reconnaître leur impuissance, ne doit son incurabilité qu'à la présence, dans son atmosphère morale, d'une « racine » empoisonnée qui ne peut être atteinte par les thérapeutiques ordinaires.
        La théurgie passe ; la guérison spirituelle s'accomplit ; la « racine » est détruite et, cependant, en apparence, rien n'est changé !
        C'est que la destruction d'un foyer d'infection n'entraîne pas obligatoirement ni tout de suite la guérison des troubles de toutes catégories que ce foyer avait créés et entretenait.
        Mais - et ce serait là une vérification utile à faire par voie d'enquête - il est possible, le foyer d'infection détruit, si le malade revoit, après le théurge, le médecin (ou le guérisseur ordinaire), que tout change, se transforme, comme par miracle, et que cette guérison, vainement poursuivie avant l'intervention spirituelle, se réalise après elle par les mêmes moyens qui furent, tout d'abord, impuissants.
        C'est pour cela que je considère que le « guérisseur spirituel », s'il reste dans son domaine strict, ne fait pas concurrence au médecin ; à chacun son rôle : au premier, la destruction des « foyers d'infection » d'ordre moral ou spirituel ; au second, la guérison des conséquences organiques de cette cause transcendantale.
        Et quand, par exception, l'intervention du premier rend « miraculeusement » inutile celle du second, enregistrons ce fait exceptionnel comme le simple témoignage de l'immense chemin que nous avons encore à parcourir pour connaître une partie des forces qui nous entourent... et nous dirigent.
                                   Louis GASTIN.
                     Directeur de l'Institut de Psycho-Physique Appliquée.

    Lourdes : comment expliquer les guérisons miraculeuses (1926)
    Brochure n°123 - Août 1926
    Edition de la Revue L'Idée Libre
    source : gallica


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