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Monaco (Louis Barron - Le nouveau voyage de France (1899))
Le soleil embrase les murailles féodales flanquées de tours et d'échauguettes de l'antique port d'Hercule devenu la citadelle de Mammon. Trompeur Monaco, nid de pirates en habits noirs, burg féodal des princes de la roulette ! Risible matamore, le hautain château des Grimaldi règne sur le casino de Monte-Carlo. Et ce minime, ce microscopique État de Monaco, inscrit dans l'almanach de Gotha par tolérance de l'Europe, est en réalité gouverné, entretenu, nourri, enrichi, diverti avec une autorité et une profusion de ressources inépuisables, par le très despotique, très puissant et très effrayant souverain le Jeu, tyran d'une foule de sujets et de victimes sans cesse renouvelés et sacrifiés. Sur les enchantements de Monte-Carlo, la beauté de ses jardins, le luxe de ses salons, l'harmonie de ses concerts, silence ! l'aile noire du suicide, l'ombre de la ruine, le deuil de la misère, planent sur eux. Voyageurs de la côte d'azur, voilà l'écueil caché sous d'éblouissants prestiges ! Comme les compagnons d'Ulysse, bouchez de cire vos oreilles pour ne pas entendre les flatteuses sollicitations du hasard à la voix de sirène, et passez !
Louis Barron, Le nouveau voyage de France (1899)
souce : gallica
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