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Monde Gitan Association Notre Dame des gitans 1974 (N31)
Si j'ai bonne mémoire...
par l'abbée BARTHELEMY
Je ne sais à quel point l'affrontement avec le Pentecôtisme aura infléchi notre action apostolique. Cela apparaît évident en ce qui concerne les pèlerinages gitans. Les Tsiganes catholiques ont voulu s'affirmer par des regroupements nombreux et priants. Cependant, le premier pèlerinage que j'ai été amené à instituer, le plus ancien d'ailleurs en dehors des Saintes-Maries de la Mer, n'était la réplique à aucune convention évangélique. Il date de vingt ans.
L'année précédente, j'avais rencontré des Rom vaguement teintés d’Antoinisme. La secte du « Père Antoine » était, à l'époque, assez active en Belgique et dans le Nord de la France. J'avais assisté à une mémorable beuverie suivie de querelles sonores honorant la « désincarnation du Père. » Antoine, le fondateur de cette curieuse religion, avait mélangé quelques éléments bibliques, de l'hindouisme et du spiritisme d’Allan Kardec, puis il s'était « désincarné » un 24 juin, date devenue traditionnelle pour la fête antoiniste. Il me sembla que, pour détruire, il fallait remplacer. La sombre et inquiétante figure du « Père Antoine » s'imposait dans les roulottes. La douce image de Notre-Dame en viendrait à bout.
Je lançai des invitations pour le pèlerinage de Benoîte-Vaux. Une seule famille répondit à l'appel. J'eus bien du mal à y rallier une seconde qui nomadisait dans les environs. Par contre, mes petits tracts bleus avaient attiré... les reporters de Paris-Match ! Eh bien, ce fut loin d'être un échec. Il suffirait comme preuve de constater que ce pèlerinage meusien n'a cessé de se développer et que les Manouches de Lorraine y tiennent ferme. Et puis, l'idée était lancée.
Monde Gitan, Association Notre Dame des gitans, 3e trimestre 1974 (N31), p.13
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