• M. Magnette et l'Antoinisme (La Métropole, 3 mai 1914)

    M. Magnette et l'Antoinisme (La Métropole 3 mai 1914)

        M. Magnette et l'Antoinisme

        Antoine le Guérisseur, dénommé aussi le Généreux, est mort l'année dernière. Paix à sa mémoire. Mais les adeptes de l'Antoinisme sont paraît-il assez nombreux ; ils ont même inauguré récemment un temple à Paris. La crédulité humaine n'a pas de frontière.
        Les successeurs d'Antoine se sont adressés à M. Magnette, sénateur belge, qui a épousé sans doute leurs doctrines et ils lui ont demandé d'appuyer leur pétition au ministre de la justice tendant à obtenir que leur culte fut légalement reconnu. M. Magnette a marché, comme un simple rebouteur, et il a adressé au ministre une question dans laquelle il dit « qu'il lui serait agréable de savoir quels ont été les résultats de l'enquête et d'apprendre que la sollicitation des Antoinistes a rencontré auprès des autorités compétentes un accueil bienveillant ».
        Les pétitionnaires font remarquer que leurs doctrines n'ont rien de contraire à l'ordre public et qu'ils ne réclament ni traitement ni subventions quelconques. L'argent des gogos suffit largement à les dédommager de leurs pratiques.
        C'est fort bien. Nous connaîtrons bientôt sans doute la réponse du ministre à M. le sénateur Magnette, qui ambitionne peut être le titre de grand-maître de l'Antoinisme.
        S'il est fort probable que M. Antoine n'a jamais rendu d'autre service aux malades que do relever leur courage par la promesse d'une guérison et la vente d'une bouteille d'eau plus ou moins filtrée, il est certain que les enseignements de l'Antoinisme ont pu et peuvent avoir les plus fâcheuses conséquences au point de vue de la santé publique. Pour quelques fanatiques de cette secte, la foi remplace tous les remèdes. Plus on a de foi, plus la guérison est prompte. Or, consulter un médecin, c'est manquer de foi. Les médecins sont donc écartés du lit des Antoinistes. Leur science qui peut sauver les malades n'est pas requise. On se contente de passes, de l'imposition des mains. Cette folie a peut-être entrainé la mort de bien des gens. Et c'est M. Magnette – sénateur anticlérical ? – qui demande si cela ne peut pas continuer sous la garantie officielle des autorités !
        Semblable épidémie mentale a sévi en Angleterre. Les adeptes d'une secte qui s'intitule « Science chrétienne » et qui paraît avoir inspiré à Antoine certaines de ses théories que nous avons sous les yeux, laissaient mourir leurs proches, faute des soins les plus élémentaires. Ils mandaient un des chefs du culte, lequel essayant de persuader au malade que la douleur est une illusion. Les tribunaux se sont occupés de ces cas d'homicide par omission et ont dû sévir avec rigueur.
        Les guérisseurs populaires ont toujours existé : ils fleuriront toujours. La plupart sont des charlatans dangereux.
        M. Magnette serait-il jaloux de leur triste renommée ?

    La Métropole, 3 mai 1914


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