• Maurice Colinon - Guide de la France religieuse et mystique (1969)

    Titre        Guide de la France religieuse et mystique
    Auteur        Maurice Colinon
    Éditeur        Tchou (Centurion), 1969
    Longueur    769 pages

        Evoque l'antoinisme brièvement.

        L'ouvrage pose, d'abord, un certain nombre de problèmes quant à sa description bibliographique. La couverture proclame les éditions du Centurion comme éditeur. A l'intérieur, au dos du faux-titre, la maison Tchou est associée au Centurion. De plus, on nous indique, ici encore, que "ce guide a été réalisé à l'initiative de François Caradec". Qu'est-ce qui distingue un auteur d'un initiateur ? Surtout lorsque l'auteur de la couverture confesse, toujours au dos du faux-titre : "qu'il tient à exprimer sa particulière gratitude à M. l'abbé Paulet, ... qui a bien voulu mettre à sa disposition une irremplaçable documentation, sans laquelle ce livre n'eût pas été possible"? Quelle a donc été la part de M. Colinon ?
        L'ouvrage prend un partie générale et un dictionnaire alphabétique des lieux retenus comme particulièrement intéressants et significatifs. Les pèlerinages reçoivent la part du lion. Leurs légendes sont rapportées abondamment, avec une note bibliographique de ci de là. On a du mal à formuler un jugement sur un ouvrage de cette taille, tant il y faudrait de compétences diverses. Pour nous en tenir à ce que nous connaissons, signalons l'importance donnée aux sectes, confessions et religions non-catholiques ou non-chrétiennes. Mais l'à-peu-près semble avoir présidé à la rédaction de certaines notices. Ainsi celle sur les baptistes (p.82-83), où l'on relève au moins quatre erreurs, dont l'une statistique : il n'y a pas - et de loin - 20.000 baptistes en France ! Les dix-sept lignes consacrées aux mennonites (p.89) contiennent dix erreurs ou approximations, dont l'une statistique : il n'y a pas 10.000 mennonites en France, mais quelques 2.000 baptisés (Arch., 29, n°243) représentant une population ethnique d'au plus 5.000 personnes. Les pentecôtistes, par contre, sont probablement beaucoup plus de 10.000, en dépit de l'affirmation les concernant ici (p.94). On nous assure (p.95) que les quakers ont "supprimé... le culte" ; ce qui contredit ce qui affirmé plus bas concernant leurs réunions.
        On a des surprises du même genre dans la partie alphabétique. Ainsi à l'article Cahors (p.218-220), où Jean XXII, présenté en parallèle avec Jean XXIII, semble n'exister que par ce dernier ("Jean Vingt-Trois-Moins-Un, pape" !). On oublie de nous dire que ce pape du XIVe siècle entretenait des opinions peu orthodoxes sur la vision béatifique. De même on nous signale d'Alain de Solminihac que son "heureuse influence a été comparée à celle de saint Charles Borromée". Sans doute veut-on par là suggérer que le premier avait fait du second son modèle. Enfin on n'a quasi rien dit sur Cahors "religieux et mystique" lorsqu'on a évoqué Jean XXII, Solminihac et une liste d'évêques des premiers siècles sur lesquels on ne sait pas grand-chose. Carcassonne, il est vrai, se trouve encore plus mal traîté, puisque de cette ville même il n'est pratiquement pas question dans l'article sub verbo (p.224). Sans parler du caractère anecdotique pouvant être sujet à caution, comme dans l'article Montbéliard (p.459) où l'on détecte "une colonie mennonite, la plus importante d'Europe occidentale". C'est beaucoup dire pour une Assemblée de 300 membres au maximum. Amsterdam en compte beaucoup plus ! L'A. aurait dû s'en douter, qui fait venir de Hollande les mennonites français, en réalité bernois d'origine. De même aurait-on pu s'éviter de contredire ici ce qui est dit p.89 au sujet des ministères dans les communautés mennonites, sans jamais, d'ailleurs, être exact !
        Dernière caractéristique : l'ouvrage est écrit d'un point de vue catholique. Ceci nous vaut une carte des "apparitions de la Vierge en France" (p.32), qui pourrait être intéressante. Mais en lisant le texte de la page précédente on s'aperçoit qu'il s'agit en fait d'une carte des "vingt-cinq apparitions de la Vierge en France" qui "selon les spécialistes... méritent une attention particulière". Donc même pas une représentation de toutes les apparitions tenues pour orthodoxes par l'Eglise catholique et ayant suscité un culte public ! Enfin, l'historien même catholique ressentira éventuellement une certaine gêne devant des affirmations de ce genre : "Le culte de la Vierge Marie date  des premières années du christianisme. Les Pères de l'Eglise pensent que les apôtres, qui allaient souvent prendre conseil auprès d'elle de son vivant, entourèrent de dévotion son souvenir, à défaut de ses restes charnels (puisqu'on sait qu'il est admis que Marie fut ravie au Ciel, au jour de son Assomption)" (p.68). Admis par qui ? Par les Pères de l'Eglise ? Les historiens ? Les uns et les autres ? Ou ni les uns ni les autres ? Ou encore certains parmi les uns et personne parmi les autres ?
                  J.S.

    Jean Séguy, in Archives des sciences sociales des religions, 1970, Volume 29, pp. 199-200
    source : persee.fr


    Tags Tags : ,
  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :