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Paul Vincent - Le Guérissseur (Juin 1964)
Auteur : Paul Vincent
Titre : Le Guérissseur
Éditions : La Cité - revue de la Cité universitaire de Paris (Juin 1964)Le radar mystiquePierre Bouis prie surtout pour les sciatiques, les rhumatismes, les eczémas, les maladies pulmonaires et cardiaques, les laryngites tuberculeuses, les tumeurs à l'estomac ou les gangrènes. C'est d'ailleurs une gangrène de la jambe — la sienne — qui lui révéla ses dons de guérisseur mystique : il était grand blessé de la guerre de 1940 et le chirurgien le faisait étendre sur la table d'opération pour lui couper le pied quand Bouis pria : sa plaie s'ouvrit brusquement et s'assainit.
Son traitement consiste à se mettre en prière (et non e transes). Avec une photo en main, s'il le faut, pour guérir à distance. A Montreuil, on dit qu'il a sauvé un enfant d'une méningite en invoquant Sœur Thérèse de l'Enfant Jésus. L'enfant était à plus de cent kilomètres. On murmure qu'il a guéri, d'une pneumonie double, une femme de 71 ans qui se trouvait dans le coma au Canada. Il se mit en prière à 17 heures. A 17 h 03 (heure française), la vieille dame se souleva de son lit et dit : « J'en ai assez de tous vos médicaments. Je suis guérie ».
L'existence d'un « radar mystique » peut laisser sceptique. Mais qu'auraient pensé nos ancêtres devant la télévision mondiale instantanée par satellite et qui connaît toutes les possibilités, religieuses ou non, de la pensée ?
Sa logeuse l'a fait convertir au culte antoiniste, dont la grande préoccupation est de guérir par la foi.
Ce n'est pas saint Antoine qui a fondé ce qui est moins une secte qu'un culte public ouvert à tous. C'est un mineur belge, M. Louis Antoine, mort en 1912 à l'âge de 66 ans et appelé désormais « le Père » ; il est vénéré au même titre que sa compagne « la Mère », décédée en 1940.
Tous les Antoinistes (3 000 en France) avec deux douzaines de temples, dont un à Paris, peint en vert-pré, « symbole d'une pousse nouvelle » sont des guérisseurs en puissance. Ils ne s'opposent pas à l'intervention des médecins, mais ils préfèrent les remplacer par des prières.
Le père Antoine, qui traitait 1 200 malades par jour, estimait que « le don de guérir est l'effet des sacrifices offerts à Dieu par l'amour du prochain ».
« Il n'y a rien de surnaturel, disait Antoine, qui avait décidé, dès 1906, de faire comprendre Dieu. Dans le domaine matériel comme dans le domaine spirituel, tout repose sur des lois qu'insensiblement nous découvrons en nous acquérant la foi ».
Pour Bouis, comme pour les autres Antoinistes, le mal préexiste dans l'âme avant d'atteindre le corps.
« Le corps n'est que le revêtement de l'âme. L'âme est le moteur du corps. La foi situe le mal de l'âme. Ce n'est pas le corps qui est malade, c'est l'âme, le moteur. On nous rappelle, par l'intermédiaire du corps, que nos actes nous sont préjudiciables. »
Ainsi les guérisons par la foi s'obtiennent par la prière et le redressement moral des êtres. Elles existent en tous lieux et en tous temps et les Antoinistes rappellent les cas de Lourdes et de Lisieux.
« Dieu est le grand docteur, disait Antoine. Il ne condamne pas. Il démontre ainsi qu'aucun n'a le droit de prononcer d'arrêt, quelle que soit la gravité de la maladie ».
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