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Mons-Crotteux (carte IGN vers 1900)
source : patrimoine.met.wallonie.be
Quand il était enfant et qu'il commençait à apprendre la religion, qu'était-ce pour lui que le monde, la terre, le ciel, sinon Mons avec le plateau, et les villages qu'on voit de là, et le ciel qui est au-dessus du clocher et que nos pigeons traversent ? Et la bonne route dont il ne faut pas s'écarter, c'était évidemment la route de Flémalle, avec les trois petits buissons à droite, et ses fossés à demi comblés de terre et d'herbe. A jamais c'étaient là la bonne route, la terre et le ciel. Et le petit Louis Antoine, en ces temps-là, avait même découvert tout près de Mons le Paradis Terrestre : un verger un peu à l'écart en contrebas du village, avec des haies épaisses, non taillées, et de larges rayons frais sur l'herbe déjà haute et sur les branches d'un pommier en fleurs. Le gamin, n'osant pas entrer, était resté à la barrière. C'était dans ce temps de l'enfance où les choses pénètrent en nous pour y prendre à jamais leur place et leur figure. Et il y avait eu beau voir après cela mille autres choses, ce n'étaient plus que des images : c'est le pays natal seul qui est le vrai mon et son éternité.
Robert Vivier - Délivrez-nous du mal
Ed. Labor - Espace Nord, p.218-19
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